Ne vous fiez pas à la couverture effrayante, le contenu l'est encore plus ! LOL !
Une bien étrange rencontre du 3e type que nous conte ici le Sieur Dumé de Corse, mais je vous laisse le soin de le découvrir tout au long de ce roman haletant !
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- Cela signifie que la vie sur Terre - quelle que soit cette Terre par ailleurs; où qu'elle se trouve - est une terre de tourments. Il n'y a pas d'issue.
- Dans ces conditions, pourquoi cherchez-vous à tout prix à reconstruire une Terre ailleurs, si vous n'échappez pas à la souffrance? Si cette Terre doit disparaître, et avec elle l'humanité entière, pourquoi ne pas laisser s'accomplir ce destin?
- Parce que nous pensons qu'en prenant le contrôle des sarcophages, nous deviendrons pareils aux dieux. Ceux-là sont à l'abri des tourments et de la mort. Nous livrons donc cette bataille dans le seul but d'atteindre l'immortalité! Voilà la véritable raison d'être de l'opération EPI! Il n'y a qu'une seule alternative pour nous, colonel : la mort ou l'éternité. La vie ordinaire; la vie humaine, avec son lot de souffrances, n'est pas notre lot.
Le jeune garçon s'approcha de la fenêtre. Il colla son nez contre la vitre froide et aperçut, en contrebas, un grand cerf traverser le parc impérial en trottinant. Ses bois ressemblait à un arbre nu planté sur son crâne roux et soyeux. Le bel animal s'arrêta un instant et tourna la tête de côté pour observer Hun Tun du coin de l'oeil. Un bref éclat lumineux pulsa dans sa pupille noire ébène. Il disparut ensuite dans les bosquets verdoyants, d'un pas tranquille et majestueux. Le soleil, au levant, commençait à réchauffer le sol. Quelques rares nuages blancs s'étiraient dans l'azur. L'héritier sentit la main de Manteia se poser sur son épaule.
- Que vois-tu? souffla le précepteur.
L'enfant haussa les épaules, et le Majishan retira sa main.
- Je vois le parc impérial, sous les rayons du soleil levant. Il y avait un cerf, mais il est parti.
Josette baissa le regard, interpellée par la réponse de son mari. Ce n'était d'ailleurs pas tant la réponse en elle-même qui l'intriguait que la manière dont ce dernier s'exprimait. La façon dont il construisait ses phrases. Il était évident que l'homme qui lui faisait face en ce moment même n'était pas la personne qui vivait avec elle depuis quinze ans. L'homme qu'elle connaissait, son époux, Ange Mathieu Tramonti, pêcheur de son état, était un illettré, usant plus volontiers de grognements et d'onomatopées que des mots du dictionnaire de la langue française dont il ne possédait que quelques rudiments. L'individu qui se trouvait devant elle s'exprimait au contraire avec aisance. Son discours était solide, bien construit, cohérent. Comment son vocabulaire avait-il pu évoluer de la sorte?
Quelques minutes plus tard, l'officier revint et annonça à la jeune femme qu'il avait essayé de joindre Ange Mathieu sur sa VHF, en vain, mais qu'un hélicoptère partait d'Ajaccio pour un survol des lieux où aurait pu se trouver le pêcheur, d'après les indications qu'elle lui avait données. Il lui apprit aussi que la SNSM avait été avertie, et qu'une vedette était en partance pour remonter vers la Stagnola, depuis le port de Bonifacio, avec un médecin à bord : le docteur Corti. Josette hocha la tête, pour le remercier.
Les Aliunde s'étaient alors glissés entre les cercles tournants pour s'extraire de leur Arche et nous envahir, tels des cloportes sortant d'entre les interstices des planchers et des plinthes pour ramper sur le sol de nos maisons et les infester. Leurs faces hideuses n'étaient pas visibles, à cause de la nuit absolue, mais moi, je n'avais pas besoin de lumière pour voir leurs yeux mauvais. Je n'avais pas besoin d'un nez non plus pour sentir leur haleine fétide. Pas plus que je n'avais besoin d'oreilles pour entendre leurs voix rocailleuses, chargées de blasphèmes.