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EAN : 9782711609000
339 pages
Vrin (11/07/2000)
4.33/5   3 notes
Résumé :
Le thème de l’amour dans la doctrine musulmane a cela d’essentiel, et même de central, qu’il touche au sens de l’existence : au pourquoi de la création. Le verset coranique « Je n’ai créé les djinns et les hommes qu’afin qu’ils M’adorent » et l’interrogation profonde sur le sens de l’adoration de Dieu conduisirent en effet les savants autant que les mystiques à assimiler l’acte créateur à un acte d’amour. La création a une raison d’être identifiable, et n’est pas le... >Voir plus
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Dieu demande en effet à Ses serviteurs de se conformer à Ses attributs, et de se revêtir des vertus seigneuriales. C’est pourquoi il est dit : « Revêtez-vous des vertus de Dieu ! » Se revêtir de ces attributs consiste à acquérir les caractéristiques louables – lesquelles correspondent aux attributs divins – telles que la science, la bonté, la bienfaisance, la douceur, la prodigalité, la miséricorde envers les hommes, la propension à conseiller et à les guider vers la vérité, et à les préserver de l’erreur, ainsi que d’autres vertus prescrites par la voie légale. Tout cela rapproche de Dieu, non en termes de distance mais en termes d’attributs.
(…)
Il est également fait allusion à ce point dans la parole de Dieu adressée à Moïse : « J’étais malade, et tu ne M’as pas rendu visite. » Moïse lui répondit : « Ô Seigneur comment cela est-il possible ? » Dieu ajouta « Mon serviteur nommé untel était malade, et tu ne lui as pas rendu visite. Or si tu l’avais fait, tu M’aurais trouvé auprès de lui. » Cette affinité ne se révèle qu’en pratiquent assidument les adorations surérogatoires, outre l’accomplissement irréprochable des adorations obligatoires, comme le dit le Très-Haut dans le hadith : « Mon serviteur ne cesse de se rapprocher de Moi par ses adorations volontaires jusqu’à ce que Je l’aime. Et lorsque Je l’aime, Je suis l’ouïe dont il use pour entendre, la vue dont il use pour voir, la main dont il use pour saisir, et le pied dont il use pour marcher. »

Il s’agit là d’un sujet à l’abord duquel il convient de retenir les élans du cœur. Car les gens sont divisés sur la question. Certains penchent pour un anthropomorphisme patent ; d’autres adoptent un avis tout aussi excessif assimilant la notion d’affinité à celle d’unité, si bien qu’ils professent la fusion substantielle. L’un d’eux a même dit : « Je suis le Vrai. » Les chrétiens se sont également égarés au sujet de Jésus. Ils prétendent qu’il est Dieu. D’autres prétendent que la nature humaine et la nature divine se sont confondues. D’autres encore soutiennent qu’il s’unifia à Dieu.

Quant à ceux à qui apparaît l’impossibilité de l’anthropomorphisme, autant que l’impossibilité de l’unification et de la fusion substantielle, et à qui a été révélé le secret, ils sont une minorité. Abû al-Hasan an-Nûrî est sans doute l’un de ceux-là. Un jour qu’il était pris par l’émotion spirituelle, il clama ces vers :

Ton amour me conduit en cet endroit parfois,
Où mon esprit se tient confondu par l’émoi !

Emporté par sa vive émotion, il se mit alors à courir sur un champ de roseaux dont les cannes avaient été coupées à ras. Il courut ainsi si longtemps que ses pieds tuméfiés se mirent à gonfler, et qu’il en mourut. Cette cause de l’amour est la plus immense et la plus intense. C’est aussi la plus précieuse, la plus improbable et la plus rare. (pp. 55-57)
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Assurément, il est possible d’aimer une belle image pour elle-même : la perception de la beauté étant en soi agréable, cette beauté peut donc être aimée en soi. Niera-t-on cela alors que la verdure ou l’eau qui court est appréciée, et que cela n’est pas nécessairement lié à l’envie de boire l’eau, de manger un fruit ou d’en tirer une quelconque jouissance autre que leur contemplation. L’envoyé de Dieu (paix sur lui) aimait la verdure et l’eau courante.

Toute personne de saine constitution aime voir un foisonnement de fleurs exubérantes ou un assortiment d’oiseaux aux plumages bigarrés. A tel point que les gens, à la simple vue de ces beautés, en oublient leurs maux et leurs soucis, sans pour autant convoiter quelque chose à travers elles.

Ces causes d’amour sont autant de sources de plaisir. Or toute source de plaisir est aimée ; et toute beauté et toute grâce procurent en leur perception un plaisir. Nul ne peut nier que la beauté soit naturellement aimée. Or s’il s’avère que Dieu est beau, Il doit nécessairement être aimé par quiconque découvre Sa beauté et Sa majesté, ainsi que l’a indiqué l’envoyé de Dieu : « Dieu est beau, et Il aime la beauté. » (p. 32)
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Les actions du Seigneur sont autant d’effets de Sa puissance : elles en sont le prolongement. Si bien qu’elles n’ont en réalité aucune existence si ce n’est par Lui. L’existence appartient donc à l’Un, le Vrai duquel procèdent tous les actes. Quiconque a conscience de cela, ne voit en les actions que l’Agissant. Il ne considère pas les réalités accidentelles en tant que ciel, terre, animal ou arbre, mais en tant qu’œuvre de l’Un réel. Son regard ne s’arrête pas sur ces altérités. Il est comme un homme qui admirerait un poème, bien calligraphié et sublimement composé, et n’y verrait que le prolongement du poète, du calligraphe et de l’auteur ; qui ne considèrerait ces traces que comme traces et non comme encre, comme feuille ou comme écrit noir sur blanc ; il ne verrait en somme que l’auteur.

Toute l’existence est l’œuvre du Très-Haut. Aussi, quiconque la considère en tant qu’acte divin, la connaît en tant qu’acte divin et l’aime en tant qu’acte divin, ne regarde qu’en Dieu, ne connaît que par Dieu, et n’aime que pour Dieu. Seul un tel homme sera dument appelé adepte de l’unicité divine, qui ne voit que Dieu. Plus encore, un tel homme ne se voit pas lui-même en tant que personne, mais en tant que serviteur de Dieu. C’est de lui que l’on peut dire qu’il s’est annihilé dans l’unicité, et qu’il a fait abstraction de lui-même. Quelqu’un a dit en ce sens : « Nous étions avec nous, puis nous avons fait abstraction de nous-même au point de demeurer sans nous. » (p. 103)
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‘Abd al-Wâhid Ibn Zayd raconte également ce qui suit : « Je passai un jour devant un homme qui se tenait sur de la neige. Je l’interrogeai : ‘’N’as-tu pas froid ?’’ Il me répondit : ‘’Quiconque est préoccupé par l’amour de Dieu ne ressent pas le froid.’’ » Sarî as-Saqatî a dit quant à lui : « Au Jour du jugement, les communautés seront appelées du nom de leur Prophète. On leur dira ainsi :’’Ô communauté de Moïse, ô communauté de Jésus, ô communauté de Muhammad !’’ Mais ceux qui cultiveraient l’amour de Dieu feront exception. On les appellera ainsi : ‘’Ô saints de Dieu, venez auprès de Dieu !’’ Leurs cœurs bondiront presque de leurs poitrines tant leur joie sera grande. »

Haram Ibn Hayyân a dit aussi : « Le croyant, lorsqu’il connaît son Seigneur, l’aime. Et lorsqu’il L’aime, il fait route vers Lui. Puis quand il ressent combien il est doux d’allers vers Lui, il n’aborde plus cette vie avec concupiscence, et n’envisage plus l’au-delà avec nonchalance. Il est désabusé par ce bas-monde, et tend à la paix de l’autre-monde. »

Yahyâ Ibn Mu’âdh a dit pour sa part : « Son pardon dissout les péchés, alors que dire de Son agrément ? Son agrément dissout les espoirs, alors que dire de Son amour (hubb) ? Son amour stupéfait les esprits, alors que de dire de Son amour essentiel (wudd) ? Son amour essentiel fait oublier tout ce qui n’est pas Lui, alors que dire de Sa subtile mansuétude. »

Un livre mentionne à ce sujet que le Seigneur a dit : « Mon serviteur, J’en jure par le droit que tu as sur Moi, Je t’aime. Alors par le droit que J’ai sur toi, aime Moi ! »

Yahyâ Ibn Mu’âdh disait encore : « Le poids d’une graine de moutarde d’amour m’est plus cher qu’une adoration pendant soixante-dix ans sans amour. » (pp. 20-21)
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