Ennuyée de ne pouvoir dormir en paix, vous vous mettez à votre toilette, mais vous êtes dix fois interrompue par le pan ! pan ! des autres fournisseurs du Grand-Hôtel, ce qui manque complètement de charme.
Si vous vous laissez entraîner par leur bavardage, si vous avez le malheur de leur acheter quelques objets, on vous traite en Russe ou en Anglais, c’est-à-dire qu’on vous fait payer trois fois la valeur.
N’allez pas vous plaindre aux gens de l’hôtel de l’importunité des fournisseurs : — ce serait peine perdue , car le portier, les garçons de quartiers, tous les serviteurs en général ont une part de bénéfice sur ce qui vous est vendu, et vous comprenez l’intérêt qu’ils ont à voir les voyageurs rançonnés.
Trop souvent confondue avec son homonyme révolutionnaire Olympe de Gouges ou tout simplement oubliée, Olympe Audouard est pourtant une figure de proue du féminisme sous Napoléon III, qui n'a cessé de transgresser les normes en vigueur en franchissant la frontière de la sphère privée, seul espace autorisé aux femmes.
Au coeur de la vie intellectuelle du Second Empire, elle a fondé pas moins de trois quotidiens, écrit une trentaine de livres et ferraillé avec la plupart des intellectuels et hommes de pouvoir contemporains, de Barbey d'Aurevilly à Zola en passant par le préfet Haussmann. Maîtresse d'Alexandre Dumas et de Victor Hugo, protégée de Théophile Gautier, ses combats contre « le sexe barbu », notamment pour le droit au divorce, résonnent encore aujourd'hui.
Celle que l'on surnomme la « Papillonne », du nom de son premier journal, est également une aventurière chevronnée : juchée sur les premiers chemins de fer, elle a observé de près la conquête de l'Ouest américain, les mouvements nihilistes russes, failli périr noyée dans un naufrage entre Alger et Marseille, affronté une tempête dans le désert avec Abd el-Kader…
Un destin hors du commun, une figure qui a marqué son époque et que la nôtre gagnera à redécouvrir.
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