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EAN : 9791096906109
320 pages
GOUTTE D'OR (18/10/2018)
4/5   44 notes
Résumé :
"Consommateur de porno, j'ai décidé de traverser l'écran."
Pendant un an, Robin D'Angelo a infiltré le milieu du porno amateur, incarné en France par la puissante entreprise Jacquie & Michel. Pour réaliser cette prouesse, le journaliste a franchi toutes les lignes rouges : publier des articles complaisants dans Playboy, s'improviser caméraman, jouer un mari trompé sur un tournage ou encore enfiler une cagoule pour participer à un bukkake. Une plongée dans l'i... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Enquête sans concession sur le porno pro-am (cinéma pro qui se donne des airs d'amateur: Jackie et Michel et consors). Un milieu violent, raciste, machiste voir masculiniste, qui broie des femmes paumées en un rien de temps, les livrant ensuite à la rue et aux webcam. le streaming des « tubes » a complètement atomisé le business, poussant les actrices à faire plus pour moins, pour des petits producteurs acculés eux aussi par les difficultés financières. Seuls les tubes tirent leur épingle du jeu. L'écriture est très journalistique et reste à peu près neutre, même si devant la cruauté de certaines scènes le ton se fait moins objectif. Il est loin le porno féministe et progressiste des 70s et on se demande où cette spirale infernale s'arrêtera. Mais de l'aveu même de l'auteur, pas de quoi détourner le consommateur du porno pour autant, tant ses pulsions sexuelles sont fortes, mais à coup sûr de quoi lui apporter un regard différent sur le milieu.
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J'ai connu ce journaliste lorsqu'il était à Libération et j'avais lu son premier livre sur Soral avec beaucoup d'intérêt. le sujet présent de ce livre ne m'inspirait ps mais j'aime suivre les bons journalistes.
Une immersion un an dans le milieu du porno amateur, cela a tout pour attirer du sulfureux et du glauque. On peut remercier le journaliste d'être resté rigoureux et de ne pas avoir versé dans le trash et le sordide plus que le milieu ne l'est déjà.
il nous est présenté un marché des corps, une manipulation de la misère féminine. On parle souvent de la femme objet. Mais un objet plus respecté, ici c'est la femme kleenex.
On assiste à l'expérience de femmes de conditions sociales modestes tenter désespérément d'exister en faisant un pacte avec les diables de notre société. vendre son âme, son consentement, son corps pour être remarqué, pour avoir un peu d'argent, pour être aidé.
C'est bouleversant, cela interroge vraiment sur les fondements de notre culture et si on n'est pas déjà féministe avant la lecture de ce livre, nul doute que cela peut en convaincre beaucoup.
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Robin d'Angelo enquête sur le milieu du porno amateur.

Le portrait qu'il livre est loin d'être aussi bon enfant que le slogan du fer de lance du milieu en France.

A l'excitation de voir en live un tournage, succède, sous la plume du journaliste, la prise de conscience liée aux confidences des différents acteurs.

Ces femmes sont victimes de violences sexuelles, « au mieux » leurs troubles dissociatifs les préservent. Nul chevalier blanc (vieux briscard du porno en déroute et autre) ne peut s'interposer pour mettre à mal la machine qui les broie en quelques mois.

Les acteurs-étalon, « moins souillés », ne paraissent pas plus équilibrés.

Description d'un univers aux mécaniques perverses ou l'amateurisme n'existe plus en réalité ; l'argent et le succès relèvent véritablement de l'abatage.

L'auteur quelque peu écoeuré de conclure: « les ressorts du plaisir sont profonds, ils entrent parfois en contradiction avec notre éthique ».
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Une immersion difficile de l'auteur dans le milieu du film porno pro-am aboutit à ce livre très intéressant.

L'auteur décrit un univers dans lequel exploitation de la femme, le viol, la violence se banalisent.

Certaines hardeuses atterrissent dans cet univers par hasard, d'autres moins. La prostitution n'est jamais loin. Souvent ces femmes sont fragiles, victimes plus jeunes de viol ou maltraitance.

La carrière est souvent courte, l'actrice n'est plus bankable après quelques tournages, l'industrie recherchant sans cesse de nouvelles têtes.

Après la lecture de ce témoignage, on ne voit plus du tout l'univers du X de la même manière. Un monde impitoyable et souvent humiliant pour la femme qui est rarement respectée même si rémunérée.

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Pendant un an, le journaliste indépendant et ex-rédacteur en chef de StreetPress Robin D'Angelo a infiltré le milieu du porno amateur. Un nouveau récit d'infiltration réussi pour les Éditions Goutte d'Or, qui montre l'envers du décor du “pro-am”, incarné en en France par Jacquie & Michel.

Judy, la jeune femme bipolaire qui arrondit ses fins de mois avec des tournages sordides dans la capitale. Lola, 5 ans de métier et prête à tout pour rester dans le jeu. Et enfin Sofia, une fille qui n'a sa place nulle part et a trouvé l'occasion de devenir quelqu'un. “Judy, Lola et Sofia”, l'histoire de 3 rencontres qui accompagnent Robin D'Angelo tout au long de son enquête sur la face cachée du porno.

Un récit qui montre des jeunes femmes dans leur vingtaine en quête de reconnaissance, et surtout d'argent. “C'est toujours mieux qu'une passe”, défend une hardeuse lors d'une interview avec le journaliste. La plupart d'entre elles ont déjà un pied dans la prostitution, et se tournent vers le porno, une activité moins risquée et mieux payée.

Aucun des personnages masculin du roman n'admet la notion d'abus de faiblesse : si l'actrice ne veut pas faire quelque chose, elle n'a qu'à dire non. Mais dans le pro-am, la recherche de l'authenticité règne, jusqu'à parfois flouter les limites du consentement. Seuls le lecteur et le narrateur ont l'air de se rendre compte de la gravité de la situation. On se sent seul face à tant de violence, et proche de l'auteur qui apparaît comme notre seul allié. La précarité des hardeuses, souvent là par contrainte financière, ne leur permet pas de faire la fine bouche sur le choix des scènes. Car dans ce milieu si vous refusez, vous êtes virée.

Un récit bien écrit et ficelé, qui montre l'évolution et la persévérance de Robin D'Angelo dans un univers qui l'a parfois troublé, souvent écoeuré. le ton est factuel et sérieux, et pourtant on retrouve de nombreuses notes d'humour dans le récit, qui prête parfois à sourire.
Lien : https://www.instagram.com/el..
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
J’ai l’impression d’avoir devant moi un exemple de ce que théorise Muriel Salmona33, psychiatre et fondatrice de l’association Mémoire traumatique et victimologie. Selon elle, les conduites à risque vis-à-vis du sexe ou des drogues sont une « tentative d’autotraitement de la souffrance ». Une souffrance « intolérable, incompréhensible et incontrôlable » liée à une mémoire traumatique « produite le plus souvent par des violences subies : maltraitances, violences sexuelles remontant à la petite enfance ou plus récentes. » C’est en apparence paradoxal, mais les conduites à risques permettent de se couper de ses émotions en mettant sur « off » le mal-être. Elles font « disjoncter le circuit émotionnel, ce qui interrompt la production d’hormones de stress ». Cet état porte un nom : la dissociation traumatique. « La victime dissociée reste comme indifférente non seulement aux violences qu’elle continue à subir, mais également à la mémoire traumatique de celles qu’elle a déjà subies. » L’état dissociatif traumatique a un fort potentiel addictif car la personne devient dépendante de la réaction chimique qu’elle génère : le cerveau produit des drogues endogènes proches de la morphine et de la kétamine. Ce cercle vicieux l’expose à un risque de « re-victimisation ».
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Parmi les substances les plus utilisées, l’Edex. Ce médicament contre les troubles de l’érection est à l’origine destiné aux personnes ayant subi une ablation de la prostate ou aux paraplégiques. Contrairement au Kamagra, il ne nécessite pas de stimulation sexuelle pour agir. Il fonctionne presque à tous les coups. Mécanique. L’aiguille ultrafine de la seringue est presque indolore, d’autant plus que le corps caverneux est peu innervé. « Quand tu imagines le truc, ça te paraît complètement délirant. Mais quand tu l’as fait, tu te rends compte qu’en fait, ce n’est pas grand-chose. » La pratique, extrêmement taboue, se serait généralisée selon lui. Pendant un tournage auquel j’assiste, il s’isole discrètement aux toilettes, une quinzaine de minutes avant sa scène, pour son injection. Il refuse de m’en dire plus
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L’ex-actrice et réalisatrice porno Ovidie a réalisé le documentaire Pornocratie, consacré aux conséquences de cette mutation de l’économie du X, notamment pour les actrices. En premier lieu, le droit à l’oubli n’existe plus : « Lorsque les premiers tubes sont apparus, je me suis rendu compte que des vidéos de moi circulaient sans mon consentement ni celui des producteurs et qu’il n’y avait aucun moyen de les retirer. » Le pire étant la dégradation des conditions de travail. Dans un entretien, elle résume ainsi la situation actuelle : « Pour réussir à attraper l’internaute et l’inciter à sortir sa carte bleue, les pontes du porno produisent du contenu de plus en plus hardcore. Il y a encore peu, l’actrice américaine Nikki Benz a déclaré sur Twitter avoir été violée, battue et piétinée sur un tournage pour [le site] Brazzers. D’autres ont confirmé par la suite avoir subi la même chose sans jamais avoir osé en parler. Des milliers d’autres encore sont contraintes de tourner des scènes deux fois plus hard pour deux fois moins d’argent. (…) Il est devenu normal pour une actrice de se prendre des gifles, d’être étranglée, de suffoquer, d’être dilatée »
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Traîner avec Judy un après-midi à Poissy, 37 000 habitants, c’est donner corps à l’expression de « fille à réputation ». Là où Scott jouit d’un certain prestige dans sa cité, elle est sans cesse abordée par des hommes dont les sourires peuvent vite devenir carnassiers. Cette différence d’appréciation d’un même comportement en fonction du genre porte un nom : « le double standard ». Dans une interview, Terri Fischer, chercheuse au département de psychologie de l’Ohio State University, résume ainsi cette situation : « Dans la plupart des sociétés, plus un homme compte de partenaires, mieux il est perçu socialement. Pour les femmes, c’est l’inverse. En exagérant leur tableau de chasse, les hommes protègent leur statut social. Et beaucoup d’entre eux se sentent menacés par une femme qui a plus d’expérience qu’eux. Les femmes ont intégré cette donnée et ont appris qu’il pouvait exister une forme de sanction pour celles qui ne cachent pas leur historique sexuel ».
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Les sociologues américains Gloria Cowan et Robin Campbell mettent cette idée en évidence. Par l’analyse statistique de 53 films porno mettant en scènes 476 personnages12, ils démontrent que les hommes noirs ont souvent un statut social inférieur aux Blancs, qu’ils embrassent plus rarement leurs partenaires et qu’ils ont un pénis plus gros. Les comportements agressifs sont également beaucoup plus fréquents lorsqu’un homme noir interagit avec une femme blanche qu’avec une femme noire. Les chercheurs en concluent que la pornographie alimente les stéréotypes racistes comme la bestialité des Noirs. Ils proposent plusieurs pistes pour expliquer ces résultats. « Pour les femmes blanches, la domination et l’agression peuvent être perçues comme des sanctions pour coucher avec des hommes noirs. Il est aussi concevable que l’homme noir serve par procuration pour punir la femme blanche de sa sexualité.
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Vidéo de Robin d' Angelo
Qu'est-ce qui caractérise l'ultra-droite ? Les violences survenues dimanche 5 décembre 2021 au meeting d'Eric Zemmour à Villepinte interrogent sur la nature des relations entre cette mouvance et les soutiens au désormais candidat. Depuis plusieurs semaines, les interpellations se multiplient dans les milieux de l'ultra-droite. Quelle menace représente cette mouvance en France ? La question préoccupe les autorités.
Guillaume Erner reçoit Mathieu Molard, rédacteur en chef du média en ligne Streetpress.com, co-auteur avec Robin d'Angelo, du livre "Le Système Soral. Enquête sur un facho business" (Calmann Lévy, 2015).
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