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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce roman d'Isabelle Autissier qui mêle passé et présent est aussi un récit d'anticipation. Dès les premières pages, elle nous plonge dans l'effondrement de Venise après un cataclysme effroyable
« Guido doit slalomer autour des gravats qui obstruent progressivement le grand Canal, au fur et à mesure qu'il s'y engage. Des pans entiers de s palais centenaires, le Tiepolo, le Genovese, le Vernier, ne valent pas plus que les modestes immeubles de briques, tous réduits à l'état d'obstacles à la navigation. »
Cette fiction qui décrit une splendeur déchue est aussi un cri d'alarme sur l'inconséquence des hommes et les impacts négatifs du tourisme de masse.
C'est par le biais du personnage de Léa, jeune étudiante militante et rebelle, que le combat écologique et le maintien des habitants dans leur ville nous est décrit. Son père, avec lequel elle prend ses distances, est tout l'opposé. Conseiller aux affaires économiques de la ville, il oeuvre en faveur d'une accélération du développement touristique tout en faisant confiance au barrage du MOSE pour protéger Venise des inondations de la mer Adriatique. Quant à la mère de Léa, Maria Alba, descendante d'une lignée aristocratique sans fortune, elle se réfugie dans la splendeur passée et l'histoire de sa ville.

On s'intéresse au parcours des trois personnages antagonistes mais, ce qui fait l'intérêt de ce roman, c'est l'émouvante fragilité de cette ville qui vit les pieds dans l'eau et son avenir incertain. Que ce soit l'exploitation à outrance de ses sous-sols avec l'assèchement des nappes phréatiques ou bien le passage des navires de croisière qui transitent par le canal de la Giudecca, tous ces méfaits ont dégradé les fondations et les constructions de Venise. Et l'autrice nous offre, par le truchement de ses personnages, différentes prises de position et la difficulté à accorder les vénitiens sur la sauvegarde de leur ville. Par le biais de l'art pictural, elle nous montre la sape des fondations de Venise et les méfaits de l'acqua alta.
Ancienne présidente du WWF, Isabelle Autissier est une écologiste engagée qui sait très bien sensibiliser le lecteur aux enjeux environnementaux et à la biodiversité de la lagune.
Efficace et fluide, l'écriture d'Isabelle Autissier devient poétique lorsqu'il s'agit de peindre la lagune à laquelle elle redonne toute son importance.
« La lagune protectrice et nourricière a été modelée en permanence par les fleuves, les marées et le travail des hommes. Des générations ont veillé sur ce subtil équilibre de terres et d'eaux. Puis tout a changé et on a cessé de regarder la lagune comme un être vivant avec lequel demeurer en symbiose ».


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Je découvre avec ce titre l'écriture d'Isabelle Autissier. Je ne savais pas que sillonner les océans en solitaire pouvait conduire à manier la plume avec talent.

Les premières pages de ce roman offrent au lecteur une image d'apocalypse. Depuis le temps qu'on le craignait, le pire est arrivé : une vague meurtrière a détruit Venise. Seul sur sa barque, Guido Malegatti qui a survécu par miracle, contemple les décombres. Cet entrepreneur ambitieux, conseiller aux affaires économiques de la ville, croyait pouvoir compter sur le fameux dispositif MOSE, qui, installé au centre de la lagune, devait bloquer les eaux de l'Adriatique en cas de risque d'inondations. La nature a repris ses droits...
Dans cette dystopie, l'auteure ne s'attache pas à décrire l'après, elle retrace l'avant-catastrophe et transporte le dilemme qui déchire la Sérénissime au sein d'une famille vénitienne. Chez les Malegatti, il y a donc le père, fils de paysan qui a réussi dans les affaires et en politique et qui ne voit dans cette ville touristique que ce qu'elle peut rapporter financièrement. Il y a son épouse, Maria Alba, issue de la noblesse locale, qui refuse de voir la réalité et essaie de maintenir l'héritage du monde d'où elle vient. Et enfin, il y a la fille Léa, 18 ans, par qui le scandale arrive. En totale opposition avec son père, elle fréquente un groupe d'écologistes activistes pour sauver sa ville des eaux et des hommes.

Cette première lecture de 2023 frôle le coup de coeur. J'ai beaucoup aimé l'écriture d'Isabelle Autissier. Elle nous met face à ce qui nous attend si nous continuons à fermer les yeux devant l'urgence environnementale. J'ai pu, par le passé, moi aussi, tomber sous le charme de cette ville étonnante et la découvrir anéantie par les flots m'a fait un choc. La partie romanesque, avec notamment le caractère de chacun des personnages, est admirablement ciselée. de la lagune, elle fait un intervenant vivant et passe habilement de la poésie aux termes plus techniques pour décrire son enlisement. En même temps que le drame familial qui se joue, le lecteur parcourt toute l'histoire passée de Venise avec ses périodes de gloire et ses descentes aux enfers, mais aussi ses maux d'aujourd'hui aggravés par la montée des eaux et le tourisme de masse. Mon seul regret réside dans la fin qui arrive trop brutalement. J'aurais tellement en savoir plus mais l'auteure a préféré laisser au lecteur le choix d'imaginer la suite.
Un 19/20 pour cette belle lecture qui frôle la perfection. Je suis simplement étonnée par le peu de lecteurs de ce titre sur Babelio et vous invite donc à le découvrir.
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Voir Venise et mourir avant de voir mourir Venise !

On sait, qu'Isabelle Autissier aime à raconter des aventures autant humaines ("Soudain, seuls" ou "Seule la mer s'en souviendra" ) que marines. Ici, elle met tout son talent au service de la cause de Venise, de ses habitants et par extrapolation de la planète entière et de l'espèce humaine.

Partant du postulat que si en raison du dérèglement climatique Venise sombrait dans sa lagune le choc serait mondial, il toucherait l'ensemble de l'humanité.

Venise ici est le personnage principal et se montre sous trois aspects : la Sérenissimme immortelle d'avoir porté la culture et le génie humain à son plus haut degré, la marchande qui ne vit que par le tourisme et ses emplois et la révoltée qui ne veut pas des paquebots de croisière, du MOSE et des logements airbnb.

A travers les trois personnages de la mère, du père et de la fille, nous voilà embarqué dans les problématiques contemporaines et futures qui agitent la cité. Sans jugements à l'emporte pièce, l'auteure instruit avec calme et lucidité la situation. L'impact actuel de décisions anciennes,le déni de l'avertissement des scientifiques, l'espoir dans une machine qui permet de fermer la lagune et de préserver la ville ... tout ça a un prix.

Touchant, sans être plombant, ce roman d'une catastrophe se lit comme une aventure qui donne le frisson, mais c'est du froid dans le dos dont il s'agit ici.
Lien : http://animallecteur.canalbl..
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Le naufrage de Venise est un lieu commun de l'écologie, l'engloutissement de la Sérénissime est le symbole de la disparition du monde, un poste avancé du déni environnemental, une idée-bateau... Et justement les bateaux sont l'une des spécialités d'Isabelle Autissier, on peut faire confiance à la première femme ayant accompli un tour du monde en solitaire en 1991. Elle s'empare du mythique cataclysme, se fait prophète, embarque ses lecteurs dans un roman où ses compétences d'ingénieur rivalisent avec son talent hors pair de conteuse pour réaliser un puissant plaidoyer incrusté dans une passionnante histoire humaine, et montrer à chacun d'entre nous ce qu'il adviendra des joyaux de l'humanité si les politiques ne font rien, et continuent à regarder plus loin, au-delà de la lagune en détresse. Car la vague tueuse n'est pas forcément pour plus tard, pour un autre jour, pour demain, mais possiblement pour aujourd'hui ; le scenario en est écrit , on sait pourquoi, comment et quoi faire et pourtant aucun politocard ne fait rien.


Même sans être jamais allé à Venise, chaque lecteur a en tête des images de la cité des Doges, de la place Saint-Marc, du pont des Soupirs, de gondoles ou de pizzas, que tous les amoureux du monde entier rêvent d'immortaliser dans des selfies usés jusqu'à la corde. L'une des forces de ce roman est l'incarnation de la ville désertée, des merveilles irrémédiablement perdues. En une poignée de pages poignantes, Isabelle Autissier raconte comment l'un après l'autre lors d'un enchaînement de circonstances prévisibles mais ignorées, tous les voyants se mettent au rouge en un temps record sans que personne réagisse, sans qu'aucune décision soit prise pour éviter le désastre. En moins d'une demi-heure, dans la cité millénaire où chaque immeuble s'adosse à son voisin, l'écroulement du château de cartes se propage sous l'effet d'un tsunami, la transformant en un amas de ruines. le récit est crédible, réaliste, étayé, il fait peur.


Les 3 membres de la famille Malegatti choisis par Isabelle Autissier illustrent les 3 postures le plus souvent adoptées face au désastre de longue date annoncé : Guido le père, conseiller municipal au développement ne jure que par le business, le tourisme de masse encouragé par les vols low cost et les cruise ships bondés de visiteurs qui n'apportent rien, la folie consumériste qui transforme la Sérénissime en parc d'attraction, en Veniseland.


Maria Alba la mère, issue d'une famille aristocratique mais ruinée représente le faste passé, sur lequel elle nostalgise sans fin alanguie sur la balancelle de sa terrasse. Elle tente, armée de son éducation, de maintenir continuité et sécurité dans son foyer. du mariage de la carpe et du lapin entre le paysan et la patricienne désargentée, entre le petit gros et la grande brune, entre le rustre et l'éduquée, quel est le dénominateur commun ? Ils ont donné naissance à Léa, presque majeure, qui se révolte, se radicalise, fréquente des universitaires et des activistes auteurs d'un manifeste documenté et atterré « Sauver Venise ». Elle est la Greta Thunberg de la famille, éperdue de sincérité et follement touchante.


Entre ceux qui croient en la théorie du flux, en l'homo touristicus, persuadés que le pire n'est jamais sûr, et ceux qui armés d'études scientifiques et de graphiques croient que le pire n'est pas impossible, il y a l'alpha et l'omega, le Mose, sa technologie, sa construction chaotique, son budget triplé, son temps de construction décuplé, son milliard d'euros de malversations, un mur, un machin, censé fermer la lagune et la protéger de l'acqua alta et des crues. Il représente la certitude que la nature pliera éternellement face à la folie humaine, et rend les patrons de bistrots de la place Saint-Marc heureux d'avoir leurs terrasses au sec.


Le naufrage de Venise est un roman haletant qui se lit comme un thriller, porté par la magnifique plume de l'auteure, à la fois riche et condensée, documentée sans être jamais rébarbative. Mais il s'agit également d'un manifeste, d'un plaidoyer engagé, irrigué en profondeur par les convictions écologistes, halieutiques, océaniques, humanistes d'Isabelle Autissier qui avec force rappelle que « plus tard sera trop tard ». A lire sans perdre une minute.
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Une ville entourée d'eau, sans voiture, on y circule à pied ou en bateau. La rencontre entre Venise et Isabelle Autissier semble évidente.
On sent qu'elle l'aime, qu'elle a bien décrypté tous ses problèmes, historiques et actuels, et qu'elle pense que les hommes qui la dirigent la mènent à la disparition. Mais il n'est peut-être pas trop tard.
Roman écologiquement bien documenté, donc réaliste, associé à l'histoire d'une famille qui se déchire sur l'avenir de la sérénissime cela donne une bonne histoire, bien écrite, passionnante à lire.
L'amarrage des paquebots de croisière à hauteur de la place Saint Marc étaient une dangereuse hérésie. Ce n'est plus autorisé, mais il y a encore tant d'autres choses à faire.
Voici quelques conseils pour visiter au mieux la Cité des Doges. N'y allez pas quand c'est bondé, le début du printemps, l'automne sont magnifiques même quand il y a du brouillard. Arrivez par la mer, pour que la première découverte se fasse lentement. Logez plusieurs jours sur place, Dorsoduro, à l'arrière de la Dogana et de la Salute, a ma préférence. Oubliez les pizzérias, vous trouverez facilement des restaurants traditionnels qui proposent une cuisine locale et de saison.
Et lisez le naufrage de Venise avant de partir, vous en profiterez encore mieux.
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Un roman, une fiction, un récit, un pamphlet, une prophétie ? En fermant ce livre de 265 pages, un beau jour d'été 2022, je ne peux être qu'un peu perdue, désorientée… mais aussi reconnaissante !

Ma première lecture de Isabelle Autissier. Un sacré talent d'écriture, moderne et concis. Poétique aussi, quand il faut, quand elle peut. A certains moments, le style me rappelle l'écriture direct de Colombani. C'est de notre époque qu'il s'agit pour ces auteurs, les fioritures ne sont plus obligées.
Un point m'a amusée dès le départ ; le prénom Guido du municipal et entrepreneur local vénitien, l'un des protagonistes de l'histoire. On peut se demander si Autissier connaîtrait un autre personnage romanesque du même prénom, policier cette fois ; le Guido de Donna Léon, auteure et fine connaisseuse de Venise. Une pure coïncidence, probablement !

A travers une histoire romancée d'une famille vénitienne (père, mère et fille jeune ado), située bel et bien dans notre époque toute récente, y compris le Covid, Isabelle Autissier a réussi un pari incroyable. Mêlant fiction et réalité, elle aborde le déclin dramatique de l'environnement de Venise, de sa lagune. A travers les personnages bien ficelées qui, au fil des pages, évoluent dans leur compréhension du monde, dans leur agissement et maturité, elle dénonce les pratiques désastreuses ( économie, tourisme, industrie) et imagine des collectifs pour lutter contre ce déclin. Rien de moralisateur, mais de la réflexion et de l'action.
Le récit débute d'une façon presque inimaginable. J'ai même cru, au fil des pages, qu'il s'agissait éventuellement d'un rêve/cauchemar de Guido. Digne d'un scénario de film.

La page 172 m'a sidérée. Une pensée de Guido cette fois… « .. Qui sait d'où viendra le prochain coup dans ce monde déstabilisé ? Quelle crise boursière, quelles obscures matières premières, quels Etats ignorés ………… va encore tout chambouler ?... »

Ce livre va rester longtemps dans mes pensées. Les ambiances, les couleurs, la nature, les enjeux, rien ne laisse indifférent.
A lire absolument.

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Magnifique lecture qui m'a fait m'interroger sur plusieurs points abordés au fil du récit. J'ai régulièrement interrompu ma lecture pour faire quelques recherches afin de démêler le vrai du romancé. J'ai ainsi appris ce qu'est l'acqua alta et à quel point ce phenomène s'est accentué (et pourquoi), le système MOSE ou découvert l'existence de la mystérieuse l'île de Poveglia... le tout porté par les mots et le style d'une Isabelle Autissier, que je découvre également au-delà de ses talents de navigatrice.
Une très belle découverte qui donne à réfléchir et à changer ses habitudes quant au tourisme de masse qui pourrait purement contribuer à la destruction de pans du patrimoine de l'humanité.
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Énorme coup de coeur pour ce roman d'anticipation, mais pas que...
J'étais à Venise voilà dix mois, et à travers les pages j'y ai retrouvé l'atmosphère, la lumière de cette ville hors du commun.
Isabelle Autissier, à travers les trois personnages d'une même famille pose les questions essentielles concernant l'écologie la montée des eaux la protection des villes en bord de mers.
Je ne veux rien dévoiler de l'histoire mais j'ai tout de même un tout petit regret : peut-être aurais-je terminer par les deux premiers chapitres.
Je n'ai pas le talent d'Isabelle Autissier et le livre est époustouflant de vérités
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Venise la magnifique.
Venise menacée.
Venise submergée.
Venise la naufragée.

Un roman d'anticipation qui pourrait se passer demain.
Le MOSE, cet espèce de barrage au large de la lagune, censé protéger Venise des grandes marées ne sauvera pas la ville.

Trois personnages, trois points de vue, trois destins.
Guido, l'entrepreneur ambitieux qui ne cherche que le développement économique de la ville, éclipsant tous les éléments alarmistes.
Alba, son épouse, issue d'une grande famille vénitienne, amoureuse de sa ville qu'elle voudrait voir rester telle quelle.
Léa, leur fille, engagée pour l'avenir de Venise quitte à changer de vie.

Une immersion dans la vie des Vénitiens et dans cette ville qui fait rêver des milliers de touristes. de l'histoire, des détails immersifs, des confrontations…
Une véritable visite de la Sérénissime qu'on aurait tant aimé sauver.
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Le naufrage de Venise par Isabelle Autissier est une très belle surprise pour moi. J'en avais entendu beaucoup de bien à la radio mais je n'ai du tout été déçue, bien au contraire. le style est fluide, très agréable et captivant. Je l'ai lu en deux jours et j'ai eu du mal à le lâcher.
Dès le premier chapitre, on sait comment tout va se terminer : la destruction de Venise. le roman va revenir sur l'enchainement successif événements qui ont conduit à cette catastrophe. Pour ce faire, on va suivre l'histoire des 3 membres d'une famille vénitienne qui vont illustrer les différents comportements que l'on peut adopter dans pareil contexte.
Le père, promoteur ambitieux, maire délégué à l'économie de la ville et sourds aux avertissements des scientifiques sur le danger de la surexploitation de la ville. C'est l'archétype du personnage qui s'accroche dur à l'espoir que la technologie nous sauvera forcément et qui ne pense qu'au présent, sans jamais imaginer les impacts du futurs. C'est celui qui pense s'enrichir en vendant les bijoux de famille.
La mère, héritière d'une grande famille vénitienne, fait le lien avec le passé sans jamais vraiment interroger le présent. Elle sera toujours dans l'entre deux, incapable de choisir entre son mari et sa fille. A défaut de choisir, elle les soutiendra tous les deux et va mourir dans la destruction de la ville qui représente la destruction de son monde.
La fille, 19 ans, va progressivement être sensibilisée aux enjeux écologiques jusqu'à la prise de conscience douloureuse de la perte future et irrémédiable de cette ville qu'elle aime. C'est cette prise de conscience qui va créer chez elle une colère et un besoin d'agir. Face à la destruction de son monde, comment rester inactif ? Elle va entrer dans des mouvements de rébellion et de désobéissance citoyenne qui n'auront d'autre effet que de la confronter encore plus à son impuissance. La tâche est trop lourde pour ses épaules, comme le conclu Isabelle Autissier, "comprendre avant les autres n'a pas suffi). Telle Cassandre, elle hurle dans le vide face à des gens qui refusent ou qui ne peuvent pas voir la réalité en face.
En parallèle de ce dernier personnage, on va croiser son professeur, celui qui va l'initier et lui ouvrir les yeux. Il représente une autre facette du militantisme, un militantisme plus raisonné, moins dominé par ses émotions, qui veut persuader et non contraindre. C'est le scientifique qui tente de faire comprendre aux politiques aveuglés par les enjeux immédiats les conséquences de leurs actes, celui qui tente pas la politique de faire changer le monde, sans effet pour l'instant. Ce dernier militantisme est rejeté par le premier car il est jugé lent et inefficace, pas assez radical par rapport à l'urgence.

Si I'autrice a choisi Venise pour son symbole, ce n'est qu'une version miniature du combat écologique et des enjeux qui menacent notre monde. J'ai aimé cette façon de ne juger personne, d'exposer calmement leur point de vu. A la fin, de toute façon, ce n'est pas l'action d'un seul homme qui peut changer les choses mais c'est bien le résultat de l'héritage d'une confrontation entre des courants de pensées sur des décennies.
C'est un livre très réussi, même si finalement, il laisse une note amère dans la bouche, quoi qu'on fasse, la machine est en marche et plus personne ne sait l'arrêter.
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