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EAN : 9782940431717
128 pages
La Baconniere (22/08/2017)
3.79/5   7 notes
Résumé :
En pleine Roumanie de Ceaușescu, deux jeunes adolescentes sont forcées par leurs parents à fuir leur pays et leur famille. La plus jeune sœur a intégré l'équipe junior roumaine de tir et elles sont exceptionnellement autorisées à se rendre en Suisse disputer un tournois international. Elles ne rentreront pas. L'intégration de chacune de ces deux femmes à leur nouvelle vie se fera de façon totalement divergente. Ce roman se penche surtout sur la deuxième générat... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Le roman débute en 1979 dans la Roumanie communiste de Ceaucescu. Ion ouvre sa fenêtre et se fait piquer par une guêpe (ou une abeille, il ne sait pas)...juste une semaine avant l'arrivée, pour les vacances, de ses deux petites fille Dina et Alina, habitant la ville proche.
C'est le début d'une série noire pour la famille. Suite à la fièvre occasionnée par la piqûre, Ion, malgré les injonctions au calme d'Ibolya, sa femme, se met à délirer et à dire n'importe quoi à voix haute : il critique ouvertement les communistes et use de mots interdits, semant le trouble dans sa famille, puis la peur dans tout le village.
Au départ, tout le monde tente de couvrir les mots injurieux en criant plus fort encore que lui, mais vient un jour où plus personne ne peut le protéger : il est tabassé par des inconnus, puis peu de temps après... on vient l'arrêter.
Par qui a-t-il été dénoncé pour avoir proféré des injures à l'encontre du gouvernement ? Personne ne le saura jamais...
C'est alors que Viorel Cioban, son gendre, qui jusqu'à présent ne se posait aucune question sur sa vie quotidienne, se met à observer autour de lui. Il voit les arbres dans les vergers entourés de barbelés, non pas pour les protéger des oiseaux comme il le pensait jusqu'à présent, mais pour que les fruits ne soient pas volés par des gens affamés. La misère s'accentue autour de lui, le silence et le manque de liberté deviennent de plus en plus une souffrance pour le peuple obligé de se taire et d'obéir...
Alors que Viorel et sa famille bénéficient d'un régime alimentaire de faveur, grâce à Alina, qui a intégré l'équipe roumaine junior de tir, ils sont dénoncés aux autorités parce qu'une bonne odeur de cake traverse la porte de leur appartement. En Roumanie, du temps de Ceaucescu, tout plaisir est interdit... Chacun doit se priver pour son pays et tout contrevenant est sévèrement puni. Pour Viorel, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase.

Alina s'est mise à faire du tir avec son grand-père et c'est pour elle une véritable passion. Elle vient d'être sélectionnée pour un championnat international et doit partir bientôt en Suisse. Dès cette annonce, Viorel n'a plus qu'une seule idée en tête. Dina doit impérativement accompagner sa soeur. Il impose cette idée à l'entraîneur : c'est avec Dina, ou pas, qu'Alina ira disputer le championnat international. Ses conditions sont miraculeusement acceptées.
Alors Viorel peaufine son plan : il veut obliger ses filles à ne plus jamais revenir en Roumanie, en espérant qu'elles puissent avoir une vie meilleure. La Suisse leur ouvrira les bras, il en est sûr, car elles ne sont encore que des enfants.
Elles partent en mai 1980...sachant qu'elles ne reviendront pas et ne reverrons sans doute jamais plus, ni leur pays, ni leurs parents...
Le lecteur les retrouve des années après, en 2016...

J'ai aimé la construction du roman en cinq chapitres qui nous parlent tous de la terre natale (donc du sol) : argile, sable, calcaire, humus...et terre sont les titres des chapitres.
J'ai aimé que le roman soit davantage centré sur Johan et ses difficultés à vivre que sur l'arrivée des soeurs en Suisse. Ce qu'elles ont vécu au quotidien est raconté ici ou là par petites touches au cours du roman.
J'ai aimé l'analyse psychologique des personnages et la rudesse des caractères qui cachent d'infinies souffrances.

J'ai également aimé, sans aimer les faits en tant que tels, vous vous en doutez, la façon dont l'auteur dévoile au fil des pages, ce qui se passait en Roumanie : la misère, les conséquences de la dictature dans la vie quotidienne des gens, l'absence totale de liberté, puis la découverte des horreurs après la chute de Ceauscescu, les terribles conditions de vie des enfants dans les orphelinats, les réseaux qui ont permis l'adoption de milliers d'orphelins, devenus au fil du temps, pour certains, trafics d'enfants...
(...)
L'auteur revient dans ce roman, sur sa propre histoire familiale, ce qui explique qu'il ressemble davantage par moment à un témoignage. En effet, d'origine roumaine, c'est elle qui a vu ses parents fuir à l'étranger avant de pouvoir les rejoindre. Elle vit aujourd'hui à Genève et enseigne les Arts visuels. C'est son second roman.
Merci à Babelio et à l'éditeur, de m'avoir fait permis de découvrir ce roman grâce à l'opération Masse Critique de septembre.

Lire ma chronique complète sur mon blog...

Lien : http://www.bulledemanou.com/..
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Merci à Babelio et aux éditions La Baconnière de m'avoir fait découvert ce roman qui parle de racines d'où le sol, d'origines et des liens familiaux. Beaucoup de thèmes qui me parlent....
L'auteur a découpé son livre en chapître en lien avec la matière du sol qui correspondent à des dates liées aux deux personnages Dina et Alina?
Tout commence en Roumanie en 1979/80, nous découvrons les deux jeunes adolescentes en vacances chez leurs grands parents. Dina connaît ses premiers émois sexuels. Alina, elle est qualifiée dans l'équipe nationale de tir. On sent durant tout se chapitre le poids oppressant du régime des Ceaucescu où on ne peut pas dire ce que l'on pense... C'est le père des deux filles qui prend la décision de leur faire quitter le pays suite à plusieurs événements.
Puis nous sommes en 2016, Dina vit en Suisse. elle est avocate et très impliquée dans les différentes causes sociales, politiques... Elle a élevé le fils de sa soeur, Johan, décédée avec sa famille dans un accident de voiture en 2002. Ce dernier semble torturé et on comprend que les soeurs ont pris de chemins totalement différents lors de leur exil au point de ne plus se parler.
Puis retour en 2002 où on retrouve Alina devenue Aline pour mieux s'intégrer. La chute des Ceaucescu a montré un visage de la Roumanie terrible et Aline se lance dans l'adoption des orphelins avec une froideur qui fait penser qu'elle le fait car c'est ce que l'on attend d'elle. 2002 est un tournant dans les adoptions car elles deviennent plus réglementées.
Puis retour en 2016 avec Johan qui a refoulé de nombreux souvenirs notamment l'accident. Il va devoir faire le chemin des souvenirs pour avancer tout comme Dina....
Un très beau roman facile à lire. La description de la Roumanie des Ceaucescu est oppressante. Viorel, le père prend conscience petite à petit de cette prison que devient son pays.
L'exil des deux adolescentes a été vécu différemment car chacune l'a compris à sa façon. Pour Dina, le retour est synonyme de mort tandis que pour Alina, elle perd un statut celui d'athlète.
Le sol s'est là que poussent les racines, qui on est vraiment. Ce besoin de retrouver ses racines surtout lorsque l'on est apatrides.
les personnages sont émouvants. on comprends mieux au fil du livre le mal être de Johan et sa violence.
Dina est attachante et elle ne comprend pas sa soeur Alina qui est devenue froide, rigide.
Un roman à découvrir...

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Pour commencer, il y a l'objet… On oublie trop souvent, pire… les maisons d'éditions oublient trop souvent, qu'en plus d'être un récit, le livre est également un objet. Les éditions La Baconnière nous offrent un livre élégant, une couverture poudrée, un vert qui en dit long… Je ne sais pourquoi, mais ce vert intense nous mène à sentir que l'on va découvrir un roman vrai, un roman qui nous plonge dans une certaine mélancolie, que l'on entre dans la réflexion d'une vie…. Ce vert de l'exil, de la recherche de soi, de la reconstruction…. Les pages également sont à la fois rugueuses et douces, épaisses, de celles qui marquent l'importance de ce qui est dit ici….

Ce thème du sol, de la terre qui le constitue, de l'ancrage dans la matière interpelle nécessairement. Ce sol qui peut se montrer fertile, aride… L'exil est avant tout une histoire d'ancrage, d'adaptation à une terre différente et Raluca Antonescu se montre prodigieuse dans cette analogie.

Les personnages sont attachants… L'acceptation de cette nouvelle terre, l'intégration obsédante de l'une, la révolte politique de l'autre… Ces deux soeurs ont des manières bien différentes de s'approprier cette nouvelle terre, de garder en elle leur terre natale… La problématique de l'exil est combinée ici avec la quête de soi, et la relation entre le sol et les racines amène nécessairement à la réflexion…. Comment transmettre également ce passé, le garder suffisamment pour ne pas en souffrir trop et l'oublier également pour s'adapter…. Et puis le sol qui nous ancre dans la folie, la folie d'une vie passée dans ces terres… En ce sens, les grands-parents ont une importance capitale dans la construction des fillettes…. Et puis il y a Johan, celui qui n'est pas né en Roumanie, celui pour qui ce sol importe peu… celui qui malgré tout pâtit de ce passé dans un pays natal qui n'est pas le sien…. Tout s'imbrique, l'exil pèse sur tous : les exilées et ceux qui ne le sont pas… Chacun souffre avec rudesse de lui…. faisant de tous des apatrides….

C'est un roman fort…. Je remercie Exploratology pour ces lectures qui m'émeuvent… Pour ces lectures dans lesquelles je me plonge avec une totale confiance sachant pertinemment que les romans seront matière à réflexion et à plaisir littéraire….
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Année 1979/1980, Ion est attaqué par une abeille qui va rentrer dans sa narine, s'affoler, le piquer sans vergogne. Episode banal, mais qui va voir s'enchainer une multitude d'événements qui vont bouleverser à jamais la vie de sa famille. Car à partir de ce jour, Ion vocifère et lance des insultes à l'encontre du pouvoir, des communistes, du dictateur tout puissant. Comme si la piqure avait libéré cette parole qui se doit d'être tue. Mai dans la Roumanie de Ceausescu, la parole n'est pas libre et la peur étend son manteau de silence jusque dans le moindre village. Tous craignent les conséquences et surtout les pires des représailles, jusqu'au jour où les hommes du village tabassent le grand-père. Puis il est arrêté et enfermé. Sa fille, ses petites filles, Dina et Alina, et sa femme Ibolya, la grand-mère, mais aussi Viorel Cioban, le gendre, craignent alors pour leur propre liberté.
La décision de Viorel est prise, les filles vont profiter d'une autorisation unique de quitter le pays, lors d'une compétition, car Alina est championne de tir. Les filles partiront seules et ne reviendront jamais. Elles s'installeront, jeunes adolescentes, en Suisse. Les années passent, on retrouve Johan, le fils d'Alina élevé par Dina. On comprend qu'un malheur est arrivé, mais Johan refuse d'écouter les souvenirs et de connaître ses origines. Son cheminement vers la racine de l'oubli est pourtant l'élément indispensable qui va lui permettre de continuer son chemin.
Et l'on se rend compte alors à quel point il est difficile d'obtenir cette liberté qui coûte si cher : l'abandon de sa famille, de ses souvenirs, il faut partir sans espoir de retour pour se créer ailleurs une vie nouvelle. L'auteur utilise la métaphore du sol – sable, argile, calcaire, humus- et donc ses différentes strates toutes si différentes et pourtant toutes indispensables à la survie de chacun, ces strates qui sont aussi la famille, la vie, la mémoire et l'avenir que l'on rêve et celui que l'on vit.
J'ai trouvé intéressant les informations sur la vie d'alors, la dureté du quotidien sous la dictature, la misère et les privations, le manque de liberté, jusqu'à l'envie de produits élémentaires qui parfois déclenche la délation. Egalement, les informations sur la politique de natalité à outrance, et d'abandon forcé des bébés dans les orphelinats où ils étaient maltraités, souvent victimes de malnutrition et de violence, et qui a entrainé un trafic d'enfants et l'adoption de ces milliers d'orphelins à l'étranger.
Sol est un très roman dans lequel affleure une grande tristesse, faite de violence et de mutisme, car les années de silences laissent des traces jusqu'aux générations futures.

Lien : https://domiclire.wordpress...
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En abordant le sujet des apatrides, de la mémoire, des origines, ce roman s'annonçait passionnant mais m'a un peu perdu par sa construction…

Mais commençons par le plus important : je ne peux pas déconseillé la lecture de SOL tant le roman est ambitieux et bien écrit. La seule raison pour laquelle je n'ai pas réussit à m'y investir pleinement est personnel : les personnages ne m'ont pas touchés plus que ça, certain m'ont même énervés, et le sujet, aussi intéressant soit-il, ne peut forcément pas être totalement compris par quelqu'un qui ne l'a pas vécu. de fait, si je n'ai pas passé un mauvais moment avec ce roman, appréciant quelques moments de bravoure, et la qualité générale de l'écriture qui est même parvenu à me le faire lire trés vite, le destin de ces personnages ne m'a que peu toucher.

Divisé en 5 parties, le roman se déroule à des époques différentes, et sur deux générations. Il commence par suivre deux soeurs qui vont être amenés à quitter a Roumanie et va ensuite suivre la destinée et la descendance de chacune. le sujet des origines étant au coeur, on va suivre des personnages durement touchés par l'arrachement à leur patrie, et de maniére inconsciente dans le cas de la seconde génération. La maniére dont tout cela est écrit est, en tout honnêteté, remarquable, et je n'ai aucune doute sur le fait qu'une personne concerné y verra un excellent, voir un grand roman. Pour ma part, j'en suis resté un peu trop loin pour pourvoir l'apprécier, probablement, à sa juste valeur. Il n'en demeure pas moins que je le conseille et que je ne regrette pas de l'avoir lu !

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critiques presse (1)
Actualitte
10 octobre 2017
Avec SOL, Raluca Antonescu passe haut la main l’épreuve du deuxième roman.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Aline avait vieilli depuis la dernière fois. Cela lui apparut de façon frappante, et elle en ressentit une pointe de joie mauvaise. Sa soeur aussi vieillissait...Pourquoi fallait-il toujours qu'elle la croie au-dessus de tout ?
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Les odeurs véhiculent une charge émotionnelle très forte. L'odorat est le sens le plus puissant en matière de souvenir.
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Le mot "juste" est un mot qu'elle emploie copieusement, il tourne sur sa langue avec délice...Jamais elle ne le dit à la légère, elle respecte ce mot plus que nul autre et elle ne l'étalerait pas sans qu'il soit parfaitement approprié. Ses nombreuses années de militantisme l'ont confrontée à des désillusions, des erreurs, des aveuglements et tant de luttes de pouvoir. Mais toutes ces années lui ont aussi appris qu'il était nécessaire, encore et toujours, de se révolter. Et la conscience de cette nécessité était nichée profondément dans son histoire.
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"Didi..." commença-t-il enfin, utilisant son surnom de petite fille. Mais la douceur de sa voix ne la rassura pas. Cette douceur était une entourloupe, un serpent qui s'enroulait lentement autour de son cou. D'un coup, elle eut très peur, comme si elle savait déjà que ce qu'il allait lui demander serait impossible...
Elle se mit à pleurer...
Vous allez fuir, toi et Alina. C'est une chance inespérée...
- Si tu reviens, je te tue de mes propres mains, dit-il dans un souffle...
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Il enlève son casque et ses gants. Et maintenant quoi ?
Bien sûr qu'il en peut pas se souvenir de l'endroit. Il n'y a rien qui ressemble plus à un bout d'autoroute qu'un autre bout d'autoroute. Il s'attendait à quoi ? A des marques dans le bitume ? Des traces de pneus...
Quinze ans qu'ils sont morts et voilà ce qu'il reste : rien. Et il s'en fout. Les morts sont morts. Fin de l'histoire.
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