Skilley, un pauvre chat des rues à la queue toute tordue passe son temps à éviter les coups de balai et à tenter quelques rapines sous l'étal du poissonnier. Mais sa vie va changer le jour où Pinch, son ennemi juré, se met en tête de travailler au Ye Olde Chechire Cheese, un pub réputé pour son fromage, le meilleur de l'Angleterre.
Qui dit fromage dit souris. Et Pinch est justement un chasseur de première classe. Skilley, heureusement pour lui, a plus d'un tour dans son sac, et des alliés inattendus qui se nomment Pip et
Charles Dickens.
Je viens de lire deux livres terriblement noirs et durs. Mon moral est au plus
bas. Il me faut une petite bulle de légèreté pour me permettre de souffler. Et voilà que je tombe sur la critique d'une lectrice vantant ce roman jeunesse. Moi qui adore les chats, je n'hésite pas, je plonge !Évidemment, il s'agit d'un conte pour enfants totalement irréaliste. Mais, au second degré, on y découvre des aspects intéressants. D'abord, il y a ces magnifiques illustrations de
Barry Moser, qui font penser à des gravures anciennes.
Beaucoup de procédés typographiques originaux et amusants émaillent le récit : le mot « chat », écrit dans des tailles différentes figure l'écho des cris horrifiés que pousse la gent trotte-menu. Horreur ! Un intrus, un ennemi, a pénétré dans le pub !
Une ligne en fin de page se détache du texte, formant un arrondi et remonte le long de la feuille, donnant l'illusion qu'il s'agit de la queue d'un rongeur. Ici et là, des feuillets gris sont les brouillons de Dickens, notés dans ses carnets. Il cherche l'inspiration entre une pinte de bière et une assiette de fromage.
Pour les lecteurs avertis, des allusions à l'oeuvre du maître de la littérature anglo-saxonne jalonnent le texte : l'ami de Skilley se nomme Pip («
De grandes espérances »), Adèle baptise son chat
Oliver (Twist), l'écrivain s'escrime à rédiger un incipit récalcitrant, etc.
Quelques explications historiques rehaussent le récit. Par exemple, vous y apprendrez pourquoi il y a des corbeaux à la Tour de Londres.
Charles Dickens se réjouit de bavarder avec ses amis
Wilkie Collins, William Thakeray ou
Edward Bulwer-Lytton.
Donc, outre les chats, l'humour so british, la fantaisie et la bonne humeur, j'ai aussi apprécié le côté littéraire de cette amusante découverte. Si, comme moi, vous avez gardé une âme d'enfant, lisez ce roman. Vous ne le regretterez pas.