Je sors déçue de la lecture de ce bestseller dont on m'avait tant et tant parlé (entre temps j'ai appris qu'on en avait tiré une série, ce qui explique sûrement tout le bruit qu'on a fait autour de ce bouquin)… On est bien loin des maîtres de la dystopie, bien loin de l'écriture racé de
Zamiatine (et son magnifique «
Nous »), bien loin de l'imagination d'
Aldous Huxley et du suspens de
George Orwell …
Le début est très lent, la vie de l'héroïne n'a rien de passionnant et je me suis demandée plusieurs fois quand démarrerait vraiment l'histoire. La romancière a pris le parti d'un récit à la première personne, et pendant le premier tiers du roman, la narratrice, une servante rouge,
nous explique – expliquer est peut-être un grand mot, elle décrit plutôt – comment ce pays imaginaire d'Amérique du Nord est arrivé sous une dictature intégriste et machiste, comment on en est arrivé à appliquer le taylorisme jusque dans les « fonctions sociales et sexuelles » de la femme. Ces explications n'améliorent bien sûr pas la tension narrative … Et les éclaircissements sont tellement partiels que le lecteur reste encombré par ses questions, empêtré dans son désir de compréhension.
Ensuite, une sorte de commerce s'établit entre la servante rouge et son Commandant, et là on se dit que ça y est, l'histoire va enfin démarrer, on va enfin avoir quelque chose à se mettre sous la dent, car oui si la servante accorde une faveur non autorisée au Commandant, si minime soit-elle, elle sera en position de force, pourra négocier – ou même exiger – elle aussi une faveur, un service en retour, voire même elle pourra manipuler l'homme et améliorer son sort ou celui de ses proches, ou peut-être se tirer d'affaire. Mais non, tout cela s'essouffle, tout se traine, tout se perd … et on en reste quitte pour le suspense …
Et ce qui m'a terriblement gênée, ce sont les stéréotypes de genre à profusion, l'homme prédateur sexuel à la recherche du
seul plaisir physique (presque mécanique même), la femme fleur bleue en demande de bras protecteurs et dont le
seul souci est d'obtenir de la crème hydratante pour les mains … Peut-être que dans l'Amérique des années 1970 c'était « normal » (quoique j'ai des doutes … ) mais aujourd'hu
i le trait est tellement gros que cela en devient caricatural. Et cela déforce tout le roman.
Seule Moira, la garagiste lesbienne, m'est apparue sympathique …
Beaucoup de blabla pour pas grand-chose. Dommage pour
nous lectrices et lecteurs car l'idée de départ était excellente, et il y avait certainement mille choses à dire, à dénoncer ou à revendiquer. Mais ce roman reste à être écrit …