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EAN : 9791020908070
368 pages
Les liens qui libèrent (26/02/2020)
4/5   6 notes
Résumé :
L'ampleur des bouleversements de l'Anthropocène est telle que les mots pour décrire les émotions n'existent pas toujours. Dans cet ouvrage, l'éminent scientifique Glenn Albrecht propose une vision du monde radicalement nouvelle pour sortir de la crise écologique. En créant le concept de Symbiocène qui se substitue à l'ère Anthropocène il nous faut inventer de nouveaux noms pour qu'advienne un nouveau monde.
Un livre événement !
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique

Des l'introduction, l'auteur définit les concepts et la sémantiques des attitudes et réactions humaines psychologiques face aux effets de la catastrophe générale destructrice que la civilisation humaine a généré.
Il fait ainsi émerger la philosophie générale de l'ouvrage, et l'imbrication entre l'état de notre planète et celui de notre psyché.

Ça ne se lit pas facilement mais on fait le lien entre les violences qu'ont subies les peuples colonisés et ce que l'on est en train de subir, pour peu qu'on soit sur la trajectoire directe d'une destruction de notre habitat, de notre lieu de vie, de nos paysages familiers, quelle  que soit son ampleur (mine, pollution générale, incendies, construction de barrage, de routes...) dès lors qu'on en n'a aucun contrôle.
L'auteur prend le temps d'approfondir les états psychologiques humains susceptibles de nous toucher. On prend conscience que la dernière course dans lequel le système capitaliste nous emmène peut nous faire passer par des états psychologiques de plus en plus graves.

On comprend mieux également les réactions de plus en plus violentes de gens, très touchés, par exemple à Sainte-Soline ou sur le chantier du futur A69, devant la fuite en avant de décisions destructrices. On comprend aussi le déni de certains (je ne parle pas de ceux qui détiennent le pouvoir), forme de protection contre l'inévitable.

J'attendais un peu plus d'idées sur les propositions "utopiques" à part du concept de symbiocène, mais comme nous, l'auteur reconnaît implicitement une forme d'impuissance contre une culture de domination ancrée au plus profond de notre inconscient. Finalement la référence à la science-fiction avec un chapitre presque complet sur "Avatar" et la culture Nav'i reste la plus évidente, exemple de ce qui est possible pour éviter notre propre fin... ou pas !

Tres bon livre, très bien écrit et traduit, qui parle d'une réalité humaine, profondément pessimiste ; il propose une analyse argumentée et travaillée qui touche le lecteur, mais dont la densité demande un investissement cognitif important.
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Honte sur moi, je n'ai rien dit des émotions de la terre lu partiellement il y a deux ans. Non que le sujet soit inintéressant, au contraire. D'ailleurs, la «solastalgie », un des nombreux néologismes chers au philosophe de l'environnement, émerge doucement dans les média et les esprits. Ce concept définit la détresse profonde causée par les changements perçus comme irréversibles de notre environnement.
Glenn Albrecht parle d'ouvrir les portes à l'ère du symbiocène, où l'homme, au lieu de détruire la planète (ère de l'anthropocène), noue une relation profonde avec la nature, de manière à réduire l'empreinte humaine au minimum.
Le philosophe-agriculteur propose une vision optimiste de l'avenir, cite les peuples aborigènes en exemple et "sumbiocritique" (encore un néologisme) le film Avatar. Ce nouveau vocabulaire m'a rebuté, je l'avoue. Les termes intégrés au texte courant étaient insuffisamment assimilés et me renvoyaient régulièrement à leur définition antérieure (bravo au traducteur).
Mais l'apport étayé du chercheur australien à la pensée écologique est remarquable, empreint de spiritualité et d'émotivité - celle de la terre considérée comme un être vivant.
Je me devais d'une première critique à cette somme innovante, ignorée des lecteurs de Babelio, qui reprend des couleurs en ces temps de sobriété imposée ou délibérée.

P.S. Avatar 2 : la voie de l'eau sort le 14 décembre. La reprise du premier opus cartonne en France depuis deux semaines. En 2009, le chef d'oeuvre de Cameron avait réuni près de 15 millions de spectateurs français.
Y'a de l'espoir.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Les lieux nouveaux, comme les villes et les complexes urbains, où vit plus de
la moitié de la population mondiale, sont aussi des endroits qui secrètent des
relations complexes et particulières d’un point de vue culturel et technologique.
Avec la perte du ciel nocturne en raison des lumières vives et artificielles, les gens
perdent la boussole émotionnelle leur permettant de survivre dans les limites des
formes de vie et des cycles de la Terre et de tout l’univers. Les humains perdent
leur astronomie émotionnelle, leur écologie émotionnelle — et avec elles ils
perdent leur spiritualité émotionnelle.

De nombreux humains ont acquis une aisance matérielle — mais aux dépens
de leur sécurité émotionnelle et psychique. Nous sommes égarés
émotionnellement. Ceux qui sont aux commandes utilisent des émotions
terraphthoriques pour dominer et contrôler le destin de la Terre à leur profit.
Certains rêvent déjà d’aller exploiter et accaparer d’autres planètes, lunes, ou
astéroïdes. À leurs yeux, la révolution de l’Anthropocène est permanente et l’ère
suivante lui ressemblera. Ils imaginent ainsi que les humains manifesteront de
façon débridée, sur de nouvelles planètes ressemblant à la Terre, des émotions
meurtrières identiques à celles qui ont conduit au saccage de la Terre.
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L'interaction entre les émotions terraphthoriques et terranaissantes a toujours fait partie de l'histoire humaine. Chaque culture humaine a sa propre histoire et sa façon d'exprimer cette antique bataille. La construction émotionnelle des humains est en grande partie conditionnée par elle. Nous pouvons ainsi noter que les émotions courantes sont liées à des forces terraphthoriques et à des forces terranaissantes. Grâce aux premières, la colère, l'hostilité, l'envie, la jalousie et le mépris ont permis la défense de sa propre vie et celle de sa parenté proche. Grâce aux secondes, l'amour, l'attention, l'empathie, l'admiration et le bonheur ont permis aux humains de se sentir en sécurité dans des groupes familiaux et parentaux.
Alors que ces deux ensembles d'émotions existent et sont communément exprimés, les humains ont jusqu'à présent bâti leur succès, en tant qu'espèce, sur les émotions terranaissantes. Ces émotions nourricières ont prévalu sur le long terme sur les émotions destructrices - sinon les humains se seraient eux-même rayés de la surface de la terre depuis longtemps. Les bébés jouissent d'une longue période de gestation et de croissance. Il sont besoin d'être protégés et soignés par leurs parents et leur famille pendant au moins une décennie. les émotions terranaissantes sont l'expression d'une éthique de l'amour, du soin, de la responsabilité et sont orientées vers la protection de la vie - de toute vie.
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Je définis donc la "solastalgie" comme la douleur ou la détresse causée par une absence continue de consolation et par le sentiment de désolation provoqué par l'état actuel de son environnement proche et de son territoire. Il s'agit de l'expérience existentielle et vécue d'un changement environnemental négatif, ressenti comme une agression contre notre sentiment d'appartenance à un lieu. Il s'agit typiquement d'un trouble chronique, lié à l'érosion graduelle de l'identité créée par le sentiment d'appartenance à un lieu aimé. Il s'agit d'un sentiment de détresse ou de désolation psychologique né de la transformation indésirable dudit lieu. Il est bien différent de la nostalgie anciennement définie comme une souffrance liée à un sentiment de dislocation spatiale causé par l'éloignement physique. La solastalgie est le mal du pays éprouvé alors que vous vivez toujours chez vous dans votre environnement habituel.
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Ayant enseigné la sociologie de la santé et de la maladie aux débuts de ma carrière universitaire, j'ai eu l'occasion de réfléchir aux relations entre la détresse de l'écosystème et la détresse humaine, bien avant d'avoir été personnellement témoin de la détresse des gens affectés par l'exploitation minière dans la Hunter Valley.
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Je propose le Symbiocène comme un chemin émotionnel pour l'humanité. Pour un avenir foisonnant de créativité, de santé et de beauté. Toutes nos émotions terranaissantes trouveront leur expression dans le Symbiocène. Inversement, la solastalgie et toutes les émotions psychoterratiques négatives auront disparu d'ici les années 2070.
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Video de Glenn Albrecht (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Glenn Albrecht
Alors que Australie est ravagée par les mégafeux depuis plusieurs mois, il tire la sonnette d'alarme et en appelle à repenser les liens à la terre. Glenn Albrecht, philosophe de l'environnement et auteur de l'ouvrage "Les émotions de la Terre" (Les Liens qui Libèrent, 2020) prône le retour aux émotions par l'invention de mots nouveaux. Car, à l'heure de l'Anthropocène, les êtres humains sont devenus une espèce technologiquement surpuissante qui s'est éloignée des liens au vivant environnant.
La Grande table Idées d'Olivia Gesbert – émission du 3 mars 2020 À retrouver ici : https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-2eme-partie/saison-26-08-2019-29-06-2020
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