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Citations sur Le passe-muraille (71)

S’emparer ainsi du bien d’autrui, c’est très gênant, même à l’imaginer dans son lit. Mais avoir faim, c’est gênant aussi. Et, quand on n’a plus de quoi payer le loyer de sa mansarde et qu’il faut l’avouer à sa concierge et faire des promesses au propriétaire, on se sent tout aussi honteux que si l’on avait dérobé le bien d’autrui.

LES BOTTES DE SEPT LIEUES-P129
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12 mai. – Le marché noir des tickets de vie est en train de s’organiser sur une vaste échelle. Des démarcheurs visitent les pauvres et les persuadent de vendre quelques jours de vie afin d’assurer à leurs familles des moyens de subsistance complémentaires.
[…]
12 juin. – Les tickets de vie s’achètent à des prix astronomiques et l’on n’en trouve plus à moins de cinq cents francs. Il faut croire que les pauvres gens sont devenus plus avares de leur existence et les riches plus avides.

LA CARTE P 57
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Un après-midi, après l’heure des visites, Frioulat, ordinairement bavard, demeura longtemps muet, le regard fixe, comme ébloui. À Antoine qui lui demandait ce que signifiait son silence, il se contenta d’abord de répondre :
— Mon vieux, c’est formidable.
Il exultait visiblement, et toutefois son bonheur semblait traversé par un remords qui l’arrêtait au bord des confidences. Enfin, il s’y décida :
— J’ai tout raconté à ma mère. Elle va me les acheter. Je les aurai en rentrant chez moi.
Antoine en eut froid au cœur. Les bottes n’étaient déjà plus ce trésor commun où chacun avait pu puiser sans risque d’appauvrir le voisin.

LES BOTTES DE SEPT LIEUES - P130
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M. Rebuffaud hocha la tête et resta songeur. L’affaire lui paraissait déjà moins extravagante. L’exemple du percepteur, l’assurance donnée que d’autres contribuables connaissaient la même épreuve, lui rendaient presque acceptable l’idée d’abandonner sa femme au fisc. Il en vint à s’attendrir sur lui-même en songeant à la grandeur de son sacrifice, tant qu’à s’admirer, une chaleur d’héroïsme lui monta aux joues. Enfin, pour tout dire, sa femme était d’un caractère maussade et n’avait jamais été jolie. Au fond de lui-même et sans se l’avouer, il y renonçait assez facilement. En serrant la main du percepteur, il poussa un soupir qu’il força un peu.
LE PERCEPTEUR D’EPOUSES P112
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- Dis donc, je vois que tu t'es miché en gigolpince pour térarer ceux de la sûrepige - Ce qui signifie en langage vulgaire : je vois que tu t'es déguisé en élégant pour confondre les inspecteurs de la sûreté.
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Un jour, le sous-chef fit irruption dans le réduit en brandissant une lettre et il se mit à beugler :

- Recommencez-moi ce torchon ! Recommencez-moi cet innommable torchon qui déshonore mon service !

Dutilleul voulut protester, mais M. Lécuyer, la voix tonnante, le traita de cancrelat routinier, et, avant de partir, froissant la lettre qu'il avait en main, la lui jeta au visage. Dutilleul était modeste, mais fier. Demeuré seul dans son réduit, il fit un peu de tem­pérature et, soudain, se sentit en proie à l'inspiration. Quittant son siège, il entra dans le mur qui séparait son bureau de celui du sous-chef, mais il y entra avec prudence, de telle sorte que sa tête seule émergeât de l'autre côté. M. Lécuyer, assis à sa table de travail, d'une plume encore nerveuse déplaçait une virgule dans le texte d'un employé, soumis à son approbation, lorsqu'il entendit tousser dans son bureau. Levant les yeux, il découvrit avec un effarement indicible la tête de Dutilleul, collée au mur à la façon d'un trophée de chasse. Et cette tête était vivante. A travers le lorgnon à chaînette, elle dardait sur lui, un regard de haine. Bien mieux, la tête se mit à parler.

- Monsieur, dit-elle, vous êtes un voyou, un butor et un galopin.

Béant d'horreur, M. Lécuyer ne pouvait détacher les yeux de cette apparition. Enfin, s'arrachant à son fau­teuil, il bondit dans le couloir et courut jusqu'au réduit. Dutilleul, le porte-plume à la main, était installé à sa place habituelle, dans une attitude paisible et laborieuse. Le sous-chef le regarda longuement et, après avoir balbutié quelques paroles, regagna son bureau. A peine venait-il de s'asseoir que la tête réapparaissait sur la muraille.

- Monsieur, vous êtes un voyou, un butor et un galopin.
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"Un couple, ce n'est pas une combinaison chimique. Quand les éléments se trouvent séparés, il ne suffit pas de les remettre en présence pour refaire ce qu'on a défait" in "En attendant" (dernière nouvelle dans Le passe-muraille)
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Un héros, s'il n'est pas là où l'on a besoin de sa vaillance, n'est qu'un mensonge ou une illusion.
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Un recueils de 10 nouvelles auxquelles l'auteur n'a pas poser une seule restriction à son imagination foisonnante, parfois un peu trop débordante...
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Rien n'est plus déprimant que le rôle de confident pauvre. Chacun sait, par exemple, que le vrai drame, dans la tragédie classique, est celui des confidents. C'est pitié de voir ces braves gens, à qui il n'arrive jamais rien, écouter avec une résignation courtoise un raseur complaisant à ses propres aventures.
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