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En 1817, à l'île de la Réunion, meurt la mère de l'esclave Furcy. Dans son maigre héritage, une liasse de papiers qui apprennent à Furcy que Madeleine avait en fait été affranchie il y a des années et qu'il doit être considéré comme libre. Furcy se rend au tribunal de Saint Denis pour réclamer son droit qui lui est refusé. Il passe un an en prison puis est éloigné à Maurice, livré à un maître impitoyable. Néanmoins il ne renonce pas à son combat, collecte des documents, écrit à des personnes qui peuvent le soutenir. Il lui faudra 27 ans en tout pour obtenir sa liberté pleine et entière.

En 2005, Mohammed Aïssaoui prend connaissance de l'existence de cette affaire par une dépêche de l'Agence France-Presse. Il s'y intéresse et décide de mener l'enquête plus profondément. Il passe quatre ans à rechercher avec difficulté la moindre information sur Furcy. Il découvre que "l'histoire de l'esclavage est une histoire sans archives" (Hubert Gerbeau). le résultat est ce livre d'histoire romancé où l'auteur, à partir de ses sources, imagine des situations, des dialogues, pour rendre plus vivants ses personnages. C'est très intéressant et ça donne un bon aperçu des horreurs de l'esclavage et en même temps tout en nuances.

Ca me rappelle un article lu dans le Monde du 13 novembre 2010 "Le cimetière, miroir de l'esclavage". A la Guadeloupe (donc pas exactement au même endroit que l'affaire Furcy) des archéologues étudient des sépultures d'esclaves du 18° et 19° siècles. "L'étude médicale des ossements dénote des conditions de vie abominables". le paléopathologue Olivier Dutour "a étudié dans sa carrière des séries d'ossements très différentes, des cimetières du Moyen Age aux charniers des guerres napoléoniennes. Il a appris à y déceler les ravages des maladies et des labeurs exténuants. "Mais avec cette population nous sommes dans un registre atypique. Je suis impressionné par la souffrance endurée." Il a "diagnostiqué sur des sujets de 20 ans des arthroses vertébrales qui n'apparaissent normalement qu'à 50 ans", il pense que 100% de cette population était atteinte de la tuberculose osseuse.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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l histoire de l esclavage est une histoire sans archives
la citation de l universitaire hubert gerbeau resume la difficulte qu a eu l auteur pour raconter la vie de cette esclave nomme furcy.
un homme courageux qui s est battu tout au long de sa vie pour la liberte,il va en effet y parvenir, aidé par des hommes justes (gilbert bouchet, thereau)
un roman emouvant que j ai apprecié.
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Jorge Semprun, à propos de la littérature de la déportation, affirmait "Sans la fiction, le souvenir périt."



Même s'il ne s'agit pas ici de fiction, Mohammed Aïssaoui déclare en quatrième de couverture avoir "éprouvé le désir - le désir fort, impérieux- de retrouver et de comprendre Furcy. de l'imaginer aussi."



S'appuyant sur des documents récemment mis à la disposition du public ou des études sur des thèmes plus globaux, il s'est intéressé à cette histoire incroyable : en 1817, à l'ile de la Réunion encore nommée île Bourbon, un esclave d'origine indienne découvre que sa mère décédée était en réalité affranchie depuis des années et que lui, Furcy, devrait l'être aussi. Il se décide à intenter un procès à son maître., et c'est le début de vingt-sept années de lutte, d'espoirs différés, d'audiences et de plaidoiries.



Sachez tout d'abord que, "comme la loi l'exigeait, un esclave ne pouvait attaquer son maître (ou une autre personne) en justice sans passer par ... son maître. C'est le propriétaire qui portait la voix de l'esclave."



Et pourtant Furcy, calme, digne, en dépit de l'emprisonnement puis l'envoi dans l'ile de France toute proche (actuellement ile Maurice), dans le but de calmer l'effervescence née à la Réunion chez les propriétaires craignant une propagation de ces idées de liberté, malgré l'éloignement en France des magistrats qui lui ont accordé un fidèle soutien, tient bon; Mohammed Aïssaoui, avec l'émotion que l'on imagine, a retrouvé des lettres de Furcy. Et moi aussi je me le représente à ses procès, tenant dans la main gauche la Déclaration des droits de l'homme...



L'auteur a opté pour un style d'une grande sobriété; un tel sujet est dur et ne demande pas de l'enrobage. La documentation que l'on sent minutieuse se coule aisément dans le texte.



"Enfin, tout était moins monochrome qu'on veut bien le croire. Bien sûr, il y avait des noirs esclaves. Mais des noirs possédaient des esclaves, et nombre d'entre eux étaient farouchement opposés à toute idée d'abolition. Des noirs chassaient, jusqu'à les tuer, d'autres noirs. Des noirs asservissaient des métis... Et il arrivait souvent que, dès qu'un esclave devenait affranchi, il ambitionnait de posséder des esclaves, lui aussi. Des blancs aidaient des noirs, et vice versa...(...)

Il suffisait d'observer le système économique, et tout s'éclairait. (...) Si l'on regardait de plus près, tout était organisé pour maintenir le système en place: l'homme considéré comme une marchandise; l'interdiction pour les esclaves de posséder et donc de s'enrichir; l'interdiction de s'instruire."



Vous l'aurez compris, la lecture de L'affaire de l'esclave Furcy est absolument indispensable.



"C'est le problème pour tout un pan de l'histoire : les victimes ne laissent pas de traces. Quand je me suis penché sur cette affaire, je m'attendais à trouver des témoignages directs. Il n'y a rien, ou presque rien. Que des silences. Trop de silences. Et des morts anonymes. Une histoire sans archives." On ignore quand et où est mort Furcy...
Lien : http://en-lisant-en-voyagean..
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Sélectionné pour le prix Renaudot...
l'Histoire me semble passionnante.
Lien : http://mazel-livres.blogspot..
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Le récit est très bien documenté, l'auteur a notamment travaillé à partir d'un lot d'archives vendu aux enchères à Drouot en 2005 concernant l'affaire de l'esclave Furcy , documents se trouvant désormais aux Archives départementales de la Réunion.Il a également exploité les Archives nationales de l'Outre Mer à Aix-en -Provence .De plus pour parfaire son enquête, Mohammed Aîssaoui s'est rendu sur les lieux où Furcy a vécu.
Cet essai historique très imagé est d'autant plus intéressant qu'il existe peu de mémoires de personnes asservies. L'auteur souligne le poids économique de l'esclave dans l'économie de plantation. La colonie avant l'abolition de l'esclavage est un Etat dans l'Etat avec ses prérogatives, il est difficile d'y faire entendre les Droits de l'Homme, les revendications d'affranchissement se heurtant aux préjugés, à l'état de fait et aux contraintes économiques. Mohammed Aîssaoui, à travers le récit, déroule la diversité et la complexité des statuts, les enjeux qui secouent la première moitié du XIXème siècle dans les colonies.
Furcy naît en 1786 à Bourbon (Ile de la Réunion). Sa mère, Madeleine, née libre en 1759 à Chandernagor, se retrouve en France, puis est donnée à Bourbon à Mme Routier. Madeleine est affranchie en 1789 ; ce n'est qu'à sa mort en 1808 que ses enfants découvrent son histoire et partant leurs droits. Furcy assigne alors son maître Joseph Lorcy en justice, il perd son procès ; après une série d'évènements Furcy se retrouve sur l'Ile de France (Ile Maurice) et continuera à faire valoir ses droits devant les tribunaux, une bataille de 35 années marquée par une évolution idéologique.
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Il y a de nombreux éléments qui concernent la période esclavagiste qui ne sont pas connus des Réunionnais(es), à mon grand regret. Beaucoup de documents ont été détruites, à l'abolition de 1848, ou n'ont tout simplement pas survécu au temps. Mais grâce à Furcy, j'ai découvert une autre facette de la colonisation.
J'avais pris l'habitude de lire les injustices, concernant les esclaves de mon île, mais j'étais loin de me douter que nous avions eu un ancêtre, qui avait eu l'audace de contredire son maître et proclamer haut et fort, qu'il est un Libre et non, un esclave.
Le passage qui m'a entre autres bouleversé, c'est cette vente pour cause de départ, qui intègre une femme esclave (négresse). Était-ce parce qu'elle était en voie de famille (enceinte), qui leur donnait ce droit ? Hélas non, c'était juste un mobilier encombrant, pouvant servir à un autre propriétaire, en manque de main-d'oeuvre. Mis à part, les émotions qui m'ont envahi à la lecture de ce récit, sachez que même sans illustrations, pour alimenter les étapes de la vie de l'héroïne, les mots de l'auteur sont toutefois très imagés. Malgré le contexte et la complexité de cette histoire, j'ai osé un sourire, quand j'ai lu qu'un ancien esclave Africain, devenu commandeur, nommé Brabant, ne pouvait pas supporter qu'on le voyait comme une personne ayant des origines Mozambicaines. Il faisait au mieux, pour qu'on le compare à un blanc.
J'ai eu connaissance de l'existence de Furcy, seulement à la fin de l'année 2014, comme beaucoup de Réunionnais(es).
Lien : https://www.lilutek974.re/li..
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Un livre très imparfait et essentiel. Merci à M. Aissaoui.
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Entre enquête journalistique et récit romancé, ce livre est un coup de poing que le lecteur reçoit au plexus. Furcy a laissé des témoignages directs et les archives de son affaire sont parvenues en partie jusqu'à nous. Deux choses extrêmement rares qui nous confrontent à la terrible réalité de l'esclavage. Il faut connaître le titanesque combat de Furcy contre l'arbitraire et l'injustice. Edifiant et bouleversant.
Lien : http://appuyezsurlatouchelec..
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Un minutieux travail d'archive, mêlé à un talent narrateur certain, a donné ce petit livre poignant qui, à travers un cas personnel attachant, ouvre une fenêtre sur le monde de l'esclavage du début du XIXème siècle sur l'île de la Réunion. Facile à lire et instructif.
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Je me suis fait offrir ce livre, lu avec une grande curiosité. Il y est question de Furcy, esclave d'origine Indienne à l'Ile Bourbon (la Réunion) au début du XIXème siècle. L'homme (qui n'a pas de nom de famille, comme tout bon esclave) découvre que son esclavage est indu : sa mère était libre, il est donc né libre. Il intente donc un procès à son propriétaire pour se voir reconnaître officiellement libre.

Mohammed Aïssaoui raconte ce procès, de 1817 à 1843, les pressions des esclavagistes, la volonté opiniâtre d'un homme qui ne veut pas renverser l'esclavage mais juste voir reconnaître ses droits.
Deux choses fascinantes dans ce récit : les extraits de textes d'époque, notamment les petites annonces de ventes d'esclaves ou les documents d'héritage. Liste de meubles, argenterie, esclaves. J'aurais dû le savoir, ça fait mal de le lire... L'autre chose, l'idée la plus importante : il n'y a pas presque d'archives sur Furcy. S'il n'avait pas intenté ce procès, si personne ne s'était penché sur son cas, personne n'aurait jamais rien su de son existence. Il n'y a pas de documents, juste le silence... le livre contient un très beau passage sur l'importance des papiers pour les personnes illettrées. C'est grâce aux papiers conservés par sa mère que Furcy mènera son combat.
Pour le reste, l'auteur n'est pas historien mais romancier. Comme il l'explique par de fastidieuses digressions, il a voulu combler par la fiction les trous des archives... Mais autant les textes d'époques sont frappants, autant les passages de fiction sont faiblards, écrits sans grande inspiration et surtout sans audace. Comme si le romancier, pour dire la vérité des êtres et des choses, devait coller à ce que nous savons des faits...
En bref, un bon sujet, de bonnes intentions, mais pas un bon livre.
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