J'avoue avoir eu de grosses difficultés à adhérer à ce récit, à y croire. J'ai eu la sensation de lire une copie insipide des Mille et une nuits. Le récit cadre en particulier et certains des récits enchâssés m'ont paru maladroits, mal structurés, multipliant parfois inutilement des explications redondantes, ou tout simplement sans grand intérêt. Les résolutions des contes sont rapides et sans surprise à l'exception peut-être de celle du récit cadre dont le ton tranche avec le reste et qui correspond plus à mes goûts. Les transitions entre le récit cadre et les récits enchâssés ne m'ont pas convaincue : ils m'ont semblé mis bout à bout de façon artificielle.
J'ai lu très récemment le flamboyant Conte des contes de l'Italien Basile, recueil fonctionnant également avec cette même structure dans laquelle le récit cadre est prétexte aux récits enchâssés. Ma lecture de Neh Manzer ne pouvait que souffrir de la comparaison.
Je m'interroge sur l'intérêt de publier une traduction datant du début du XIXe siècle sans la faire au moins réévaluer par un traducteur contemporain. Lescallier présente le texte comme une traduction extrêmement fidèle, mais nous n'avons sur ce point que sa parole et l'exemple des Mille et une nuits, contes adaptés autant que traduits par Antoine Galland au siècle précédent, ne m'incite guère à la confiance.
J'aurais voulu en savoir plus sur l'histoire de ce texte, sur son contexte d'écriture, sur les liens qu'il entretient avec les Mille et une nuits ou les textes de l'époque dans la mesure où il est également question ici de surseoir jour après jour à une exécution. L'appareil critique du volume, très limité, m'a sur ce point laissée sur ma faim.
Deux étoiles donc, pour cette très jolie couverture. Pas plus.
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Après cette conversation, ils remontèrent à cheval et se dirigèrent tous deux vers le palais des Neuf-loges. Dès qu'ils y furent arrivés leur temps se passa dans les assemblées brillantes, dans les festins, la joie et les plaisirs. Chirzade parcourant ce séjour le trouva agréable et enchanteur au premier degré, et il y oublia le reste du monde. (...) (mais) un des jardiniers de la princesse s'était ému pour elle d'une violente et folle passion, et son amour, pour être caché et contenu, n'en était que plus ardent. Il conçut une jalousie rage contre le prince qu'il voyait ainsi favorisé...
- Jeune homme, nous vous félicitons. Vous pouvez dire à présent que votre bonheur est assuré car notre souveraine vous a jeté de la terre sur la tête. Elle n'a point de mari et elle vous a donné par cette action une preuve du désir qu'elle a de vous accepter pour époux. Ainsi, empressez-vous de lui faire la demande, et livrez-vous avec elle aux plaisirs et à l'allégresse ; car, tout ce que votre cœur pourra désirer vous sera accordé. Si, au contraire, vous rejetiez cette heureuse aventure, vous seriez coupé en morceaux.
On se ressent toujours des impressions de l'enfance, et on garde toute la vie l'influence du lait qu'on a sucé.