Après avoir découvert le commissaire Joseph Morgeon dans « La Roche des Celtes » et m'être régalé des six enquêtes de terroir qui y sont développées, j'ai eu envie de continuer l'aventure avec ce personnage sympathique. Six nouvelles histoires, qui n'ont parfois de policières que les toutes dernières pages, mais nous font respirer le bon air du Vivarais. C'est qu'il l'aime son Ardèche notre brave commissaire, surtout lorsqu'il peut assouvir sa passion de la pêche, ou s'attarder à une table bien garnie en produits locaux dont la consommation a une influence des plus bénéfiques sur son moral. Une de ses charmantes voisines n'a d'ailleurs pas hésité à lui décerner la décoration des 3 G « gourmet, gourmand...et goinfre ».
Ce « célibataire né » apprécie la compagnie des femmes, qu'il se fait fort de protéger lorsqu'il leur prend l'envie d'enquêter sur une disparition pour écrire un livre, ou qu'une amie d'enfance se trouve accusée de meurtre. Lorsque ce sont des jeunes filles qui ont besoin de son aide, une fibre paternelle, enfouie depuis des années car pas assez puissante pour l'avoir décidé à « prendre femme et procréer », refait surface. Même si ses enquêtes se font le plus souvent dans la douceur et sans brusquerie, les sentiers où le commissaire semble folâtrer, selon les termes de l'auteure, le conduisent toujours « à la grand-route où marche l'assassin ».
Suzanne de Arriba nous propose une belle balade dans une belle région, à la découverte de lieux aux noms évocateurs et mystérieux tels que Passe-Renard, La Roche du Druide, le Clos Sauvage, ou la Grenouillère. Cette lecture fut pour moi un plaisir des sens, des mots, et des émotions. On ressent l'attachement de l'auteure pour sa région et ses personnages, à l'image d'un Joseph Morgeon qui gagne à être connu.
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Morgeon s'était levé du pied gauche. La glace pas nette du cabinet de toilette lui avait renvoyé un reflet qu'il avait détesté. Il se trouvait ordinaire, pour ne pas dire minable. Il ne reconnaissait plus ce visage gris, ces yeux par la fatigue, rougis par l'abus du tabac. Il haïssait ses vêtements démodés fripés. Il but son café tiède et il avait horreur de ça ! Les biscottes s'étaient émiettées le beurre ne s'étalait pas. Le transistor débitait des actualités moroses. Il l'éteignit et sortit.
Sale journée, sale temps, sale bled, grommela le commissaire Morgeon en se dirigeant vers sa voiture. Sale pays ! reprit-il, mais cette fois il y avait dans le ton quelque chose d'affectueux, et pour rien au monde Morgeon n'aurait voulu changer de région.
Découvrez nos romans grands formats, nos poches et nos polars de ce début d'année:
• Roger Poux, "Les Enfants peuvent tout entendre" (collection le chant des pays)
• Frédérique-Sophie Braize, "Paysannes de montagne" (Souny Poche)
• Pierre Brocchi, "Aucun répit" (collection Plumes noires)
• Suzanne de Arriba, "Un Ange égaré sur la terre" (collection le chant des pays)
• Nelly Buisson, "La Théière anglaise" (collection le chant des pays)
• Yveline Gimbert, "Le Venin de la terre" (Souny Poche)
• Brenda Lee O'Ryan, "La Gamine au débardeur rouge" (collection Plumes noires)