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sur 265 notes
La première chose à dire sur le Tueur aveugle, c'est qu'un lecteur intéressé ne devrait pas se laisser impressionner, ou décourager, par son volume.
Après tout, je viens de le refermer en regrettant de l'avoir déjà fini!

Plusieurs histoires s'emmêlent jusqu'à révéler n'en former qu'une : Iris Chase, devenue très âgée, nous raconte sa vie, depuis son grand-père et l'usine de boutons qu'il fonda, jusqu'à la chute de sa famille, son mariage de raison destiné à sauver sa famille, et qui ne sauvera rien, deux guerres mondiales vues du Canada, mais aussi toutes ces époques disparues qu'elle a traversées au fil de sa longue vie et qui se sont enfuies pour de bon. A travers ses mots, on découvre peu à peu sa cadette, Laura, morte depuis des années et restée dans les mémoires comme l'auteur du Tueur aveugle. le Tueur aveugle, justement, c'est cette histoire qu'un amant raconte à sa maitresse, morceau par morceau, à chaque fois qu'ils arrivent à voler un moment à leurs différences sociales, l'histoire d'une planète lointaine, d'un peuple cruel aux étranges traditions et d'un jeune assassin aveugle qui donne finalement son nom à toute l'oeuvre.

C'est le premier roman que je lis de cet auteur, j'aurai donc bien du mal à le comparer au reste de ses écrits, en bien ou en moins bien, mais je peux avouer en tout cas avoir été complètement conquise. J'aime l'écriture, le rythme, les personnages aussi: Richard et sa soeur sont un peu monoblocs, mais les autres sont tellement merveilleusement humains, plein de beauté et de vraisemblance, jusque dans leurs failles, le tout forme finalement une sorte d'histoire à tiroirs, même si j'avoue que j'avais deviné un ou deux secrets en cours de route, qu'on dévore avec passion et qu'on referme avec la certitude qu'on n'oubliera pas ce livre de sitôt.
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Ce livre fait alterner les souvenirs d'Iris Chase, le roman écrit par sa soeur, Laura, et des coupures de presse.

Iris et Laura sont soeurs. Elles grandissent à Avalon, la demeure familiale, dans une petite ville canadienne. Leur père est à la tête d'une usine de boutons qui va connaître des difficultés financières. Pour redresser la situation, M. Chase va s'associer à un jeune homme, Richard, qui deviendra le mari d'Iris. Les deux soeurs sont très différentes. Iris, l'aînée, est posée, elle a l'habitude, depuis le décès de sa mère, de s'occuper de sa petite soeur, Laura. Cette dernière est fantasque. Elle paraît parfois un peu limitée intellectuellement. Elle a le coeur sur la main et ne voit le mal nulle part. Alors qu'Iris fait un mariage pour arranger les affaires familiales, Laura croit en l'amour sincère. Iris tombe sous la coupe d'un mari désagréable et surtout de sa soeur, Winifred, qui gère sa vie à sa place. Iris se laisse faire, elle ne veut pas lutter. Cette jeune fille qui semble aussi facilement manipulable n'en garde pas moins son jardin secret. Quant à Laura, elle vit très mal le décès de son père et son installation chez sa soeur et son beau-frère. Après une discussion entre soeurs, Laura met fin à ses jours. Qu'est-ce qui a pu la pousser à un tel geste? Qu'à bien pu lui dire Iris?

C'est un roman qui se dévore. L'auteur retrace la saga familiale des Chase. On s'attache vite à cette famille et surtout, aux deux soeurs. le lecteur voit Iris se faire dominer par son mari et sa belle-soeur, au détriment de son bonheur. Quant à Laura, la tête brûlée, elle résiste jusqu'au drame. J'ai trouvé quelques longueurs dans la partie constituée par le livre posthume de Laura Chase et je reconnais avoir sauté quelques passages. Pourtant, malgré cela, j'ai beaucoup aimé cette lecture.
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" Une dame de quatre-vingt-deux ans égrène ses souvenirs : elle s'appelle Iris Chase, est canadienne et tente de retrouver l'exact enchaînement des événements qui ont poussé sa sueur cadette Laura à se suicider à vingt-cinq ans, cinquante ans plus tôt, à Toronto.
[...]. A cette première voix narrative "classique" s'en ajoute une deuxième, fantastique, apparemment indépendante : celle du roman posthume de Laura, un conte de science-fiction. Puis une troisième, journalistique et sociale : celle des articles de presse relatifs à l'histoire des Chase, riche et célèbre famille d'industriels. [...] trois récits, trois trames et trois tons qui alternent et tendent vers quelque chose un drame, bien sûr, un secret.
Et, surtout, le portrait bouleversant d'une femme en avance sur son temps. " Isabelle Lortholary, Elle.
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Iris Chase Griffin du haut de ses quatre-vingt-deux ans raconte l'histoire de sa famille. Elle révèle des secrets et espère un jour que sa petite fille Sabrina les lira. L'histoire racontée s'étend sur plus de 90 ans: Iris Chase Griffin commence par l'histoire de ses grand-parents pour en arriver jusqu'à sa fille et sa petite fille. En arrière fonds, on connaît le Canada de l'avant guerre puis le Canada pendant la Première Guerre Mondiale où le père d'Iris a combattu, la période d'entre deux guerres (la Dépression des années 30, les manifestations syndicales, la guerre civile espagnole et les combattants canadiens qui s'y sont joints), la Deuxième Guerre Mondiale et la période d'après guerre. Une fresque historique du Canada du vingtième siècle.

Le roman suit trois voix narratives: 1) celle d'Iris qui égrène ses souvenirs mais qui raconte aussi son quotidien de l'âge d'or, 2) celle des articles de journaux et de magazines qui relatent des évènements de la vie de la famille Chase et de la famille Griffen (Richard Griffen est le mari d'Iris) et 3) celle d'un roman posthume écrit par la soeur d'Iris, Laura Chase.

Personnellement, je préfère les deux premières voix (avec un faible pour celle d'Iris). Je trouve que dans la troisième, malgré son importance que nous découvrons vers la fin du roman, il y a des longueurs que j'avais le goût de sauter à plusieurs reprises. Même avec ces longueurs, l'auteur réussit à maintenir son lecteur en haleine: on voudrait découvrir le mystère des trois décès annoncés dès le début du roman: celui de Laura Chase, celui de Richard Griffen et celui d'Aimée Griffen, la fille d'Iris.
Lien : http://www.litteratureworld...
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The Blind Assassin
Traduction : Michèle Albaret-Maatsch.

« le Tueur Aveugle », de la Canadienne Margaret Atwood, est une forme de récit à trois voix racontant bien entendu la même histoire mais selon des angles différents et aboutissant à un livre plutôt épais – plus de 650 pages chez 10/18.
Vous me direz que ce n'est pas là un procédé très original. le thème du roman, qui pourrait être grandeur et décadence de la famille Chase, n'est pas non plus réellement nouveau. Mais le traitement qui en est fait et la magie avec laquelle l'auteur accroche son lecteur, eux, valent le détour.
Au point de départ, à la fin du XIXème siècle, les Chase constituaient l'une des familles les plus en vue de Toronto. Mais la Grande guerre va faucher trois des fils et renvoyer au logis un cadet fracassé. Celui-ci n'aura à son tour que deux filles, Iris et Laura. La mère des petites mourra des suites d'une fausse couche et les deux enfants grandiront dans un monde un peu à part, la résidence d'Avalon - nom choisi par leur grand-mère paternelle - entre un père neurasthénique et une servante-gouvernante dévouée : Reenie.
Si Iris garde toujours les pieds sur terre, Laura est plus évanescente, plus lunaire. C'est l'originale, l'excentrique, la fragile de la famille, pour laquelle son père ne cessera de s'inquiéter. Comme la fortune familiale n'est plus qu'un souvenir et qu'il redoute de voir ses filles - et surtout la cadette - affronter un monde peu charitable aux déclassés, Norval Chase demande à Iris d'épouser Richard Prior, un nouveau riche pesant et sûr de lui. En se dévouant, Iris assure non seulement sa propre sécurité mais aussi celle de sa soeur. En outre, Richard a fait la promesse de ressusciter les usines Chase. Il ne la tiendra évidemment pas ... Encore un lâche : le monde en est plein ...
Voilà pour les bases de l'intrigue. Voyons maintenant la façon dont tout cela est traité.
Le récit principal est le fait d'Iris, désormais octogénaire et qui entreprend de rédiger d'officieux mémoires dans l'espoir que sa petite-fille, Sabrina, les lise un jour et apprenne ainsi toute la vérité et rien que la vérité sur sa famille. La vieille dame prend son temps : sa mémoire est intacte et, en attendant la mort, elle goûte une certaine satisfaction à mettre par écrit toute cette histoire.
Le deuxième récit nous relate les rencontres amoureuses de deux amants dont on ne connaîtra l'identité qu'à la fin. Lors de la première rencontre qui nous est rapportée, l'amant entreprend de conter à sa maîtresse une étrange histoire de science-fiction qui prendra un jour, faute de mieux, le titre de « le Tueur Aveugle. » de rencontre en rencontre, l'histoire et ses personnages gagnent en épaisseur et en sensibilité. Mais, par l'imbrication des deux fils, on finit par conclure que l'histoire en question a été éditée sous le nom de Laura Chase, après le suicide de celle-ci à 25 ans. Et l'amant, dant tout ça, alors ? ... Qu'est-il devenu ? ...
Enfin, le troisième fil intercale entre les deux autres des articles de presse, très souvent issus de la chronique mondaine des quotidiens locaux et qui présentent, eux aussi, une certaine vision de la famille Chase et de ses malheurs.
Avec « Captive », Margaret Atwood réussissait le tour de force de dévoiler son coup de théâtre final sans que le lecteur, si averti qu'il pût être, ne soupçonnât où elle voulait l'emmener. Avec « le Tueur Aveugle », on flaire la vérité un peu plus tôt mais ce roman n'en présente pas moins quelque chose d'envoûtant et d'impitoyable. le destin fait à Iris au nom du devoir familial est en effet épouvantable – je vous rassure, il n'a rien de misérabiliste : c'est l'absence d'amour dont elle pâtit que je trouve intolérable. le style est alerte et, peu à peu, on finit par devenir prisonnier de l'intrigue et par vouloir, comme dans un bon roman policier, savoir comment elle se dénoue. Pour ma part, je n'ai pas été déçue. ;o)
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