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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Drôle de bonhomme que le dénommé Kugel. La cinquième génération américaine de cette famille juive orthodoxe porte encore sur ses épaules le poids d'un héritage traumatisant. Alors lorsque Kugel et Bree emménagent dans cette maison avec leur petit Jonas , c'est pour repartir sur de bonnes bases.

Oui mais voilà, mère ne va pas vivre très longtemps, alors l'une des chambres destinées à la location pour aider au financement de la maison lui revient
Oui mais voilà, le locataire de la seconde chambre est un enquiquineur fini. En même temps qui ne se plaindrait pas d'une odeur de merde qui envahit la maison
Oui mais voilà, le grenier est habité…Par une vieillarde cacochyme qui prétend se nommer Anne Franck!

Et comme c'est un tourmenté, Solomon, en essayant de ménager chèvre et chou, livre ce combat quotidien tout seul et intérieurement. Son entourage ne perçoit que les séquelles de ses ratiocinations incessantes, à travers d'étranges agissements, qui peuvent passer pour une décompensation d'ordre psychiatrique.

Les personnages :

Mère : un modèle du genre. Traumatisée par une guerre qu'elle n'a pas vécue (elle est née en 1945 à Brooklyn). Traumatisante pour son fils, qui a longtemps cru que l'abat-jour de sa chambre était un reste de son arrière grand-père, jusqu'à ce qu'il découvre l'étiquette « made in Taïwan ».
Pas étonnée d'aller chaque jour cueillir au potager une belle récolte de légumes ou de viande, que Kugel a déposé, afin qu'elle se réjouisse de sa main verte

Bree : les pieds sur terre, un peu désemparée face à ce mari qu'elle a du mal à cerner, et bien décidée à protéger Jonas de toutes ces fantaisies



Le locataire : tout puissant, très exigeant mais terriblement nécessaire.

Anne Franck : on ne sait pas immédiatement comment elle a pu arriver là. Elle essaie depuis des années d'écrire une suite à son journal. Elle est insupportable, acariâtre, tyrannique, même si Kugel se met en quatre pour la satisfaire, tout en imaginant comment il pourrait la faire disparaître.

Certes s'attaquer ainsi à une icône aussi symbolique et intouchable peut apparaître irrévérencieux. Mais si le personnage accède à sa dimension métaphorique, alors la fiction prend tout son sens :

"Il y a des gens qui réécrivent le passé en l'embellissant, d'autres en le noircissant [...], mais d'une façon ou d'une autre, je vous le promets, la fiction reviendra. Pour la simple raison que ce qui n'est pas de la fiction est trop dur à supporter. » le dit l'auteur dans l'épilogue.


Derrière la provocation, toute la question du devoir de mémoire, alors que les survivants auront disparus.
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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On entre dans la quatrième dimension, décalé et iconoclaste,

Solomon Kugel, sa femme, son fils et sa mère mourante vienne de s'installer dans une vielle ferme dans la petite ville de Stockton, dans l'Etat de New York, « vierge de tout passé encombrant, sans histoire ».

Sauf que, en ville sévit un pyromane s'en prenant à toutes les anciennes maisons construite par la famille précédente, des américains venus d'Allemagne.

Sauf que des bruits étranges et des odeurs épouvantables viennent du grenier. S'attendant à trouver des souris, Solomon découvre une vieille femme décrépite qui lui dit être Anne Frank. La cohabitation va s'avérer difficile.

Incapable de virer de chez lui ce symbole de l'Holocauste, mais aussi de cohabiter avec ce fantôme acariâtre... Difficile d'appeler la police ou de la dénoncer quand on est juif…

Tout aussi difficile pour la précédente famille d'origine allemande, même si cette locataire si particulière est entrée en fraude et sans papier en Amérique.

« Personne ne voulait d'Anne Frank vivante. Les gens voulaient une martyre, car c'était la preuve que le point de non-retour avait été atteint, la preuve que ça allait mieux parce que ça ne pouvait pas être pire »

Autre personnage intéressant :
la mère de Salomon : une Américaine, née à Brooklyn en 1945, mais qui porte en elle tous les stigmates de la douleur et de la souffrance. Tous les matins, elle se réveille en hurlant parce qu'elle a lu que les rescapés des camps agissent ainsi. Elle ne se sépare jamais d'une lampe, trésor de son intérieur, incarnation de sa mémoire, dont elle dit qu'il s'agit de son père, comme une savonnette serait tout ce qui reste de sa grand-mère. Quand Kugel fait remarquer à sa mère que la lampe porte la mention « Made in Taiwan », l'actrice du grand cinéma historique lui rétorque, cinglante, « ils n'allaient pas mettre Made in Buchenwald, quand même ? ».

Ayant adoré La lamentation du prépuce et Attention Dieu méchant, lire un autre livre de cet auteur me semblait indispensable. Bien la raison pour laquelle j'ai postulé à l'offre de Masse critique avec enthousiasme. Si le thème m'a séduit, j'avoue pourtant avoir trouver quelques longueurs à ce livre, et surtout pas retrouvé son humour dévastateur. Malgré tout, reste un livre intéressant qui force à réfléchir.
Lien : http://mazel-pandore.blogspo..
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Quand j'étais prof, j'étais toujours à la recherche de lectures pour les élèves. Une année, j'ai emprunté à la bibliothèque quelques livres parmi les suggestions que la Fédération Wallonie Bruxelles propose chaque année. Je suis toujours méfiante face à leurs propositions mais le résumé de « L'espoir, cette tragédie » de Shalom AUSLANDER avait attiré mon attention.

Salomon Kugel est juif, il est né à New-York. Dépressif, il cherche à calmer son esprit torturé en achetant une maison à la campagne, pour retrouver un peu de sérénité et prendre un nouveau départ avec Bree, sa femme, et leur fils . Très vite, sa mère vient s'installer avec eux, ce qui ne va pas lui faciliter la vie : elle, qui a toujours vécu aux Etats-Unis et qui n'a pas vécu l'Holocauste (elle n'était même pas née à l'époque de la Shoah), revisite l'histoire familiale, soupire à longueur de journées contre les Allemands et craint un nouveau génocide. Pour corser encore un peu les choses, un incendiaire sévit dans la région, la maison de Kugel sent vraiment mauvais et des bruits étranges se font entendre la nuit. La vie de Kugel va totalement partir en vrille une nuit où il décide de monter au grenier pour chercher l'origine de ces bruits : il va tomber nez à nez avec une très vieille femme qui s'est installée là et qui dit être… Anne Frank !

Je ne vais pas aller plus loin, ça gâcherait tout… L'intrigue est intéressante et inédite. On a vraiment envie de savoir comment Kugel va se sortir de cette situation totalement chaotique. le style est simple, même si j'ai été un peu déstabilisée au début par l'organisation typographique des dialogues (pas de guillemets, ni de tirets), mais on s'y fait. Les pages sont bourrées d'humour noir et caustique. Au fil de ma lecture, je me suis plusieurs fois fait la réflexion que seul un juif pouvait écrire une histoire de juif comme celle-ci ; si quelqu'un d'autre avait osé l'écrire, on aurait crié à l'antisémitisme. Et c'est justement une des caractéristiques les plus intéressantes de ce roman à mon sens : l'auteur porte un regard sans concession sur certains de ses « semblables » qui s'apitoient sur leur condition de juif ; c'est drôle mais ça pousse à la réflexion. Personnellement, je ne conseillerais pas ce livre à mes élèves, dont la plupart sont des lecteurs « occasionnels » : il faut tout de même quelques notions culturelles et littéraires qu'ils n'ont pas. Mais ce roman mérite vraiment le détour pour les mordus de lecture !

[Critique initialement rédigée le 3 mai 2016]
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