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sur 207 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« Il avait une forme de naïveté, l'innocence des justes. » dit Chimananda quand elle apprend par téléphone que son père vient de mourir. Elle vit aux Etats Unis, un de ses frères an Angleterre, et les parents à Aba, au sud est du Nigéria.

Le chagrin est une plaine immense, et les raisons de pleurer un être adoré, comme c'est le cas, indéfiniment ramifiée. le chagrin déracine, arrache définitivement ce qui nous attache au monde connu, et nous, dit l'auteur, qui croyons que le chagrin touchait les autres, et que nous étions en quelque sorte, de par l'amour porté, de par la bonté du père, non attaquables, nous plongeons.
Je dis nous, parce que Chimananda, dans ses notes, rappelle l'arrogance que nous pouvons avoir à l'idée de ne pas perdre un être cher, et le déluge lorsque cela nous arrive. Avec ses mots, elle arrive à nous rappeler cet enseignement cruel, cette affliction totale du corps, l'inéluctabilité de la mort.

Entre l'intuition que d'autres morts vont advenir, le rire , lié au chagrin, qui prend une dimension particulière, la rage d'entendre certaines condoléances, qui finalement rendent réel ce que l'on voudrait impensable, les mots ne pouvant exprimer la brutalité de la mort, la colère, puisque la vie continue, la peur, la honte de n'avoir pas compris, pas fait, pas dit au-revoir, les regrets, les remords, l'envie d'empêcher la nouvelle immonde, l'essai de « la faire se déproduire », le doute complet que cela soit arrivé, le silence, pour ne pas inonder les autres du « tumulte incessant de mes pensées », l'impensable du « jamais plus » entre dans sa vie.

Ce chagrin est doublé par le fait que les frontières du Nigéria sont fermées, cause covid, elle ne peut s'y rendre momentanément. Et il faudra plusieurs mois pour que l'enterrement ait lieu, mettant Chimananda dans une position de désenchantement vis-à-vis de son pays natal. le virus a, certes, rappelé la possibilité de la mort et sa banalité, il a, pourtant, rendu les rituels beaucoup plus compliqués et sauvages.

Ces notes lui permettent d'honorer la personne du père.
« Il n'était pas, il est », phrase tellement profonde si l'on sait que l'admiration qu'elle lui porte ne peut, ne doit, ne va pas s'éteindre.
Des phrases crucifiées, « une érosion, un ignoble déferlement de déluges qui laissent notre famille déformée pour toujours. Les épaisseurs de perte donnent le sentiment que la vie est mince comme du papier », et le rappel, pour nous lecteurs, que ce chagrin nous lie, nous pauvres humains lorsque survient la fin d'un proche .
Injustice de la mort, qui frappe au hasard, découverte que nous n'avons pas forcément le temps et que l'amour ne fait pas tout, rappel de qui était ce James Nwoye Adichie, un sage, ses études brillantes, sa rencontre avec Grace, sa femme, le rapprochement intellectuel entre père et fille, le Biafra , aussi.
Un grand livre, hommage à un père « qui était vraiment quelqu'un de charmant » et qui l'est toujours pour nous à la lecture de ces notes.
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Il y a des noms qui sont un "argument" suffisant pour se précipiter dans une librairie et acheter un livre et Chimamanda Ngozi Adichie en fait assurément partie.
🍂 Alors non je n'ai pas regardé l'émission de la grande librairie dans laquelle Chimamanda Ngozi Adichie a été invitée récemment mais j'ai tellement aimé ses romans ( Americanah, L'autre moitié du soleil, L'hibiscus prourpre), qu'on s'est précipité sur son nouveau livre .

🍂 Pas de fiction cette fois, mais des notes prises suite au décès de son père pendant le confinement.

🍂 Chimamanda Ngozi Adichie écrit avec concision et une incroyable justesse sur la surprise (quelques jours avant, elle échangeait avec son père sur Zoom et il n'était pas malade), la colère, la culpabilité ressenties, les réactions physiques, les "et si" qu'on se repasse en boucle et dans ce contexte si particulier, l'impossibilité d'enterrer cet être cher.

Elle écrit les consolations inexistantes, les paroles-conseils souvent à côté de la plaque de ceux et celles qui pensent vous aider mais aussi toutes les choses que son père lui a apporté, l'influence qu'il a eue sur sa vie et sur son caractère.
A la fois si intime et universel.

Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Quand on n'arrive pas à trouver les mots pour exprimer ce que l'on ressent devant la terrible épreuve de la mort du père au point de ne pas le savoir soi-même, pourquoi ne pas aller chercher les mots d'une autre, une auteure que l'on apprécie.

Chaque deuil est unique. Chaque réaction est différente. Ce livre n'est pas un traité de philosophie mais le ressenti personnel de Chimamanda Ngozi Adichie.
Cependant, des circonstances comparables, telles que l'éloignement et l'impossibilité de se rendre sur place, engendrent des réactions qui peuvent être similaires.

Je vais en rester là et m'en tenir aux nombreuses citations que j'ai recopiées, tirées de ce petit opus car "J'écris sur mon père au passé et je n'arrive pas à croire que j'écris sur mon père au passé."
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Le 10 juin 2020, Chimamanda Ngozi Adichie reçoit la pire nouvelle de son existence : celle du décès de son papa.
Le deuil traversé par la famille de James Nwoye Adichie est encore compliqué par la pandémie : certains de ses enfants vivent aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne et ne savent pas quand ils pourront se rendre au Nigeria, afin de rendre un dernier hommage à leur père.
Alors qu'elle attend chez elle, aux Etats-Unis, Chimamanda prend la plume et tente de mettre des mots sur sa peine.

Toute personne ayant (malheureusement) un jour perdu un proche se retrouvera dans cet essai de Chimamanda Ngozi Adichie sur le chagrin et le deuil.
L'auteure y décrit la souffrance à l'état brut. La façon dont elle envahit tous les aspects de notre vie, y compris à travers des manifestations physiques. Elle parle de l'envie de se replier sur soi, de rester seule avec sa peine, dernier lien avec l'être cher.
"Notes on Grief" est aussi plein de rage. de ressentiment à l'égard du destin qui nous enlève toujours trop tôt ceux que l'on aime. On y sent toute la force d'une femme qui se rebelle contre la cruauté de l'existence, contre la crise sanitaire qui l'a empêchée de profiter des derniers moments de vie de son père adoré.

J'ai aimé la lecture de ce court essai. Même s'il peut potentiellement rappeler des moments difficiles, il apporte aussi une certaine forme de réconfort en prouvant que, face au deuil, nous réagissons tous de la même façon : incompréhension, déni, colère, tristesse.
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Ce petit récit nous relate les sentiments de l'auteur au moment du décès de son père. Ce derniers décède pendant la pandémie au Nigeria et sa fille se trouve aux EU sans possibilité d'un avion pour rejoindre sa famille.
Ce texte est magnifique, tout en finesse, sensibilité et amour filial.
Merci à l'auteur pour ce partage d'un moment tellement intime mais aussi tellement universel.
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"𝘗𝘢𝘳𝘤𝘦 𝘲𝘶𝘦 𝘫'𝘢𝘪𝘮𝘢𝘪𝘴 𝘵𝘢𝘯𝘵 𝘮𝘰𝘯 𝘱𝘦̀𝘳𝘦, 𝘲𝘶𝘦 𝘫𝘦 𝘭'𝘢𝘪𝘮𝘢𝘪𝘴 𝘴𝘪 𝘧𝘢𝘳𝘰𝘶𝘤𝘩𝘦𝘮𝘦𝘯𝘵, 𝘴𝘪 𝘵𝘦𝘯𝘥𝘳𝘦𝘮𝘦𝘯𝘵, 𝘫'𝘢𝘪 𝘵𝘰𝘶𝘫𝘰𝘶𝘳𝘴, 𝘥𝘢𝘯𝘴 𝘶𝘯 𝘤𝘰𝘪𝘯 𝘥𝘦 𝘮𝘢 𝘵𝘦̂𝘵𝘦, 𝘳𝘦𝘥𝘰𝘶𝘵𝘦́ 𝘤𝘦 𝘫𝘰𝘶𝘳."

Le jour, dont parle Chimamanda Ngozi Adichie, est celui où elle apprend par son frère que son père est décédé. C'est un choc... D'autant plus qu'elle l'a eu en zoom quelques heures auparavant et qu'il avait l'air d'aller très bien.

Cet ouvrage très court, composé de petits chapitres, illustre son chagrin, son admiration et l'amour immense qu'elle portait à son père.

C'est une réflexion sur le deuil, sur la perte d'un être cher, sur le vide et le rapport aux autres.

C'est beau et délicat et chacun peut retrouver des moments vécus dans ces passages très bien écrits, tellement vrais. Toute personne ayant déjà vécu un deuil, se retrouvera confrontée aux sentiments, pensées et douleurs aussi bien psychologiques que corporelles, éprouvés lors de cette épreuve. C'est en tous cas ce que j'ai ressenti, moi. le traumatisme de l'annonce, l'incompréhension, le chagrin, la colère, la nostalgie... Tout est tellement bien retranscrit, sans pathos, avec des mots justes et pudiques, tout en finesse et en délicatesse, avec beaucoup de douceur.

C'est un très bel hommage à un père disparu et une belle manière de l'honorer, de le rendre présent malgré tout.

"...𝘭𝘦 𝘤𝘩𝘢𝘨𝘳𝘪𝘯 𝘷𝘰𝘶𝘴 𝘥𝘪𝘵 𝘲𝘶𝘦 𝘤'𝘦𝘴𝘵 𝘧𝘪𝘯𝘪 𝘦𝘵 𝘷𝘰𝘵𝘳𝘦 𝘤oe𝘶𝘳 𝘲𝘶𝘦 𝘤̧𝘢 𝘯𝘦 𝘭'𝘦𝘴𝘵 𝘱𝘢𝘴; 𝘭𝘦 𝘤𝘩𝘢𝘨𝘳𝘪𝘯 𝘦𝘴𝘴𝘢𝘪𝘦 𝘥𝘦 𝘳𝘦́𝘥𝘶𝘪𝘳𝘦 𝘷𝘰𝘵𝘳𝘦 𝘢𝘮𝘰𝘶𝘳 𝘢𝘶 𝘱𝘢𝘴𝘴𝘦́ 𝘦𝘵 𝘷𝘰𝘵𝘳𝘦 𝘤oe𝘶𝘳 𝘥𝘪𝘵 𝘲𝘶'𝘪𝘭 𝘦𝘴𝘵 𝘢𝘶 𝘱𝘳𝘦́𝘴𝘦𝘯𝘵."

Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Drôle de période que cette pandémie de Covid. Avec ces enterrements sans famille autorisée à entrer dans le cimetière. L'auteur elle, doit vivre le décès de son père à distance, via application numérique (Zoom pour ne pas le citer). Ce qui ne lui facilitera pas de faire son deuil. Elle prend donc sa plume pour évoquer son chagrin, la manière dont il prend possession de son âme et de son corps (le corps souffre au sens propre du chagrin de l'être).
J'ai apprécie le très beau style plein de réserve qui lui permet de nous emmener dans ce bel hommage quelle fait également à son père à travers ses lignes.
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Un très court livre, un très beau livre. En une centaine de pages, Chimamanda Ngozi Adichie (dont c'est le premier texte que je lisais), dépeint un deuil, le deuil de son père dont la mort est brutalement survenue au premier confinement de mars 2020.

L'impossibilité de rejoindre son pays, les réunions Zoom de famille, les larmes, le chagrin, les souvenirs... L'autrice de "Americanah" livre un très beau texte sur le chagrin et le deuil. C'est court, mais riche et dense.
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Il est des livres ouverts, qui respirent la vie des autres & offrent leurs récits aux regards, je prends quelques bribes ici & là pour repartir différente & habitée par ces histoires que je vis, ou vivrai. Je lis ces notes, et je suis habitée par le manque, ce manque qui vient toujours après, qui toque à la porte déguisé, d'abord c'est la tristesse, puis c'est la colère.
Le manque ne vient jamais habillé en lui-même, parce qu'il n'est que vide.
Il n'est que creux alors il s'enveloppe pour me faire oublier pourquoi je le laisse entrer !

Revenons au livre, l'auteure perd son papa, et raconte l'épopée d'un deuil durant la pandémie. Nous pénétrons dans l'intimité de son chagrin sans fausse note. Un récit court, qui me parle, ses mots font écho à mes maux !
Un hommage assez spécial par sa construction. Une succession de notes, de souvenirs, d'anecdotes, elle tente de manière raisonnée de traduire son ressenti par l'écriture. Parvient ainsi à toucher le sens même de la douleur,et ce chagrin qui demeure.
Ce chagrin qui ne définit en rien qui nous sommes. Il fait partie de notre histoire comme une entaille qui sera toujours là & avec laquelle il faudra faire avec.
Personnellement il m'accompagne dans la vie, il me tient la main ou les larmes selon les moments, il m'aide à aimer le monde aussi.
Il est cet à-côté toujours présent mais je suis aussi moi sans lui avec la joie de vivre ou les pleurs, avec les envies ou les doutes, avec tout ce que n'importe qui sans drame, peut ressentir !

Mais y penser est parfois comme planter des clous dans un carreau de verre !
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Un texte très personnel écrit avec beaucoup de pudeur par l'auteure sur la mort de son père.

Nous sommes en juin 2020, période de Covid. Chimamanda Ngozi Adichie vit aux Etats-Unis, ses frères, soeurs et ses parents sont dispersés dans différents coins du globe. C'est donc par zoom que les réunions familiales rituelles du confinement ont lieu. le 7 juin a eu lieu une dernière réunion joyeuse, regroupant les six enfants et les parents. Quelques jours après, le 10 juin, James Nwoye Adichie meurt à l'hôpital

L'auteure va passer par plusieurs phases qu'elle nous décrit dans des chapitres courts, comme une respiration. L'effarement, le refus d'en parler pour éviter d'y croire, l'effondrement, la honte de ne pas avoir vu que son père n'allait pas bien... L'auteure décode les informations dans une sorte de brouillard. L'enterrement ne peut pas se dérouler tout de suite, les aéroports étant fermés et cela ajoute à l'étrangeté de l'annonce. Il y a aussi les rituels, les traditions et la culture du pays (Nigeria) à suivre.

Les chapitres sont courts, le livre ne fait que 98 pages, en petit format, mais à travers toutes les lignes et tous les mots transparaît la douleur de la perte et l'immense admiration et amour que l'auteure avait pour son père.

Un livre émouvant, doux et pudique.
Lien : http://lesfanasdelivres.cana..
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