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4,31

sur 5144 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
C'est un beau roman, c'est une belle histoire...
Veiller sur elle, le titre était pourtant une belle promesse et l'invitation aussi à découvrir l'univers littéraire de cet auteur que je ne connaissais pas encore, Jean-Baptiste Andrea. Pour la rencontre, voilà qui est désormais fait ! Pour la promesse, c'est un peu plus compliqué...
Avec beaucoup de délicatesse, Veiller sur elle nous invite à la rencontre de deux destins qui vont s'entrelacer dans l'Italie du vingtième siècle, son fracas et sa fureur.
Il donne la parole au sculpteur de génie Michelangelo Vitaliani, qui revisite l'Italie de ses souvenirs et le chaos du XXe siècle. Michelangelo Vitaliani, c'est Mimo né pauvre et nain. Il va connaître le génie. Sur la route de Mimo, il y a Esméralda dont la rencontre va le toucher au coeur. Non, pardon je me trompe d'histoire, je reprends. Sur la route de Mimo il y a Viola, jeune fille impétueuse, fantasque et intelligente, benjamine de la richissime famille Orsini. J'ai aimé son anormalité.
Pourtant, cette histoire de sculpteur m'a laissé de marbre.
Ils font connaissance dans un cimetière, Viola étant une nécromantique convaincue...
Ils vont traverser l'histoire, traverser les guerres, les heures sombres de l'Italie, être l'un pour l'autre comme deux aimants. Plus ils se rapprochent, plus ils se repoussent.
Nous traversons le siècle tandis que ces deux-là continuent de se guetter, se chercher, s'apprivoiser à chaque retrouvaille...
Le temps passe avec ses griffures, ses fissures qui craquellent les moulures des belles demeures, dépose la moisissure à la commissure des fenêtres et des portes...
Les personnages, malgré l'idée séduisante de départ, malgré leur destin hors du commun, malgré leur différence, malgré leur force et leur fragilité, restent toutefois conventionnels, approchés comme on aborde la surface d'une onde sans jamais y pénétrer.
Et le roman hésite sans cesse entre deux versants, oscillant entre enchantement et réalisme, entre fable onirique et fresque historique, comme si jusqu'au bout l'écrivain s'était posé la seule question qui vaille la peine d'être prononcée : que vais-je faire de mes personnages, où vais-je les amener ?
Moi aussi je me suis posé des questions. Qu'en est-il de la folie de Viola ? J'aurais voulu être saisi du même vertige qui la déploya dans les airs lorsqu'elle voulut imiter un oiseau avec des ailes de papier. Sa présence aura toutefois sauvé mon relatif plaisir à cette lecture, mais quel dommage d'avoir traité ainsi un aussi beau personnage !
Qu'en est-il du génie de Mimo ? On voit peu les traces de son art, l'homme étant parfois difficile à suivre dans sa soulographie quotidienne. J'ai eu l'impression qu'il fréquentait davantage les estaminets que son atelier ou la coupole de San Pietro delle Lacrime et à force, les vapeurs d'alcool me sont montées à la tête...
Au départ, il y avait donc une belle promesse et je m'attendais à une lecture qui m'emporte sur la vague de cette promesse.
L'histoire est belle, originale et aurait mérité qu'on lui accorde un meilleur sort.
Visiblement, Jean-Baptiste Andrea sait raconter de belles histoires, mais ce n'est pas un écrivain de l'intériorité. Cela bavarde beaucoup, cela décrit beaucoup, l'écriture manquant pourtant de souffle, accorde peu de place aux respirations.
J'aurais voulu être touché par la grâce d'une écriture qui m'aurait enveloppé de son étreinte charnelle, un peu comme la grâce d'une pietà qui naît des mains magiques d'un artiste au fond de son antre.
Il y a au coeur de ce texte l'idée folle de voler puis de retomber maladroitement au sol.
Le livre ressemble un peu à cela.
Il m'a manqué ainsi différentes choses qui font que ce livre restera pour moi une lecture ordinaire, plaisante certes, mais ordinaire.
J'ai attendu l'incandescence, le vertige, la lumière qui m'éblouirait, le sortilège qui me terrasserait.
J'aurais aimé trouver des aspérités dans les personnages, tout est un peu lisse ici comme le marbre des statuts.
De temps en temps, une petite phrase qu'on pourrait croire de toute beauté perle comme l'éclat faux d'un diamant ou l'écho d'une métaphore incongrue, vite emportée dans l'ennui des dialogues et le rythme d'un récit convenu.
Si encore les personnages avaient été attachants... En dépit de mon regard épris d'une certaine Viola...
Et si enfin, l'auteur n'avait pas été si complaisant, passant sous silence les pages les plus sombres de l'Histoire du Vatican, tant vis-à-vis du régime de Mussolini que du IIIème Reich...
Je pense que j'oublierai vite ce roman cependant pétri de quelques belles intentions, même s'il ne faut jamais se priver du plaisir d'une lecture divertissante et ce livre aura totalement répondu à mon attente de ce côté-là. Mais ce bonheur passera aussi vite qu'il fut venu, n'altérant en rien le moment que j'ai vécu.
Cette déception me rappelle cruellement que lire un livre, c'est renoncer dans le même espace-temps effrité et non élastique à confier nos humeurs étranges et solitaires au livre qui nous sauvera irrémédiablement de la médiocrité du monde.
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Un titre prometteur, un lieu , ma chère Italie - et plus spécifiquement les Abruzzes- , un art, la sculpture, qui ne pouvait que m'aimanter, et, puisqu'il est question d'aimants, deux héros aux antipodes l'un de l'autre- Viola, la belle aristocrate androgyne, fantasque et rebelle, et Mimo, le nain miséreux au visage d'ange et aux mains d'or, qui s'attirent et se repoussent au gré de leurs rencontres mouvementées, dans un temps historique bouleversé par la montée puis la chute du fascisme ....

L'affiche était tentante. Presque trop.

Embarquée et enthousiaste au début, je me suis essoufflée bientôt devant trop d'effets, trop de péripéties,trop de revirements. Trop de beuveries, trop de fuites, trop de personnages entrevus , oubliés, revenant brusquement figurer brièvement dans cette fresque ambitieuse, survoltée...et survolée.

Survolée c'est le mot. Comme Viola qui rêve de voler et s'épuise en calculs et tentatives jusqu'à la chute, le récit multiplie les thèmes et portes d'entrée, faisant perdre son souffle à la confrontation qui en est le coeur , et leur substance profonde aux deux héros qui l'incarnent.

Viola et Mimo ont fini par me lasser. Je n'ai pas cru à la fougue créatrice de l'un ni à l'affirmation de soi de l'autre. Ils sont restés pour moi des marionnettes actionnées par un démiurge un peu brouillon.

Peu crédible, le revirement spectaculaire de Mimo refusant soudain les honneurs fascistes après en avoir profité. Peu fondamental son rapport à l'art, noyé dans l'ivresse et la course aux honneurs,aux commandes. Gratuites ou incohérentes, les transformations successives de Viola qui semblait si soucieuse de son intégrité, si solide dans ses orientations.

Tout, même les lieux même les faits historiques -que la présence de Mgr Pacelli futur Pie XII tente de crédibiliser-, m'a paru factice, convenu. Comme une toile de décor qui claque un peu trop visiblement quand le vent se met à souffler plus fort.

Un (vrai) tremblement de terre est le deus ex machina qui jette à terre, littéralement, ce jeu de cartes battu et rebattu par un illusionniste dont on finit par voir un peu trop les ficelles.

Mais le mystère de la création, le corps à corps avec le marbre, la "vista" du sculpteur qui cherche dans la pierre une forme, un angle d'attaque, une lumière, et le dialogue avec la matière, le secret qui meut la main et le coeur de l'artiste...sont restés à la marge.

Dans les limbes et promesses que faisait miroiter ce roman habile, bien troussé mais, du moins pour moi, aussi trompeur qu'un miroir aux alouettes.
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En cette année 1986, Mimo Vitaliani vit ses derniers instants, veillé par les frères de l'abbaye italienne où il s'est retiré depuis quarante ans. L'abbé sent bien que la fin est proche et pourtant le vieil homme semble s'accrocher à son dernier souffle de vie, comme s'il avait encore des choses à dire. Dans le secret de son âme, il se repasse le film de sa vie. Né en France, en 1904, dans une famille pauvre d'origine italienne, il est envoyé au pays chez un oncle sculpteur, à la mort de son père. L'homme rechigne en découvrant que Mimo est atteint de nanisme. Il en fait son esclave, corvéable à merci. Mais grâce à cet oncle malfaisant, Mimo découvre Piétra Alba, le village des Abruzzes qu'il fera sien. C'est là qu'il croise la route de Viola Orsini, son âme soeur. Il est petit, ignorant et sans le sou, elle est belle, riche, cultivée et excentrique. Leur rencontre marque le début d'une grande aventure.

Mimo et Viola…
Mimo, c'est la revanche de celui qui n'est pas né avec les bonnes cartes en main. Mais son père mort trop tôt, emporté par la folie de la Grande Guerre, lui a légué l'art de sculpter la pierre. Il devient un génie dans son domaine, adulé par les puissants, courtisé par le régime fasciste.
Viola, c'est l'anti-conformiste qui se rebelle contre son monde fait de convenances. Elle rêve de voler, elle se croit sorcière, elle communique avec les morts, elle élève un ours dans la forêt. Son imagination débordante la sauve d'une famille riche et puissante qui laisse peu de place à l'émancipation des femmes.
Leur rencontre, qui n'aurait jamais dû se produire, va faire des étincelles et marquer le début d'une amitié fidèle, d'un amour platonique mais inaltérable.
L'Italie, l'Art, L Histoire, deux personnages bien campés…de bons ingrédients et pourtant… Il manque un ‘'je ne sais quoi'' pour faire de ce roman convenable un grand roman. Ce petit supplément d'âme, ce souffle romanesque qui emporte tout sur son passage.
On lit Veiller sur elle sans déplaisir mais avec une certaine frustration parce qu'il est difficile de s'attacher à l'arrogant Mimo, parce qu'on attend le moment où on sera enfin ferré par l'intrigue, parce que la sculpture est réduite à la portion congrue, parce qu'on aurait aimé plus de panache, plus d'inspiration avec un grand i.
Une lecture facile, c'est tout.
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Faut-il se méfier des critiques dithyrambiques ?
C'est vrai, il s'agit d'un prix Goncourt et pourtant…
C'est vrai aussi, que suis-je à côté d'un Académicien Goncourt pour juger ?
Alors, juste mon ressenti…


Dans un monastère italien, un homme de quatre-vingt deux ans, sculpteur d'une piéta secrètement mise à l'écart par le Vatican, nous conte son histoire.

Il s'appelle Michelangelo Vitaliani, dit Mimo, petit français envoyé chez son oncle, sculpteur médiocre, en Italie.
Elle s'appelle Viola Orsini, elle est la fille d'un marquis.
Lui, atteint d'achondroplasie (manque de cartilage de croissance) est surdoué pour la sculpture.
Elle, très intellectuelle, est surdouée pour la mémoire.
Ils se sont rencontrés dans un cimetière et rien, à première vue, ne devait les rapprocher.

Ils ne peuvent vivre ensemble mais ne savent pas être séparer longtemps loin de l'autre.

Sur fond de montée du fascisme, on suit la carrière de Mimo et la transformation de Viola.

Mais quid de ce mystère autour de la piéta…

Les deux personnages, Mimo et Viola, m'ont vraiment ému durant tout le récit. Au travers de la manière dont l'un et l'autre ont été utilisés par leur famille respective et l'entourage, l'auteur décrit bien les rudesses paysannes, les dessous et les intrigues politiques qui permettent de tout obtenir aussi bien de l'Eglise que de l'Etat (honneur, fortune…)

La lecture est fluide mais l'histoire n'en fait pas un page-Turner. le récit des beuveries répétitives de Mimo n'est vraiment pas nécessaire et quelques digressions sur sa vie dépravée ne font pas avancer l'intrigue.

Je n'ai pas senti de grand « wahou !!! » comme après avoir lu « la décision » de Karine Thuil ou encore « Saint Jacques » de Bénédicte Belpois ou encore « Mon frère d'âme » de Nelly Magnac (qu'on ne trouve malheureusement pas dans toutes les librairies par qu'auto éditée).

Il en reste, néanmoins, que de beaux passages et un dénouement inattendu en font un bon moment de lecture.
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Première rencontre avec Jean-Baptiste Andrea en ce qui me concerne. Une rencontre qui aurait pu être concluante, l'auteur et moi ayant quelques affinités parmi lesquelles d'être tous deux nés à Saint-Germain-en-Laye et d'aimer et de connaître l'Italie. Toutefois, "Veiller sur elle", Prix Goncourt 2023, m'aura laissée de marbre.

Et de marbre, il en est justement question d'un bout à l'autre du récit puisque nous suivons "Mimo" Vitaliani, sculpteur de génie, tout au long de la première moitié du XXème siècle, en des temps troublés pour l'Europe comme pour l'Italie.

L'auteur mêle Histoire et fiction pour rendre vivant un parcours de vie atypique. Mimo est né pauvre, nain, et rien ne le destinait à une haute destinée. Or, sa rencontre dans l'enfance avec Viola Orsini, descendante d'une des plus illustres familles nobles du pays, lui permettra de sortir de sa condition et de vivre une existence intense.

L'amitié - ou l'amour platonique, c'est selon - qui unit Mimo et Viola les portera chacun et ensemble à travers épreuves et défis. Orsini, Ursini, ursin, ours... Viola est une ourse solitaire, elle qui, enfant, en a justement domestiqué une. Violente et passionnée, intelligente et visionnaire, solitaire et incomprise, elle symbolise une émancipation féminine malmenée et douloureuse. Mimo, lui, représente la fidélité, la raison, l'ambition, et ressent le besoin incessant de "veiller sur elle", Viola, sa muse.

Peut-être suis-je éprise de l'Italie et de ses chefs-d'oeuvre depuis trop longtemps pour ne pas supporter aujourd'hui de ne pas m'émouvoir à la lecture d'un roman qui s'y déroule intégralement ? Pourtant, le fait est là, indiscutable : je n'ai absolument rien ressenti pendant ma lecture. Je ne me suis attachée à aucun personnage, bien au contraire. Je n'ai même pas eu la sensation de découvrir une nouvelle plume, le récit ayant pour moi des accents d'Elena Ferrante, de Romain Gary et de Dominique Fernandez, mêlés. J'ai échappé à l'ennui mais de très peu.

Il semble que l'amitié tienne une place prépondérante dans l'oeuvre de l'auteur, c'est un sentiment noble et respectable qui mérite en effet qu'on écrive beaucoup sur lui, tant mieux donc s'il aura su toucher de nombreux lecteurs. Pour moi, c'est un rendez-vous mitigé, un état qui s'oppose catégoriquement à la définition même de l'amitié.


Challenge MULTI-DEFIS 2024
Challenge PAVES 2024
Challenge GONCOURT
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Ce roman est une douceur à l'italienne, nappé de rance et de beauté, ou le folklore se mêle à l'art qui nous a si bien inspiré lors de la Renaissance, autre époque et autre temps mais quel gout de l'esthétique ces Italiens.

J'ai beaucoup voyagé durant ma jeune jeunesse notamment en Italie et que dire de Rome si ce n'est reconnaitre la beauté et l'excellence corrompue par cette magie touristique pleine de préjugés et de rancoeurs, nous avons adoré déambuler de long en Vatican dans cette Rome antique, profiter d'une terrasse aux accents lyriques, d'un ténor de la rue chantonnant avec romantisme le succès des plus grands.

Et que dire de la place Saint-Pierre, du musée et de la Chapelle sixtine, là nous retrouvâmes une guide française bien aguerrie à l'athéisme à peine drapé dans l'oeuvre dantesque de Michel-ange qui avait toute liberté pour exprimer ses opinions à peine voilées sous peine de terminer dans la cruauté de cette époque aussi pratiquante que pervertie par le tout puissant. Je ferais l'impasse sur le Colisée aussi démesuré qu'il n'y parait, là nous avons dégusté des lasagnes succulentes trompés par la magie du décor ambiant ou peut-être étaient-elles réellement délicieuses à s'en faire « grassouiller » nos abdos bedonnant de saveur.

Bien sur Il y eut Florence, Pise, Sienne, notre road trip « Toscanien », ou la nourriture puait la gourmandise et le plaisir divin, rien à dire j'adore l'Italie.

« Mimo » Sculpteur de génie, d'un paternel mort, et d'une mère de la misère, femme de, qui dans un souci de pragmatisme de l'époque (début 20eme), décida pour le bien de son fils fort d'un amour sincère de l'envoyer tâter une autre misère ailleurs… S'en suit une farandole de vie bien animée, du haut de son mètre quarante, il va vivre sa vie comme un débauché, renaitra de ses cendres abjectes qui feront de lui ce qu'il deviendra par la force de son talent et de cet amour si frustrant pour nous lecteurs ambitieux attendant avec cette impatience malsaine qu'il lui glisse un peu de bestialité frivole… Et il y en a de la bestialité, de l'animal, de l'homme tout puissant de part cette profonde bêtise qui nous caractérise si bien, du glauque aussi, du malsain portée par cette époque ô combien cruelle, la débauche au miséreux, aux dépravés de bonne famille, de manipulations.
Malgré cet athéisme qui me caractérise de trop, la politique et l'argent l'emportent toujours sur la morale empathique et amoureuse dont on devrait tous se faire pape pour le bien d'une majorité dissipée par l'art de la rhétorique et de la majorité anesthésiée par cette peur de perdre le trop peu et de ne rien gagner en gage de bonne foi.

Écrasons-les tous ces ignares de la bienpensance, nous forgerons leur destin funeste dans notre réussite, creuserons leur tombe à même le purin, et nous piétinerons l'herbe fraiche à leur santé décomposée depuis belle branlette.

Trinquons

Et puis ce roman m'a rappelé ma jeunesse d'apprenti ébéniste, celle dont j'ai subi le caractère immature d'un jeune patron bourré de talent, moi qui regardais du haut de mes 1.65 m les tailleurs de pierre exprimer leur savoir à la restauration de l'église Saint-Étienne qui se trouvait pile en face de mon établie, la grande baie vitrée me donnait ce privilège .

Sur la place des minimes se nichait notre petit atelier au poêle capricieux qui se nourrissait de ce froid mordant, sans talent mais avec passion, je regardais mon patron s'affairer à me faire chier, moi ce petit gars de 16 piges qui ne demandait qu'à apprendre… et J'ai appris, appris la conscience professionnelle, l'anticipation, et à fermer ma gueule aussi (dont j'ai perdu le mode d'emploi aujourd'hui), mes mains noires de tanin car le chêne suinte sa mort, les narines blanchies par les vapeurs de vernis, il me manquait juste la maturité et l'expérience pour briller dans cet atelier brut de sciage. Heureusement j'ai rebondi, et je suis devenu chef d'atelier et métreur.

La fin du roman m'a déçu, car j'attendais quelque chose de doux et de romantique, lui était trop pierreux, plein de vérité et de misère, de croyances et de science, malheureusement trop peu d'émotion pour moi, pas une larme de versée je suis deg...

A plus les copains
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Pourquoi la rencontre avec ce roman ne s'est elle pas faite? C'est la question qui me traverse en refermant "veiller sur elle". Je lis les avis ravis de lecteurs babéliotes, je vois, étonnée, les sélections pour le Goncourt, le Fémina, l'attribution du prix du roman FNAC. Et moi je me suis ennuyée, je suis restée à quai.

Pourtant tout m'attirait dans ce roman. L'Italie, l'art, le romanesque, de beaux personnages mais jamais le récit n'a réussi à m'embarquer. Je n'ai pas plongé, je suis restée toujours sensible à mon environnement, rechignant même parfois à reprendre la lecture.
Etrange...

La plume est pourtant sobre et élégante. Jean Baptiste Andréa nous immerge dans une fresque historique et rocambolesque sur l'Italie de la première moitié du vingtième siècle: le pouvoir de l'église, la montée du fascisme, la guerre, l'évolution de la place de la femme dans la société. Toute la fureur et l'effervescence de la première moitié du vingtième siècle. Il crée pour nous deux beaux personnages qui malgré leurs différences de personnalité, de caractères, leurs différences sociales, vont partager une amitié forte et indestructible.
Mimo de milieu modeste, est un homme de petite taille. Il va devenir un sculpteur de génie. Viola quant à elle est la cadette d'une grande famille de Piétra Alba, les Orsini. Très intelligente, cultivée,elle adore les cimetières, rêve de voler, et a de fortes convictions. Ses frères, comme il se doit, en bons opportunistes, font carrière dans l'armée, l'église, les affaires. Viola et Mimo sont, comme le dira un jour la belle Viola, deux aimants qui s'attirent mais se repoussent lorsqu'il sont trop proches.
Nous rencontrons Mimo alors qu' âgé de 82 ans il agonise dans un monastère où il a trouvé refuge des années auparavant. Il remonte jusqu'en 1916 pour revivre le fil de sa vie.
Ce récit plein de péripéties et de rebondissements multiplie les personnages, brasse les faits historiques et les aventures personnelles de nos deux protagonistes. Il y a aussi le mystère de cette pieta sculptée par Mimo et cachée dans ce monastère, retirée de la vue de tous car suscitant une sorte de syndromeDe Stendhal chez de nombreuses personnes la découvrant. La révélation sera pour moi une autre décéption.
C'est tout cela qui m'a gênée, cette profusion de personnages, de rebondissements, de moments qui nous détourne de ce que je croyais être le coeur de ce roman.

Tout cela m'a éloignée de ce que j'attendais, un roman sur l'Art. Une rencontre avec le génie d'un sculpteur, son inspiration, sa création. Une plongée dans l'Italie des merveilles, de la beauté. Hélas de Rome et Florence j'ai surtout vu les bas fonds et j'ai plus souvent rencontré Mimo ivre, suscitant la bagarre dans des estaminets, se pavanant dans des réceptions mondaines qu'outils en main.

Souvent la lecture m'a emportée vers d'autres romans. Les beuveries et les rixes du Caravage dans "la course à l'abîme" de Dominique Fernandez. le voyage à Carrare de Michel Ange pour choisir un bloc de marbre dans le si beau "Piétra viva" de Leonor de Recondo, les questionnements, la sensualité d'un artisan chargé d'ôter le pagne recouvrant le sexe d'un christ sculpté dans "La nature exposée " d'erri De Luca. Les doutes, les recherches, les tâtonnements de Rodin dans "Les bourgeois de Calais" de Michel Bernard...
Tout au long de ma lecture j'ai pensé à d'autres romans qui m'ont nourrie, donné envie d'être à Rome admirant "Le rapt de Persépone" du Bernin ou "La Madone aux pélerins" du Caravage. de partir pour Bruges revoir la Madone de Michel-Ange.

Un rendez-vous manqué. de mon fait sans doute, mes attentes étaient autres
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Août 1986. Dans un monastère italien, un homme se meurt. Il s'agit de Michelangelo Vitaliani, dit Mimo, un sculpteur célèbre, qui vit dans l'abbaye depuis maintenant 40 ans. Alors qu'il vit ses dernières heures, entre divagations et souvenirs, il plonge dans l'histoire de sa vie. Une vie pleine, riche, longue : son arrivée dans le village de Pietra d'Alba où il part en apprentissage chez un sculpteur alcoolique et violent à l'âge de 12 ans ; sa rencontre avec Viola, l'amie de sa vie, fille unique de la riche famille Orsini avec laquelle il entretiendra des relations étroites ; ses années d'errance dans un cirque et enfin l'avènement de son succès et sa richesse. Mais à la veille de sa mort, tout a disparu. Sauf une chose : une mystérieuse et troublante statue sur laquelle il veille depuis toutes ces années, cachée dans les caves de l'abbaye.

Jean-Baptiste Andréa, prix Goncourt 2023, nous offre ici une fresque historique et romanesque au coeur de l'Italie, sur les quarante premières années du 20e siècle. Au côté de Mimo, un nain sculpteur dont le génie artistique en éblouira plus d'un, à commencer par le futur Pie XII, nous suivons les premières années du fascisme qui verront l'avènement de Mussolini, nous embrassons l'art de la sculpture, traversons les deux guerres mondiales. Nous parcourons les paysages italiens, de Florence à Rome en passant vaguement par Turin et Gênes. Nous sommes également les témoins de la relation houleuse faite de « je t'aime moi non plus » entre Mimo et Viola, une jeune femme libre dans sa tête mais certainement pas dans sa corps et sa vie, beaucoup trop intelligente pour son époque et son milieu.
Jean-Baptiste Andréa a choisi des personnages destinés à illustrer des domaines qui se sont télescopés dans l'Italie de l'époque en question : Stefano (le fascisme), Francesco (l'Église), Viola (les sciences, la connaissance) et Mimo (l'art). L'histoire de Mimo et de ses compagnons est joliment contée, très souvent avec la pointe d'ironie qui sied au personnage du sculpteur, susceptible et imprévisible. L'auteur, comme d'autres avant lui, sait mêler la petite à la grande Histoire, avec des faits véridiques qui s'insèrent dans la trame fictionnelle.
Tous les ingrédients sont donc là pour faire de ce roman un vrai succès et d'ailleurs, le prix Goncourt l'a récompensé. Mais j'avoue que pour moi, je n'y ai pas vu autre chose qu'un bon roman. Les personnages ne m'ont pas particulièrement séduite, à commencer par Mimo dont le sale caractère est trop mis en avant pour le rendre appréciable et qui est d'un opportunisme affligeant. Viola est une vraie « tête à claques » qui devient un peu ridicule dans son obstination. Quant aux autres, ils ne révélaient aucune surprise. Bref, l'émotion n'était pas au rendez-vous.
Surtout, les longueurs m'ont achevée, avec l'impression parfois de relire les mêmes passages plusieurs fois et de ne jamais vraiment sortir d'un petit cadre (Pietra d'Alba-Florence-Rome). Un moment, j'ai cru partir aux Etats-Unis ! Chouette, un peu de changement. Faux espoir malheureusement… je crois que j'étais aussi déçue que Viola.
En fait, je pense que l'idée de départ était bonne mais qu'ensuite le vrai souffle romanesque qui nous fait vibrer et nous surprend à la fin n'est jamais arrivé. Certains sujets et personnages (comme Viola) auraient mérité d'être creusés mais l'ensemble reste superficiel car l'auteur a voulu trop en mettre. Ca parle beaucoup dans ce livre mais ça ne réfléchit pas assez.

Ce qui est sûr, c'est que le jury du Goncourt ne s'est pas trompé : le style est agréable, facile à lire. Ce livre est très vendeur et consensuel. On peut l'offrir à mamie, à tonton, au voisin et à la petite-soeur… Aucun faux pas, il sera sûrement au pied du sapin
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Formidable succès de la rentrée littéraire de 2023, Veiller sur elle compte à l'heure où j'écris ces quelques lignes 3000 lecteurs sur Babelio. S'il nous faut des points de repère, cela représente plus d'initiés que le rivage des Syrtes de Julien Gracq, ce qui le met à quelques lecteurs de la ferme africaine de Karen Blixen...
Et il ne s'arrêtera pas là, car la liste des lauréats des grands prix de l'automne n'est toujours pas officialisée ; et si par chance, il l'emportait, ce serait le cadeau idéal à placer sous le sapin de fin d'année.

Alors qu'apporterait ma chronique aux 211 critiques déjà postées sur le site?

Une adhésion déjà…car j'avoue m'être fait aussi embarquer par le souffle romanesque du récit relatant la vie de Mimo Vitaliani, petit homme d'1m40, mais grand sculpteur et auteur d'une Piéta scandaleuse, à telle enseigne qu'elle fût coffrée et gardée au secret pendant 40 ans. Que cache cette oeuvre d'art? Pourquoi Mimo l'a veillée aussi longtemps? Oui, j'ai marché...désireux d'avoir la réponse à ces énigmes au fil des pages et de la vie trépidante de Mimo, emporté comme tous par le torrent de la grande Histoire et les soubresauts du XXème siècle.

Mais aussi une réserve…Ce romanesque se fait aussi au prix d'invraisemblances qui apparentent parfois ce roman à un conte pour enfants. A la centième page, en soupesant le livre, je me suis dit “non, je ne le lirai pas en entier”. Il y a aussi cette double narration : enchaînement de la voix de Mimo à la 1ère personne et de celle du gardien à la 3ème personne, censée dynamiser le récit, et qui, à mon sens, ne rend pas toute sa puissance.

Mais malgré cela, cela fonctionne, la magie opère…
Aussi malgré les longueurs.
Alors je me suis dit que peut-être, c'est ce qu'il fallait, de la même manière que Mimo fait oeuvre de patience pour révéler l'intimité d'un instant à partir d'un bloc de marbre brut, Jean-Baptiste Andrea est l'artiste de la révélation. Que c'est la fonction de la littérature de faire émerger de la matière quelques instants, mêmes rares, de l'ordre du divin.

Pour cela, merci et longue vie à “Veiller sur elle”!
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Veiller sur Elle – de Jean-Baptiste Andrea (Français, né en 1971) – Août 2023 – L'iconoclaste
L'histoire commence dans une Abbaye de 32 Occupants en 1986, or, ce n'est pas là que se passe le plus gros.
Un mourant… Mais les morts racontent des choses ; -)… Contrairement à la vision des spectres de Pirates des Caraïbes 5 …
Un Français en Italie ; -)… « Il Francese » il n'aime pas ce surnom… Son pays de coeur, c'est clairement l'Italie. C'est cependant un fait, il est né en France en 1904 (Question de climat géopolitique ! Quand on s'intègre, on revendique !)
Il s'appelle Michelangelo Vitaliani.
Ni vraiment un religieux, ni vraiment un académicien, pour sûr artistique… Tout repose sur « la beauté » (et puis une oeuvres singulière).
Sa mère lui fera promettre qu'il deviendra un grand sculpteur…
Je n'ai pas du tout aimé ce récit, car il se déroule il y a plus de 100 ans et donc elle ne me parle pas vraiment… de plus, le livre alterne entre long moments taiseux et phase de dialogues. En plus il est très (trop ?) long… Bref je ne recommande pas ce Livre à moins que vous soyez fascinés par l'histoire Française/Italienne du début du XXème siècle…
Si ce n'est en plus que l'histoire n'est pas assez bien écrite pour que l'on passe outre ses défauts.
Bonne Lecture (Ou peut-être pas ?)
Phoenix
++
Lien : https://linktr.ee/phoenixtcg
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Veiller sur elle (Jean-Baptiste Andrea)

Que constate-t-on à la naissance de Michelangelo Vitaliani ?

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