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EAN : 9782847361674
382 pages
Nouveau Monde (25/05/2006)
3.5/5   2 notes
Résumé :

Magnifié par le cinéma, stigmatisé par les journaux télévisés ou le roman, source d'angoisse et de fascination mêlées, le crime échappe souvent à l'histoire " sérieuse ", alors qu'il constitue un élément central de nos sociétés contemporaines. Les crimes et les délits ont pourtant une histoire. Le sentiment qu'ils suscitent évolue en même temps que les formes qu'ils ... >Voir plus
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Le 17 octobre 1961, un rassemblement pacifique d'Algériens organisé en pleine conférence d'Evian s'achève en massacre. Les manifestants sont jetés dans la Seine par la police. Le 8 février 1962 a lieu une manifestation contre l'OAS dont la répression par la police fait neuf morts au métro Charonne. Les manifestants ont été écrasés contre les grilles fermées de la station de métro dans laquelle ils voulaient se réfugier pour échapper aux charges de police. Le journal Le Monde, oubliant le 17 octobre, évoque le "plus sanglant affrontement entre policiers et manifestants depuis 1934". Pourtant, ce défilé anti-OAS, qui affirmait protester contre la violence aveugle exercée par l'organisation, n'avait rien de subversif. Il se voulait pacifiste et antifasciste.Violentes, ces années l'ont donc été aussi du fait de la répression : 1 138 condamnations à mort ont été prononcées par les tribunaux militaires du 1er novembre 1954 au 1er janvier 1961, et 15 590 condamnations diverses de juin 1960 à mars 1962 contre les militants du FLN.
C'est donc tout l'édifice de la paix publique et sociale qui a été ébranlé par la guerre d'Algérie, via l'insoumission militaire, l'aide apportée au FLN, le terrorisme de l'OAS, mais aussi la torture pratiquée par les militaires ou encore la violence de la répression d’État en métropole. A quoi il faut ajouter l'abandon des harkis par le gouvernement français, qui a coûté la vie à environ 60 000 d'entre eux. Autant dire que c'est le socle même sur lequel s'édifie le régime républicain qui a été violemment mis à mal. Car, dans cette deuxième moitié du XXe siècle, aucun démocrate ne sent plus d'affinité avec un régime qui ne respecte pas les droits fondamentaux inscrits dans la déclaration de 1889 : la liberté bien sûr, mais aussi la sûreté.
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Reste un paysage banlieusard presque systématiquement dépeint comme un puzzle de quartiers interdits le soir aux forces de l'ordre, un lieu d'opposition systématique et collective à toute action policière, de guet-apens à l'encontre des patrouilles, de violences scolaires et de dégradations de locaux permanentes, de médecins contraints d'intervenir dans les pharmacies transformées en salle de consultation, bref un ensemble de territoires entiers soustrait au contrôle de l’État et qui s'excluent de fait de la nation.
[...]
Un rapport publié en juillet 2004 par les Renseignements généraux et publié alors par Le Monde, propose une interprétation renouvelée de cette violence, à la fois localement circonscrite, collective et spectaculaire. Elle témoignerait de la montée en puissance d'un phénomène de repli communautaire. Des analyses récentes sociologiques des critères d'évaluation qui ont présidé à cette conclusion font remarquer le caractère problématique et stigmatisant, pour les individus et les groupes concernés, de ces choix. En quoi le grand nombre de familles immigrées, parfois polygames, la présence de commerces ethniques, la multiplication des lieux de culte musulmans, le port de vêtement orientaux et religieux, l'existence au sein des écoles de classes regroupant des primo-arrivants ne parlant pas français, la difficulté à maintenir la présence des Français d'origine, seraient-ils des explications plus pertinentes que la persistance du chômage, de la précarité et que la croissance des inégalités?
La notion de repli communautaire serait utilisée ici de façon à inverser les responsabilités et à les faire reposer toutes entières sur les habitants des quartiers populaires, aggravant leur misère par des comportements destructeurs. Elle omettrait, du reste, de prendre en compte tout ce que la concentration des populations immigrées doit aux politiques de logement depuis des décennies. Au fond, l'argument du repli communautaire ne serait qu'une variante modernisée de la position des libéraux du XIXe siècle qui estimaient que les pauvres étaient, d'une manière ou d'une autre, les premiers responsables de leur pauvreté. Enfin, véritable tradition française, cette rhétorique s'accompagne d'une invocation émue de la République et de ses valeurs, et des menaces que fait peser sur elles l'hydre du communautarisme.
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Le débat sur les vertus de la prison est aussi ancien que l'institution elle-même. Durkheim, en 1893, mettait en doute les vertus correctrices et dissuasives de l'emprisonnement. Théorique d'abord, la discussion concerne le principe même et les objectifs de l'incarcération. Que cherche-t-on en mettant un homme en prison ? La punition du criminel, le déploiement d'une force de dissuasion efficace, la protection de la société, la réhabilitation et la réinsertion du fauteur de troubles, tout cela à la fois ? La dernière grande loi sur les prisons, qui date de 1997, se contente de définir le service public pénitentiaire comme ayant en charge « une mission de sécurité et de réinsertion. » Les termes du débat dépendent de la priorité qu'accorde chacun à l'un ou l'autre de ces objectifs et le socle philosophique que suppose ce choix. Les partisans d'une prison éducative pensent, avec les positivistes de la fin du XIXe siècle, que le crime n'est pas le pur produit d'une volonté libre capable de choisir entre le bien et le mal, mais qu'il dépend d'un ensemble de facteurs biologiques, sociaux et psychologiques dont le coupable n'est pas responsable. En 1978, Pierre Aymard, ancien directeur de l'administration pénitentiaire, décrivait la population carcérale comme étant ceux que « les institutions familiales, religieuses, scolaires, d'assistance sociale et le monde du travail n'ont pas réussi à intégrer dans la vie « normale » ».
Du coup il ne suffit pas de punir ces individus, la société doit assumer sa propre responsabilité en permettant leur sauvetage.
[…]
Le caractère expiatoire de la prison témoigne de la manière dont le corps social réaffirme sa solidarité dans une commune réprobation du crime. Au fond, la principale fonction de la prison est peut-être là : en délimitant un monde d'exclus et de parias, en maintenant les conditions d'un cérémonial expiatoire, elle rassure et rassemble le corps social.
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En faisant la lumière sur "les amours de contrebande" et en traquant le clandestin, le crime passionnel réconcilie le voyeurisme et la morale. Dans cette perspective, l'engouement du public pour le récit de crime passionnel tient bien d'abord à ses effets cathartiques. Il permet au lecteur d'assouvir à bon compte son besoin de drame, de cruauté et de démesure. Les passions sublimes qu'il met en scène ouvrent un vaste horizon aux rêves de transgression, dans lequel l'esthétisme du récit le dispute toujours victorieusement au sordide, sans menacer l'ordre du réel et du familier.
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Video de Anne-Claude Ambroise-Rendu (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Anne-Claude Ambroise-Rendu
Bernard Preynat, Gabriel Matzneff : certain.e.s semblent se sentir ou se savoir, en sécurité lorsqu'ils ou elles commettent des crimes sexuels. le sentiment d'impunité est-il nourri par des éléments extérieurs ? Est-ce un trouble psychologique ? Quand la parole se libère, l'impunité change de camp ? Pour en parler, Emmanuel Laurentin reçoit l'historienne Anne-Claude Ambroise-Rendu (professeure d'histoire contemporaine à l'Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines), la sociologue Véronique le Gouaziou (ethnologue, chercheuse associée au LAMES-CNRS), Soeur Véronique Margron (Dominicaine, théologienne et présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France) et la psychiatre Gabrielle Arena (responsable du centre ressources pour intervenants auprès d'auteurs de violences sexuelles en île de France Nord Est).
Le Temps du débat d'Emmanuel Laurentin – émission du 13 janvier 2020 À retrouver ici : https://www.franceculture.fr/emissions/temps-du-debat
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