Peurs du soir

" Peur du soir" est une belle oeuvre graphique, jouant sur la ligne, nette, l'écriture en affichage géant, sur les jeux d'ombre et de lumière et sur la peur du noir des enfants.
Le terrorisme ne sera pas sujet à plaisanter en ce moment et avec des adultes et pourtant, ici, nous aurons souris.
Les recommandations en cas de danger dans un lieu accueillant du public seront détournées au profit d'une chambre à coucher d'enfants pouvant être envahie ce soir par des cauchemars.
Sécurisation des locaux, dégagement des voies d'issue ou des cachettes, tout semblera prèt pour la suite et au vu de la grandeur du texte exclamatif sur l'image, hurlant à qui voudra bien l'entendre un avis de dodo imminent, notre dormeur souhaitera peut-être faire fuir les premiers cauchemars comme on tape dans des casseroles pour rabattre le gibier dans une direction.
Nous aurions pu le croire mais non, on le comprendra à plusieurs reprise, ce n'est pas le petit mais la voix d'un parent qui annoncera comme celle des infos SNCF qu'il serait de bon ton d'activer le processus de la mise en dodo incessament.

Je vérifie, je dégage, l'affaire pourrait accompagner ici les consignes usuelles demandées pour l'évacuation incendie d'une école et les transformer en jeu pour faire adhérer les petits avec cet album - cela nous semblera un usage possible pour rendre la chose indispensable moins grâve peut-être - .
Notre petit dormeur (ou dormeuse) hors champs nous installera dans son esprit rigoureux et là, normalement, impossible de se laisser surprendre après cela par un cauchemar (le rai de lumière de la lumière du couloir? Check!).

Le danger (il sera là) va se déployer sur des double-pages qui vont couvrir la vue de l'entrée de la chambre et pour le lecteur cela deviendra un jeu d'allumer la lumière pour vérifier.
L'imagination va faire son oeuvre, intervenant progressivement sans bon sens et la fantaisie rendra la chose au contraire très drôle.
Les deux impressions se mêleront, crainte et amusement, pour ne plus craindre ses cauchemars à la fin et les observer sans grande émotion avant de refermer le livre.
Qu'ils sont bizarres ces cauchemars!