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100 Bullets tome 4 sur 15

Jérémy Manesse (Traducteur)
EAN : 9782809400052
130 pages
Panini France (07/02/2007)
3.98/5   26 notes
Résumé :
Chienne de vie... et si courte, en plus ! Pour la plupart des gens, en tout cas. Et dans le monde ténébreux de 100 bullets, pour tout un tas de gens. C'est ce que va découvrir le jeune loop. Muni d'une arme et de 100 cartouches non identifiables - un cadeau du mystérieux agent Graves -, il va rencontrer le père qu'il n'a jamais connu et découvrir à quoi ressemble le monde de la mafia. Ce sera bien pire qu'il ne l'imaginait.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ce tome fait suite à le marchand de glace (épisodes 8 à 14). Il contient les épisodes 15 à 22, parus en 2000/2001, écrits par Brian Azzarello, dessinés et encrés par Eduardo Risso, avec une mise en couleurs de Patricia Mulvihill, et des couvertures de Dave Johnson.

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Épisodes 15 à 19 - Holly (une belle rousse) tient un petit bar fréquenté par quelques poivrots. Pour pouvoir se le payer, elle a emprunté à Nino Rego et elle a un peu de mal à respecter ses paiements de remboursement. Curtis Hughes (un black, petite carrure, imperméable fatigué, une cinquantaine d'années) fréquente le bar d'Holly et entretient des relations de nature affective avec elle. Il bosse pour Nino Rego et collecte les impayés. Louis Hughes (surnommé Loop) est une racaille du quartier (d'une vingtaine d'années) qui a gravi quelques échelons, au point de ne pas trop se salir les mains et de pouvoir rouler en 4*4 (Subaru). Alors qu'il rentre chez sa mère où il habite, il est obligé de marquer l'arrêt devant l'agent Graves qui est au milieu de rue. Ce dernier monte dans le 4*4 et propose une mallette avec un revolver et 100 balles impossibles à tracer, ainsi que l'adresse de son père (Curtis Hughes) qui a abandonné femme et enfant peu de temps après la naissance de ce dernier.

Comme dans les tomes précédents, la première chose qui saute aux yeux est que cette histoire s'inscrit dans la littérature de genre, celle du polar urbain. Azzarello et Risso y vont franco utilisant les clichés et les stéréotypes propres à ce genre. le lecteur plonge dans un polar urbain bien glauque, au milieu de perdants qui n'ont rien de magnifiques, et qui sont englués dans leur existence, dans le cercle vicieux de la violence, incapables de dépasser leurs limites ou de sortir de leur cadre de référence. On a donc droit à la femme un peu lasse, incapable de payer le prêteur requin qui envoie ses hommes de main pour casser et brutaliser afin de récupérer sa mise. L'ancien (Curtis Hughes) est désabusé à souhait, effectuant les basses besognes mais avec un grand coeur. le jeune (Louis Hughes) se croit déjà arrivé au sommet de la chaîne alimentaire, dans une position confortable. La partie graphique regorge également de ces stéréotypes : le rade pas très propre, le 4*4 tape-à-l'oeil, le gang de blacks en baggies avec chaînes d'or à gros maillon, partie de billard dans un entresol chichement éclairé, poubelles renversées dans la rue, etc. Risso cite même des influences graphiques, à commencer par les pansements en blanc sur un visage noir dans l'obscurité (comme l'a inventé Frank Miller dans Sin City avec Marv dans The hard goodbye). À l'instar de Miller, Risso s'amuse également à dessiner des voitures qui sont pilotées plutôt que conduites et donc représentées en l'air, les roues ne touchant pas le sol. En plus de ces caractéristiques, le lecteur retrouve l'agent Graves qui propose à nouveau une de ses valises si pratiques pour lesquelles on ne sait toujours pas comment il se procure ce pistolet et ces balles garantissant l'impunité.

La deuxième chose qui saute aux yeux est l'art consommé avec lequel Azzarello et RIsso utilisent ces stéréotypes pour nourrir leur récit, plutôt que comme béquille pour en masquer la vacuité. Chacun de ces stéréotypes leur permet de gagner du temps en laissant le lecteur compléter les sous-entendus qu'ils contiennent. Ils choisissent leurs images toutes faites avec soin, et en ratissant large (c'est-à-dire qu'ils ne se contentent pas d'une ou deux, mais qu'ils piochent dans toute leur variété). S'appuyant sur ces éléments implicites, ils peuvent consacrer chaque page à apporter des éléments supplémentaires spécifiques à leurs personnages. C'est ainsi que Louis Hughes devient un jeune homme respectueux de sa mère, rongé par l'abandon de son père. Avec son look à la Columbo, chaque propos de Curtis Hughes sert aussi bien au dialogue qu'à approfondir sa personnalité. de son coté Risso apporte également des éléments complémentaires qui personnalisent chaque stéréotype jusqu'à ce qu'il en devienne particulier. C'est ainsi que la marque du 4*4 revêt une importance de taille (Subaru, ça ne fait trop rêver comme marque), ou que le langage corporel de Curtis et sa tenue vestimentaire en font un individu unique rendu malin par l'expérience qui vient avec l'âge.

Chaque page de Risso mérite d'être regardée dans le détail, et même contemplée, pour l'intelligence avec laquelle il la compose. Chaque case a été pensée en fonction de ce qu'il souhaite y faire apparaître et de ce qu'il estime être superflu, c'est-à-dire n'ayant pas besoin d'être représenté. Dans n'importe quelle page, le lecteur est le jouet de Risso dosant chaque trait pour le maximum d'efficacité. Par exemple dans le deuxième épisode, Curtis vole une voiture de marque avec l'aide de son fils. Alors qu'un premier regard en tournant la page donne l'impression que les décors ont disparu, la lecture provoque une immersion de bon niveau. En y regardant de plus près, Risso ne dessine pas le décor de la rue sur ces 2 pages (38 &39) ; elle a déjà était représentée 2 pages avant. Par contre il inclut des cases comprenant un décor telles qu'une vue de l'intérieur du coffre, ou le tableau de bord du véhicule. Cela a pour effet de rapprocher le lecteur de la voiture, de l'associer au plus près du bricolage de Curtis et son fils. Si le scénario exige un détail réaliste, Risso l'insère (la forme du pied de biche, l'apparence du moteur, la croix pour desserrer les boulons, etc.). Sinon il s'en tient à un dessin plus lâche (le pot d'échappement et le bas de caisse vaguement esquissé par un trait). Chaque page est ainsi le fruit d'un savant dosage entre ce qui doit être montré dans le détail et ce qui peut être rapidement évoqué. Par ces savantes compositions, le lecteur n'éprouve jamais la sensation de sortir du récit parce que sa vitesse de lecture s'adapte à la densité d'information. Les couleurs de Patricia Mulvihill achèvent de donner une unité à ces pages, même si elle choisit des teintes peut-être un peu trop vives. Cette scène constitue également un exemple magistral du degré de collaboration entre Risso et Azzarello : alors que les images montrent que Curtis et son fils se livrent à un vol de voiture, la conversation évoque leur appréciation du baseball. D'un coté cette scène est visuellement intéressante et elle apporte par les images des informations différentes du dialogue ; de l'autre ce dernier développe la relation entre les 2 interlocuteurs, en apportant des informations sur leur personnalité.

Comme un bon romancier, Azzarello raconte une histoire prenante, et même haletante, tout en commentant des aspects de la condition humaine ou de la société. À aucun moment ces malfrats de petite envergure ne paraissent débiles ou idiots. Azzarello fait de chacun d'entre un individu ordinaire, plus ou moins futé, le produit de son environnement (plus ou moins exagéré pour satisfaire au degré de divertissement). Les retrouvailles entre le père et le fils ne donne pas lien à un sentimentalisme qui aurait été ici déplacé, mais à une approche méfiante, et à un partage cohérent avec la nature du récit. Au lieu de verser dans la sitcom, Azzarello développe cette relation sur le thème des acquis de l'expérience d'une façon habile, avec transmission de savoir d'un ancien au profit d'un jeune. Il ajoute un autre niveau à cette relation en la plaçant en vis-à-vis de celle qui unit Curtis Hughes à Nino Rego (son employeur) et la manière dont ce dernier se sert de sa propre expérience. Par cet effet miroir, Azzarello en vient à évoquer la difficulté pour chacun de sortir de son milieu social d'origine. On est très loin du dispositif artificiel de départ qu'est la fameuse mallette.

Ce regard sur la société ne se fait pas au détriment de la conspiration à grande échelle qui sert de support narratif puisque les Minutemen sont à nouveau évoqués et que Lono refait son apparition. Ce personnage incarne bien la roublardise d'Azzarello qui en fait un personnage un peu ventru avec des chemises à fleur voyantes, mais dont les actions sont à l'opposé de l'image qu'il projette, en parfaite harmonie avec l'un des autres thèmes de ce récit (la dichotomie entre ce que l'on voit d'un match de baseball, et ce que l'on ne voit pas, à commencer par les stratégies des joueurs). du grand art.

Azzarello et Risso proposent une histoire presqu'auto-contenue qui a la forme d'un polar urbain, en en respectant les conventions les plus stéréotypées, mais aussi les plus noires, tout en jetant un regard critique sur la société, et en créant des personnages inoubliables dotés d'une présence incommensurable ; ils dépassent de beaucoup l'horizon d'attente spécifique à ce genre, en allant chercher des codes dans des branches éloignées de ce genre, et en les nourrissant d'éléments uniques. Même Tommi Yi (personnage secondaire, une femme garde du corps du parrain Nino Rego, en robe ultracourte, jouant au billard avec une grande dextérité), même cette jeune femme qui est un amalgame de stéréotypes (c'est à la fois une praticienne hors pair des arts martiaux, et une belle asiatique) laisse deviner qu'elle a elle aussi une histoire complexe que le lecteur ne demande qu'à découvrir.

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Épisode 20 - Mister Sheperd et Benito Medici papotent sur un banc public, pendant qu'une lutte de territoire pour dealer se déroule juste à coté, ainsi qu'une joute spectaculaire de skaters.

Avec cet épisode, Azzarello décide d'en dire plus sur la mystérieuse organisation Trust, sur le rôle de Mister Sepherd, et commence à dévoiler le sens de la tuerie d'Atlantic City. Pour maintenir l'intérêt pendant ce qui est une longue discussion, il ajoute cette escarmouche pour un territoire de dealer, et Risso rend le tout encore plus visuel avec les as du skateboard. le lecteur peut à nouveau admirer la dextérité et l'intelligence narrative des 2 auteurs. Au lieu de contempler un assemblage artificiel de 3 intrigues, il est assis aux cotés de Shepherd et Medici, et regardent avec eux ce qui se passe aux alentours. La discussion accroche le lecteur parce qu'elle contient son lot de révélations, et elle est interrompue régulièrement par les activités aux alentours comme il en est dans un parc public. Évidemment Azzarello ne s'attache pas aux conversations de ménagères sortant leur marmaille, mais à celle de dealers dont la situation fâcheuse constitue comme un écho de ce que raconte Shepherd. À nouveau, Risso retranscrit une ambiance urbaine à l'américaine, légèrement fantasmée, mais plausible. 5 étoiles.

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Épisodes 21 & 22 - Jack Daw (un paumé et camé, avec une belle carrure) rentre dans le squat qu'il partage avec un autre junkie pour s'envoyer un fix. Il a reçu un attaché-case avec un flingue, 100 balles, et la photographie du responsable de sa déchéance. Il va faire le tour de ses connaissances (d'un ancien employeur dans un bar où il était videur, à sa mère responsable d'une entreprise de ventes de produits de la mer).

Retour au dispositif de la mallette pour une nouvelle possibilité de vengeance. D'un coté ces récits rappellent au lecteur le point de départ de la série (et le titre), et lui fournissent l'occasion de se remémorer les bribes d'information dispensées par Graves, Shepherd et Branch jusqu'alors. de l'autre, il apparaît qu'il s'agit d'exercice de style pour Azzarello et Risso qui utilisent ce point de départ pour explorer un autre schéma narratif classique des polars et romans noirs. Sur le thème de la vengeance, ils invitent le lecteur à suivre le parcours de ce paumé qui fait le tour des individus plus ou familiers qu'il croise dans son quotidien, à la recherche de la personne sur qui assouvir sa vengeance. Ici, il s'agit à la fois de constater la déchéance de ce grand costaud, de découvrir ses fréquentations, et d'essayer de deviner qui est responsable de sa situation. Sans enfiler une suite de clichés, les auteurs ont du mal à faire exister le personnage principal, tant psychologiquement que visuellement. Difficile d'éprouver de l'empathie pour cet être faible, fourbe et lâche, abusant de sa présence physique, sans motivation. 3 étoiles.
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Ce quatrième tome reprend les épisodes #15 à # 19, c'est à dire les quatre épisodes de la saga «Dos rond pour le Daron» (Hang Up on the Hang Low) et son épilogue «Funérailles pour une canaille» (Epilogue for a Road Dog).

Après un petit crochet par la France, Azzarello situe à nouveau son récit aux States. Si l'histoire débute comme d'habitude par la distribution d'une valise contenant une arme, 100 cartouches, un nom et une garantie d'immunité pour le crime à commettre, l'auteur argentin utilise cette fois son concept répétitif afin de développer une relation père-fils intéressante, tout en apportant des éléments de réponse concernant la mystérieuse organisation dont fait partie l'agent Graves.

La fameuse mallette n'est donc qu'un prétexte utilisé par l'auteur pour développer une relation entre Louis Hughes, dit Loop, et son père, Curtis Hughes. Ce récit parsemé de violence parvient à raconter une histoire de famille attachante au sein d'un environnement régi par la drogue et le crime. Azzarello livre à nouveau un polar pourvu d'excellents dialogues et continue de développer sa trame de fond en parsemant son récit d'informations concernant les Minutemen.

Au niveau du graphisme, notons le changement de coloriste avec le remplacement de Grant Golesh par Patricia Mulvihill.

Du polar haut de gamme !
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Ce tome 4 revient sur les points forts du titre sur les deux premiers tomes à mon goût. Des personnages complexes, des personnalités moins manichéennes et surtout des dialogues plus percutants et plus noirs comme Azzarello sait bien le faire.
Néanmoins, beaucoup de questions supplémentaires s'installent suite à ce tome. J'espère que ces dernières ne resteront pas sans réponse.
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critiques presse (1)
Sceneario
27 juin 2012
Le dessin de Risso est superbe. Il donne une atmosphère, une ambiance, un ton à ces récits. Il y a des scènes d'une rare intensité dramatique, des scènes de violence comme celle entre Loop et Tommi Yi, la garde du corps de M. Rego, le prêteur sur gages.
Lire la critique sur le site : Sceneario
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Tu sais, Curtis, tout le monde a un jour fait quelque chose qu'un autre jugera impardonnable.
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