"Tchernobyl... C'est une guerre au-dessus des guerres. L'homme ne trouve son salut nulle part. Ni sur la terre, ni dans l'eau, ni dans le ciel."
Dix ans après la catastrophe,
Svetlana Alexievitch a rassemblé les témoignages de ceux qui l'ont vécue de l'intérieur. Elle retranscrit fidèlement leurs mots, leurs tentatives d'explications, leurs souvenirs et les silences de leurs récits. Elle livre un tableau de sentiments humains, et non de faits.
C'est une lecture éprouvante. Réellement. Justement parce que la catastrophe prend un visage, dix, cent...
Il y a les vies sacrifiées, les maisons abandonnées, les vies déplacées, l'exil.
Il y a le déchirement des deuils, des agonies, de ceux qui ont ramené la mort chez eux, des enfants nés après.
Mais il y a aussi ce qu'on ne sait pas, ou peu : la vie dans la zone interdite. Ceux qui sont restés, incrédules. Ceux qui sont revenus, lassés d'être pointés du doigt ailleurs. Et ceux qui, quelques années après, y ont trouvé refuge, fuyant la guerre dans leur pays.
La vie reprend, une vie en communauté, paisible, coupée du monde...
Il y a le spectre de la guerre, omniprésent. La comparaison, souvent. Ils avaient vécu la seconde guerre, ils ont vu la chute de l'union soviétique, dont les mensonges ont fait tant de victimes autour de Tchernobyl... L'Histoire s'imbrique dans le récit.
C'est l'humain qui est mis en lumière, révélant le pire comme le meilleur. Des gens qui ont dispersé la mort pour en tirer bénéfice, d'autres qui ont donné leur vie.
L'entraide et la compassion, la douleur, la peur... Les sentiments sont palpables. Oui, c'est une lecture éprouvante. Mais nécessaire, à bien des niveaux.