Le réel, dans l'oeuvre de Marie NDiaye, est bien souvent teinté d'étrangeté. le fantastique y affleure dans des univers réalistes, parfois triviaux ; comme si ces effets de dissonance, en s'immisçant dans le quotidien, offraient une meilleure compréhension du monde et le rendaient plus intelligible. Explorant des lieux de marginalité, ses romans arpentent des territoires ambivalents, en tension, où les personnages pourtant ancrés dans l'ordinaire vacillent parfois vers la folie. Évoluant dans une atmosphère cruelle, sur le seuil d'univers heurtés où l'équivoque s'impose, ils ne cessent de questionner leur appartenance, se confrontent à la métamorphose, à l'étrangeté du lien familial et aux déplacements incessants.
Dans ce grand entretien, l'autrice évoquera l'évolution de son écriture tout au long de son parcours d'écrivaine majeure de la littérature contemporaine, qui a également investi le théâtre comme lieu d'exploration de la cruauté et de l'ambivalence humaines.
Marie NDiaye est l'autrice d'une oeuvre prolifique depuis la parution, en 1985, de son premier roman à l'âge de dix-sept ans (Quant au riche avenir, Minuit). Elle a obtenu le prix Fémina en 2001 pour Rosie Carpe, et le prix Goncourt en 2009 pour Trois femmes puissantes. En 2012, elle se voit décerner le Grand Prix du théâtre de l'Académie française, après avoir écrit de nombreuses pièces de théâtre dont Papa doit manger, qui est entrée au répertoire de la Comédie-Française en 2003.
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Marie NDiaye/5
13 notes
Résumé :
Au Sénégal, Khady Demba se retrouve sans biens et sans enfant lorsque son époux meurt. Sa belle-famille l'expulse alors du foyer et la force à migrer vers l'Europe pour travailler et lui envoyer de l'argent. Pour Khady, héroïne à la dignité sans faille, commence une errance, au gré des rencontres, entre espoir et cruauté. Une oeuvre poignante en résonance avec l'actualité.
Ce récit est le dernier qui compose l'oeuvre Trois femmes puissantes pour laqu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3)
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Voici une des nouvelles du recueil Trois femmes puissantes. Dans un pays d'Afrique qui ne sera pas nommé, elle présente les mésaventures de la nièce de Fanta, qu'on retrouve dans une autre des nouvelles et qui y est évoquée comme destination de Khady Demba ; ce nom résonnera tout le long de la nouvelle comme un véritable mantra de dignité, preuve de sa singularité et de la valeur de sa vie, elle qui est traitée comme une insignifiance.
Veuve au bout de quelques années de mariage dont elle n'aura guère profité, obnubilée qu'elle était par son désir d'enfant, au lieu de vivre sa vie d'épouse pleinement, ce qu'elle se reprochera toujours, elle sera chassée par la famille de son mari et livrée à l'errance et à l'exploitation sur le chemin vers celle qui a réussi un bon mariage, Fanta...
On voit dans ce récit une femme maintenue en vie par sa volonté jamais exprimée, en opposition avec une attitude mutique et de repli dès son veuvage, par un formidable instinct de survie lié à cette volonté. Et pourtant, Marie Ndiaye ne livre pas son parti jusqu'à la toute fin au sujet de son héroïne, cette puissance suffira-t-elle à la sortir du tragique d'une existence où elle est réifiée et exploitée ? Pour moi, c'est aussi et surtout une existence et surtout une conscience sautant de ses souvenirs à un futur meilleur, où l'on ne prend pas soin de son présent (la thématique des blessures qui ne guérissent pas et dont on ne s'occupe pas soi-même me paraît en être la métaphore la plus évidente).
Lien : http://aufildesimages.canalb..
Veuve au bout de quelques années de mariage dont elle n'aura guère profité, obnubilée qu'elle était par son désir d'enfant, au lieu de vivre sa vie d'épouse pleinement, ce qu'elle se reprochera toujours, elle sera chassée par la famille de son mari et livrée à l'errance et à l'exploitation sur le chemin vers celle qui a réussi un bon mariage, Fanta...
On voit dans ce récit une femme maintenue en vie par sa volonté jamais exprimée, en opposition avec une attitude mutique et de repli dès son veuvage, par un formidable instinct de survie lié à cette volonté. Et pourtant, Marie Ndiaye ne livre pas son parti jusqu'à la toute fin au sujet de son héroïne, cette puissance suffira-t-elle à la sortir du tragique d'une existence où elle est réifiée et exploitée ? Pour moi, c'est aussi et surtout une existence et surtout une conscience sautant de ses souvenirs à un futur meilleur, où l'on ne prend pas soin de son présent (la thématique des blessures qui ne guérissent pas et dont on ne s'occupe pas soi-même me paraît en être la métaphore la plus évidente).
Lien : http://aufildesimages.canalb..
Lu en 2022. le texte analysé ici est la troisième partie du roman Trois-femmes-puissantes" de l'auteure (qui a reçu le prix Goncourt en 2009).
Bien que cette trajectoire de vie dramatique et réaliste soit émouvante, il m'a fallu un certain temps pour appréhender le style de l'auteure... Et cela ne m'a pas donné envie de lire le roman en entier.
Bien que cette trajectoire de vie dramatique et réaliste soit émouvante, il m'a fallu un certain temps pour appréhender le style de l'auteure... Et cela ne m'a pas donné envie de lire le roman en entier.
Il est rare que je me montre aussi sévère avec une oeuvre mais je dois avouer que ce récit fut laborieux à lire.
D'abord, il ne s'agit que d'un tiers d'une oeuvre complète. de ce fait, il est difficile de savoir quel est l'objectif global de la trilogie...
L'histoire de Khady Demba aurait pu plaire mais... il ne se passe que peu de choses, cela reste assez contemplatif et brouillon. L'enjeu du récit, son but me semble peu clair ou alors peu différent des deux autre récit. Je m'attendais à voyager en Afrique, mais cela ne fut pas le cas. Je me suis mortellement ennuyée.
Le style est une confusion extrême : des phrases longues, interminables qui de prétendent poétiques. Mais n'est pas Proust qui veut !
Je n'y ai vu aucune puissance. Lecture laborieuse.
D'abord, il ne s'agit que d'un tiers d'une oeuvre complète. de ce fait, il est difficile de savoir quel est l'objectif global de la trilogie...
L'histoire de Khady Demba aurait pu plaire mais... il ne se passe que peu de choses, cela reste assez contemplatif et brouillon. L'enjeu du récit, son but me semble peu clair ou alors peu différent des deux autre récit. Je m'attendais à voyager en Afrique, mais cela ne fut pas le cas. Je me suis mortellement ennuyée.
Le style est une confusion extrême : des phrases longues, interminables qui de prétendent poétiques. Mais n'est pas Proust qui veut !
Je n'y ai vu aucune puissance. Lecture laborieuse.
Citations et extraits (2)
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Car ce mari qu'elle avait eu avait été si gentil.
Il l'avait laissée, au sein de leur existence commune, devenir cette corde follement étirée que faisait trépider la moindre émotion, et il l'avait entourée de prévenances et de paroles prudentes, délicates, exactement comme si, occupée à créer, elle avait eu besoin pour l'accomplissement de son art, la mise en forme de son obsession, d'une atmosphère de muette déférence autour d'elle.
Il l'avait laissée, au sein de leur existence commune, devenir cette corde follement étirée que faisait trépider la moindre émotion, et il l'avait entourée de prévenances et de paroles prudentes, délicates, exactement comme si, occupée à créer, elle avait eu besoin pour l'accomplissement de son art, la mise en forme de son obsession, d'une atmosphère de muette déférence autour d'elle.
Hello, Khady, se dit-elle.
Elle se rappelait combien, petite fille, elle avait apprécié sa propre compagnie et que, lorsqu'elle souffrait d'isolement, ce n'était jamais seule avec elle-même mais au milieu d'autres enfants ou dans les nombreuses familles chez lesquelles elle avait travaillé comme domestique.
Elle se rappelait combien, petite fille, elle avait apprécié sa propre compagnie et que, lorsqu'elle souffrait d'isolement, ce n'était jamais seule avec elle-même mais au milieu d'autres enfants ou dans les nombreuses familles chez lesquelles elle avait travaillé comme domestique.
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