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3,36

sur 229 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le chef d'orchestre est beau. Et puis, il n'est pas mauvais, ce qui ne gâte rien. En fait, il a tout; il perdra donc beaucoup. Salieri s'indignait de ce que le divin Mozart fût selon lui un gamin vulgaire. Arditi ne s'indigne ni ne s'étonne et dresse le portrait d'un coeur sec pourtant capable de submerger d'émotion ceux qui l'écoutent. Alexis Kandilis s'ennuie de plus en plus en conduisant l'orchestre mais son professionnalisme renverse tout. Ses admirateurs ne sont pas de faux mélomanes trompés par une réputation usurpée: non, l'exaltation des auditeurs ne se mesure pas à l'enthousiasme du maestro.
Certes, une contrariété peut aider. Kandilis dirige l'orchestre avec une ferveur poignante? C'est qu'il vient de se faire humilier et se demande comment reprendre la main. La musique est un art sublime, nous dit Arditi. Mais n'idéalisons pas celui qui la crée: Les chants les plus beaux sont peut-être les plus désespérés mais le désespoir peut naître de chaussures trop étroites et ne doit rien à la belle âme.
Kandilis est devenu chef d'orchestre pour avoir gloire et reconnaissance: la faille narcissique est la même pour tous ceux qui aspirent à commander et les musiciens ne sont pas faits d'une autre étoffe que les généraux, les chefs de parti ou les capitaines d'industrie (comme on dit quand on a un peu honte).
Et quand la musique se fait moins bonne fille, le musicien cesse de diriger pour mieux jouer : la roulette, croit-il, finira bien par lui obéir au doigt et à l'oeil. Erreur funeste : Kandilis perd femme, mère, argent , pouvoir et illusion. Mais gare au fantasme de l'artiste maudit qui renaît de ses cendres ! Kandilis, dépossédé de tout, renoue avec la musique : Ah ! Frappe-toi le coeur, c'est là qu'est le génie ?
La morale de l'histoire est tendrement cynique : mettez les pervers narcissiques à la musique. Les saloperies qu'ils feront auront un peu moins d'impact que s'ils écumaient d'autres milieux. Et à leur coeur défendant, ils pourront vous rendre heureux. Parce que la musique se fiche de qui la sert : « … il s'élevait à cet instant de la salle un extraordinaire bonheur de vivre. »
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"Prince d'orchestre", ou le récit d'une chute...

Avec ce roman, Metin Arditi brosse le portrait d'un chef d'orchestre au faîte de sa gloire qu'un simple mouvement d'humeur (l'humiliation de l'un de ses musiciens), combiné à un tempérament méprisant et hautain, précipite brutalement dans les abîmes.

J'ai trouvé pertinente et sensible l'analyse de ce caractère éminemment narcissique et auto-centré, de ses failles secrètes et de son orgueil d'enfant blessé ; et j'ai beaucoup aimé également ce portrait de musicien au talent exceptionnel, sa relation si profonde et si juste à la musique et aux oeuvres, et l'immersion au coeur du travail de direction d'orchestre que nous propose Metin Arditi.

La dernière partie du roman, en revanche, m'a laissée pour le moins dubitative... Qu'est donc allé faire Arditi dans la galère de ce trio amoureux ("amoureux" ?) parfaitement improbable, et qui ne m'a pas convaincue une seconde ?...

"Prince d'orchestre" restera cependant pour moi une lecture agréable, un "moment musical" dont je garderai un bon souvenir.
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Dans " le Turquetto," Metin Arditi parlait de peinture avec l'assurance et les connaissances d'un spécialiste, dans ce roman, il nous plonge dans l'univers de la musique, un monde qu'il connaît bien. On assiste à la chute vertigineuse d'un compositeur devenu chef d'orchestre , sur l'insistance de sa mère, dans le but d'obtenir la gloire. Mais comment faire lorsque le succès n'est plus ?

Alexis Kandilis est un célèbre chef d'orchestre de renommée mondiale, c'est aussi un homme odieux, imbu de sa personne, qui aime traiter les autres comme des moins que rien – ce qui lui paraît le plus normal du monde puisque les autres ne sont rien par rapport à lui. Il est au sommet de son art et exige que chacun le traite comme la personne la plus importante qui soit. Pour toucher à la "gloire absolue", il lui manque juste de décrocher enfin l'enregistrement du"coffret du siècle", dit le B16, à savoir l'essentiel de Beethoven dont la vente estimée à un million de disques s'ajoutera à celle de la trentaine de CD que le Maître a déjà à son actif. Or le Maestro n'est pas sans failles ni faiblesses. L'air obsédant du Chant des enfants morts de Mahler lui revient ainsi à tout moment, rappel d'un accident en son enfance. Et puis son orgueil ombrageux lui joue des tours. Une mauvaise critique dans la presse et, surtout, l'humiliation en public de l'un des musiciens de l'orchestre qu'il dirige, auront raison de sa notoriété. Kandilis sera déchu. À partir de ce moment, les musiciens , comme un seul homme, n'auront de cesse de l'humilier à leur tour. Lorsque l'on blesse l'un d'entre eux, ils réagissent tous ensemble contre la personne mal intentionnée. Kandilis va rapidement tomber de son piédestal et sa chute sera vertigineuse. On met des années à atteindre le sommet, mais le moindre faux pas peut nous faire sombrer très rapidement. Saura-t-il faire face à ses fragilités et devenir un autre ?

Laissez-vous emporter par ce roman et par sa fin inoubliable. Sans rien dévoiler, je peux vous assurer que vous serez envoûté par la musique présente tout au long du récit. Ce texte sonne comme une partition. Les mélodies nous envahissent malgré nous avec grand plaisir. de cette écriture rythmée, nous suivons Kandilis, sommes témoin de ses mauvais choix, conscients contrairement à lui des mauvais sentiers qu'il emprunte. On ne peut pourtant s'empêcher de le suivre à chaque pas, conduit par l'auteur qui devient ici lui-même, le chef d'orchestre de son roman.

Metin Arditi affirme une nouvelle fois sa puissance narrative et sa profonde expérience de la fragilité humaine, telle que la transcende, et s'y régénère, l'inépuisable sacralité de l'art. Il signe un roman puissant et hypnotique.
De quoi laisser le lecteur interdit devant la fatalité du destin d'Alexis Kandilis !






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Pourquoi à un certain moment casse-t-on son jouet ?
Alexis Kandilis a tout. Adulé par tous, homme séduisant, beau mariage, chef d'orchestre de renommée internationale, il est au sommet de son art. Puis, un grain de sable ; un refrain entêtant et angoissant, celui des enfants morts de Gustav Mahler, une réflexion très désagréable à un membre de l'orchestre et tout s'emballe.
Alexis Kandilis, lorsqu'il parle de son art, ne donne pas l'impression d'un amour partagé. La musique est au service de son prestige, mais lui ne semble par être au service de la musique et, l'amour à sens unique ne dure qu'un temps. Il se lasse de la musique et elle, à travers les musiciens de l'orchestre, se lasse de lui. « L'émotion que ressentait Kandilis était d'une autre nature. Une émotion feinte, qu'il avait appris à mimer avec talent. »
Quelque chose cloche chez ce grand chef d'orchestre. le succès ne peut expliquer à lui seul, sa morgue, son mépris, son arrivisme, son besoin de séduire et d'être aimé…. Ah, voilà, il a ce besoin énorme d'être aimé….. Car il cache une grosse blessure en lui. La vie l'a blessée, il a pris soin de mettre beaucoup de pansements dessus, mais un jour…. Les points de suture ont lâché et la voilà à vif qui le dévore, mais il est trop tard.
Pour essayer de survivre, il se lance à corps perdu dans le jeu, mais il se perd un peu plus, la chute n'en sera que plus dure et il paie le prix fort pour son arrogance, sa méchanceté gratuite et blessante.

Certains vont essayer de le sortir de cette spirale infernale en l'entourant d'amour, d'amitié, le tenir à bouts de bras. Il pense lui-même revenir au premier plan de la notoriété par ses compositions, mais, las, la Faute est toujours là ! il reçoit le camouflet de trop et ce sera la chute dramatique.

Que penser de Sacha et Menahem qui semblent être les doigts du destin ? Que penser de la fin, toujours le destin ??? La mort de l'un pour la renaissance de l'autre ??? Toutes les portes du hasard, de la destinée nous sont ouvertes.

Quel récit ! Metin Arditi nous offre une partition tragique et flamboyante où il dépeint avec une grande justesse la fragilité humaine et y parle si bien de l'Art.

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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La chute d'un homme est d'autant plus vertigineuse quand elle se produit à partir du point le plus haut. Que l'on pardonne ce truisme mais Prince d'orchestre parle bien de cela : de la gloire à l'oubli, il n'y a souvent qu'un (faux) pas. Il est très antipathique le héros de Metin Arditi. Chef d'orchestre qui n'aime pas son "métier", imbu de lui même, arrogant, vaniteux, méprisant pour ceux qui ne sont pas à la hauteur de son art. Un grain de sable et tout se détraque. Adieu veaux, vaches, concerts. le romancier suisse, s'il humanise quelque peu son personnage dans son déclin, n'en fait pas pour autant un saint. le portrait psychologique est fin, comme toujours chez l'auteur, et la moindre de ses réactions analysée avec une acuité remarquable. En contrepoint, Arditi décrit l'entourage du chef d'orchestre déchu avec maestria et lui fait rencontrer des personnages attachants, deux lesbiennes et un homme au chevet de son fils dans le coma, par exemple, dont la bonté le sauveront peut-être. le livre va tout droit vers un final tragique mais entretemps il s'aventure dans des zones inattendues comme le monde du jeu, sans jamais perdre de vue l'essentiel, le coeur de son matériau narratif. La maîtrise avec laquelle Metin Arditi conduit son roman est irrésistible et époustouflante. Une symphonie menée rapido con brio. Qui s'achève en marche funèbre.
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Les romans de Metin Arditi mêlent agréablement art et littérature et c'est un plaisir de le lire lorsqu'il crée un personnage de chef d'orchestre, sans doute inspiré de son expérience personnelle.
Alexis Kandilis est un chef d'orchestre brillant, talentueux, au sommet de sa gloire. Mais il est aussi colérique, acariâtre, insupportable et parvient, d'une simple mais cruelle remarque, à liguer tout un orchestre contre lui et à précipiter ainsi sa carrière dans l'abîme.
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Alexis Kandilis est un brillant chef d'orchestre, acclamé par tous, reconnu dans le monde entier. Jusqu'au jour où...
Pointilleux, il s'en prend lors d'une répétition à l'un de ses musicien s avec des termes peu élogieux. Celui-ci se venge et la presse s'accapare de l'histoire. On perçoit Alexis avec un autre regard. Les gens reculent, les concerts s'annulent. C'est la descente aux enfers.
On devine dès le départ qu'il y a aussi un secret, quelque chose dans le passé D Alexis qu'il ne faudrait pas révéler. On suppose alors que ce passé va le rattraper et on attend.... Suspense.
Tout en ayant pitié pour cet homme, j'ai eu toutefois un peu de difficultés à m'y attacher. Etant moi-même musicienne, je me suis mis à la place de ses musiciens.
Il y a un passage qui exprime aussi le fait qu'il n'a jamais été un grand amoureux de la musique mais la musique est venue à lui. Il est donc arrivé à la notoriété sans difficulté, ou presque. Cela dévalue encore plus le personnage.
La fin m'a fait changer d'avis. Le personnage est vraiment talentueux mais fou... Et snif...
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C'est livre qui se lit assez vite, malgrè que l'on soit un l'univers musical ; les chapitres qui décrient les concerts, dirigé le maitre n'est pas rébarbatif ; la novice que je suis, en la matière, m'ont laissé des moments d'incompréhension, mais cela ne gène pas.
Quand le maitre dirige son orchestre, on lit des passages plus techniques mais cela sont peu nombreux ; car très vite, Alexis paye pour son orgueil et sa carrière dégringole aussi vite, qu'il est devenu un prince d'orchestre.
Malgré ses épreuves, il restera un homme fier et odieux ; le lecteur est, à la fois outré et heureux de son malheur.
J'ai bien aimé cette lecteur qui parle du hazard de la vie, et de sa justice ; la fin apporte un moment de bonheur et une morale reconfortante.
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Ouf, l'oeuvre est bien écrite, mais pas facile, car le personnage principal n'est pas du tout attachant, le côté sombre l'emportant sur le côté lumineux. Alexis Kandilis est un chef d'orchestre réputé et au sommet de sa gloire, mais une indélicatesse entachera sa réputation. Il est en effet arrogant et imbu de lui-même et s'ensuivra une déchéance irrémédiable. Seul Menahem, un peu philosophe, nous permet de garder espoir.
L'oeuvre est un peu mêlante au début, car il y a beaucoup de personnages, mais on finit par bien se débrouiller. Arditi nous amène tranquillement à comprendre les raisons de son comportement. Belle analyse psychologique, mais le roman est un peu déprimant si on songe aux répercussions de ses gestes sur les autres.
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Alexis Kandilis est un chef d'orchestre renommé et très recherché. Chacune de ses interventions est un triomphe et son programme de tournée ne désemplit pas.
Il aime être le chef, celui qui décide de tout !
Alors qu'il est au sommet de sa gloire, lors d'une répétition, il commet une indélicatesse en se moquant d'un remplaçant. Sa réputation s'en retrouve ébranlée et avec elle, petit à petit, toute sa vie va être remise en question.
Des blessures anciennes refont surface le rendant de plus en plus vulnérable. Lui qui au fond n'a jamais été très sûr de lui, va se mettre à douter comme il le faisait souvent durant son enfance.
Amoureux de la musique depuis son jeune âge, il rêvait de devenir compositeur, mais sa mère orgueilleuse et ne pensant qu'à la gloire, est parvenue à l'en dissuader. Elle a continué toute sa vie à le persuader qu'il était le meilleur, le poussant à être toujours plus fort, au détriment de son bonheur et de son épanouissement personnel.
A partir du moment où l'information de son infortune commence à paraître dans les journaux, le beau chef d'orchestre au charisme et à la grâce indiscutable, est livré en pâture à ceux qui n'attendaient que ça...ce revers insidieux du destin.

Voilà un roman qui fait réfléchir sur la vie et le destin ainsi que la part d'imprévisible que la vie apporte à chacun de nous.
Le personnage d'Alexis n'est pas du tout sympathique. Il méprise son entourage, et ne s'excuse jamais même lorsqu'il s'aperçoit qu'il a blessé un de ses proches. Il est très souvent agressif au point que même sa famille redoute les repas ou réunions en sa présence. de plus, il est tellement narcissique et imbu de lui-même, qu'il préfère accuser la terre entière de ses problèmes, plutôt que de se remettre en question.
Son obsession pour "le chant des enfants morts" de Gustav Malher qui tout au long du récit revient le hanter, fait pressentir au lecteur quelques secrets qui ne manqueront pas d'être dévoilés au fil des pages.
Néanmoins, le fait qu'une simple remarque remette en question toute sa carrière, et qu'il en soit tellement fragilisé qu'il se mette à jouer tout son argent dans les Casinos, à fuir sa famille, et à s'enfermer dans la solitude loin du monde, nous le rend davantage sympathique.
Mais il n'en profite pas pour autant, pour réfléchir à ses actes et à son comportement égoïste et cynique.
Sa rencontre avec Menahem Keller qui veille quotidiennement sur son fils, avec patience et philosophie, en espérant que celui-ci sorte un jour du coma, nous laisse entrevoir qu'Alexis est capable d'empathie et qu'il est tout près d'arriver à changer son regard sur les autres...mais ses démons vont reprendre le dessus, ses plaies jamais refermées ne demandant qu'à le faire saigner à nouveau.

A lire si vous êtes passionnés de musique...
J'ai lu ce roman avec plaisir tout en étant moins enthousiaste que lors de ma lecture de "L'enfant qui mesurait le monde" du même auteur.
La dernière partie en particulier m'a paru bien trop longue et finalement sans grand intérêt. Elle n'apporte rien à cette descente aux enfers sinon de nous montrer qu'un personnage aussi passionné peut à tout moment sombrer dans la folie...
Lien : http://www.bulledemanou.com/..
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