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sur 567 notes
Je remercie chaleureusement les éditions Gallimard, son auteur Pierre Adrian ainsi que Babelio pour ce service presse.
"Que reviennent ceux qui sont loin", un titre à l'image de ce roman de Pierre Adrian qui aborde les thèmes du temps qui s'écoule inexorablement, de la finitude, celle de la jeunesse, de l'enfance, des moments heureux comme ceux qui sont amers et aussi parfois extrêmement douloureux. le narrateur a une petite trentaine d'années. Il travaille sur Paris, célibataire sans enfant, il a tout à construire. Son refuge, sa soupape, c'est de rejoindre le Finistère, la maison familiale possédée par celle-ci, où se retrouve les oncles, les tantes, les cousins, la grand mère, enfants, parents, de différents âges, de régions différentes, mais ce moment où ils se retrouvent tous dans ce lieu en Bretagne, est sacré. le narrateur nous raconte son quotidien dans cet endroit, l'atmosphère qu'il y règne, l'effervescence succédant à des moments d'ennui, la répétition année après année, des rituels familiaux, de la plage pour la baignade où organiser des jeux avec les enfants. Notre narrateur s'attache tout particulièrement à un petit neveu de six ans qui s'appelle Jean. Il tisse peu à peu une relation pleine de tendresse et de moment de partage lui rappelant sa propre enfance. Roman poétique, émouvant, très bien écrit, au rythme lancinant, volontiers nostalgique. On entre dans ce roman avec légèreté et puis peu à peu les souvenirs ressurgissent, cette grand mère pour qui il a de l'affection, très âgée, celle-ci passe sans doute son dernier été en Bretagne. le deuil, celui de l'enfance chérie, de l'entrée dans l'âge adulte, la perte inexorable de l'insouciance liée à l'enfance, les premières déceptions vécues, le quotidien à Paris que l'on va retrouver lorsque l'été s'achève. Surgit alors telle une épiphanie, la cassure et l'amertume d'un été qu'on souhaiterait éternel. le destin enfin. L'ingratitude de la vie qui prend et reprend sans que l'on y trouve un sens précis à lui donner. le temps est cruel, tout s'efface, les visages, les voix, les lieux, ils s'éloignent de nous, on s'en détache, malgré nous, et sans s'en rendre compte. Mélancolique, poétique, tendre, un hymne à la Bretagne qui est ici un personnage à part entière. On est troublé par cette lecture. C'est un des jolis roman à découvrir en cette rentrée littéraire. Pierre Adrian, "Que reviennent ceux qui sont loin, publié chez Gallimard.

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"Je ne revins pas à la grande maison par hasard. On ne retourne jamais quelque part par hasard. Secrètes sans doute, j'avais mes raisons après tant d'années de revoir la grande maison au mois d'Août. "
Le narrateur est un jeune trentenaire, la grande maison est la maison de Famille en pays de Léon où, chaque mois d'Août, ils se retrouvent tous autour de l'aïeule bientôt centenaire. Parents, frères et soeurs, oncles et tantes, nièces et neveux, amis proches, ceux que les locaux depuis plus de 100 ans appellent encore les parisiens... Il avait fui ces journées de farniente en Bretagne rythmées autour des enfants, de la plage, des repas en commun, des soirées au bar du port... Mais il est revenu et enfin il est chez lui :

"Mais en Bretagne, dans cette terre que j'avais laissée vivre sans moi, qui n'avait pas changé, où de vieux parents se faisaient enterrer, un sentiment beau et douloureux d'appartenance émergeait désormais. Si notre pays est celui où l'on a les plus grands souvenirs, alors j'étais d'ici. Alors j'étais de cette terre entre dunes, champs et bruyères, de cette presqu'île lovée entre deux bras de mer."
Et l'été de son retour sera aussi celui où...

Un livre qui résonne en moi de façon surprenante quoique ...un livre écrit par un trentenaire , un livre que transcende une écriture de toute beauté qui projette sur nos rétines mille et une images de notre passé que l'on pensait oubliées mais qui sont là fidèles attentives au fin fond de notre mémoire.
Un roman à mes yeux incontournable à découvrir absolument.
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En ce milieu d'automne, les vacances d'été sont déjà loin... Pierre Adrian nous propose un retour en Bretagne, en plein été, sur les pas d'un narrateur jamais nommé mais qui lui ressemble beaucoup. Roman en partie autobiographique, ce que l'auteur a confirmé dans les interviews, celui-ci explore le monde de l'enfance à la période charnière de la vie où on doit se résoudre à passer à l'âge adulte.

Petite présentation de l'histoire : après de longues années d'absence, un jeune homme revient dans la grande maison familiale où tous se retrouvent chaque année au mois d'août. le décor, les meubles, les objets ne changent jamais alors que vont et viennent oncles, tantes, cousins, neveux, amis de la famille... Il avait déserté le lieu pour des terres exotiques, des mers plus chaudes. Alors qu'il est encore célibataire et aurait l'âge d'être père, il veut renouer avec son enfance, retrouver sa famille. J'ai beaucoup aimé les mots qu'il met sur les anciens, traduisant le regard chargé d'amour et de bienveillance qu'il porte sur le vieillissement de sa grand-mère, ce qui donne des pages d'une grande justesse :

Jean, le neveu de notre personnage a six ans. Il voit, à travers lui, comme dans un miroir, l'enfant qu'il a été. Les enfants se construisent à toute vitesse pendant cette période de vacances où les nouvelles expériences sont nombreuses dans cette famille là.

Mornes après-midis à la plage, descentes au café du port pour les cousins(es) pendant que les tantes étendent le linge. L'organisation respecte la norme d'une tradition qui se voudrait répétition mais se heurte au mouvement du temps, aux cycles de la vie. Que reviennent ceux qui sont loin résonne comme le reflet d'une nostalgie, d'une tristesse. Les moments heureux en préparent d'autres où il faudra faire face, comme on peut, au drame qu'on pressent.

Littérature de mémoire, l'auteur s'essaie avec talent à cet exercice, dans un style bien différent de celui de notre prix Nobel de littérature Annie Ernaux et pourtant on le lit en superposant, en comparant notre propre expérience de l'enfance, de la famille, des vacances... Annie Ernaux avait un témoignage à écrire afin d'exorciser ses frustrations, elle avait senti que son milieu d'origine était coupé de ce pour quoi elle se destinait, le monde de la culture, l'enseignement, l'écriture. Nulle chose de ce genre ici, Pierre Adrian revendique un bonheur familial. Il ne souhaite nulle coupure, voudrait que ceux qui sont loin reviennent. Ayant déjà beaucoup il rêve d'immortalité ? Il donne d'emblée cette citation de Cesare Pavese. « Pour que la gloire soit agréable, il faudrait que les morts ressuscitent, que les vieux rajeunissent, que reviennent ceux qui sont loin. » Mais la mer a ses flux et reflux, ses tempêtes, la vie s'impose à tous sans exception, sauf à verser dans l'illusion, la croyance magique des désirs enfantins.

L'interrogation sur la finitude de l'homme, sur la transmission entre les générations est bien traitée et intéressante. le jeune homme apprend pendant ce mois d'août le lent rétrécissement des choses, lui qui rêvait d'absolu « …que toute la vie, il serait possible de courir partout et de revenir. »

A sa façon, ce récit montre un monde en train de changer. Anne, présente dans la grande maison – la fille d'amis de la famille ?, ne répond pas immédiatement aux avances du jeune homme et en cela il en ressent une blessure d'orgueil. le personnage du récit est plutôt un traditionnel, comme semble l'être sa famille… Mais il est en pleine introspection et en passe d'évoluer ! le roman peut avoir ce pouvoir particulier de créer une zone incertaine où l'auteur et le lecteur sortent changés de l'expérience d'écriture ou de lecture.

J'ai beaucoup aimé l'originalité du récit et cette indéniable facilité de plume de Pierre Adrian lui permettant de peindre des tableaux de Bretagne si vivants qu'ils s'animent devant les yeux du lecteur. J'ai eu l'impression qu'il serait facile pour lui de rédiger dix pages sur une feuille tombant d'un arbre à l'automne sans perdre le lecteur... Sa belle écriture ciselée m'a impressionné. A trente ans passés, avec ce nouveau livre très personnel, il déploie un énorme talent.

Pierre Adrian est né en 1991. Après des études de journalisme, il part à 23 ans pour l'Italie sur les traces du grand poète et cinéaste Pier Paolo Pasolini, publiant alors La piste Pasolini (prix des Deux Magots et prix François-Mauriac) . Il s'intéresse ensuite à un curé de village dans la vallée d'Aspe, écrivant Des âmes simples (prix Roger Nimier). le livre suivant, Les bons garçons, s'inspire d'un fait divers en Italie, la mortelle aventure de deux amies. Avec ce nouveau livre, en écrivant avec ce « je », il parvient à parler de chacun de nous et cela m'a plu.

Je découvre un jeune auteur très prometteur. Avez-vous déjà ressenti cette impression de changer de regard sur la famille, le temps qui passe... après une lecture ?
*****
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Les critiques inspirées , entre autres , de le Bison, Cannetille, Annette m'avaient poussée vers ce livre. Je savais qu'il me plairait.

C'est vraiment le roman de la nostalgie, celui du refus des choses qui finissent, comme l'exprime le narrateur. Ces mois d'août dans la grande maison familiale des vacances près de Brest, en pays du Léon, il n'y était plus revenu depuis six ans. Célibataire trentenaire, il goûte plus intensément encore, pour son retour, l'éphémère des rituels d'été, les promenades en vélo dans les abers, les après-midis languissants sur la plage, la fête du port jusqu'au petit matin.

Il se revoit enfant à travers un petit neveu de six ans, Jean, en qui il se reconnait. Il observe, un peu en retrait, les uns et les autres, sa grand-mère fragile, comme une porcelaine fine qui pourrait se fendre si facilement, les cousins assez indifférents, les enfants apprenant la cruauté , faisant l'apprentissage de la vie au sein de leurs groupes.

L'écriture est superbe. J'ai aimé en particulier cette personnification de la maison, qui la place au centre de l'histoire, protagoniste à part entière. Les paysages s'animent avec force, sous la plume de cet auteur talentueux. Et la mélancolie gris bleu des ciels bretons nous enveloppe , le même serrement de coeur du narrateur devant la chambre qui se vide fin août nous prend...

La fin glaçante, que très peu de signes laissaient deviner, rompt à jamais la continuité de ces étés en famille. Un roman prenant, à la musique intime lancinante.
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À son arrivée, la mer se retirait. « le jusant donnait à la plage une amplitude infinie. »

Pour quelle raison, arrivé au seuil de la trentaine, et après huit années à prendre ses congés ailleurs, notre narrateur revient-il passer ses jours de vacances dans la grande maison ?
Il fut un âge où il a voulu élargir son horizon, vivre des mois d'août différents. Un âge avec l'envie de fuir la famille. Pressentant que ces vacances familiales étaient menacées par le vieillissement inévitable des uns et des autres, il souhaite y retrouver le mois d'août de son enfance inscrit dans sa mémoire.
Nous le suivons en pays breton, dans un coin des abers. Côté mer, le décor oscille au gré des marées. Les bras de mer qui se remplissent à chaque marée montante cèdent la place à la vase au jusant. Côté terre, le gris du granit et la teinte plus chaleureuse des ajoncs.
Un vent continu, les nuages qui arrivent au galop dans un ciel si changeant. Une Bretagne à prendre comme elle est, avec ses journées dégagées ou capricieuses, sans désirer un beau temps uniforme.

La grande maison, c'est ce portail blanc, sa décoration intérieure d'antan, figée, qui en fait tout son charme. Mais les éléments qui évoluent chaque été entre ses murs changent et portent tous, un jour ou l'autre, la marque du temps qui fuit.
La grande maison, c'est aussi son placard en formica abritant le chocolat et les galettes bretonnes, son penty où gisent les vieux vélos et plus loin le vieux lavoir abandonné aux têtards.
Cette maison résonne encore du bruit des pas du grand-père disparu, là où les marches craquaient avant qu'il atteigne la cuisine afin de faire griller les tartines du petit-déjeuner.
Notre vacancier va retrouver le cercle familial, les enfants ont grandi, d'autres sont nés pendant son absence. C'est le cas de Jean qui a six ans et dont il se sentira proche. Ce dernier l'aidera à guérir de sa maladresse à l'égard des jeunes dont il a été éloigné.
La présence fragile, silencieuse et presque évanescente de la grand-mère symbolise le temps qui altère la vue, l'ouïe, la reconnaissance des siens. La rareté des paroles, les lenteurs, sont autant de signes des années qui se sont écoulées et filent, toujours.
La lecture comme accompagnement sur la plage, comme refuge, comme occupation les jours de pluie est une évidence pour chacun. Je trouve cela beau et rassurant.

Le roman alterne entre souvenirs d'enfance et évènements du quotidien, impressions de ces nouvelles journées d'août, journées simples qui ne différent pas les unes des autres, ou si imperceptiblement. Plage, lecture, siestes, discussions futiles ou plus sérieuses sur le sable ou au café du bourg occupent les heures insouciantes.

Une douceur mélancolique émane de ce texte parsemé de très belles réflexions poétiques sur le décor « le ciel explosait d'étoiles qu'on aurait voulu moissonner à l'épuisette.» « La mer shampouinait les récifs.»
Les souvenirs de tous ces étés qui affluent sont pour notre narrateur une révélation, ils le portent à saisir son appartenance à cette région.
L'angoisse de la fuite du temps est omniprésente. le plaisir d'un bon moment est systématiquement entaché à l'idée qu'il aura une fin. La nostalgie de ces étés perdus loin de l'aber le pousse cependant à tenter de savourer chaque minute de ce mois d'août. On sent que le narrateur a du mal à faire son deuil de tout ce qui ne reviendra pas.
Une analyse très mature résonne dans l'évocation de nombreux sujets dont la paternité, la religion, la famille, l'insouciance et la cruauté des enfants…

Une vie d'été racontée pour ne pas laisser disparaître tous ces moments forts passés en famille. Hélas, on ne revit pas à l'âge adulte un été d'enfance.
Merci à Babelio, aux éditions Gallimard pour ce Masse Critique bouleversant. Je partage beaucoup des points de vue éclairés du narrateur (de l'auteur ?). Pour être honnête je me suis retrouvée dans les angoisses de ce personnage à l'idée de toutes ces choses qui se terminent un jour et qui ne reviendront plus.
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Avec délicatesse, patience, l'auteur s'attarde sur l'été des redécouvertes, celles qui suivent les fins que son narrateur déteste tant. Une nostalgie latente imprègne ces pages, en fait une ode au temps immobile des vacances qui s'accélère trop vite, vibrante d'odeurs d'enfance, de sensations oubliées et retrouvées pendant le mois d'août, puis perdues, à nouveau (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2022/10/13/que-reviennent-ceux-qui-sont-loin-pierre-adrian/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Chronique d'un été en Bretagne.
C'est le mois d'août et depuis toujours, toute la famille éparpillée se retrouve quelques jours dans la maison de vacances en Bretagne. Il y a la grand mère centenaire, les oncles et tantes, les cousins. Ils ne se voient pas beaucoup pendant le reste de l'année, même pas du tout,mais la maison de famille est leur rendez-vous, le temps du mois d'août. Cette maison résiste au temps elle n'a pas changé depuis des lustres et contient tous les souvenirs d'enfance des membres de la famille devenus des adultes.
Une belle chronique à travers les souvenirs d'un petit fils nostalgique sur le temps qui passe, la fragilité de la vie ,des instants de vie pleins de poésie et de délicatesse.
L'auteur m'a embarquée avec lui dans sa maison bruissant de tous ces enfants qui dévalent les escaliers, des discussions animées des adultes, des éclats de rire., du vent qui souffle dans les persiennes. Au fil des années, les enfants deviennent des adolescents et les adolescents des adultes , les adultes vieillissent et les vieillards s'effacent sans bruit. Tout change mais rien ne change en fait. Et l'an prochain,tout recommencera tant que la grand-mère centenaire et ciment de la famille est en vie.
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"Je ne revins pas à la grande maison par hasard. On ne retourne jamais quelque part par hasard. Secrètes sans doute, j'avais mes raisons après tant d'années de revoir la grande maison au mois d'août".
C'est ainsi que le narrateur - dont on ignore jusqu'au prénom - ouvre ce très beau roman, et tout de suite le cadre est posé.
Une grande maison, l'histoire d'un retour, le mois d'août : tout est là.

Est-il possible d'écrire un roman là-dessus ?
Peut-on surprendre un lecteur avec si peu de matière, peut-on construire un grand texte sur un socle aussi ténu ?
Étonnamment oui, oui, trois fois OUI ! Quand la plume est maniée avec une telle dextérité, quand la somme de petits Riens, agencés avec tant de justesse, finit comme ici par constituer un Tout si cohérent, si limpide et si délicat, on ne peut que se laisser séduire. Et dire que l'auteur de ce précieux petit livre, Pierre Adrian, a tout juste 30 ans...

Son narrateur anonyme a sensiblement le même âge quand il décide, après quelques années passées loin des siens, de revenir faire halte dans la grande maison familiale du côté de Brest, "pays de calvaires et d'enclos paroissiaux [où] les clochers de granit se dessinent dans des ciels de nuages en fuite".
Chaque année, depuis toujours, c'est là que cousins et amis se retrouvent. Lui-même a passé ici de formidables étés de liberté et d'insouciance alors bien sûr, à peine passé le grand portail blanc, les souvenirs d'enfance ressurgissent et le submergent à la manière de ces marées bretonnes dont il contemple sacs et ressacs depuis la fenêtre de sa chambre à l'étage. Après-midis de plage, pêches aux crabes et chasses aux papillons, sorties à vélos et parties de cartes en famille, bals du 15 août, mêmes BD lues et relues années après années, attaques de pirates et ripostes d'indiens : tous ces moments ont compté. Plus qu'il ne l'avait cru, plus que tout le reste sans doute.

Dans cette grande maison aux allures d'auberge espagnole se croisent nombre d'occupants, jamais désignés autrement qu'en ces termes imprécis : "un oncle", "une cousine", "un neveu"... On passe de l'un à l'autre sans jamais s'attarder mais l'essentiel est qu'ils soient là, puisque leur seule présence suffit à raviver des souvenirs heureux.
Les années ont passé, les enfants sont devenus parents, mais au coeur de l'été rien n'a vraiment changé. Les mêmes cadres photos ornent toujours les mêmes buffets de campagne, et pour les vacanciers comme pour le lecteur qui les suit ces quelques jours sont comme suspendus, hors du temps.
Seule la grand-mère semble avoir pris de l'âge, elle qui ne reconnaît plus toujours ses interlocuteurs et qui glisse doucement vers un ailleurs brumeux mais serein.
Dehors les mouettes planent, les adultes trinquent ou lisent sur la plage, les enfants courent et notre narrateur se souvient : "J'avais été l'un d'eux. Je savais leurs épiphanies, leurs jeux imaginaires, les cabanes dans le jardin, les rages soudaines, les cris."

Vous aussi n'est-ce pas, vous savez tout ça ?
Ne conservez-vous pas vous aussi, dans un coin de votre mémoire, les traces d'un passé plus ou moins lointain, et l'empreinte du lieu qui vous a fait ("Si notre pays est celui où l'on garde les plus grands souvenirs, alors j'étais d'ici. Alors j'étais de cette terre entre dunes, champs et bruyères, de cette presqu'île lovée entre deux bras de mer") ?
Vous aussi vous connaissez cette nostalgie des retours aux sources, vous non plus vous ne pensez pas que "les souvenirs ressassés [sont] du temps perdu", vous aussi vous tentez au contraire de "les rassembler avant qu'il n'aient tout à fait disparu", parce que vous savez qu'il vous constituent ?
Vous aussi, hein ?

Puisque tout ça est universel, puisque le texte Pierre Adrian est empreint d'une grande sensibilité, et puisque le mois d'août est incontestablement "celui qui ressemble le plus à la vie", je ne saurais trop vous conseiller la lecture de ce très beau roman.
Ne serait-ce que pour humer l'air marin, pour voir des enfants courir et des ados danser.
Pour assister à une éclipse et s'émouvoir d'un drame soudain.
Pour renouer avec des aïeux.
Pour que reviennent ceux qui sont loin.
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Oh lala, que dire de plus et de mieux que vous tous qui avez déjà écrit votre ressenti sur cette lecture !

Ce fut pour moi une très belle découverte que la plume de cet auteur.

L'histoire se déroule en Bretagne et j'avoue mon coeur en a été très touchée. le narrateur vit la Bretagne le temps de ses vacances et moi je la vis à l'année.

L'oeil et l'âme de celui qui ouvre la maison pour deux mois d'été dans un lieu qui lui est cher, m'ont semblé juste et sensible.

Un grand merci à Babelio et aux Editions Gallimard pour m'avoir confié cette lecture !
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Des enfants, des cousins et cousines, des oncles et tantes à foison, des grands mères , des grands pères , une grande maison , le mois d'Août, la Bretagne. Des souvenirs de vacances.
Cela me parle. Souvenirs de vacances en Bretagne , au fin fond de la Lozère ou encore au bord de la Mer du Nord. Arrivent et repartent les cousins et cousines , un oncle une tante ou encore une grand mère. Nostalgie, mélancolie mais aussi douceurs de ces moments partagés en tribu. Des moments de vie qui restent gravés et qui jalonnent de petites pierres notre vie .
Et comme le dit Pierre Adrian : Que reviennent ceux qui sont loin.
Ce roman est un bonbon acidulé , fait de tableaux d'été en pente douce. On se remémore notre enfance; des moments qui n'existe plus.
Pierre Adrian nous diffuse un baume apaisant.
Pour lui c'est le temps des retrouvailles estivales dans la grande maison familiale dans le nord Finistère à quelques encablures des abers. le retour aux sources .
Il faudra faire fi d'une certaine intimité. La grande maison est collective. Ca vit, ça foisonne. Les générations se mélangent . Les plus jeunes sont en apprentissage.
Avec délicatesse Pierre Adrian , trentenaire, nous rappelle que chacun nous avons nos tribus, et que quelque soit nos souvenirs d'enfance ils se nimbe de recommencement de transmission.
A trente ans il est devenu un oncle pour Jean , petit garçon de 6 ans. le temps file, l'insouciance s'effiloche entre la grand mère nonagénaire et Jean cet enfant qu'il n'est plus. La grand mère sera t elle encore là l'année prochaine ?
Et pourtant la fatalité sera tout autre, donnant une autre couleur au roman. Rappelant que le bonheur est souvent éphémère et discret.
Pierre Adrian nous parle de la vie , de sa fragilité avec une profonde émotion.
Ce qui est le présent des enfants est déjà des souvenirs chez les plus grands. le temps passe , recouvre notre vie de souvenirs comme ses grandes marées qui découvrent exceptionnellement un pan de plage.
L'un des plus beaux livres de la rentrée littéraire.
Lien : http://auxventsdesmots.fr
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