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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ahmet Altan pourrait hurler à la mort comme le font les chiens. Arrêté au lendemain de la tentative de coup d'état de juillet 2016 contre Recep Erdogan en Turquie, condamné sans aucune preuve, il refuse le cri et les larmes et choisi de rester un homme libre que le crime ne peut atteindre dans l'essentiel de son être.
Entre les quatre murs de sa cellule, il se bat.
Il se bat pour rester debout, pour garder sa part de lumière, sa force de vie, son identité intacte. Il se bat pour dire non, pour rester entier, ne pas fléchir, ne pas tomber, refuser la cigarette du geôlier, refuser la facilité d'un dieu.
Il s'accroche aux images, il s'accroche aux rêves : il marche dans la neige, il réapprend à compter le temps pour mieux l'oublier, il contemple les mimosas sur la photo du mur. Il regarde les autres : barbier, tailleur, codétenus, il sait s'émouvoir et partager.
Ce livre rejoint les grands écrits de résistance face à la force qui broie et tue.
L'auteur démontre comment, la dignité, l'intelligence intérieure, la poésie, l'imagination, peuvent avoir raison des barbares.

« J'écris cela dans une cellule de prison.
Mais je ne suis pas en prison.
Je suis écrivain.
Je ne suis ni là où je suis, ni là où je ne suis pas.
Vous pouvez me jeter en prison vous ne m'enfermerez jamais.
Car comme tous les écrivains, j'ai un pouvoir magique : je passe sans encombre les murailles. »

Après plus de mille jours dans les prison d'Erdogan, Ahmet Altan a été libéré en 2019.
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Par définition , l'indicible permet difficilement de s'exprimer en espérant partager nos ressentis . presque tous les écrivains ayant vécu en camp de concentration , au Goulag ou en prison politique ont connu la difficulté de partager leur vécu . Je pense à Kertész , Primo Levi et d'autres .

Vous avez du quitter une vie somme toute confortable , entouré de l'affection de vos proches , jouissant d'une liberté qui vous semblait naturelle , vous étiez quelqu'un parmi votre entourage . Et soudain , à l'improviste , le confort , l'affection , la liberté ordinaire , la reconnaissance se sont effacés de votre vie : Vous vous retrouvez enfermé dans un univers inconnu .

Ahmet Altan , vous parle de cela avec un grand réalisme , au travers de ses mots , de son style personnel . C'est le contenu de ce livre .

Il est poignant ! bien d'autres furent arrêtés et enfermés dans les mêmes conditions après le " putsch " contre Erdogan . Membres de ce putsch ou pas , ils ont connu le même sort . La force d'un romancier tel qu'Altan est d'avoir le ressort nécessaire pour dire ce qu'il vit . D'autres sont aussi auteurs d'écrits de prison ( Victor Serge , Jean-Marc Rouillan etc... ) , il y a de fortes chances pour qu'en Turquie d'autres " intellectuels " nous disent dans l'avenir leur vécu sous le régime dictatorial d'Erdogan . Souvenons nous qu'Öcalan , l'ex leader du PKK est enfermé dans une geôle turque depuis 1999 , qu'il est toujours emprisonné malgré ses 71 ans . La romancière Asli Erdogan , qui n'est nullement apparentée au dictateur est en prison depuis 2016 . On ne peut énumérer tous les emprisonnés tant ils sont nombreux . La " critique" de ce livre n'a que pour but de ne pas les effacer de nos mémoires .

Lisez Ahmet Altan , un grand auteur , un intellectuel sincère autant que courageux et faites le maximum pour boycotter tous les produits turcs , ce qui contribuera à affaiblir le roitelet turc vis à vis des industriels de son pays qui suivent sa voie par opportunisme financier et le lâcheront si la monnaie turque dégringole sérieusement .
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Peut-on s'emparer de textes comme ceux là ?
Peut-on juste oser la maladresse d'émettre une critique ?
Peut-on imaginer être calife à la place du calife en superposant nos mots aux siens ?
Mais avant tout, pouvons nous discerner les épreuves endurées par l'auteur ?
Y-a-il quelqu'un à convaincre ? La profondeur de ces pages doit-elle être soumise à une quelconque recommandation ? Une agitation enthousiaste ?
Doit-on commenter la forme ? La stylistique ? le vocabulaire ?

Je vais m'abstenir de tout ça, me retirer humblement, rester dans cette profonde admiration et un absolu respect,
économiser mes mots qui n'auraient pas leur place dans cette chronique et propager uniquement cette parole. La sienne. Celle d'Ahmet Altan.
.
***
"comme tous les opposants de ce pays, chaque soir je m'endormais imaginant qu'à l'aube, on frapperait à ma porte.
Je savais qu'ils viendraient.
Ils sont venus."


"J'étais dans une cage.
Mû par par une sorte d'effort instinctif, j'ai réussi à ne pas lâcher cette idée de mort. Horizon infini dont la puissance rend dérisoires jusqu'aux pires moments d'une vie.
Un jour, j'allais mourir.
Étrangement, penser à ma mort m' a tranquillisé.
J'allais mourir un jour.
Et quelqu'un qui va mourir ne saurait ce que la vie lui réserve. Vivant, comme chaque être humain, dans l'ombre des ailes noires de la mort, j'étais promis à retrouver un jour l'insignifiance du néant, et j'étais moi-même insignifiant, ce que j'avais vécu aussi, cette cellule aussi était insignifiante, mes soucis étaient insignifiants, insignifiant le mal qu'on m'avait fait"


" comme tous les écrivains, je veux oublier le monde et que le monde se souvienne de moi. Pour ce qui est du besoin d'oublier, disons-le sans crainte il relève d'un désir innocent partout bien vu toujours bien accueilli . Quant à celui de rester dans les mémoires il a moins bonne presse on le qualifie de vaniteux, il irrite vos contemporains. C'est l'image d'un mortel qui envie les pouvoirs des dieux. Et c'est vrai...
Mais quel mal y a-t-il à vouloir dérober le feu divin ? le sens de l'aventure humaine n'est-il pas d'égaler les dieux ?
Ne vit-on pas perpétuellement pris entre ce mouvement qui nous élève vers Dieu et c'est autre qui nous abaisse en l'homme, éclairant d'un côté le monde par des créations lumineuses qui veulent vaincre la mort, et nous roulant de l'autre dans la fange d'ambitions misérables qui visent à l'oublier ?
Pourquoi devrions-nous renoncer à ce que cette aventure a de déifiant ?"


" les combles de notre esprit grouillent d'un tas d'êtres que nous ignorons, inconnus, invisibles, ce sont eux qui viennent la nuit mettre sens dessus dessous tout ce que nous avons réussi à mettre en ordre dans la journée. Il se promènent tranquillement en nous, tellement à l'aise qu'on ne sait plus très bien si c'est nous ou bien eux les propriétaires des lieux.
De la baraque, en tout cas, nous ne sommes pas tout à fait maîtres, les rêves en sont la preuve. Chaque nuit nos visions nous transforment, chaque matin nous nous réveillons un peu nous mêmes, un peu quelqu'un d'autre. Mais malgré l'étrangeté glaçante d'une telle fêlure par où régulièrement s'engouffrent en nous les dieux comme les fous, c'est une réalité que nous acceptons naturellement à la force d'habitude et sans qu'elle de nous aliène.
Familier, je le suis moi aussi, comme chacun, tant des cauchemars que de l'extase, des envolés , de la peur et du désir. "


" j'ai écrit il y a des années ce que je vis maintenant. Je deviens le personnage d'un roman que j'ai moi-même écrit.
Un romancier qui vit dans son roman.
je me sens entraîné dans la spirale hurlante d'un tourbillon qui brasse dans un infini vertige, le roman et la vie, le réel et l'écrit, tour à tour et sans cesse emmêlés échangés, confondus.
Et si je suis l'oracle, je suis sa prophétie, et sa victime aussi.
Mes phrases peuvent tuer les vivants, elles peuvent ressusciter les morts.
Est-ce parce que je possède ce pouvoir commun à tous les écrivains que les dieux ont décidé de me châtier ?
Est-ce pourquoi je suis maudit, pour quoi on est en train de statuer sur mon sort ? "


" je suis au coeur d'une tempête.
Je rendrai coup pour coup.
Je serai courageux et me mépriserai de l'être.
Mes propres contradictions me déchireront.
Dans un trou j'écrirai, avec ma vie, ma propre odyssée.
Comme celle d'Ulysse, elle contiendra autant d'héroïsme que de lâcheté, de vertu que de ruse, de défaites que de victoires, mais ce sera mon aventure qui ne cessera qu'avec ma mort"

"J'écris cela dans une cellule de prison.
Mais je ne suis pas en prison.
Je suis écrivain.
Je ne suis ni là où je suis, ni là où je je suis pas.
Vous pouvez me jeter en prison, vous ne m'enfermerez jamais.
Car comme tous les écrivains, j'ai un pouvoir magique : Je passe sans encombre les murailles. "





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Gunes, c'est mon ami Kurde.

Il a cinquante ans, des moustaches à la Mustafa Kemal – il n'aime pas quand je lui dis ça – et il est très gentil, même s'il est raciste.

Gunes a fui la Turquie en ‘99 parce que ça puait un peu pour lui.

Il a eu du nez, vu que quelques jours plus tard, Ocalan partait casser des cailloux.

(Pas vraiment, m'enfin, tu vois ce que je veux dire.)

Donc, comme tu t'en doutes, Gunes n'aime pas les Turcs.

Tous, sauf deux.

Le premier, j'ai pas vraiment compris qui c'était. Un camarade de chantier, je crois. « Honnête pour un Turc », selon Gunes.

Le deuxième Turc honnête, toujours selon Gunes, c'est celui qui a écrit ce livre dont je m'apprête à te parler.

Introduction courte pour une fois, mais pour un livre pareil, je ne peux pas me permettre de divaguer et parler comme à mon habitude de feu mon chien Philippe, ou de ma grand'mère docteure ès Scrabble, qui a par ailleurs découvert qu'elle pouvait aussi m'humilier au Trivial Pursuit spécial Pays Guérandais.

(Oui, ça existe.)

- Mais alors, quel est donc ce livre ? me demandes-tu tout de go, car tu en as assez que je m'éloigne du sujet.

C'est un ensemble de textes écrits par Ahmet Altan.

Jusque-là, rien de bien fifou me diras-tu, mais il y a une petite info importante :

Ce sont des textes écrits… en prison.

Rien que ça.

Je vois qu'au fond on fronce les sourcils. Petit rappel historique s'il s'avère que mon lectorat vit dans une grotte.

Je ne t'apprends rien quand je te dis qu'en juillet 2016, une tentative de putsch pas piquée des hannetons a failli évincer Tonton Erdogan du pouvoir.

Tu noteras « failli », hein. Que je n'ai hélas pas mis pour faire joli. Nan mais voilà.

En somme, ça n'a pas servi à grand'chose, sinon de permettre audit Erdogan de rappeler qui c'est qui commande en Turquie.

Suite à cela, on assiste à une vague d'arrestations au sein de l'armée, des profs, des journalistes, et d'autres gens que mon papa salazariste qualifierait de terroristes, mais après c'est mon papa.

Parmi ces infortunés, il y a Ahmet Altan.

Ahmet Altan, c'est un romancier, mais aussi rédacteur en chef d'un journal qui, du coup, n'existe plus.

Il est accusé d'être complice du putsch et d'y avoir incité les populations par, je cite, « messages subliminaux ».

Ridicule ?

Oh, légèrement.

Il est condamné à la perpétuité aggravée.

Pour des « messages subliminaux ».

Et les prisons turques ne sont pas nos prisons françaises.

Tu as vu Midnight express ?

Bah, voilà.

Mais dans son malheur, Ahmet a de la chance. Il est écrivain. Donc il sait rêver.

C'est comme ça qu'il va s'en sortir. En laissant son esprit s'enfuir de sa cellule sordide.

Il médite, il rêve.

Il écrit.

Ses réflexions, elles sont ici, dans ce livre.

Il y a un peu de son histoire, aussi. Mais surtout beaucoup de rêves, de pensées sur la religion, le combat. le courage. La vie.

Et puis il est sorti de prison en novembre 2019. Super nouvelle. Mais c'était partir pour mieux te retrouver, donc il y retourne une semaine plus tard.

Mais finalement, Ahmet en est sorti en avril dernier. Parce qu'enfermer un journaliste, ça fait tache. Donc, pour l'instant, il est libre.

- Bonne nouvelle, me dis-tu.

Oui, c'est certain. Même si ce n'est sans aucun doute qu'un sursis, et qu'à la prochaine incartade, il pourra aller jouer aux billes avec Apo Ocalan.

D'autant qu'il reste encore une bonne partie de personnes détenues dans l'enfer des prisons turques pour des motifs invraisemblables. Quand ils ne sont pas inventés. Et l'ONU ne s'en mêle pas. « Tous des connards de terroristes », me rappelle Papa avec un ton docte.

Cela dit, les libraires se frottent les mains, c'est l'occasion pour eux de vendre de nouvelles éditions des textes de prison d'Ahmet.

Et comme des cons, on achète, parce qu'il faut se cultiver et être à jour sur les actualités, c'est Madame Profdesciencespodemesdeux qui nous l'a dit.

Oui, cette même dadame qui t'explique droit dans les yeux que la Turquie est une démocratie, que les ouvriers ne sont pas à plaindre car ils ont tout de même un bon pouvoir d'achat, et que les indépendantistes sont forcément des terroristes. Ah oui, et que les Kurdes, on s'en soucie comme d'une guigne, après tout ils sont pas nombreux. Et il faut nuancer, hein, ce sont aussi des terroristes.

Pardon, il fallait que ça sorte.

- T'es bien mignonne, la Galette, à pleurer sur le sort des opprimés, mais qu'est-ce qu'on peut faire ? t'enquiers-tu.

Bonne question.

Pas grand'chose.

Un manchot empereur hispanophile de ma connaissance soumet l'idée de boycotter les produits turcs.

J'aime bien l'idée. le boycott est une jolie forme de révolution pacifique. Qui parfois porte ses fruits.

(C'est pas Allende et ses mines de cuivres qui diront le contraire.)

Donc maintenant, je n'achète plus de clémentines turques, et j'ai proposé à Maman de changer le lave-linge, qui est de la marque Beko.

Mais là, elle m'a dit d'arrêter avec mes idées d'utopistes à la mords-moi le jonc.

C'est surtout que le lave-linge fonctionne encore, et qu'elle culpabiliserait d'en prendre un autre, c'est pas très écolo tu comprends. Les reportages alarmistes de Yann Arthus-Bertrand font leur effet, c'est bien.

Enfin voilà. La synthèse de tout ce billet, c'est que ce livre est un très bon livre, un témoignage d'une importance capitale en ces temps incertains. Que tu peux lire quand tu es déprimé, comme ça tu pleures encore un peu et ça fait du bien. Ou alors tu relativises. Ce qui fait du bien aussi.

Gunes me l'a offert en me disant que c'était important que j'aie une autre vision de la Turquie. Dans le sens qu'il faut comprendre qu'il n'y a pas que les Kurdes qui crachent sur le régime en place.

Noble intention.

Je pense l'offrir à la dadame qui fait des amalgames un peu trop rapides entre Kurdes et terroristes.

Quant à toi, tu le liras sur mes bons conseils, et tu en jugeras par toi-même.

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On lit dans la presse, on entend à la radio l'arrestation de tel ou tel en Turquie, et puis on oublie.

Ahmet ­Altan, journaliste et écrivain turc, a été accusé de complicité dans le putsch de juillet 2016.
Lors d'un premier procès la cours constitutionnelle avait décrété son emprisonnement inique mais cela importe peu au pouvoir et à Mr Erdogan et le 16 février 2018 il est condamné à la « Perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle » condamnation annoncée par un juge fantoche tel un « personnage de Gogol »
« Nous ne serons jamais graciés, et nous mourrons dans une cellule de prison » a dit Ahmet Atlan
Alors il prend la plume et le titre du livre en forme de prédiction est glaçant et d'une tristesse infinie.
« Je n'ouvrirai plus jamais une porte moi-même »
« Je ne verrai plus la mer, je ne pourrai plus contempler un arbre, je ne respirerai plus le parfum des fleurs…. »
« J'ai observé les murs. On aurait dit qu'ils se resserraient.Et soudain j'ai eu l'impression qu'ils allaient se refermer sur nous, nous broyer, nous avaler comme une plante carnivore. »

J'ai été frappée par l'affirmation de l'auteur qui dit qu'au fil du temps on fini par oublier son propre visage en l'absence de tout miroir.

Comment vivre et ne pas perdre espoir ? Peut-être « s'accrocher aux branches de son propre esprit ».
Communiquer avec ses compagnons de cellule même si c'est à la fois difficile et surprenant. Des hommes très pieux pour certains, d'autres habités par la tentation de la délation qui leur permettrait de sortir

Des hommes qui ne parviennent pas à croire que l'on peut être athée sans être immoral ! Alors Ahmet Altan convoque Pascal et Spinoza à l'aide.
Dans la cour sa marche forcée est prétexte à des « disputes avec lui-même ».
Après l'annonce de sa condamnation, pour supporter l'angoisse il se tourne vers la littérature.
« nous n'écrivons que ce que nous pouvons, comme nous le pouvons ».

Il revient à ses auteurs de prédilection : Tolstoï, Balzac, Dostoïevski.
Il refuse de se réveiller en prison et imagine des contrées lointaines toujours un peu teintées de littérature : la savane africaine, les fjords de Norvège ou la datcha du Docteur Jivago.
Il rend alors hommage à Sénèque, Épictète ou Boèce dont les textes l'aident à se sentir plus humain encore.

Son frère animateur à la télévision a été arrêté en même temps que lui, c'est presque une tradition familiale, le père de Ahmet Altan a lui aussi connu les prisons turques en 1971 et fut à répétition accusé de diffamation contre l'Etat.
Philippe Sands, auteur de l'essai Retour à Lemberg lui a rendu visite en prison.

Libéré il y a une semaine après que le jugement ait été cassé en juillet 2019 , il est de nouveau arrêté le 12 novembre 2019
« Je suis écrivain, Vous pouvez me jeter en prison, vous ne m'enfermerez jamais car comme tous les écrivains, j'ai un pouvoir magique : je passe sans encombre les murailles. »

En lisant ce livre j'ai repensé à tous les condamnés célèbres, Dostoïevski, Chalamov, Soljenitsyne, Mandela.
J'ai eu envie de relire le manifeste d'une liberté par la littérature de Joseph Czapski
Un livre qui est une leçon d'espoir
« Je sais que l'Etat de droit qui a été fusillé, blessé et qui gît inconscient dans son sang, guérira éventuellement et reviendra à lui. »
Lien : http://asautsetagambades.hau..
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Ahmet Altan, romancier, essayiste, journaliste, rédacteur en chef au quotidien turc "Taraf" a été arrêté le 15/07/16. Condamné dans un premier temps à perpétuité pour tentative de putsch. Il sera enfermé 1138 jours dans les quartiers de Haute Sécurité des geôles turques avec enfin ce 4 novembre 2019 un arrêt de la Haute Cour d'Istanbul qui ordonnera sa remise en liberté sous surveillance. C'est avec beaucoup d'émotion et de joie que j'ai appris cette nouvelle.

C'est à l'Intime Festival de Namur que j'ai eu l'envie de découvrir ce lire "Je ne reverrai plus le monde", 19 textes de prison, transmis feuillet après feuillet via ses avocats vers l'extérieur. Un livre qui ne sera bien entendu pas publié en Turquie. Julien Lapeyre de Cabanes, son traducteur était présent et Pietro Pizzuti nous avait fait une lecture magnifique forte en émotions.

C'est un texte magnifique. Un témoignage sur la justice plutôt l'injustice.., sur les arrestations arbitraires touchant les fonctionnaires, enseignants, journalistes, militaires...

Ahmet Altan nous fait comprendre qu'il a choisi de lutter en choisissant l'acceptation.

On l'enfermera c'est un fait mais jamais on ne prendra sa liberté car il y a les mots, la pensée par lesquels il peut s'évader, être libre.

Il nous parle de l'enfermement, des conditions difficiles, du manque d'espace, du fait que l'on mélange sciemment des personnes d'âge, de culture et de religions différentes.

Tout est mis en oeuvre pour les briser moralement, leur faire perdre leur identité en perdant leur image. C'est terrible l'absence d'un simple miroir, ne plus se voir c'est aussi avoir le sentiment de ne plus exister, de n'être plus rien.

Il nous parle de la puissance des mots. du manque de livres, oh cruauté extrême. Lorsqu'enfin il peut lire "Tolstoï" , par exemple il revit, le pouvoir de l'esprit reprend le dessus.

Il nous parle de l'importance et du besoin vital d'écrire, du pouvoir de la pensée, du besoin de création.

Ces 19 textes de prison sont poignants. Il nous pousse à la réflexion, à la méditation. Son écriture est aboutie, remarquablement belle et non sans ironie. Quelle force, quelle beauté, quelle résilience.

Jamais ils n'ont réussi à l'enfermer, son esprit l'a toujours porté ailleurs.

Vous pouvez me jeter en prison, vous ne m'enfermerez jamais.

A lire de toute urgence. Ce livre est un petit bijou.

Ma note : Gros coup de coeur ♥♥♥♥♥

Lien : https://nathavh49.blogspot.c..
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"Dix-neuf textes de liberté écrits par l'écrivain turc opposant au régime de Erdogan emprisonné depuis 2016 et condamné à la perpétuité en 2018 pour des crimes imaginaires. Dans ce livre extraordinaire qui ne manque pas d'humour, rédigé dans une cellule collective bondée, Ahmet Altan nous donne une leçon de résistance : « Je ne suis pas en prison, je suis écrivain. Enfermez-moi où vous voulez, je parcours encore le monde avec les ailes de l'imagination. » "
Pierre-Romain Valère in DM
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Ahmet Altan, écrivain turc de grande notoriété, opposant au tyran Erdogan croupit en prison pour ses idées. Cet homme courageux lutte pour les valeurs d'humanisme que nous portons. C'est un artiste, ne l'oublions pas. Entre deux coupures de journaux qui semblent rythmées aux injonctions arbitraires du procureur général d'Istambul, il serait bien de penser à lui, et penser à lui ici, c'est d'abord le lire.
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J'avais acheté ce livre dès sa parution : pour que ses mots puissent être connus, puissent vibrer dans ma poitrine .
J'avais déjà lu ses deux grands romans. Je disais autour de moi : il faut savoir. Savoir est le soutien que l'on peut lui apporter.
Grâce à des amis de facebook je lisais des comptes-rendus des procès.
Je viens seulement de lire son livre; j'admire ce qu'il a été capable d'écrire sans être écrasée par l'angoisse puisque je connais sa libération. Puisse-t-elle être définitive.
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C'est sur Facebook que j'ai vu passer ce livre, (comme quoi il s'y passe parfois des choses intéressantes !). Pour une fois je vais être impérative et claire : lisez ce livre et faites le lire autour de vous. D'abord parce qu'il faut savoir ce qui se passe sous Erdogan en Turquie, mais aussi parce que c'est l'oeuvre d'un grand écrivain qui sait nous toucher au plus profond de nous. Ahmet Altan est, avant tout, écrivain et il sait qu'aucun mur aussi épais soit-il ne peut tarir sa source d'inspiration et que si ses geôliers, suppôts du régime d'Erdogan, emprisonnent et cherchent à l'humilier l'homme, ils ne pourront jamais éteindre l'écrivain qui est en lui. Il sait, aussi, l'importance pour lui d'être lu par un large public, c'est pour cela que j'ai commencé de cette façon ce billet. Les hasards faisaient que je lisais en même temps un numéro de la revue « Histoire » sur le goulag. Et je me suis fait la réflexion suivante : certes la Turquie va mal, certes cet homme est privé de sa liberté mais ils n'est pas torturé, il peut faire de multiples recours judiciaires, il a pu écrire et peut-être, finalement sortira-t-il de prison, mais c'est loin d'être fait. En attendant, lisez les extraits que j'ai notés pour vous et j'espère que cela vous donnera envie de lire son essai en entier
Lien : http://luocine.fr/?p=10907
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