Le roman débute en 1979 dans la Roumanie communiste de Ceaucescu. Ion ouvre sa fenêtre et se fait piquer par une guêpe (ou une abeille, il ne sait pas)...juste une semaine avant l'arrivée, pour les vacances, de ses deux petites fille Dina et Alina, habitant la ville proche.
C'est le début d'une série noire pour la famille. Suite à la fièvre occasionnée par la piqûre, Ion, malgré les injonctions au calme d'Ibolya, sa femme, se met à délirer et à dire n'importe quoi à voix haute : il critique ouvertement les communistes et use de mots interdits, semant le trouble dans sa famille, puis la peur dans tout le village.
Au départ, tout le monde tente de couvrir les mots injurieux en criant plus fort encore que lui, mais vient un jour où plus personne ne peut le protéger : il est tabassé par des inconnus, puis peu de temps après... on vient l'arrêter.
Par qui a-t-il été dénoncé pour avoir proféré des injures à l'encontre du gouvernement ? Personne ne le saura jamais...
C'est alors que Viorel Cioban, son gendre, qui jusqu'à présent ne se posait aucune question sur sa vie quotidienne, se met à observer autour de lui. Il voit les arbres dans les vergers entourés de barbelés, non pas pour les protéger des oiseaux comme il le pensait jusqu'à présent, mais pour que les fruits ne soient pas volés par des gens affamés. La misère s'accentue autour de lui, le silence et le manque de liberté deviennent de plus en plus une souffrance pour le peuple obligé de se taire et d'obéir...
Alors que Viorel et sa famille bénéficient d'un régime alimentaire de faveur, grâce à Alina, qui a intégré l'équipe roumaine junior de tir, ils sont dénoncés aux autorités parce qu'une bonne odeur de cake traverse la porte de leur appartement. En Roumanie, du temps de Ceaucescu, tout plaisir est interdit... Chacun doit se priver pour son pays et tout contrevenant est sévèrement puni. Pour Viorel, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase.
Alina s'est mise à faire du tir avec son grand-père et c'est pour elle une véritable passion. Elle vient d'être sélectionnée pour un championnat international et doit partir bientôt en Suisse. Dès cette annonce, Viorel n'a plus qu'une seule idée en tête. Dina doit impérativement accompagner sa soeur. Il impose cette idée à l'entraîneur : c'est avec Dina, ou pas, qu'Alina ira disputer le championnat international. Ses conditions sont miraculeusement acceptées.
Alors Viorel peaufine son plan : il veut obliger ses filles à ne plus jamais revenir en Roumanie, en espérant qu'elles puissent avoir une vie meilleure. La Suisse leur ouvrira les bras, il en est sûr, car elles ne sont encore que des enfants.
Elles partent en mai 1980...sachant qu'elles ne reviendront pas et ne reverrons sans doute jamais plus, ni leur pays, ni leurs parents...
Le lecteur les retrouve des années après, en 2016...
J'ai aimé la construction du roman en cinq chapitres qui nous parlent tous de la terre natale (donc du
sol) : argile, sable, calcaire, humus...et terre sont les titres des chapitres.
J'ai aimé que le roman soit davantage centré sur Johan et ses difficultés à vivre que sur l'arrivée des soeurs en Suisse. Ce qu'elles ont vécu au quotidien est raconté ici ou là par petites touches au cours du roman.
J'ai aimé l'analyse psychologique des personnages et la rudesse des caractères qui cachent d'infinies souffrances.
J'ai également aimé, sans aimer les faits en tant que tels, vous vous en doutez, la façon dont l'auteur dévoile au fil des pages, ce qui se passait en Roumanie : la misère, les conséquences de la dictature dans la vie quotidienne des gens, l'absence totale de liberté, puis la découverte des horreurs après la chute de Ceauscescu, les terribles conditions de vie des enfants dans les orphelinats, les réseaux qui ont permis l'adoption de milliers d'orphelins, devenus au fil du temps, pour certains, trafics d'enfants...
(...)
L'auteur revient dans ce roman, sur sa propre histoire familiale, ce qui explique qu'il ressemble davantage par moment à un témoignage. En effet, d'origine roumaine, c'est elle qui a vu ses parents fuir à l'étranger avant de pouvoir les rejoindre. Elle vit aujourd'hui à Genève et enseigne les Arts visuels. C'est son second roman.
Merci à Babelio et à l'éditeur, de m'avoir fait permis de découvrir ce roman grâce à l'opération Masse Critique de septembre.
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