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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un travail remarquable (encore un!) de Pierre Assouline, d'une précision époustouflante...sur une famille et son dernier représentant.
Dont il sait nous faire partager la tristesse...
J'ai peut-être préféré le roman Lutetia et le cheminement intime du personnage principal de ce roman...I
Ici le travail est celui d'un maître de la biographie!
Au-delà une compréhension de l'époque, cette charnière sociale fin 19°, qui a construit le 20°!
Les siècles se succèdent toujours avec les mêmes clivages!
La visite du musée s'impose et là, ce livre en donne les clefs!
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C'est un livre admirablement documenté (on reconnaît le travail d'investigation d'un « bon » journaliste, mais aussi d'un excellent écrivain « quand on ne sait pas, on interprète. Parfois j'ai dû m'y résoudre. Il y faut autant d'honnêteté intellectuelle que d'empathie spirituelle ») que nous donne à lire Pierre Assouline. C'est bien plus que la biographie de Moïse, comte de Camondo, juif sépharade, richissime banquier, collectionneur d'art que nous découvrons, c'est également d'histoire de ses ancêtres, de leur longue pérégrination au cours des siècles, c'est une saga familiale, émouvante et dramatique.
C'est aussi l'évocation de cette dynastie juive, puissante, ayant rejoint le rang des aristocrates grâce au roi d'Italie Victor-Emmanuel II, au pinacle de la société parisienne en cette fin de XIX, début du XX. Nous sont dévoilés, la constitution de leur fortune et de leur patrimoine, les alliances, les mésalliances… « un monde dont on n'a plus idée ».
Aujourd'hui, il reste ce musée majestueux, écrin de l'art des Lumières. Que serait devenu cet hôtel si Moïse, le dernier des Camondo, ne l'avait donné généreusement et orgueilleusement à l'Etat français ?
Sans doute pillé, ravagé, mutilé par les Nazis, tombé en déshérence, meubles et tableaux vendus à l'encan, dispersés, éparpillés de par le monde.
Un seul regret, la brièveté de l'épilogue qui ne développe pas assez, à mon goût, la vie de sa descendance et les circonstances tragiques de leur déportation et de leur extermination ( mais ces membres n'étaient plus des Camondo mais des Reinach)
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Le Dernier des Camondo
Pierre Assouline
Éditions Gallimard

La famille Camondo (Ca'Mondo) qui veut dire « maison du monde », est chassée d'Espagne au XVe siècle par les troupes des rois catholiques. Les juifs d'Espagne partent alors en Afrique du Nord, au Portugal, en Italie du Nord, dans l'empire Ottoman.

Cette famille de négociants et de banquiers s'installe successivement dans le « nuevo ghetto » (nouvelle fonderie) de Venise, Trieste, Vienne et se fixe à Constantinople où Abraham Salomon Camondo sera le banquier des sultans.
Abraham Salomon, 1er de la saga des Camondo, est considéré au milieu du 19e S comme le plus riche des 200 000 juifs de l'empire Ottoman et surnommé le Rothschild de l'Orient.

Fin XIXe, Abraham Salomon s'installe en France pour étendre son empire financier.

Son arrière petit-fils, Moïse, est début XXe un seigneur séfarade au siècle de la bourgeoisie triomphante, un membre éminent de l'aristocratie juive parisienne. Se côtoient rue de Monceau où ses parents firent l'acquisition de l'hôtel Violet au 63, des représentants de la noblesse de l'ancien et nouveau régime, l'aristocratie juive, la haute société protestante et la bourgeoisie industrielle : les Rothschild, Pereire, Orly-Roederer...

À cette époque, le Comte Moïse de Camondo est amputé d'une partie de sa vie, sa femme Irène, née Cahen d'Anvers, se sentant délaissée le quitte pour un bel italien amateur de chevaux, Charles Sampierri.

Le 1er chapitre de ce livre est consacré à la destruction de l'hôtel Violet dont on ne conservera que la façade et la construction par l'architecte René Sergent spécialiste du XVIIIe, de l'hôtel Camondo, écrin élégant d'une collection impressionnante de meubles, d'objets, de livres et de tableaux de cette époque, passion du comte qui voulait échapper à la critique de « Versailles de la ploutocratie parisienne » dont Henrich Heine avait qualifié l'hôtel de James de Rothschild.

Les pages consacrées à l'inventaire minutieux et exhaustif de tout ce qui constitue l'intérieur de l'hôtel est assez souvent fastidieux : se succède la description d'un nombre impressionnant de meubles, d'objets, éléments de décoration, d'oeuvres d'art, l'évocation de leur propriétaire initial, de leur lieu d'origine. C'est culturellement intéressant mais le style est indigeste.

Les chapitres suivants évoquent les moeurs de ces familles prestigieuses et plus particulièrement celle du comte Moïse Camondo qui s'éteint avec la disparition des descendants : celle de son fils Nissim abattu dans son avion en 1917, de sa fille Béatrice et de ses petits-enfants morts en déportation.

En l'absence d'héritiers, Il lèguera l'hôtel Camondo qui deviendra le musée Nissim de Camondo, à la République Française, à la condition expresse que rien ne soit modifier, prêter, déplacer.

Pour l'avoir visité, il apparaît comme une évidence qu'on pénètre dans l'intimité d'une famille, s'attendant à voir surgir le propriétaire des lieux, ce qui est particulièrement touchant.

Cet ouvrage très documenté est la biographie fouillée d'une saga familiale, la description d'une époque et d'un lieu emblématique, le musée Nissim-de-Camondo. C'est passionnant mais écrit d'une manière obsessionnelle et souvent pesante.
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J'ai eu du mal à entrer dans ce livre, à la fois documentaire, biographie et roman, mais j'ai ensuite fini par l'apprécier. le début, majoritairement consacré à la description de l'hôtel particulier de la famille, m'a assez ennuyée, tout comme les longues explications sur l'histoire des familles juives et leurs diverses émigrations au fil des siècles. En revanche, j'ai trouvé bien plus intéressante la suite du livre, qui s'intéresse plus précisément aux Camondo, aux membres de la famille, et aux grandes familles juives de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, à l'instar des Rothschild. On apprend beaucoup sur ces grands mécènes, à qui l'on doit beaucoup sans le savoir : chefs d'oeuvres de Degas ou Manet, villa Kérylos...
Contrairement à ce qu'annonce le titre, moins de la moitié du livre est consacrée à Moïse, le dernier comte de Camondo, mais cet ouvrage reste une découverte intéressante, dans laquelle l'atmosphère de la haute société parisienne à cette époque est très bien rendue.
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Assouline Pierre, – "Le dernier des Camondo" – éd. revue et augmentée par l'auteur, publié chez Gallimard/Folio en 2014 (cop. nouv. éd. 1999) – ISBN 978-2-07-041051-4.

L'auteur restitue ici ce qu'il a pu apprendre de la vie de la famille Camondo, à peu près depuis le tout début du XIXe siècle : en toute honnêteté intellectuelle, il cite ses sources (ouvrages, revues, articles, archives) dans la copieuse annexe située en fin de volume (pp. 323-336) ainsi que les personnes qui l'ont aidé (pp. 337-338).

En élargissant un peu son propos, l'auteur fait aussi quelques allusions aux autres grands bourgeois collectionneurs de cette époque, dont nous conservons aujourd'hui encore les musées-donations (Jacquemart-André, Cernussci, Marmottan etc). Il cite des chiffres relativement précis sur les fortunes colossales accumulées par ces gens, leur permettant de telles libéralités.

L'auteur tente de rendre compte des spécificités de cette communauté de grands bourgeois "de confession israélite", confession qu'ils revendiquaient plus ou moins ouvertement et le plus souvent discrètement, mais qui leur était constamment rappelée par d'autres, surtout lorsque se déchaîna l'affaire Dreyfus.
En page 166, non loin du début du chapitre 4 intitulé "Un aristocrate juif dans son monde", l'auteur se fait l'écho de la thèse communément admise, selon laquelle ces richissimes mécènes cosmopolites souhaitaient, par ces donations, acheter en quelque sorte "leur ticket d'entrée dans cette civilisation qui n'était pas la leur" : je trouve cette formulation particulièrement maladroite...

Comme il ne cesse de le montrer vers la fin, sans trouver les mots justes de compassion, les Camondo donnèrent non seulement un beau musée à notre pays mais aussi – et surtout – ils donnèrent la vie même de leurs descendants, l'un sacrifié lors de la Grande Tuerie de 1914-1918, l'autre disparue dans l'horreur de la Shoah...

Inutile de rappeler que ce monde des Camondo coïncide largement avec celui de la "Recherche du temps perdu" de Proust, auquel l'auteur finit d'ailleurs par faire de nombreuses allusions tout spécialement à partir de la page 269, même si Proust lui-même ne rencontra finalement jamais les Camondo en personne (la lettre de condoléances est citée in extenso en page 269).

Pour conclure, je regrette d'avoir à souligner qu'il m'est hélas impossible d'adhérer au style narratif de Pierre Assouline : mon Dieu, que c'est lourd ! La dédicace témoignerait-elle de l'incapacité de cet auteur à se dégager de ses premières rédactions bien scolaires ?

NB : voir aussi la recension du fascicule de présentation du musée Nissim de Camondo, rédigée par Nadine Gasc et Gérard Mabille, publiée en 1997 - ISBN 2-911809-04-1 – recension saisie le 13 mai 2015
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Assouline c'est toujours une bonne idée de lecture. C'est toujours très bien documenté et écrit.
Il retrace la grande lignée séfarade levantine jusqu'à leur dernier représentant Moïse. Riches banquiers, hautes sphères mondaines, pouvoir (plus ou moins accordé en fonction du statut des juifs), du Levant à l'Espagne, l'Italie et enfin la France. C'est en France que la dynastie s'éteint.
Le musée Nissim de Camondo était la demeure de Moïse et les collections présentées montrent la passion d'un homme à recréer une demeure XVIIIème siècle authentique.
Pourquoi est-il le dernier ? Son fils Nissim est mort POUR la France lors de la 1ère guerre mondiale.
Sa fille, son époux et leurs deux enfants sont morts PAR la France à Auschwitch.
Moïse, mort de vieillesse ente temps, n'aura pas connu cette tragique histoire française.
Il reste aujourd'hui le musée afin que le nom des Camondo résonne indéfiniment.
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La saga familiale de grands collectionneurs d'art : les Camondo de Constantinople à Auschwitz

Il ne faut pas se laisser rebuter par l'écriture assez ampoulée des premières pages, ni par l'impression (que j'ai eu parfois) que l'auteur n'aimait pas son sujet.
Pierre Assouline est un grand érudit et il nous embarque, à sa manière, dans l'histoire étonnante et finalement dramatique de cette famille. le sujet n'est pas tant les Camondo (dont l'histoire occupe le premier et le denier chapitre) que celle d'une époque où de riches familles juives ont quittée l'Orient pour venir s'installer en France.
On peut être agacé par tout ce luxe étalé de façon plus ou moins ostentatoire, mais j'en retiens l'intérêt historique et artistique.
Cela m'a donné envie de lire et relire Proust, témoin de cette même époque, qui d'ailleurs traverse ce récit (ce n'est pas un roman) à de nombreux moments.

Les derniers Camondo termineront leur vie dans les chambres à gaz dAuschwitz. Mais ils auront laissé à la France un magnifique héritage : le musée Nissim de Camondo.
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Un voyage dans le temps, pour comprendre les origines, voir défiler les décennies et leurs valeurs parfois différentes, entre argent, richesse de banquiers et art plus futile mais plus noble.
Un livre riche de mille et uns détails, pour aller ensuite au Musée Camondo à Paris derrière le parc Montceau. Bonne balade
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J'avais l'intention de visiter l'hôtel particulier de la famille Camondo au 63 rue de Monceau à Paris et j'ai appris l'existence de ce livre racontant l'histoire de cette famille. Celle-ci a été tributaire des décrets régissant la vie des juifs. Elle va se trouver en divers endroits : l'Espagne, le ghetto de Venise, puis Istanbul. Nous sommes au milieu du 19ème siècle, tout se joue à Paris, le patriarche déménage avec ses deux fils pour s'y établir et accroitre la fortune des Camondo. Il meurt peu après.
La révolution française a octroyé aux juifs leur émancipation puis la restriction de leurs droits a été supprimée en 1846. La France devient un endroit où il est peut-être possible de s'installer enfin durablement.
Pourtant l'antisémitisme grandit et son apogée est l'Affaire, celle de Dreyfus. Il y a une accalmie ensuite; les juifs participent à la guerre de 1914. Et puis vient après l'inimaginable.

Ce livre rappelle plusieurs points : les juifs n'ont pas de patrie. Ils sont originaires d'Espagne (sépharades) ou de l'est de l'Europe (ashkénazes), et ils ne supportent pas entre eux.
Ils sont obligés d'être inventifs et dynamiques car rien ne garantit jamais leur position dans les sociétés où ils se trouvent. Il faut rappeler que bon nombre de métiers leur étaient interdits et qu'à plusieurs reprises, ils ont dû fuir leur lieu d'existence (Espagne), être confinés dans un lieu de vie restreint (le ghetto).
En étant « mieux traités » en France au 19ème siècle, ils s'impliquent dans la vie économique, en contribuant largement à la construction des chemins de fer par exemple. de même, ils offrent des collections d'objets d'art aux musées, afin d'asseoir leur puissance chèrement acquise et si fragile.
Ils vont s'intégrer peu à peu à la société française en se mariant avec les aristocrates désargentés suite à la crise agricole de 1880 ou affaiblis par le krach boursier de 1882. Ce krach va leur être attribué et cela contribue à la montée de l'antisémitisme dont certains comme le fils d'Alphonse Daudet, journaliste, le peintre Degas, Antoine Vollard le collectionneur … ne se cachent pas.

Ils ne pratiquent que très peu leur culte, et certains vont même se convertir au catholicisme, religion de l'état français de l'époque.
Pour mieux asseoir encore leur percée dans la société française, les juifs ne construisent pas seulement des fortunes mais aussi des dynasties. La famille doit être nombreuse et soudée, à l'instar de la famille Rothschild. Or les Camondo se retrouvent avec deux enfants, un garçon qui meurt au front et une femme qui se marie. L'hôtel particulier sera le bijou démontrant la réussite de cette famille, à défaut d'une dynastie. C'est une maison musée, construite pour le plaisir du père, collectionneur, écrin pour présenter tous les objets du 18ème siècle dont il raffole. Tout y est conservé, selon sa volonté.
Ce musée, légué à l'état français dans les années 30, est intact, car il a été préservé pendant le seconde guerre mondiale, contrairement à la famille Camondo …

Cet ouvrage m'a beaucoup appris sur l'histoire des juifs, même si je n'ai pas eu de véritable plaisir à sa lecture, le style étant trop tarabiscoté à mon goût.






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