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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
En descendant la rivière, ou plus exactement en descendant des rivières (il y en a trois), rassemble douze articles écrits par Edward Abbey avec pour thème central la rivière.

La première rivière est la Green River, un affluent de la rivière Colorado, qui traverse des canyons aux parois verticales immenses, gardée par des tours de pierre. Cette rivière est un véritable labyrinthe aquatique « fondamentalement inconnaissable » en plein désert et se termine par des rapides dont l'un porte le doux nom de «tripes de Satan ». Tout y est, même le squelette de la tête de mouflon en haut des falaises, … Grrrh serre-moi un peu plus fort, j'entends déjà les flutes lugubres d'Ennio Morricone.

Lors de cette première descente, Abbey entreprend la relecture de Walden de H. d'Thoreau. On se retrouve donc à lire Abbey, qui lit Thoreau, un peu comme sur l'emballage de ce fromage fondu, qui montre une vache portant des boucles d'oreille, où on retrouve la vache et ses boucles d'oreille, en plus petit évidemment, et le tout se multiplie à l'infini... Ah mince j'ai oublié le nom de cette figure de style. Peut-être quelqu'un peut-il m'aider ?

Donc Abbey nous bassine les oreilles avec ce qu'il pense de Thoreau (le pauvre Abbey : en 1982 -année de la parution du bouquin en anglais- il n'y a ni internet ni surtout de Babelio pour partager son ressenti), et je trouve ça dommage, car je peux me faire moi-même mon opinion sur Thoreau, pas besoin de savoir ce qu'il faut en penser. Abbey lui reproche entre autres ses sermons, sa vision simpliste de la vie (ouais c'est peut-être aussi un reproche qu'on peut faire à Abbey, j'y reviendrai, même si lui est doué d'un sens pragmatique que son prédécesseur n'avait peut-être pas), son ascétisme stérile, … et lui conseille d'aller faire l'amour avec un sapin, puisque son épouse est la nature.

Rire ? En tout cas, je ne ris pas quand Abbey écrit que « la seule chose que nous pourrions faire pour un pays comme le Mexique, par exemple, serait d'arrêter tous les immigrants clandestins à la frontière, de leur donner un bon fusil et une caisse de munitions, et de les renvoyer chez eux. Laissons les Mexicains régler leurs problèmes coutumiers à leur manière coutumière.»

La deuxième rivière est la Tatshenshini, dans le Yukon canadien, qu'Abbey descendra jusqu'en Alaska. Et là, même si la rivière reste le meilleur moyen de voir les animaux sauvages, dont le fameux grizzly ( Lord Grizz comme Abbey l'appelle), on se retrouve assailli par les moustiques. Lors des escapades sur les glaciers, il s'agit de ne pas glisser dans les crevasses dont on serait alors prisonnier et condamné à mourir, broyé par le glacier. Bon l'Alaska ne me fait plus rêver depuis lors…

Les deux premières descentes ne sont pas très intéressantes, on participe de loin aux soirées autour du feu, après les exploits de la journée, aux repas et aux douces souleries. Abbey fait figure de vieux bougon qui préférait les temps anciens et qui refuse toute la modernité sans vraiment argumenter et sans vraiment proposer d'alternative. C'est assez décevant.

Ça s'améliore quelque peu dans la suite. La dernière rivière est la San Juan, au sud est de l'Utah, et cette escapade est traitée avec humour et légèreté, ce qui fait du bien. On n'échappe cependant pas au regard naïf et sans fondement de l'auteur sur ce que devrait être une bonne agriculture, une bonne gestion des espaces sauvages et des villes, ... Tout est basé sur un point de vue platonicien, dans le sens où ce qui est beau est forcément bon. Ainsi il écrit : « l'utilité et la beauté sont inextricablement entremêlées dans les affaires humaines. L'utile nous parait toujours attirant, et le beau est en un sens toujours utile. » Ou encore « la beauté et l'existence du monde naturel devraient en elles-mêmes constituer des justifications suffisantes pour la préservation de tout ça ». Ou peut-être Abbey devrait appeler Rousseau à la rescousse ?

Je pense aussi que l'auteur se trompe quand il s'en prend à la science : « sans nécessairement aller jusqu'à rejeter en bloc la science et la technologie, il me semble que nous pouvons les garder comme des serviteurs, et non des maîtres, simplement en faisant de notre mieux pour préserver la variété et l'ouverture de la vie sur terre. Cela veut dire, en Amérique tout particulièrement, défendre la ferme familiale contre la monoculture mécanisée de l'agro-business ; défendre le ranch familial contre la compagnie d'exploitation minière à ciel ouvert ; défendre la coupe sélective de forêts gérées durablement contre le déboisement aveugle commis par les entreprises de l'industrie du bois en quête de profits rapides ; défendre la petite ville contre le blob de l'étalement humain ; protéger nos rivières survivantes contre la frénésie de construction de barrages de nos hommes politiques ; sauver nos collines et nos champs, nos montagnes et nos déserts, nos étendues sans route et nos espaces sauvages de l'expansion perpétuelle des industries extractives» . Ne devrait-il pas plutôt incriminer l'économie, la rentabilité, la politique du court-terme ? Opposer sciences et technologie à l'écologie n'est plus à l'ordre du jour. Au contraire.

Ce n'est probablement pas le meilleur livre pour faire connaissance avec la philosophie et le personnage d'Edward Abbey. du coup, la porte est ouverte à d'autres expériences plus enthousiasmantes.
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Edward Abbey (1927-1989) est un écrivain et essayiste américain, doublé d'un militant écologiste radical. Ses oeuvres les plus connues sont le roman le Gang de la clef à molette, qui inspira la création de l'organisation environnementale Earth First ! et son essai Désert solitaire. Après son décès à son domicile près de Tucson en Arizona (complications survenues après une opération chirurgicale) et selon ses dernières volontés, il est enterré illégalement dans le désert, probablement dans le sud de l'Arizona, en un lieu tenu secret, avec pour épitaphe : « No comment ».
En descendant la rivière, un inédit qui vient de paraître, est un recueil de onze textes regroupés en quatre chapitres. Et comme le titre de l'ouvrage l'indique, le fil rouge derrière tous ces écrits, ce sont des descentes de rivières, un peu partout aux Etats-Unis, soit avec des amis, soit dans de petits groupes d'amateurs de sensations au coeur d'une nature sauvage. La nature, sa préservation, la grande affaire de l'oeuvre et donc d'Abbey qui y consacra sa vie.
En conséquence, ces textes reposent sur deux piliers clairs et nets. le premier, description de paysages sauvages et sensations indicibles de liberté et bonheur primitif qui, sans être anecdotique, n'est que le prétexte pour l'écrivain à développer le second, à savoir ses thèmes de prédilection, plaidoyer pour l'écologie et son corollaire immédiat, la lutte contre le capitalisme sauvage qui détruit tout.
Globalement j'ai bien aimé ce livre mais mon avis reste quand même assez mitigé et je m'explique :
Le premier chapitre reste mon préféré, il s'agit d'une version romancée de la vie de Henry David Thoreau (1817-1862) - j'espère que tout le monde a lu son fameux Walden ou la vie dans les bois -, héros de notre écrivain anarchiste. La vie du vieux maître est disséquée, appuyées sur de solides références fournies par ses écrits ou ceux de ses collègues Ralph Waldo Emerson, Nathaniel Hawthorne etc.
La suite du livre, comme je l'ai dit, ce sont ces décors majestueux où « Cactus Ed » comme on le surnomme, notre homme des déserts, va passer son temps sur l'eau ! On dévore ces passages, enivrés d'air pur, de fatigue physique, toujours étonnés de ressentir cette immense liberté nous submerger quand on lit ce genre de récits. le texte n'est pas réellement dense, mais il est « plein ». Plein de sens, de remarques et surtout, on sent sous la plume, la culture et l'expérience, un background pas obligatoirement dit ou exprimé, mais qui fait apprécier à sa juste valeur le talent d'un écrivain.
Reste l'autre aspect du bouquin, le thème politique de notre activiste notoire. Globalement on ne peut être en désaccord avec Abbey, il faut sauver notre mère nature, rendre sa place à une agriculture responsable, repenser les notions d'échelle… mais il y a aussi derrière tout cela une vague impression de panthéisme un peu naïf, une quête de pureté idéaliste qui effraie notre prophète « Ce qui semble se profiler à l'horizon, c'est une planète dont la surface entière, océans compris, sera soumise à exploitation économique intensive ».
J'en viens enfin aux points qui me laissent songeur, Edward Abbey se laisse aller à des propos très discutables sur l'immigration mexicaine, pour laquelle il suffirait «d'arrêter tous les immigrants clandestins à la frontière, de leur donner un bon fusil et une caisse de munitions, et de les renvoyer chez eux. » Car si l'écrivain se déclare contre les violences physiques, il prône aussi le port d'armes à feu, membre déclaré de la NRA. Ce ne sont que quelques lignes dans ce livre mais ça ouvre des perspectives sur sa personnalité, or, ne le connaissant pas assez (même si j'ai lu ses principaux ouvrages) je ne m'étendrai pas plus.
Ceci étant dit, - et il fallait le dire -, ce bouquin reste très intéressant à lire, prête à la discussion tout en étant très plaisant, ne serait-ce que par son écriture et par ce crédo en guise d'avertissement de l'auteur « les textes de ce recueil (…), comme tout ce que j'écris, ils sont censés servir d'antidote au désespoir. »
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Il y a eu comme un malentendu, avec ce recueil de nouvelles. Je l'avais débuté à sa parution parce qu'il fallait bien qu'un jour je découvre cet auteur, et parce que bon, 1€ reversé à Sea Shepherd pour l'achat du livre, au fond ça me faisait vachement plaisir aussi. Et pourtant, la panne totale ! Je me suis retrouvé englué dans cette longue et soporifique première nouvelle autour d'Henry David Thoreau, et j'ai quitté le navire trop tôt.

À l'approche de sa sortie ce 1er septembre en poche chez Totem, j'ai pensé qu'il était temps de faire preuve de ténacité et de retenter l'aventure : cette fois, avec juste ce qu'il fallait d'élan, j'ai tenu la première nouvelle pour ensuite savourer les suivantes et me laisser glisser sur la rivière.

Pour les amoureux de la nature, vous avez le bon livre en main avec ce recueil, on descendra différentes rivières, marchera sur la trace de grizzly ou parfois juste d'ours, on affrontera la rudesse des courants, la douceur des soirs d'été, l'amertume du premier café du matin, et c'est une belle échappée dans la nature que nous offre l'écrivain penseur.

Il y a comme dans tout recueil de nouvelles des hauts et des bas, mais l'ensemble fut plutôt agréable malgré tout. Je suis content de l'avoir enfin terminé, c'était bien mais je sais désormais qu'il n'était pas indispensable dans mes lectures de nature writing. Peut-être suis-je plus fait pour la fiction que les récits ?

📖 En descendant la rivière d'Edward Abbey a paru en janvier 2020 aux éditions Gallmeister dans une traduction de Jacques Mailhos. Disponible en poche chez Totem depuis septembre 2022. 256 pages, 9,90€.
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En descendant la rivière.
Edward ABBEY ( traduction Jacques Mailhos)

Réflexions et aventures du grand Abbey dans les années 80, loin des années internet et des réseaux sociaux qu'il aurait probablement détesté.
Ici il est question de moments enchanteurs vécus en petits groupes (et parfois même avec sa fille encore jeune) à descendre en bateau et à la rame les rivières de l'Utah, l'Alaska ou le Colorado.
Il est question de plaisir, d'organisation et de petits détails qui font tout (les poissons pêchés, le bacon et le café).
Il est question de s'émerveiller sur les canyons, les couleurs de la nature et le bouillonnement vivifiant de l'eau.
Il est question de ne jamais oublier que la Terre ne nous appartient pas et donc ne s'achète pas.
Il est question de se demander qui était vraiment Thoreau et s'il aurait fait un ami intéressant.
Mais il est surtout question de profiter de la beauté de la nature et de l'instant présent.

Une fois de plus je suis heureuse et triste à la fois en refermant un livre d'Ed Abbey.
Heureuse parce que la nature chez cet auteur prend des allures enchanteresses, ses aventures m'embarquent aussi et son humour caustique est inégalable.
Mais triste aussi car c'est un de mes plus grand regret de lectrice de n'avoir pas pu le rencontrer.
Edward Abbey est décidément un très grand auteur de nature writing !

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e nature writing est un genre que j'apprécie de plus en plus, un bon moyen de s'évader et de partir en vacances de son canapé.

Dans ce recueil de nouvelles, Edward Abbey propose plusieurs récits de descente de rivière, tantôt avec des amis/de la famille, tantôt en tant que guide.
Et le dépaysement est assuré : à travers un récit détaillé, Abbey nous fait réellement vivre ses aventures et l'on s'y croirait. C'est le point positif de ces récits et l'on ne peut nier sa plume poétique pour décrire la nature.

Ses récits d'expédition sont parfois interrompus par des réflexions sur des sujets qui touchent principalement à l'écologie, mais pas que. Si parfois, j'étais d'accord avec son point de vue et les risques futurs encourus, j'étais parfois sceptique.
Et même si je reconnais l'intérêt de ces incartades, parfois, c'était long et je perdais un peu le fil du récit. du coup, pour éviter de “subir” ma lecture, j'ai pris le parti de ne pas lire plus d'une nouvelle par jour (ce qui explique que je l'ai terminée début février et non fin janvier).

Je vais me faire un plaisir de découvrir d'autres de ces récits et je prendrai le temps de les lire petit à petit. En descendant la rivière est un recueil agréable à découvrir si l'on aime les récits de nature writing.

Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Ce livre rassemble des textes essentiellement dédiés à la passion de l'auteur pour la descente de rivières, les campements partagés et les paysages traversés, les animaux et plantes observés.
Le premier texte redonne également à lire Thoreau, dont l'oeuvre, ode à la vie sauvage, l'accompagne au fil de l'eau. Au-delà du temps qui les sépare, ces deux-là sont pareillement épris de liberté et rétifs à la vie urbaine.
L'intérêt du recueil, outre l'envie quasi irrépressible de s'embarquer sur le cours d'eau le plus proche, tient au décalage temporel : ces textes datent d'une quarantaine d'années, et les sombres visions d'avenir d'alors obscurcissent bel et bien notre présent.
Si l'on ne connaît pas cet auteur, ce n'est pas par ce livre qu'il faut l'aborder, mais évidemment par le roman du Gang de la clef à molette...
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un peu déçu à la lecture de ce dernier opus de E. Abbey, même si la première nouvelle presque totalement orientée sur les pensées et la vie de Thoreau est vraiment intéressante, la suite n'est qu'une succession de récits qui se répètent un peu. Un coup de pub de la maison d'édition ??? mais bon il est bon de retrouver cet auteur.
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