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EAN : 9791097491260
180 pages
Editions Baker Street (10/09/2019)
4.18/5   17 notes
Résumé :
Une femme, à qui les médecins ne donnent plus qu’une semaineà vivre, demande à son fils de lui lire le livre pour lequel il a toutabandonné, douze ans plus tôt. Cette lecture, qui ne tient pas dans quelques jours, va les mener plus loin, reculer les limites, par-delà tous les diagnostics et toutes leurs certitudes. Chapitre après chapitre, les mots retissent les liens défaits, repoussent l’échéance. Mais, est-ce vraiment la fin, ou déjà un peu de temps retrouvé ?>Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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"Elle peut en avoir pour quelques jours. Elle ne passera pas la semaine. C'est fini, je suis désolée." A l'annonce de la mort imminente de sa mère dont la maladie aura fini par prendre le dessus, le narrateur décide de satisfaire la dernière volonté de sa mère: lui faire la lecture du chef d'oeuvre de Marcel Proust, A la recherche du temps perdu. 9 volumes, quatre mille pages et seulement quelques jours devant eux... Se passe alors un phénomène inattendu: la lecture semble suspendre le temps, jour après jour, semaine après semaine, mère et fils se retrouvent, défiant la mort qui rôde aux alentours.
J'appréhendais la lecture de ce premier roman de Richard Apté, redoutant de devoir affronter mes démons passés lorsque ma mère se trouvait à la place de la mère du narrateur et que j'espérais trouver un moyen d'arrêter le temps, de pouvoir passer encore un peu de temps, juste quelques jours, avec elle. Que n'aurais-je donné alors pour suspendre le temps par quel que moyen que ce soit...
Mais je dois avouer que le Temps arrêté ne fait pas dans le pathos, au contraire. Il traite avec brio la question de la mort, mêlant littérature, musique, passé, espoir face un avenir incertain, nostalgie face au passé. le temps d'un roman, le temps s'est arrêté pour moi aussi, comme si une bulle venait de se refermer autour de moi ne me libérant qu'à la dernière page.
Merci aux éditions Baker Street pour avoir édité ce magnifique roman qui fait parti de ces pépites dont on ne parle pas assez en cette rentrée littéraire 2019. Et merci à Richard Apté d'avoir su trouver les mots les plus justes pour décrire ce qu'il est possible de ressentir face à la mort d'un de ces parents.
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Cet ouvrage est une belle parenthèse pleine de douceur qui ramènera le lecteur à ses propres expériences. En abordant le thème des derniers moments de vie d'un proche, l'auteur aurait rapidement pu tomber dans le sentimentalisme, mais il l'évite avec subtilité. La lecture n'est jamais lassante alors que les journées se répètent au rythme d'une inquiétude omniprésente et de l'attente.

Le diagnostic des médecins est sans appel, mais pourtant les nombreuses pages de 'La recherche du temps perdu' semblent reporter l'inéluctable. Au fil de la lecture, les échanges entre mère et fils restent naturels, parfois maladroits ou pudiques, et pourtant de part et d'autre, remplis d'amour.

Tout comme le fils qui voudrait repousser chaque jour la lecture des dernières pages de Proust, le lecteur sait inexorablement vers quel dénouement il se dirige. Le besoin de gagner du temps quand la fin est pressentie rappelle la nécessité de prendre le temps, tant qu'on en a.

A conseiller à tous les lecteurs sensibles au pouvoir des mots et aux liens qu'ils peuvent nouer.

Je remercie les Editions Baker Street & Babelio de m'avoir adressé ce roman dans le cadre de la Masse critique Littératures.
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Le narrateur est un inconditionnel de Proust et cette passion l'a éloigné de sa mère pendant un temps. Mais là, alors que la maladie s'acharne sur sa mère, la lecture de cet auteur qui joue les prolongations permet au narrateur de faire durer le temps à passer encore avec elle.
De mon côté, j'ai perdu un peu le fil de ce qui les relie chacun à cet auteur, mais j'ai aimé cette idée de vivre ces moments ultimes en lisant un auteur reconnu.

Un auteur prometteur.
Lien : https://partagerlecture.blog..
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Touchant et profond portrait d'une relation mère/fils, le temps arrêté est un roman surprenant à mi-chemin entre l'hommage littéraire et l'explication de texte déguisée. Qu'on aime ou non Proust, qu'on ait ou non lu "La recherche", sa "présence" n'est jamais gratuite (à part peut-être l'espace d'un chapitre, mais nous y reviendrons plus tard) et se justifie sans faire de l'ombre aux personnages de R.Apté. le lien entre ces deux protagonistes, on le devine très vite conflictuel, tendu. L'auteur a l'excellente idée de ne pas trop en dire, de resté flou même lorsqu'il donne des indices sur leur passé commun, pour que le lecteur puisse imaginer, y placer, ce qu'il souhaite et ainsi faciliter l'identification. Parce que la fin de cette mère malade est proche, on pourrait imaginer que leur différent ne trouvera jamais vraiment d'issue, mais c'est sans compter l'intervention de Proust, par l'intermédiaire de la lecture de la recherche, qui vient faire tiers dans leur relation.

Ce tiers est sujet à confronter des regards, matière à crever des abcès. Après avoir repris son fils sur sa prononciation et ses défauts de lecture, sur sa forme à lui, on rentre progressivement dans la forme de "La recherche", et dans le fond, surtout. Dès lors, l'oeuvre de Proust vient poser un éclairage nouveau sur ce duo mère/fils, sur leurs valeurs communes, les nuances ou même les différences qui vont les rapprocher, à la façon d'un filtre révélateur. A travers la lecture qui semble maintenir cette femme en vie, l'auteur aborde en filigrane le pouvoir presque magique de la littérature, voire ses vertus soignantes (à moins que ce ne soit le féru de bibliothérapie que je suis qui aime y voir cette interprétation). Qu'il s'agisse de Proust ou d'un autre auteur, on peut tous se reconnaître à travers le propos du narrateur dans l'impact qu'une lecture a pu avoir dans notre vie.

Proust n'est pas qu'un élément de l'histoire ; il semble avoir aussi influencé l'écriture de Richard Apté, qui lui emprunte son style minutieux pour capturer avec émotion et détails parfois des instants aussi courts qu'intenses : l'angoisse aseptisée des hôpitaux, un geste bref mais tendre de salut sur un pas de porte... Peut-être moins fortes, cependant, sont les évocations du passé, parfois trop concrètes pour émouvoir vraiment (là où un autre écrivain très Proustien, André Aciman, excelle littéralement, par exemple). Au fil de son roman et avec celui de Proust en miroir, R.Apté distille sa propre réflexion sur le temps qui passe et sur sa notion subjective, presque fantastique.

Il n'y a que lorsque "La recherche" prend trop le dessus sur l'histoire, lors d'un chapitre qui survient au deux tiers du livre, que le lecteur non proustien peut malheureusement perdre un peu le fil : le narrateur, dans la stricte analyse de texte, tourne en rond sur l'écriture de "La recherche du temps perdu", alors que la vraie richesse du roman dans le roman, c'est dans ce qu'elle apporte de plus-value à cette relation mère/fils! Malgré cette petite inégalité, le temps arrêté reste un premier roman très marquant par son audace et l'émotion qu'il dégage. Les dernières lignes, comme une métaphore du titre, viennent boucler la boucle entamée au début de la lecture, faisant de ce temps un cercle sans fin...

En bref : Un roman touchant qui utilise à bon escient l'oeuvre de Proust comme révélateur des aspérités d'une relation mère/fils forte en émotions. le temps arrêté, à la fois réflexion sur le temps qui file et sur la force de la littérature, pourra plaire qu'on soit ou non un lecteur du grand Marcel...
Lien : https://books-tea-pie.blogsp..
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Ce récit de l'amour absolu d'un fils pour sa mère, au point de vouloir prolonger sa vie grâce à la lecture, m'a bouleversée. Un défi acharné contre l'inéluctable, porté par le chef d'oeuvre de Proust, et que j'ai lu d'une traite. Je voulais savoir.
Cette mère et son enfant avaient vécus seuls dans une relation fusionnelle. Elle avait tout planifié pour lui -une carrière d'avocat, le piano, le mariage- et lui, suivait depuis toujours la voie qui lui était tracée. Jusqu'à la découverte de ce livre qui va balayer tous les projets, toutes les espérances. Dans les dernières heures de sa vie, condamnée par les médecins, elle cherche à comprendre ce que contient ce roman qui les a séparés douze ans plus tôt et lui demande de lui lire. Un livre impossible à lire en si peu de jours. Mais l'impensable se produit, de jour en jour la lecture recule l'échéance, entre le fils et le temps s'engage une course aux limites de l'épuisement et de la folie. Un seul mot d'ordre : prolonger cette lecture par tous les moyens. Une expérience qui va ébranler toutes leurs certitudes, et les faire se retrouver après les avoir séparés.
Je relirai le roman de Richard Apté pour en savourer l'écriture poétique, les passages piquants et pleins de tendresse. le propos est grave, les questions essentielles, mais le ton, très juste, n'en est pas moins empreint d'humour. Un questionnement sans fard, une quête de sens à travers une épreuve que beaucoup d'entre nous ont déjà connue. Un texte poignant sur la puissance des mots, qui donne envie de lire Proust.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Elle commence par s’étonner de l’épaisseur du livre:
-C’est drôle… Je n’ai pas pensé à te demander, hier… Je voyais ça plus long, La Recherche du Temps Perdu…
-Ça, c’est seulement le premier tome. Il y en a neuf comme ça.
-Oh… Et tu n’as pris que le premier?… Tu as paré au plus urgent, en somme? Tu as raison, pourquoi se charger pour rien?…
-La Recherche du Temps Perdu, c’est pas que le choc des images, c’est aussi le poids des mots et je suis en métro. Je t’assure qu’on a largement de quoi faire avec celui-là pour aujourd’hui. Je pensais peut-être en acheter un autre que je laisserais ici, si tu veux lire quand je suis pas là, mais j’ai pas eu le temps.
-Ne prends que le premier, surtout… Tu me diras combien je te dois. À moins que tu l’empruntes à la bibliothèque… Deux semaines, le prêt?… Ça devrait être largement suffisant…
Je me retiens de lui répondre « C’est même deux fois plus qu’il n’en faut, d‘après les médecins ». A la place, j’essaye ma respiration, à voix basse, sur les premiers mots que je vais lui lire, que je viens encore de relire dans le métro, front posé contre la vitre pleine de pluie.
-Bon, je commence.
Elle soupire, visiblement déçue par mon manque de réactivité. Même en situation d‘extrême urgence, on ne se débarrasse pas des vieilles habitudes, on les adapte. Contrairement à ce que je pensais hier, je dois me plier pleinement à la situation, m’abandonner corps et âme au décor de cette chambre. Sans quoi je risque, sous l’effet des mêmes ressorts de toujours, de planter encore entre nous ceux de nos vieilles querelles, d’oublier comme la veille le seul décor qui compte vraiment, celui où nous sommes aujourd’hui et qui change toute la donne. Face tournée vers le plafond, elle semble avoir fait son deuil d’une répartie qui ne viendra pas et goûte, un mince sourire aux lèvres, au récit des démêlées de tante Léonie avec sa pepsine de trois heures. À mesure que les phrases fusionnent avec ma lecture, comme s’il y avait de moins en moins de jeu entre elles, je glisse un œil vers le lit par-dessus le texte qui défile. Au gré des paragraphes, ses postures, ses expressions me renvoient l'écho des remous que soulève un tel texte sur un organisme acculé par ce qui le dépasse. Les longues méditations du narrateur sur le temps, les souvenirs, la maladie, la mort, ses aspirations déçues devant des clochers ou des aubépines, elle les accueille yeux et poings serrés, avec de lents hochements de tête recueillis. Elle que toutes les photos de son enfance montrent en écolière coquette et studieuse, on la croirait assise en classe, au premier rang, en train d’accueillir quelque vérité essentielle tombant de la bouche du prof. Certains passages plus anecdotiques voient sa tension se relâcher, ses mains s’affaissent sur les draps, sa nuque retombe dans l‘oreiller. Rire lui fait mal, ses rares départs de rires dégénèrent en toux, tous ses gestes tremblent d’un halo qui les met en italiques: elle suit les épisodes les plus légers avec un sourire contenu et parfois tout juste intéressé. D‘autres, elle les esquive purement et simplement. Lors de la scène de Montjouvain, tout le temps que la fille de Vinteuil et son amie jouent des doigts et de la langue, je pèse encore plus chaque mot et je ne la quitte pas des yeux. Les siens restent fermés, moins par fatigue, je le sais, que pour y être un peu moins. Elle coupe parfois d’un « Pourvu qu‘elle… » ou d’un « Ah non, alors!… » les circonstances où s’enlise tel personnage. De la même façon qu’on se surprend à penser pendant un film: Ne lui dis pas! ou: Si seulement il…, La Recherche du Temps Perdu cesse alors d’être pour elle un tout clos sur lequel il n’y a pas à revenir, pour déployer un éventail de possibles à partir desquels, en y mettant un peu du sien, ça aurait pu mieux tourner. Ainsi, elle apprécie beaucoup Swann, qu'elle trouve (contrairement à Charlus, ce gros porc!) séduisant et raffiné. Comme la famille du narrateur, c’est de ses fréquentations qu’elle trouve à redire:
-Il a fallu qu’il s’entiche de cette Odette! Un tel être tel que lui, qui pouvait avoir celle qu‘il voulait… J‘espère qu‘il va se reprendre. Ce n’est pas si facile de trouver chaussure à son pied, c‘est vrai… …Je n’ai jamais compris pourquoi vous vous êtes séparés avec Sophie, vous étiez faits l’un pour l’autre…
Cette façon d’actionner le texte comme une pompe à regrets lui fournit de nombreuses occasions d’allers-retours entre celui-ci et le fils d’une trentaine d’années qui lui en fait la lecture, assis à côté d‘elle. Tous ses crochets par ce fils impassible et résigné pourraient être regroupés sous un seul titre : « Tout ce pour quoi j'étais fait. » Sophie, le mariage, des enfants, une carrière de pianiste, une toge d'avocat. Je l'écoute décliner l'une après l'autre ses espérances déçues, prenant sur moi pour ne pas relancer, comme on attend sans s'énerver que quelqu'un cesse de parler pendant un film. Parfois, oubliant toutes mes résolutions, je lui emboîte le pas pour ne pas être en reste. Éventuellement, j‘en rajoute.
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Être à l’hôpital, c’est être à l’étranger. Un étranger dont on ne veut goûter ni à l’eau ni au contact des matelas sous sa nuque, un étranger dont on ne parle pas la langue et qui, à travers le charabia arbitraire dont il vous matraque dès votre arrivée, commence par vous dépouiller de la votre. L’écriture de Proust nous a redonné une langue pour parler entre nous, une autre langue que celle qu’on parle ici et que celle qu‘on parlait jusque là, ma mère et moi. Elle fait infiniment plus que ça. 1200 pages et ma mère est toujours vivante, vivante contre tout pronostic. 1200 pages dont la moitié ne trouvent pas d’explication dans le temps de l’autre côté, n‘ont aucune raison d‘être en vertu des commandements de cet endroit. La Recherche du Temps Perdu est la perfusion qui maintient ma mère en vie, le fil qui la guide contre toute attente depuis des semaines à travers l'incompréhension et la souffrance, tandis que dans son bras s’enfonce l’autre tuyau qui maintient cette vie à un niveau de souffrance raisonnable. Ce fil, elle n’a aucune raison de le lâcher tant que le livre ne sera pas refermé. Alors, dans ces moments où elle sombre d’un coup dans le sommeil, comme un éboulement de terrain qui laisse soudain affleurer l’autre visage, je ralentis ma lecture. Pour économiser des pages et du temps, sans jamais rompre le fil dont tout dépend. De cette lenteur, les mots tirent une profondeur supplémentaire, comme s’ils s’ouvraient un peu plus à moi, et je ralentis encore. Parfois, un soupir m’informe que ma mère a rouvert les yeux et qu’elle commence à trouver le temps long:
-Pfff… Tu es en train de le lire ou de l’écrire, ce passage? C’est sans doute à ce rythme que Proust l’a rédigé, mais maintenant qu’il l’a fait une fois pour toutes, on pourrait peut-être passer à la vitesse supérieure. Je t’assure, on s’endort…
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La recherche du temps perdu est la perfusion qui maintient ma mère en vie, le fil qui la guide contre tout attente depuis des semaines à travers l'incompréhension et la souffrance, tandis que dans son bras s'enfonce l'autre tuyau qui maintient cette vie à une niveau de souffrance raisonnable. Ce fil, elle n'a aucune raison de le lâcher tant que le livre ne sera pas refermé.
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Ça se passe comme ça avec les livres : on en lit un, qui vous parle d'un autre et on se retrouve avec une pleine bibliothèque à pas savoir où donner de la tête.
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L'écriture de Proust nous a redonné une langue pour parler entre nous, une autre langue que celle qu'on parle ici et que celle qu'on parlait jusque-là, ma mère et moi.
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