Maurice Asselin

Maurice Asselin (1882-1947) est un peintre moderne formé à l'école de Paris et d'origine orléanaise et modeste.

Puisqu'il faut bien gagner sa croute, pas de place aux fainéants à cette époque là, il fait des petits boulots, ramasse trois francs six sous .. qui ne vont pas lui laisser un souvenir impérissable. Il n'y a pas de manne à veiller sur l'élève peintre, pas plus de vieil oncle pour un héritage substantiel .. Seul un talent prometteur semble guider ses pas .. Et ainsi, rien n'est facile vous savez !.. Je ne peux m'empêcher tout de même ici de placer cette pensée de Confucius qui disait : "Choisis un travail que tu aimes, et tu n'auras pas à travailler un seul jour de ta vie"

Il peint des huiles, des aquarelles, ce sont surtout ces dernières qui ont attiré pleinement mon attention. le peintre Jacques Vaillant pas le flamand du 17 e siècle bien sûr, son contemporain et ami, dira de ses aquarelles qu'elles sont d'une délicatesse infinie. A mon avis Asselin se révèle sans commune mesure dans l'instant par ses aquarelles plus que par ses huiles plus sophistiquées. Il voue une passion pour la Bretagne où il effectuera quantité de séjours. Il s'y sent chez lui, il y rencontre des gens comme Pierre Mac Orlan, Jacques Vaillant, Emile Jourdan qui connaissait Gauguin ..

Ses aquarelles sont dépouillées et respirent le pittoresque breton du sud-Finistère bien vu, bien senti. Ce sont des paysages côtiers apaisés, ramenés à leur plus simple expression, avec une économie de moyens ; pas vraiment domestiqués de la main de l'homme où ça sent bon les produits yves Rocher qui ne vont pas tarder à suivre. Il écume la région de Clohars à Concarneau .. Moi je dirais qu'il cultive la pochade pour en faire une expression à part entière, tout y est. C'est admirable ! La particularité, c'est aussi un style Asselin qui va plaire. Mais laissons plutôt Pierre Mac Orlan parler de son ami peintre qui le présente avantageusement :
"J'ai longtemps vécu avec Asselin dans cette Bretagne chaude comme le pain et triste comme le cidre dans un bol de faïence à fleurs tricolores. nous habitions on ne peut plus près de la mer (*) dans un petit hôtel à matelots posé en haut d'un roc, comme un crabe porteur d'une petite lampe à la nuit .. A chaque coup de vent l'odeur des tas de goémon s'engouffrait par les fenêtres et nous rappelait la réalité. Asselin travaillait beaucoup. Vétu d'une veste bleue, les jambes à l'aise dans les pantalons rouges des hommes de Concarneau, il partait chaque matin à la conquête de la mer, rose et verte et des barques qui défilaient comme des demoiselles de pensionnat .. Je ne connais guère de peintre qui se soit inspiré aussi subtilement de ce ciel délicat de la Bretagne et de ces tristes et delicates couleurs d'orpheline un peu dévote que la nature traîne avec les heures de l'aube et du jour dans ce coin de la terre .. Quelquefois de ma fenêtre, je voyais Asselin s'échapper d'un de ses paysages et l'incorporer dans un autre, il sortait alors du port un petit canot à godille. On se retrouvait le soir à la lampe. Il y avait Jourdan (...) et Jacques Vaillant , notre vieux Jacques qui prêchait une doctrine mélancolique devant un petit peuple de canettes attentives et débouchées .."

(*) On dirait aujourd'hui, selon les revues touristiques : les pieds dans l'eau

Le document présenté est le catalogue d'une expo qui a eu lieu au Musée de Pont Aven (l'ancien) en 2002 réunissant pour trois mois une cinquantaine d'oeuvres de l'artiste.

Il me plairait d'avoir une aquarelle d'Asselin dans mon salon. Elle viendrait apporter de la fraîcheur marine que je connais bien à l'exilé que je suis qui est en manque naturellement.