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EAN : 9782811102739
492 pages
Karthala (23/12/2009)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
Déjà soumise à l'influence arabe et persane, l'Afrique de l'Est se signale à l'attention des voyageurs par la présence d'importantes colonies d'origine indo-pakistanaise. Attestée depuis plusieurs siècles, l'existence de ces diasporas témoigne du rayonnement de l'Inde à la périphérie de l'océan Indien. Toutefois, la plus grande partie des populations désignées localement sous le nom de Asian peoples est issue d'une immigration récente, résultant de l'élargissement d... >Voir plus
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L'ouvrage collectif dirigé par Michel Adam dresse un tableau de la situation actuelle de la diaspora indienne en Afrique orientale. Il n'a pas d'équivalent en langue française, où le sujet est resté en jachère depuis les travaux remarquables de Gérard Prunier sur les Indiens d'Ouganda (L'Ouganda et la question indienne, 1896-1972, Paris, Éditions Recherches sur les civilisations, 1990). L'historiographie en langue anglaise est autrement plus nourrie, qu'elle soit l'oeuvre de chercheurs anglais, indiens ou est-africains, mais force est de constater que les études magistrales de Agehananda Bharati (The Asians in East Africa : Jayhind and Uhuru, Chicago, Nelson Hall Co., 1972) et de Cynthia Salvadori (Through Open Doors. A View of Asian Cultures in Kenya, Nairobi, Kenway Publications, 1983) commençaient à vieillir.

Michel Adam a su s'entourer de jeunes chercheurs, tels Laurent Nowik qui a effectué un travail démographique titanesque dans les services de recensement kenyans, ougandais et tanzaniens, Nathalie Gomes dont on connaissait les travaux sur les musulmans au Kenya, Barbara Morovich, qui réalise une jolie étude de terrain à Nakuru au Kenya ou Marie-Aude Fouéré, spécialiste de la Tanzanie. Il a également sollicité Colette le Cour Grandmaison dont les travaux sur les Swahilis font autorité. On regrettera toutefois qu'il n'ait pas fait appel à des chercheurs d'autres nationalités (on pense par exemple au Néerlandais Gijsbert Oonk).

Les auteurs réunis autour de Michel Adam rappellent les traits caractéristiques de cette communauté diasporique. Ils soulignent sa faiblesse quantitative (elle représente quelques dizaines de milliers d'individus seulement : 100 000 environ au Kenya, 45 000 en Tanzanie, et 10 000 en Ouganda) sans commune mesure avec son importance économique (elle contrôle une bonne part du commerce, de l'industrie et des services). Ils retracent son évolution historique, battant en brèche le mythe qui fait des actuels habitants indiens d'Afrique de l'Est les descendants des constructeurs du chemin de fer Mombasa-Kampala (ceux-ci rentrèrent en Inde une fois l'ouvrage achevé et l'afflux d'immigrants est postérieur) et insistant sur sa décrue contemporaine (la diaspora comptait 350 000 membres en 1960 et en a perdu plus de la moitié depuis, par la faute des outrances nationalistes des gouvernements kenyan, tanzanien et surtout ougandais qui les ont poussés à l'exil). Surtout, ils soulignent la diversité de cette communauté : fréquemment perçus comme formant une communauté uniforme (désignée sous le terme englobant d'Asians), les Indiens, s'ils partagent, face aux Africains et aux Européens, une méta-culture, constituent en fait une confédération de multiples sous-groupes fortement cloisonnés selon des critères religieux, statutaires
et régionaux. Cette communauté ne constitue donc pas exactement une Inde en réduction. Les musulmans y sont relativement plus nombreux qu'en Inde (40 % contre 15 %) car les immigrés proviennent souvent de régions qui font aujourd'hui partie du Pakistan (le Sindh ou le Punjab). Parmi eux, les chiites sont presque à armes égales avec les sunnites. Les ismaéliens, disciples de l'Aga Khan, forment une communauté chiite prospère et ouverte sur le monde. Les Bohras et les Ithna-Asheris font moins parler d'eux mais comptent tout autant. Parmi les Hindous, on retiendra l'importance des communautés schismatiques tels les Sikhs ou les Jaïna qui ont sans doute eu une inclination plus forte à émigrer en raison des difficultés à vivre leur foi en Inde.

Michel Adam, dont l'empathie pour son sujet ne le prive jamais du recul nécessaire, nous fait entrer de plain-pied dans la vie quotidienne de cette « minorité microcosmique ». Dans un chapitre très vivant, il décrit ainsi la vie familiale, l'éducation des enfants, les stratégies matrimoniales. Les Indiens perpétuent une auto-ségrégation communautaire qui se caractérise par une forte endogamie religieuse et de caste (les mariages mixtes sont rares), un évitement résidentiel (les Indiens vivent depuis le temps des colonies dans des quartiers séparés), une très faible insertion sociale et politique (ils sont quasiment absents des assemblées parlementaires) et une relation ambiguë à l'Inde (qui reste la terre mythifiée des ancêtres, paradoxalement plus proche aujourd'hui qu'hier grâce à Internet, mais avec laquelle les liens physiques se distendent progressivement).

Les pratiques évoluent lentement et les stéréotypes ont la vie dure, maintenant tant chez les Africains que chez les Indiens des préventions mutuelles lourdes de bien des dangers. Un regret toutefois au moment de terminer la lecture de cette étude remarquable : aucun parallèle n'est malheureusement dressé entre les Indiens d'Afrique de l'Est et les Libanais d'Afrique de l'Ouest qui semblent pourtant partager avec eux beaucoup de traits communs.
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