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Melchior Ascaride (Illustrateur)
EAN : 9782361835606
152 pages
Les Moutons Electriques (01/05/2019)
3.97/5   36 notes
Résumé :
Plonger l'épée au cœur des ténèbres, voilà le serment de Jildas lors de son départ en croisade. Lorsqu'il revient en Bretagne, meurtri, il découvre que dans propre terre, les légendes du vieux monde sont encore là, nichées dans les forêts. Accompagné de Marie de France, une poétesse aux mots aussi acérés que sa lame, il traquera les loups qui ont pris forme d'homme.
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Si les romans graphiques ne sont pas légion dans le domaine des littératures de l'imaginaire, le trio Bétan, Rivero et Ascaride n'en est pourtant pas à son coup d'essai puisqu'il était déjà à l'origine en 2017 de « Tout au milieu du monde », un petit ovni mêlant habilement et étroitement texte et image. le concept est exactement le même avec « Ce qui vient la nuit », aussi les amateurs du premier ouvrage devraient apprécier le résultat de cette nouvelle collaboration. Après la Préhistoire, c'est au Moyen-âge que les auteurs ont choisi d'ancrer leur récit qui met en scène un seigneur, Jildas, de retour sur ses terres de Bretagne après être parti en croisade. Bien que les retrouvailles avec son épouse et les habitants du coin soient chaleureuses, l'homme éprouve quelques difficultés à renouer avec cette vie paisible qu'il a quitté il y a des années, tant les souvenirs des horreurs dont il a été témoin le hantent. Et puis il y a cette femme, Marie, une étrangère présente depuis peu sur ses terres et qui le met mal à l'aise par son audace et le peu de cas qu'elle accorde aux convenances. Et surtout, surtout, il y a ces morts qui se multiplient aux alentours de la forêt, atrocement mutilés, et que la nouvelle arrivante croit victimes de créatures de légendes, mi-hommes, mi-loups. Bretagne, croisades, lycanthropes : pour les amoureux d'histoire et de fantasy tous les ingrédients propices à une belle histoire sont réunis, et le résultat est effectivement très réussi. le texte est court (une centaine de pages, sachant que les illustrations prennent pas mal de place) mais cela suffit à Julien Bétan et Mathieu Rivero pour mettre en scène des personnages convaincants et construire une intrigue, certes souvent prévisible, mais néanmoins agréable à suivre.

Comme dans « Tout au milieu du monde », la collaboration entre les deux auteurs et Melchior Ascaride (qui est aussi directeur artistique de la maison d'édition Les Moutons Électriques) ne se limite pas à une alternance entre le texte et l'image. Ici, les deux sont complémentaires mais viennent aussi se mélanger l'un à l'autre, si bien que le texte et l'image ne cessent de se tourner autour tout au long de récit. Il arrive aussi que l'un s'efface parfois totalement le temps de plusieurs pages au profit de l'autre, ce qui rend l'expérience de lecture particulièrement intéressante et d'autant plus immersive. de la même manière que dans l'ouvrage précédent, une couleur prédomine dans l'ensemble du récit (le jaune, quand « Tout au milieu du monde » était essentiellement teinté de rouge), et les personnages nous apparaissent sous forme de silhouettes sombres, à la manière d'un théâtre d'ombres. Les personnages et le décor ne sont ainsi jamais représentés avec précision, de même par exemple que la violence vécue (et probablement perpétrée) par Jildas à l'occasion des croisades (qui est seulement suggérée par les illustrations), et c'est cette grande marge laissée à l'imagination du lecteur qui donne une partie de son charme à cette histoire. L'attrait exercé par celle-ci tient aussi à ses personnages (là encore un trio), qu'il s'agisse de Jildas, pour lequel on éprouve tour à tour effroi ou empathie, mais aussi de Marie de France, qui séduit par l'aura de mystère qu'elle dégage. Les femmes occupent d'ailleurs une place de choix dans le récit qui interroge sur leur place dans la société mais aussi dans les contes et légendes. Plus en retrait, le personnage de Clérvie est ainsi particulièrement touchant, sorte de Pénélope qui, une fois l'Ulysse tant attendu revenu, et après avoir bénéficié d'une relative autonomie en son absence, peine à trouver sa nouvelle place.

Julien Bétan et Mathieu Rivero nous offrent ici une belle histoire que viennent complexifier et magnifier les illustrations de Melchior Ascaride. de beaux personnages, une récit qui fait la part belle aux contes et légendes de Bretagne, tout en abordant des thématiques comme la violence et ses conséquences sur les hommes, ou la place des femmes dans la société : autant de qualités qui rendent la lecture (et la contemplation) de ce petit ouvrage fort agréable.
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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C'est un monstre qui dévore les adultes et enlève les enfants. Voila ce que découvre Jildas de retour des croisades. Ou est-ce le monstre dans son coeur, celui qui s'est installé lors de cette guerre ? Toute cette colère accumulée, toute cette folie qui cherche à s'échapper ? Et qui est cette femme, Marie de France, qui traverse le pays, recueille les contes qu'elle raconte ensuite à la veillée ? Qui ne semble avoir peur de rien, se conduit comme un homme, manie l'épée et semble avoir un entrainement de soldat. Beaucoup d'énigme pour un homme qui revient d'un long voyage...
Ce court roman aborde beaucoup la question de la guerre et de la religion. C'est le temps où le catholicisme veut s'imposer partout et veut faire disparaître le anciennes croyances (et l'islam, évidemment). En ce qui concerne la guerre, ce sont plutôt les conséquences de celle-ce, les changements qu'elle provoque dans la psyché et le comportement : Jildas a changé. Profondément et plus même qu'il ne l'imagine. Et il est laissé seul, sans personne pour lui parler et qui puisse essayer de l'aider... Et ce qui est plus surprenant, c'est la place des femmes. Surprenant, parce que rarement les auteurs hommes s'intéressent à ce que pensent, ressentent ou vivent les personnages féminins. A ce qui les transforme. Ou, drame, qu'une épouse ne puisse plus aimer tout à fait son mari mais sans qu'il n'y ait d'adultère ou un autre homme derrière tout ça. Bref qu'une femme (voire 2 !) ait une vie indépendante.
Et sinon, c'est aussi un très bel objet, dont les illustrations enrichissent le texte, sans en être simplement un écho.
Une très belle et bonne lecture.
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Après mon gros coup de coeur pour Tout au milieu du monde, je ne pouvais que craquer pour la nouvelle collaboration des trois artistes. le titre, plus qu'intrigant, et la couverture avec cette étrange créature n'ont fait qu'attiser ma curiosité pour ce roman. C'est un récit court, prenant, qui se lit autant par l'image que par le texte. Un concept que j'adore !

Jildas rentre de croisade : il retrouve sa femme, son château, son peuple, mais quelque chose a changé en lui. Ce qui devait être une campagne victorieuse ne fut qu'un échec. Là où la nouvelle religion devait apporter la paix, il n'a vu que violence et mort. La vie reprend cependant. Une étrange femme se présente à lui comme Marie de France et traîne partout sur son territoire, à enquêter sur d'horribles meurtres. Perpétrés par un loup ? Cela reste à démontrer…

Les vieilles croyances ont la vie dure chez les paysans. Alors qu'il a risqué sa vie pour chasser les hérétiques des territoires sacrées, Jildas ne peut tolérer que les anciens rites et cultes sévissent encore sur ses propres terres. Il part en chasse seul, ivre d'alcool, de colère et de rancoeur contre ces gens qui amènent avec eux l'esprit du malin… Va-t-il cependant réussir à venir à bout de ses propres démons ?

Le cadre du récit est très intéressant : on découvre la vie au moyen-âge, à la cour, mais aussi dans le village. On y explore aussi les ambiguïtés entre la nouvelle religion monothéiste imposée, et les croyances païennes transmises de génération en génération. La place de la femme est aussi étudiée : au travers de Clervie, l'épouse de Jildas qui s'était accoutumée à vivre seule et sans nouvelles, voire à diriger sans lui, mais aussi par Marie, conteuse hors pair, au port masculin, mais qui a du mal à se faire respecter parmi les hommes.

Comme le précédent, ce livre est en bichromie. C'est cependant cette fois en jaune et noir que l'illustrateur nous surprend. C'était très chouette pour la plupart des tableaux, mais le texte était parfois un peu compliqué à lire quand le fond était blanc et les mots jaunes. Les textures des illustrations ont aussi évolué : il y a parfois des paquets de peinture qui donnent du relief et donnent corps à la bête qui hante les pages.

L'art s'adapte à l'époque représentée : en plein moyen-âge, entre les croisades et les anciennes croyances. J'ai trouvé les dessins magnifiques. J'ai aussi beaucoup aimé le fait que des passages entiers n'étaient que des images, n'étaient pas supportés par du texte. Je pense notamment au conte raconté par Marie de France ou encore aux visions des croisades de Jildas.

Je ne suis par contre pas sûre d'avoir complètement bien saisi la fin (mais je ne peux pas en parler sans spoiler, donc voilà :p ).

Une histoire entre texte et illustrations, en bichromie jaune et noir. Des dessins magnifiques, plus texturés, qui parlent souvent par eux-mêmes. Un récit entre nouvelle religion et anciennes croyances, hanté par les souvenirs douloureux des croisades. Un roman graphique court, mais intense.
Lien : https://livraisonslitteraire..
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Lu d'une traite, bloqué dans des tains en partance pour la Bretagne retardés, arrêtés ou annulés.
Et j'ai adoré, notamment son ambiance crépusculaire et poisseuse, où le folklore se tapit dans la brume et l'obscurité. J'étais complètement pris dans l'atmosphère cinémato-GRAPHIQUE, d'ailleurs les dessins participent complètement au récit et ne font pas que l'illustrer, ils suppléent même aux mots à plusieurs reprises.
L'immersion était totale.
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Il faut préciser que j'ai reçu ce livre dans un crowdfunding des Moutons Électriques. Je ne l'ai donc pas à proprement parler "choisi": il faisait partie d'un "pack".

"Ce qui vient la Nuit" propose une forme audacieuse: une novella, un court roman, illustrée. Ce n'est pas un roman graphique, pas une BD non plus, mais bien un texte en prose dont les lignes détourent des illustrations en jaune et niveaux de gris, quand elles apparaissent. Ces dessins peuvent même combler les ellipses du récit par quelques pages au pinceau rapide: une technique que je n'avais jamais eue entre les mains.

Mais je dois dire que je n'ai pas accroché. D'abord j'ai trouvé le dessin assez faiblard même si je salue l'effort. Ces gouaches impressionnistes m'ont semblé naïves. Elles ralentissent la lecture, imposant des pivotements du livre ou des sauts de l'oeil pour tracer sa voie dans le texte, voire un rythme pénible quand elle se surimpriment de lettres jaunes.

Je suis moins sévère pour le texte. Cette fable médiévale touille dans le même chaudron la légende bretonne et une fantasy contemporaine. Là aussi, l'impressionnisme ressenti efface quelque peu les personnages, les rendant évanescents. Comme ces "versipelles" qui peuplent la lande.

Alors même si ce conte court se laisse lire, c'est une petite déception. Peut-être justement, avec ce personnage de Jildas, ténébreux baronnet revenu de croisade en proie à un traumatisme de guerre (c'est ma lecture) conviendrait-il mieux à une BD, une vraie, en cases et phylactères.
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critiques presse (1)
Syfantasy
15 juillet 2021
Ce qui vient la nuit est une excellente panacée à tout bon lecteur de fantasy en mal d’une histoire contée de manière étonnante. Le trio a su restituer avec brio une ambiance sombre tant grâce au verbe des deux talents des Moutons électriques qu’avec le coup de pinceau de leur dessinateur titulaire. Si vous cherchez un petit moment de détente avec un peu de disruptivité en ce monde, ce roman graphique est fait pour vous.
Lire la critique sur le site : Syfantasy
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Enfant de cette terre et de la guerre. Tu prouves ta dévotion […] à la masse grouillante qui n'attend que la lumière. »
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Videos de Mathieu Rivero (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Mathieu Rivero
Une rencontre au Dépôt Imaginaire (Lyon) autour de l'anthologie "Civilisations disparues" aux Editions Luciférines.
Avec Barbara Cordier, Victor Fleury et Mathieu Rivero.
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