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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Les mésaventures d'un OHQ, comprenez ouvrier hautement qualifié, avec son escroc de patron. Sur un ton gouailleur, Nan Aurousseau dresse un portrait au vitriol des prolos. Un roman autobiographique sur fond de polar social, ou l'on découvre les sept vies de Nan : Serrurier, chauffagiste, plombier, maçon, braqueur de PMU, réalisateur de film et écrivain.
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Il fut un temps où fleurissait la littérature « prolétarienne » portée par la presse de gauche et les luttes sociales . Il semble que l'on assiste à sa résurrection depuis quelques années (pourtant la presse de gauche s'est dissoute dans le CAC40 ) mais dans une version 21ème siècle (par exemple les excellents « Feuillets d'usine » de Joseph Ponthus ou « A pied d'oeuvre » de Frank Courtes ) et l'on peut ranger dans la catégorie ce « Bleu de chauffe » , premier roman de Nan Aurousseau. L'auteur y relate de manière largement autobiographique les démêlées de Dan Mamout (le narrateur) , ex braqueur (plus ou moins repenti) devenu plombier ,avec un dénommé Dolto (dont nonobstant son nom la psychologie est plus celle du prédateur que de l'enfant) vrai patron voyou . le récit abonde en anecdotes illustrant l'exploitation à outrance , les magouilles de chantier , le racisme décomplexé sans pour autant idéaliser le « prolo » . Une part est aussi consacrée aux problèmes psychologiques du personnage dominé par la rage et la tentation de la violence. le langage est actualisé ( par exemple on n'exploite plus , on « encule » ) , la critique sociale sans fard ,le ton ultra pessimiste . Un premier roman assez prometteur par sa vigueur mais où l'abondance du vocabulaire technique plombe un peu (c'est facile) la narration.
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Daniel, le narrateur, est employé dans une entreprise de plomberie. Son patron s'appelle Dolto, « un petit homme suave d'une cinquantaine d'années assez rond à l'extérieur mais géométriquement pourri et sans pitié à l'intérieur ». Dolto exploite ses ouvriers, dédaignant leurs conditions de travail, les forçant à bâcler les chantiers pour réduire les frais et maximiser les gains. Il a également arnaqué Dujardin, dont il a fait son associé, laissant ce dernier sur la paille, sans maison et sans sa femme partie avec les enfants. Dujardin, une Winchester dans le coffre de sa voiture, recherche pour se venger un Dolto devenu insaisissable. Ecoeuré par les magouilles et la morgue de son patron, Daniel craque et obtient un arrêt-maladie de six mois, mais en profite pour surveiller Dolto. Il le surprend une nuit en train de déménager le coffre-fort de la boîte. Daniel le suit, bien décidé à le faire payer.

Comme Nan Aurousseau, Daniel est un ancien taulard. Issu d'un milieu ouvrier honnête et travailleur, il refuse le destin de prolétaire qui lui semble promis, et se lance très jeune dans les braquages. C'est en prison qu'il apprend la plomberie afin d'obtenir une liberté conditionnelle (« avec eux la liberté était toujours associée à des mots tels que "provisoire", "conditionnelle", "semi"… »). Bien des années plus tard, toujours révolté mais décidé à échapper au RMI, et pour aider sa femme à subvenir aux besoins du ménage, il est contraint d'accepter ce boulot. le piège - « c'est comme ça qu'on pourrait nommer la société » - a fini par se refermer sur lui.

L'intrigue principale du roman alterne avec des réminiscences de Daniel sur son expérience des chantiers, monde impitoyable dans lequel la soif de profit pousse à rogner sur la qualité du travail. Les premières victimes de ce système en sont les habitants pauvres des quartiers sensibles – « d'ailleurs on devrait dire "quartiers à vif » -, un juteux marché pour les entreprises du BTP. Daniel doit également souvent se battre contre de petits chefs tyranniques et incompétents. Pour couronner le tout, il ne peut que faire le constat amer du délitement des valeurs de la classe ouvrière : « Ne me parlez pas de la classe ouvrière. Jamais. » Ou bien : « Vous ne l'aimez pas le prolo à ce moment-là, la très fameuse classe ouvrière des révolutionnaires romantiques de salon… »

Comme dans tout bon roman noir, l'intrigue est prétexte à la dénonciation d'un système inique qui broie les plus faibles et les moins adaptés. Ouvrier doué d'une conscience forte, mais brisé par la vie, Daniel ne semble avoir le choix qu'entre violence et folie. L'écriture sèche et nerveuse est l'exact reflet de sa colère, et les quelques détournements d'expression pleins d'humour (« Pas de quoi casser trois pattes à un connard », « On n'est jamais si bien asservi que par soi-même », « Une gueule longue comme un jour sans femme ») ne suffisent pas à masquer la tonalité tragique de cette histoire. Ce percutant roman donne envie de découvrir les autres oeuvres de Nan Aurousseau, ex-taulard et véritable écrivain.

Lien : http://plaisirsacultiver.unb..
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J'ai adoré ce livre, différent, drôle, vrai, stylé.
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J'ai beaucoup aimé le roman de Nan Aurousseau, même si la fin m'a laissée un peu "dans le brouillard" justement. Sur un sujet grave comme le déséquilibre des rapports sociaux et l'exploitation patronale, l'auteur réussit, avec son langage cru et un humour parfois décapant, à faire passer de vraies réflexions. Je ne suis pas forcément fanatique des citations mais il y a de vraies perles telles qu'une femme qualifiée de " bulldozer de la pensée quotidienne ", des fesses comme : " du fromage blanc dans un sac plastique ".
Le racisme et l'intolérance en moins, le sujet m'a rappelé Elise ou la vraie vie de Claire Etcherelli, prix Femina 1967, qui figurait au programme de mes années lycée. Et aussi un ouvrage plus récent que je devrais enfin extraire de ma PàL, Les derniers jours de la classe ouvrière d'Aurélie Filippetti.
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