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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Née en 1759 à Chandernagor, en Inde, Magdalena a été emmenée et a vécu comme esclave à Lorient (Bretagne) puis sur l'île Bourbon (actuelle île de la Réunion).
A sa mort en 1817, son fils Furcy, alors âgé de 31 ans et qui a toujours été esclave, découvre dans les papiers laissés par sa mère que celle-ci avait été affranchie 26 années plus tôt. Ceci fait normalement de Furcy un homme libre. Quand il se présente devant la justice pour faire valoir ses droits, son 'maître' et ses puissants alliés usent de leur influence pour contrer ce qu'ils considèrent comme un affront et éviter un précédent qui selon eux serait fâcheux pour leurs situations.

L'auteur nous raconte ce conflit, en mettant brillamment en perspective son contexte économique et historique. Il y intègre des considérations sur sa démarche d'écrivain, qui s'intègrent parfaitement dans l'exposé. le récit ne manque que de quelques rappels de dates, que j'ai finalement retrouvées en fin d'ouvrage.

Un livre agréable à lire et instructif, qui met bien en évidence la diversité ethnique de la population de l'île Bourbon et la complexité des rapports sociaux qui en résulte, tout en évitant la caricature.
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Ce récit est brillant d'intelligence et de finesse. L'auteur, au lieu d'empiler les faits les uns derrière les autres, à l'instar de Truman Capote dans "De sang froid" ou de Jorge Volpi avec"Un roman mexicain", a le très bon goût de s'adresser à la sensibilité du lecteur en faisant appel aux structures psychologiques des personnages. L'analyse politique et psychologique est poussée et témoigne d'un grand respect pour le lecteur qui, à la in de la lecture a compris et appris sur l'événement relaté. Merci pour ce moment...!
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en savoir plus avec wikipédia : Esclavage à Bourbon.

Furcy est le nom donné à un esclave réunionnais qui assigna son maître en justice en 1817 en réclamant son statut juridique d'homme libre. A cette époque les intérêts des planteurs les conduisaient lutter contre cette procédure.

Furcy a une mère Indienne, Madeleine, née en 1759. Elle est conduite en France par une religieuse avant d'être emmenée à La Réunion par une certaine Madame Routier. Celle ci devait la renvoyer jusqu'à Chandernagor, en Inde, ce qu'elle ne fit pas. Sa mère meurt, ainsi que madame Routier. Furcy est alors confié au gendre de cette dernière, Joseph Lory, qui le garde comme esclave. Il devient l'intendant de la maison de ce négociant et propriétaire d'esclave. En 1817, le jeune homme découvre que sa mère avait été affranchie avant son décès et décide de recourir à la justice pour faire valoir sa liberté, une liberté dont jouit sa soeur Constance depuis son propre affranchissement. Il est débouté en première instance, en appel et se pourvoit finalement en cassation.
En 1817, lorsqu'il entame sa démarche en justice, il trouve un certain soutien en la personne du procureur général Louis Gilbert Boucher, né en 1782 et qui mourra en 1841. Pour ses sympathies antiesclavagistes, celui-ci s'attire l'hostilité de Joseph Richemont Desbassyns, le commissaire ordonnateur général de la Réunion.
L'affaire fait grand bruit à Saint-Denis car elle ouvre une brèche qui permettrait la libération de 15 000 individus. Aussi, sous la pression des colons, Gilbert Boucher doit quitter l'île. Son jeune substitut Jacques Sully Brunet est également écarté du dossier. Furcy mourra, après avoir entretenu une correspondance suivie depuis Maurice avec la famille Brunet à La Réunion et Gilbert Boucher lui-même en métropole.
Le 23 décembre 1843, la justice déclare enfin que « Furcy est né en liberté.»1.
L'affaire Furcy n'est pas une affaire isolée : Louis Gilbert Boucher cite dans l'un de ses rapports au ministre de la marine et des colonies une autre affaire un peu antérieure, l'affaire de l'indienne Tola, jugée devant la cour royale de Bourbon, où le même point de droit a déjà été soulevé : dans un contexte où la traite négrière commence à être interdite dans les colonies anglaises (dont l'île Maurice, toute proche, où la famille Lory a des terres), et où les nations signataires du traité de Vienne se sont engagées à abolir l'esclavage, les indiens se prétendent issus d'une nation de libres et refusent le statut d'esclave (cas également connu de Boucher à la Martinique). Gilbert-Boucher s'élève également contre l'usage des lois que font les magistrats au profit des propriétaires d'esclaves et des contournements de son autorité de procureur général, dans un contexte de réforme des juridictions qui peine à s'imposer à l'île Bourbon.

Le nom de Furcy est resté à un îlet de la commune de Saint-Louis situé sur la route menant au cirque de Cilaos.
Par ailleurs, il faut savoir qu'un gros dossier constitué de copies d'époque de documents et de correspondance privée ayant appartenu au procureur Louis Gilbert Boucher à propos de l'affaire Furcy et du conflit interne à l'administration réunionnaise (et non le dossier du procès lui-même) ont fait l'objet d'un achat pour le compte des Archives départementales de la Réunion lors d'une vente publique en mars 2005 à l'Hôtel Drouot.


Lien : http://mazel-annie.blogspot...
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Comme la vie est étrange parfois.
Ces documents retrouvés aux enchères et puis toute une histoire de vie qui se raconte.
Ce roman raconte le procès de l'esclave Furcy, qui était né libre et qui se retrouve esclave.
L'auteur écrit avec beaucoup de respect et de sensibilité.
Il accepte de ne pas tout savoir et accommode son récit avec ces inconnues.
Il en fait quelque chose de beau.
Et puis, il explique également ce qu'il ressent, ses émotions, ce qu'il perçoit au delà des documents qu'il parcoure.
Et des recherches, il a dû en faire beaucoup.
C'est rendre un bien bel hommage à cet homme "enchaîné" que d'écrire cette histoire et ce roman vaut la peine d'être connu.
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Ce livre raconte le combat de Furcy, esclave à l'ile Bourbon (future île de la Réunion) et les recherches menées par Mohammed Aïssaoui.

1817 : Furcy découvre que sa mère décédée avait été affranchie. Elle-même n'en savait rien, ses maîtres n'ayant pas jugé nécessaire de l'en informer. Furcy entame alors une procédure pour que sa liberté soit reconnue. Mais, certains colons Blanc sont trop bien puissants. Grâce à leurs différentes positions sociales et leur argent, ils vont faire pencher la balance de la Justice de leurs côtés. Furcy va connaître la prison, des travaux ignobles pour avoir voulu que le droit appliqué. le procès durera 27 ans et se terminera en 1842, soit 6 ans avant l'abolition de l'esclavage en France.


Une vraie claque ! En commençant cette lecture, j'étais loin de m'imaginer comment ce livre allait me bouleverser.
Comment rester indifférent à cette abomination qu'est l'esclavagisme ? Impossible. Les mots sonnent douloureusement :


Dans la terminologie usitée à l'époque, Constance était qualifiée de « quateronne », c'est-à-dire qu'elle était un esclave issue de l'union d'un banc et d'une sang-mêlé. Mulâtre, marron, quarteron…tous ces termes avaient été créés pour désigner des animaux.


A vendre jeune négresse créole(..).


Il faut se remettre dans le contexte et admettre que oui, la France autorisait l'esclavage. Et, l'île Bourbon en comptait 16 000. Autant de personnes considérées comme de la marchandise.
En se basant sur les archives du procès et sur un travail de documentation colossal, Mohammed Aïssaoui retrace la vie de Furcy et son combat. Celui d'un homme qui apparait toujours calme, posé et qui ne réclame que le droit. Furcy trouvera des appuis auprès d'hommes de Loi qui veulent que la justice soit rendue. Mais hélas, la crainte que les autres esclaves suivent son exemple, l'intérêt économique gagneront une première fois. Furcy aurait pu baisser les bras mais non. Il a foi en ce que les hommes lui rendent sa liberté.
L'auteur ne se campe pas en juge ou en donneur de leçons. Il pose ouvertement des questions : comment aurait-il réagi ? Aurait-il eu le courage et la détermination de Furcy ?
Il nous livre sa soif d'en apprendre toujours plus sur Furcy, les difficultés rencontrées au cours de ses années de recherche.
Mohammed Aïssaoui est le premier à s'être intéressé à l'histoire de cet esclave oublié de tous...


Mêlant roman, récit du procès et ses propres réflexions, ce livre rend hommage digne à Furcy. Deux hommes et une seule quête: celle de la justice ...Remarquable !


Lien : http://fibromaman.blogspot.c..
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Un essai qui se lit comme un roman ! pas de temps mort, l'auteur nous convie sur les traces d'un homme hors du commun, et dans une époque si proche de la nôtre et pourtant on reste saisit d'étonnement envers les mentalités des colons de l'époque. Une page d'Histoire assez mal connue en fait. On a plus l'habitude de lire sur l'esclavage en Amérique... sans doute par ce que plus confortable pour notre bonne conscience de français.
Comme l'auteur on a du regret de ne pas en savoir plus sur cet homme et sur ce qu'il a pu devenir après le procès à Paris. Mais faisons confiance à Mohammed Aïssaoui... vu la passion qu'il a mis dans son enquête, nul doute qu'il n'aura pas le coeur d'abandonner "le sieur Furcy" à l'oubli et qu'il nous ferra part de toutes les découvertes si le hasard lui est favorable. Merci monsieur Aïssaoui de nous avoir fait partager votre quête !
Très grand coup de coeur ! il va m'être difficile de lire mieux je pense ... vraiment un livre que je conseille à tous, sans réserve.
Lien : http://mazel-annie.blogspot...
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Sélectionné pour le prix Renaudot...
l'Histoire me semble passionnante.
Lien : http://mazel-livres.blogspot..
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Il y a de nombreux éléments qui concernent la période esclavagiste qui ne sont pas connus des Réunionnais(es), à mon grand regret. Beaucoup de documents ont été détruites, à l'abolition de 1848, ou n'ont tout simplement pas survécu au temps. Mais grâce à Furcy, j'ai découvert une autre facette de la colonisation.
J'avais pris l'habitude de lire les injustices, concernant les esclaves de mon île, mais j'étais loin de me douter que nous avions eu un ancêtre, qui avait eu l'audace de contredire son maître et proclamer haut et fort, qu'il est un Libre et non, un esclave.
Le passage qui m'a entre autres bouleversé, c'est cette vente pour cause de départ, qui intègre une femme esclave (négresse). Était-ce parce qu'elle était en voie de famille (enceinte), qui leur donnait ce droit ? Hélas non, c'était juste un mobilier encombrant, pouvant servir à un autre propriétaire, en manque de main-d'oeuvre. Mis à part, les émotions qui m'ont envahi à la lecture de ce récit, sachez que même sans illustrations, pour alimenter les étapes de la vie de l'héroïne, les mots de l'auteur sont toutefois très imagés. Malgré le contexte et la complexité de cette histoire, j'ai osé un sourire, quand j'ai lu qu'un ancien esclave Africain, devenu commandeur, nommé Brabant, ne pouvait pas supporter qu'on le voyait comme une personne ayant des origines Mozambicaines. Il faisait au mieux, pour qu'on le compare à un blanc.
J'ai eu connaissance de l'existence de Furcy, seulement à la fin de l'année 2014, comme beaucoup de Réunionnais(es).
Lien : https://www.lilutek974.re/li..
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Un livre très imparfait et essentiel. Merci à M. Aissaoui.
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