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EAN : 9782849501566
901 pages
Syllepse (06/03/2008)
2/5   1 notes
Résumé :
En finira-t-on jamais avec Mai 68 ? La droite, toujours prompte à rappeler son souvenir, s'acharne contre ce passé. Quarante ans après, elle en dénonce les traces dans la société française. L'aveu est de taille et, paradoxalement, indique bien l'ampleur et l'intensité de l'événement qui ne peut se circonscrire au seul mois de mai 1968, ni à la France du général de Gaulle. Cet ouvrage en témoigne : la déferlante fut plus large, touchant plusieurs continents, plus lon... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Mai 2018. Triste anniversaire en réalité puisque force est de reconnaitre que le petit vent de folie et de liberté (libertaire) qui a soufflé il y a 50 ans n'a réussi à semer que ce contre quoi il se mobilisait : une société plus technologique que jamais où tout le monde communique à outrance sans partager quoi que ce soit, où l'on parle à tort et à travers sans s'écouter vraiment. Un monde globalisé et individualiste toujours à la recherche de futilités et régit, voire dominé par l'argent roi.
Etant donné que je ne balbutiais juste que quelques mots à peine articulés dans mon berceau lorsque les événements eurent lieu, je me devais de rattraper mon retard en me plongeant dans la lecture d'un… pavé.
En réalité, ce collectif est paru pour les 40 ans, mais comme rien de nouveau ne viendra dorénavant éclairer le pourquoi de ce printemps fou, ses causes et ses implications, ce n'est pas dix ans de plus ou de moins qui feront la différence.
L'intérêt de cette encyclopédie est qu'elle est construite justement comme un dictionnaire avec des entrées par ordre alphabétique, articles allant de 4 à une dizaines de pages, pondus par un peloton de sociologues, universitaires, professeurs, philosophes, maitres de conférence, doctorants, enseignants chercheurs, bref une faune universitaire dont le jargon peut rebuter mais dont on reconnaitra le sérieux et la justesse des propos. J'aurais apprécié davantage de témoignages mais ce n'est pas ici le but avoué.
Ainsi ce mai 68 peut se lire par petits bouts, dans le désordre, à l'envie, à l'image de ces étudiants désorganisés qui érigeaient des barricades en dépit du bon sens. On appréciera la bibliographie se rapportant aux différentes facettes du mouvement, exposée à chaque fin de chapitre. En revanche, les mots-clés renvoyant à des articles similaires ou périphériques n'apportent absolument rien à la lecture et la compréhension du mouvement.
Au fil des articles on se rend compte finalement que ces 4 à 6 semaines en « roue libre » concernent bien plus qu'un simple ras le bol étudiant ou des revendications ouvrières. Les implications du joli mois de Mai intéressent toutes les coutures de la société et ne se réduisent pas non plus à 50 jours de liesse mais puisent leurs causes, leurs racines dans un passé de luttes syndicales marqué par l'entre deux guerres (le fameux Front Populaire) puis associé au développement trop rapide des 30 glorieuses.
De la même façon qu'elles tirent leur sève dans les années d'après guerre, leurs conséquences s'étendent sur deux décennies. La chute du Mur de Berlin clôturera une époque, témoignant de la chute du monde bipolaire et ouvrant la voie royale au néolibéralisme qui emporte tout sur son passage depuis maintenant trois décennies.
Bien que son titre ne le réduise à des manifestations franco-françaises, c'est bien au niveau mondial que se répercute cette onde de prise de conscience et de luttes en tous genre : décolonisations, tentatives de socialisme démocratique dans les pays de l'est, opposition à la guerre du Vietnam, combats contre différents coups d'état ou dictatures. On voyage ainsi du Printemps de Prague à la révolution des Oeillets en passant par les guérilleros du Ché et la Palestine.
Toute une jeunesse qui désirait avant tout s'extraire de son cocon bourgeois. Car, faut-il le rappeler, cette étincelle s'est allumée parmi la jeunesse bourgeoise (à l'époque seulement 3% des lycéens atteignaient le niveau d'études supérieures).
Lecture instructive à défaut d'être réjouissante, parfois pesante et surtout, puisqu'elle met en lumière l'âge d'or des comités, des débats, des mouvements, des associations, des fédérations, des A.G., des communautés, le texte est truffé de sigles en tout genre. A tel point que c'en devient comique parfois.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Ce livre a l’ambition d’éclairer la longue décennie, 1967-1981, au cours de laquelle, selon une expression empruntée à Adolfo Gilly, le monde a cheminé aux « frontières de la rupture » (Gilly, 1993). Les textes réunis dans cet ouvrage dressent un panorama des bouleversements qui ont marqué ce temps. Et, pourquoi le cacher, nous avons aussi voulu restituer l’atmosphère d’une époque où des protagonistes – dont nous sommes – avaient la sensation grisante de participer à la « marche de l’histoire » et de contribuer à donner « au monde  » les coups d’épaules, les impulsions capables d’influencer son cours. Nous avons voulu aussi donner à voir, même partiellement, la « grande peur » des possédants et les possibles non advenus.

L’objet de notre travail, le fil conducteur de notre démarche, est de présenter les événements, les grèves et les mouvements émergents, les débats et les controverses, les brèches du système et les mobilisations qui s’y sont engouffrées et qui ont modifié l’ordre des choses. Nous avons voulu aussi esquisser un point de vue, inscrit dans une histoire du présent. Il est à peu près certain que les mandarins et les faiseurs d’opinions toutes faites dédaigneront notre approche en nous déniant toute qualification à mener à bien un tel travail, d’abord parce que nous y assumons le fait d’avoir été de ceux et celles qui ont tenté de contribuer au franchissement de cette frontière, ensuite parce que nous ne sommes pas issu-e-s du sérail de ceux qui établissent les vérités. Universitaires ou pas, diplômé-e-s ou non, chercheurs ou chercheuses de la nouvelle génération, ceux et celles qui ont contribué à ce livre sont – risquons le mot – « engagé-e-s ». Les articles livrés ici sont donc le produit d’un perpétuel va-et-vient entre réflexion et action, d’auteur-e-s soucieux-ses, à chaque étape de leurs engagements, d’avoir les pieds sur terre, les mains dans le cambouis et la tête dans les nuages.

Enfin, le temps passant, nous avons voulu cet ouvrage comme une sorte de passage de témoins. C’est une dimension importante de nos engagements d’aujourd’hui, nous qui sommes sans doute, comme l’a si bien dit Benjamin Stora, « La dernière génération d’Octobre » que de servir de lien entre les générations qui nous ont précédés et qui ont tenu bon contre vents et marées quand il était « minuit dans le siècle » et la jeune génération qui se lève contre le nouvel ordre mondial en cherchant à renouer les fils de l’émancipation.

Il y a quarante ans déjà que l’offensive du Têt au Vietnam et l’appel du Che à créer « Deux, trois, plusieurs Vietnam » nous transmettaient l’extraordinaire nouvelle, selon mes mots d’Eduardo Galeano : « Les envahisseurs ne sont pas immortels. »

Il est grand temps de rappeler que cette longue décennie n’a pas été uniquement celle des illusions, même si elles étaient largement présentes, mais profondément celle de l’agir individuel et collectif et celle de possibles, même s’ils ne sont pas advenus. Tout nous a semblé effectivement possible au cours de cette période, et malgré le temps passé et les retours critiques que nous nous efforçons en permanence de mener à bien, nous persistons à penser que tout était possible. Un « tout » qui n’implique évidemment pas la totalité (comme par exemple l’illusion d’un « grand soir  » balayant la réalité), mais qui indique la présence de bifurcations, de croisements, d’autres présents toujours en filigrane, et toujours à déceler, à saisir et à construire.

Écrire ne se résume pas à « conter » des événements, à présenter l’histoire des « vainqueurs », mais implique de mettre en lumière, selon les mots d’Ernst Bloch, le « non encore advenu » (1991) qui éclaire les ténèbres de l’immédiat. Raconter cette histoire, c’est jeter un regard par-delà l’épaule des « défaits », de ceux et celles justement que l’histoire oublie ou dédaigne. Nous userons donc du tout est possible pour insister sur une idée forte : le monde n’est jamais réductible à ce qu’il est advenu.

Et puisque tout a été possible, tout redeviendra possible… L’ambition de ce livre est aussi de contribuer à faire refleurir la « gerbe des possibles » qu’évoque Henri Lefebvre dans son œuvre.

Ondes de choc…

Tout a été possible dans un monde partagé en deux camps – certes opposés, mais comme s’opposent les deux pôles du même aimant, comme des étoiles jumelles. Rappelons-le, aucun de ces « camps » n’était le nôtre. Pas plus celui que nous combattions de l’intérieur que l’« autre », celui né de l’incomplétude, de la dégénérescence et de la défaite des « dix jours qui ébranlèrent le monde ».

Les années 1950 et 1960 ayant été celles de la lutte des peuples pour leur émancipation nationale contre les puissances coloniales, cette dimension ne pouvait qu’être encore présente dans les processus de radicalisation de la jeunesse à l’échelle internationale. L’Algérie n’est pas loin quand, à partir de la fin des années 1960 et jusqu’en 1975, l’impact de la guerre menée par l’armée des États-Unis contre le peuple vietnamien aura eu un effet de souffle considérable dans les citadelles impérialistes, sur les campus bien entendu, mais aussi dans le mouvement syndical et dans l’armée même de la « superpuissance » américaine.

Il y eut au cours de cette longue décennie, ici et là et partout à la fois, une critique-pratique des mœurs et de la morale établie, une remise en cause des rapports sociaux genrés et des hiérarchies « naturelles  », il y eut des grèves sauvages contre le despotisme d’usine, des livrets militaires brûlés, des batailles pour les droits civiques et les libertés démocratiques. L’insoumission et la subversion empruntaient des routes sinueuses et diverses et bousculaient l’ordre établi  en révélant les libertés inabouties ou en apparence inaccessibles mais à portée de main.

La solidarité avec le peuple vietnamien elle-même fut bousculée par le souffle venu des rizières d’Extrême-Orient. Elle sépara celles et ceux qui se mobilisaient pour la victoire des maquisards vietnamiens de ceux qui ne mettaient en avant que l’objectif de « paix en Indochine ». Divergence qui peut sembler futile à quarante années de distance mais ce fossé nous séparait des courants communistes plus ou moins inféodés à l’URSS et attachés au statu quo mondial négocié à Yalta.

Tandis que certains avaient les yeux de Chimène pour la Chine maoïste et maintenaient plus ou moins des références à Staline, une onde de choc parcourait l’« autre » camp. Le socialisme « nié », « déformé », « trahi », « dégénéré » de l’Est tentait de prendre un « visage humain  » avec le printemps praguois. Une aile importante d’un parti communiste tentait d’initier une rupture démocratique et, douze années après Budapest, un autre possible se levait. Les chars du pacte de Yalta (pardon, du pacte de Varsovie !) n’allaient pas tarder à normaliser l’espérance. Sous l’apparence de la glaciation et du durcissement, l’édifice du bloc soviétique se lézardait un peu plus. Le soutien à la dissidence sera l’occasion d’une collaboration renouvelée entre « gauchistes-Marcellin » (Expression utilisée par le PCF pour désigner les organisations de la gauche révolutionnaire après 1968. Raymond Marcellin fut ministre de l’intérieur du 31 mai 1968 au 27 février 1974) et opposants communistes.

Autre onde de choc, la chute des dictatures en Espagne, au Portugal et en Grèce. Avec, au Portugal, une authentique révolution, commencée de manière inédite et dont l’essor réactualisait là encore les possibles. Les travailleurs, les paysans, les femmes et les soldats portugais construisirent les premières arches des ponts nécessaires pour franchir la frontière, entre présent et futur, ouvrant les fenêtres d’un possible coloré de multiples œillets. Possible, comme le comprirent les milliers de militant-e-s venu-e-s des quatre coins du monde pour participer à la dernière révolution européenne du court 20e siècle. Possible encore, comme le comprit Washington qui dépêcha à Lisbonne les hommes qui avaient été en poste à Santiago du Chili et un ambassadeur qui avait été impliqué dans l’assassinat de Patrice Lumumba au Congo ex-belge.

À Paris, Santiago, Berkeley, Berlin, Buenos-Aires, Prague, Amsterdam, Mexico, Madrid, Varsovie, Lisbonne, Athènes et ailleurs, rébellions, révoltes et révolutions, se répondaient, s’enrichissaient et s’entraînaient mutuellement. Il ne se passait rien (ou presque) en ce temps-là qui ne fut « politique » et qui ne donnait pas un sens mondial au moindre des gestes défiant l’ordre établi. Deux « anecdotes  » olympiques sont là pour en témoigner : les échos des poings tendus gantés de noir des athlètes afro-américains à Mexico et de la victoire de la Tchécoslovaquie sur l’URSS en finale de hockey sur glace parcouraient la planète comme un défi au pouvoir.

L’onde de choc parcourt aussi longuement et profondément l’Italie où le Mai est rampant et l’automne chaud. La contestation touche les usines, l’université et les villes et met en avant l’aspiration au contrôle social sur les processus de production et sur la vie en société. On y assiste à une « véritable prise d’assaut » des pouvoirs dans toute la société italienne Dans les entreprises, les salarié-e-s élisent des délégué-e-s de département et des commissions d’usine. Les structures syndicales traditionnelles percutées et transformées adoptent un fonctionnement plus démocratique et élargissent leurs champs d’action. Ces luttes laissèrent des marques profondes, ferments de développements possibles. Comme en France, le poids du passé et l’absence de stratégies crédibles suscepti
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