Lisant donc des poètes bédouins de la période anté-islamique, je m'enfuis de l'hiver brumeux vers les jours passés— naguère ? jadis ? — dans l'aridité du grand Erg oriental. Sans doute fallait-il cette extrême aridité des pierres et des sables pour atteindre à une telle concision du désir. La sexualité est peut-être le domaine où la langue résiste le plus à l'effet du temps. D'emblée, ces hommes des déserts atteignent la beauté ; ils sont dans l'avant de Bagdad, de l'Andalousie, des Troubadours, des Renaissants, des Romantiques, de nos textes contemporains. J'ai souvenir que Ricoeur dans un numéro d'Esprit— en 1960 ? — avait écrit de fortes intuitions sur sexualité et langue. À retrouver pour creuser ces "poèmes- étendards" dont certains seraient "poèmes suspendus" sur les murailles cachées de la la Ka'aba*.
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Le livre a une présentation très recherchée qui invite à la lecture. On alterne les pages de poésie arabe avec une représentation artistique sur toile de celui-ci. Donc un beau livre, mais ma lecture a été gâchée par le fait d'une traduction parfois incompréhensible à mon sens (d'autant que ce ne son que des extrait de long poèmes) et qu'il me manquait les référence qu'on sans doute des lecteurs arabes. Je n'ai donc pas compris grand chose et n'ai sans doute pas pu apprécier correctement le livre. Il est sans doute plus intéressant pour des personne connaissant ou étant de culture arabe.
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Oui, demain, aujourd'hui, ainsi qu'après-demain,
Sont autant de gages de ce que tu ne sais pas.
Elle te laisse voir, quand tu la surprends, seule
Et qu'elle est à l'abri des yeux des gens haineux
Les deux bras d’une blanche chamelonne au long col
À la robe racée, qui n’a jamais porté,
Un sein comme un ciboire, taillé dans l'ivoire, tendre
Et que jamais aucune paume n'a touché,
Les deux versants d’un dos doux, doux, svelte et allongé,
À la croupe charnue, et parties contiguës,
Un haut de hanches tel qu'étroite en est la porte
Un flanc, dont possédé je fus, à la folie
Deux colonnes, [pour jambes], d'albâtre ou bien de marbre
Où les bijoux cliquètent: sonore cliquetis !
‘Amr ben Khultûm al Taghlib (?-vers 600)
extrait des Mu’allaqat, (poèmes-étendards ou poèmes suspendus de la période anté-islamique)
traduction de Pierre Larcher