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EAN : 9782081451100
208 pages
Flammarion (09/01/2019)
3.74/5   35 notes
Résumé :
"J'avais dix ans lorsque je suis sorti de l'enfance."
Devant la voiture chargée jusqu'à la gueule, Alexandre comprend qu'il part en vacances, seul avec son père. Il n'a aucune idée de leur destination : qu'importe, il espère se rapprocher de cet homme taiseux qui l'impressionne et glaner enfin quelques signes d'affection. Le temps d'un été, Alexandre va devenir Habib, son vrai premier prénom qu'il n'a jamais utilisé en France, traverser la mer, découvrir d'où... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Après la mer est un roman autobiographique et, autant être franche, son sujet n'est pas parmi mes préférés. Dans ce cas, il part avec un bon handicap et l'auteur doit s'avérer vraiment très fort pour m'intéresser. S'il n'a pas réussi à me passionner, je suis tout de même allée au bout et ça, c'est grâce à l'écriture d'Alexandre Feraga, fluide, sobre, équilibrée, agréable à suivre. Si l'histoire ne m'a pas passionnée, c'est qu'elle est à la fois très personnelle et qu'elle appartient à un thème énormément traité en littérature. L'auteur revient sur ses failles, qui prennent source l'été de ses dix ans lorsque son père, sans crier gare, l'emmène en vacances en Algérie, dans sa famille. Lui seul alors que ses frères et soeurs, maillons disparates d'une famille recomposée restent avec sa mère en France. Un long voyage en voiture, puis en bateau, une proximité inédite avec ce père plutôt avare de tendresse, la découverte d'un autre monde et de son 2ème prénom, Habib. L'apprentissage se révèlera douloureux, et certainement à l'origine du besoin d'écriture de l'auteur.
Alexandre Feraga traite tout ceci avec une certaine délicatesse, sans masquer la cruauté des adultes qui tiennent à imposer leurs traditions, leur culture à un gamin sans même lui demander son avis. Faisant ainsi toucher du doigt la difficulté de se forger une identité, tiraillé entre deux cultures, maltraité parfois au nom des origines, de l'appartenance ou de la famille.
Tous ceux qui goûtent ce genre de témoignage trouveront ici un livre plutôt bien fait dans son genre et en tout cas, une jolie plume.
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"Après la mer" est l'histoire touchante d'Alexandre, un petit garçon de dix ans, qui n'est autre que l'auteur lui-même. Dès les premières pages , le lecteur se laisse emporter par sa sensibilité et sa fragilité. Parti seul avec Mohammed, son père, dans une voiture hyper chargée, il n'a aucune idée de leur destination. Mais cela n'a pas d'importance car pour une fois, il a son père pour lui tout seul, ses demi-frères et soeurs sont, eux, restés à la maison. Il espère, ainsi, recevoir son attention, son affection, lui qui est toujours si distant et qui ne s'exprime que par proverbes et expressions.
Durant ce périple, le père le prénomme Habbib alors que personne ne l'a jamais appelé ainsi en France. Mais il ne pose pas de question. Il obéit, également, quand celui-ci lui apprend l'arabe, espérant éveiller son admiration. Habbib comprend très vite qu'ils vont en Algérie retrouver ses grands-parents. Dans ce pays qui lui est inconnu, il voit son père se transformer en fils aimé qui honore ses origines. Habbib veut, lui aussi, qu'on soit fier de lui même si pour cela il doit se goinfrer des nombreuses pâtisseries de sa grand-mère et subir la sévérité d'un grand-père pour qui seule l'honneur compte. Habbib vit, alors, comme un prince, il est au coeur de toutes les attentions. Ce statut de privilégié lui fait oublier pourquoi il est là, pour combien de temps et surtout pourquoi il est le seul membre de la famille que son père a emmené avec lui. Durant cette parenthèse de bonheur, il va essayer d'en savoir un peu plus sur le passé de son père. Mais par peur d'être déçu, il fera comme toujours, il se racontera des histoires. Il pense, aussi, à sa mère, restée en France, dont il ne comprend pas la soumission à son père, cet amour qu'elle a pour lui et qui a toujours eu l'effet d'un poison sur elle. En pensant à ses deux parents, il essaie d'être à la fois Alexandre et Habbib. Mais ses grands-parents ont un autre projet pour lui. En fait, le but principal du voyage est la transmission des traditions. Alexandre a toujours voulu être aimé pour celui qu'il est. En se taisant, son père l'a privé d'une partie de sa vie. Il devra, donc, apprendre à jongler avec ses deux identités, à dire d'où son sang coule. En lisant ce beau roman, on est plongé dans un autre monde, celui de l'Algérie.
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Après la mer, roman autobiographe et récit initiatique tout à la fois, raconte le difficile passage de l'enfance vers l'âge adulte d'Alexandre, fils d'une française et d'un algérien (Mohamed devenu Maurice pour s'intégrer), qui perd ses illusions et son innocence en embarquant vers l'Algérie où son père va le confier à ses grands-parents le temps d'un été.
Un été, à la fois tendre et infiniment cruel, pendant lequel Alexandre (devenu Habib pour plaire à la famille paternelle) expérimente un retour aux origines qui s'achèvera dans la douleur.
«J'avais traversé la mer pour effacer tous les péchés de mon père. Son occidentalisation à marche forcée, la dilution de son identité, le reniement de sa culture.»
Après la mer, au-delà des souvenirs autobiographiques, évoque aussi la question de la double-identité et de l'intégration : Alexandre le français et son double, Habib l'algérien, qui jonglent avec cette dualité, ce fragile équilibre.
J'ai beaucoup aimé la plume d'Alexandre Feraga, sobre mais tendre, et la façon dont les personnages de ce roman très personnel prennent corps et dévoilent leurs failles.
Un beau roman qui m'a beaucoup touchée par sa sensibilité.
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Sortez les valises je vous emmène en voyage !

Cela pourrait être l'accroche pour ouvrir ce roman car ici le voyage est au centre du texte.

Alexandre qui deviendra Habib lors du passage de la frontière (ou presque) va changer et apprendre ce qu'est parfois la vie alors qu'il n'a que 10 ans.

Grâce à lui nous allons prendre ce bateau qui attend en bas de la France et nous allons parcourir non pas seulement un voyage touristique mais bien un voyage initiatique.

Avec Alexandre vous n'aurez pas faim. A peine arrivé en Algérie, sa grand-mère paternelle va s'employer à le remplumer et peu importe qu'il ait faim ou non. Il faut qu'il mange, c'est le signe que tout va bien.

Puis vient le temps des rencontres, des découvertes, celles avec ses cousins, ses grands-parents, et celles avec son père surtout.

Alexandre pense qu'avant tout il va découvrir celui qui est si silencieux en France, qu'il va pouvoir s'en rapprocher et établir une vraie relation filiale, qu'il va apprendre de l'univers de son père qui est finalement aussi inscrit dans son ADN.

Dans le récit on découvre aussi un bel hommage à la maman d'Alexandre. Il se pose des questions sur les choix de vie de ses parents et sur cette double culture qu'il porte en lui mais qui ne lui est pas expliquée. Il devra apprendre par lui-même et rester attentif à tout ce qui l'entoure.

Ce voyage ne lui fait pas spécialement peur même si la rudesse de certains gestes lui fait comprendre qu'il n'est pas en position de toute-puissance. C'est un peu ce qu'on peut croire quand il arrive en Algérie. En fait, par l'oeil d'Alexandre nous assistons aussi à la découverte des failles de sa famille.

C'est un roman de transmission, d'éclaircissements aussi sur ce que l'enfant attend de ses parents et qui parfois ne vient pas. Ce livre est rempli de promesses, celles qui se réalisent et celles qui ne sont pas tenues.

C'est un récit autobiographique tout en sensibilité de part l'écriture mais aussi par les sentiments qui sont évoqués. Certains non-dits sont sources de réflexion et Alexandre nous emmène avec lui explorer ce qui l'a construit.

J'ai trouvé le roman touchant car Alexandre perd son innocence le jour où il part vers cette famille qu'il ne connaît pas mais il va gagner une maturité qui lui servira pour toujours. J'ai ressenti les sensations de l'enfant au travers des mots de l'adulte et cela rejoint ce qu'on entend souvent "l'enfant est toujours tapi quelque part au fond de nous et ne demande qu'à resurgir".

Certains détails de l'histoire personnelle de l'auteur semblent se résoudre et à d'autres moments c'est comme s'il y avait ce besoin de régler des comptes et que l'enfant n'avait pas réussi à exprimer auparavant. J'ai beaucoup aimé le regard posé sur l'intégration et sur les conséquences pour Alexandre / Habib.

L'ensemble est très agréable à lire et les pages s'enchaînent sans qu'on ne s'en rende compte. J'ai aimé la plume d'Alexandre car bien qu'un peu éloignée de cette double-culture j'ai eu l'impression d'être en totale harmonie avec lui et d'avoir embarquée à bord de ce bateau aussi.

Un voyage qui ne vous laissera pas indifférent !
Lien : https://leslecturesdelailai...
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On ne nourrit pas un enfant de silences. Alexandre Feraga le sait. de son père taiseux et mystérieux et de sa mère soumise (la condition de la femme est un thème qui reviendra souvent d'ailleurs), il ne sait pas grand chose. Au milieu d'une famille recomposée où rien ne se dit, il ne sait pas trouver sa place. Ou plutôt, on ne lui donne pas. Battu, malmené par ses demis (frères et soeurs), ignoré par les autres, le jeune garçon se construit sur ce qu'il imagine de sa famille et de ceux qui la composent.
L'été de ses 10 ans, sans en avoir été averti, c'est le départ pour l'inconnu qui viendra le cueillir. En voiture avec son père, il part pour un voyage aux airs de guet-apens jusqu'en Algérie, vers des racines qu'il ne connait pas. En route, il deviendra Habib. Son prénom confisqué, il découvrira un nouveau morceau de lui dans les montagnes algérienne. Une autre famille, une autre culture, une religion.
C'est un enfant morcelé, à qui l'on ne dit rien ou presque, et qui se retrouve à la confluence de ses deux luis. C'est l'histoire d'un fils qui cherche son père et des preuves d'amour dans le moindre geste, d'un enfant qui cherche qui il est. D'espoirs en déceptions, il devra se construire seul, sur des morceaux d'histoires et de famille glanés, devinés ou arrachés à ces adultes qui ne disent rien, comme un fleuve nourri uniquement des eaux de pluie. C'est l'histoire des mots qu'on ne dit pas, de ceux qu'on dit mal. C'est la quête du "d'où viens-je" pour savoir "qui suis-je".
Alexandre Feraga écrit avec le coeur et ça a touché le mien. D'une plume fluide, intelligente et sensible, il s'écrit, se livre et nous offre un beau roman sur l'enfance et sa fin subi(t)e, les difficultés de la double culture et le poids de la religion. C'est un roman dont on a peu parlé à sa sortie en Janvier mais qui mérite vraiment d'être lu et je suis ravie de l'avoir fait, ça m'a permis de faire une belle découverte.
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critiques presse (1)
LeMonde
13 janvier 2019
Roman initiatique, Après la mer se lit comme une réflexion profonde sur la double identité.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Nous aurions pu passer une autre nuit à l'hôtel, rien que lui et moi, mais il avait préféré mettre des inconnus entre nous. Si nous étions tous les deux échoués sur une île déserte, et si j'étais le seul être humain présent, il ne me laisserait aucune chance de devenir son Vendredi, il ferait en sorte d'être plus intime avec un chat sauvage ou un bouc.
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La parole est ce qu'il y a de plus important au monde. Mais parfois, il faut aussi apprendre dans le silence.
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Il m'a privé d'une partie de ma vie, parce que le monde naît aussi par la bouche.
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Videos de Alexandre Feraga (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Alexandre Feraga
"Après la mer" - Alexandre Feraga
Devant la voiture chargée jusqu?à la gueule, Alexandre comprend qu?il part en vacances, seul avec son père. L?occasion, pense-t-il, de glaner de cet homme enfin quelque signe d?affection. le temps d?un été, Alexandre va devenir Habib, traverser la mer, découvrir l?Algérie et prouver à ses grands-parents que leur aîné n?a pas renié ses origines. Mais le but de ce voyage se révèle, au fur et à mesure, plus inquiétant. Avec la tendresse et la cruauté qu?on a pour le passé qu?on enterre, Alexandre Feraga signe le roman de la fin d?une enfance. En librairie le 9 janvier 2019 https://bit.ly/2ECqeW5
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