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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ramatoulaye, mère de 12 enfants, profite de son temps de veuvage pour écrire une longue lettre à son amie Aïssatou installée aux Etats-Unis.
Les premières pages nous transportent aussitôt dans un pays de chaleur éblouissante, aux parfums éclatants, foisonnant de fruits juteux où l'on se promène paresseusement le soir tombé le long de ports de pêche où les filets regorgent de poissons frétillants.

Mais cette lettre est un prétexte, bien sûr, pour évoquer la société sénégalaise en plein changement suite à l'Indépendance. On est à la fin des années 70.

Dans cette lettre touchante, on apprend à connaître et à s'attacher à cette femme tendre, amoureuse et révoltée, remplie de contradictions comme tout un chacun. Celle qui appartenait à ces filles "hors du commun", propulsée dans les études supérieures, se voit aimant son rôle de maîtresse de maison et acceptant, contrairement à son amie, la polygamie de son mari. Cela ne l'empêchera pas de discourir au sujet de l'absence quasi-totale de femmes en politique.
Cette femme se démène dans une société en évolution nourrie d'importations occidentales mais encore figée dans certaines traditions ancestrales; elle apprend ainsi à composer avec les cigarettes, l'alcool et le sexe lorsqu'il s'agit d'éducation et découvre en elle des ressources inattendues lorsqu'il s'agit de vivre sans homme ou de protéger ses enfants. Il y a d'ailleurs une très belle scène d'amour filial lorsqu'elle apprend la grossesse de l'une de ses filles, et où elle fait fi de ce qu'on attendrait d'elle dans telle situation. "Un effort surhumain me redresse. Courage! Les lueurs s'unissaient en clarté apaisante. Ma décision d'aider et de protéger émergeait du tumulte. Elle se fortifiait au fur et à mesure que j'essuyais les larmes, au fur et à mesure que je caressais le front brûlant".

Dans cette lettre, Ramatoulaye est tout-à-tour jeune fille, étudiante promise à un bel avenir, épouse, femme au foyer, veuve et mère.

La force de ce livre c'est le flux des pensées, cette impression d'une réflexion sans cesse en mouvement, jamais figée, d'une femme d'âge mûr revenant sur sa vie et écoutant avant tout ce que son coeur lui dicte.
Une belle découverte.
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Ramatoulaye vient de perdre son mari et comme le veut la tradition, elle doit respecter une période de deuil de quarante jours. Elle éprouve alors le besoin de se confier à son amie de toujours, Aïssatou, installée aux États-Unis.

Grâce à cette longue missive, on découvre la place de la femme en terre africaine (Sénégal). L'auteure n'hésite pas à dénoncer la polygamie, le mariage, les castes, les règles ancestrales et désuètes du remariage. Elle fait oeuvre aussi d'historien puisqu'elle nous décrit les progrès réalisés pour la condition féminine. Et bien sûr, puisqu'elle est mère avant toute chose, elle nous fait part des problèmes d'éducation des enfants, de la libération des moeurs.

Une auteure militante qui lutte contre la domination des hommes et les traditions responsables de la perte de la dignité des femmes, une belle page à mettre entre toutes les mains...
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" Une si longue lettre " est un roman de l 'écrivaine sénégalaise , Mariama Bâ ( 1929-1981 ) .Cette dernière est une féministe .Elle est la première romancière africaine à décrire la place faite aux femmes dans la société .
Elle a fait de la défense de la femme africaine son credo .Elle est contre certaines traditions comme la polygamie , contre la soumission de la femme quelque soit la forme de cette dernière .Elle estime ,à juste titre que la femme est ligotée et qu ' elle subit le joug de l 'homme .
Dans "Une si longue lettre", on apprend ce que nous révèle la narratrice Ramatoulaye .Cette dernière vient de perdre son mari dont elle est la première épouse .Elle met alors à profit les quarante jours de deuil que lui impose la tradition sénégalaise en écrivant une lettre à sa meilleure amie Aissatou , exilée aux Etats-Unis .Ces deux femmes sont liées par une forte amitié , durant leur jeunesse et leurs études , elles ont partagé d 'inoubliables moments de joie et de plaisirs .
Dans sa lettre à Aissatou , nous apprenons que Ramatoulaye a une cinquantaine d 'années et est mère de
douze enfants .Elle est institutrice .Elle est la première
épouse de Madou Fall .
Dans ce roman ,Mariama Bä expose toutes les entraves qui freinent l 'épanouissement de la femme .C 'est un roman sur le tiraillement des personnes entre la modernité et la la tradition .Belle écriture de cette romancière que je découvre pour la première fois .




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Au coeur de ce roman, la lettre d'une jeune sénégalaise à son amie pendant la réclusion traditionnelle qui suit son veuvage. Elle y évoque leurs souvenirs heureux d'étudiantes impatientes de changer le monde, et cet espoir suscité par les Indépendances. Complicité entre femme Ramatoulye et Aïssatou malgré leur différence.
Elle rappelle aussi les mariages forcés, l'absence de droits des femmes, la polygamie. C'est un livre très touchant car il parle de la condition de la femme en Afrique, le problème de la polygamie, des traditions musulmanes.
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Sénégal - Ramatoulaye, mère de 12 enfants, décide d'écrire une longue lettre à son amie Aïssatou installée aux Etats-Unis. Elle vient de perdre son mari et doit respecter les traditions en vigueur quant au deuil : différents cérémonies, un temps défini pendant lequel elle reste à la maison, les voisins, amis et famille à recevoir, les tracasseries de l'héritage, ...
Elle a le temps de repenser à son parcours et à celle de son amie : le temps de l'enfance, des études, le travail, le mariage, les enfants et ... l'arrivée d'une deuxième épouse que leur mari respectif leur a imposé!
Des parcours de vie différents, des choix et des réactions différentes mais pour toutes les deux, l'obligation de faire avec le poids des traditions et le peu de place réservé aux femmes.
Un récit très joliment écrit, plein de lucidité sur une vie semée d'embuches, mais avec une droiture et une force morale impressionnantes.
Une très jolie découverte.
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« Aïssatou,
J'ai reçu ton mot. En guise de réponse, j'ouvre ce cahier, point d'appui dans mon désarroi : notre longue pratique m'a enseigné que la confidence noie la douleur. »
Ainsi commence le livre et ma plongée dans la vie de Ramatoulaye.
« Amie, amie, amie ! Je t'appelle trois fois. Hier, tu as divorcé. Aujourd'hui, je suis veuve. » Dans cette longue lettre de souffrance, Ramatoulaye déroule le fil de sa vie. Sa rencontre avec celui qui sera son époux et qu'elle a choisi contre l'avis de sa mère. Sa vie de première épouse, ses tourments avec en fond, les us et coutumes du Sénégal musulman.
Les Sénégalaises ploient sous le poids de la tradition. Ainsi, Ramatoulaye a-t-elle appris la polygamie de son mari par les frères et le meilleur ami de son mari, le jour du mariage. Imaginez ! Ils sont venus en délégation pour lui annoncer la « bonne nouvelle » ! le mari ne lui a rien dit, rien de rien !! Oui pour nous c'est incroyable. Elle pourrait faire comme son amie Aïssatou et divorcer, mais, non, elle restera par amour, malgré l'avis de ses filles et continuera de travailler et d'assumer les enfants.
Mariama Bâ décrit la misère ou l'envie de plus de richesse, qui poussent les mères à « vendre » leur fille comme seconde voire troisième épouse à un homme riche mais plus très jeune. C'est d'ailleurs ce qui arrive à Binetou, la seconde épouse.

Bien qu'elle ait 50 ans, le frère de son mari tout juste enterré vient la demander en mariage, car il hors de question qu'elle reste seule ou que sa fortune passe entre d'autres mains. D'autres hommes la demanderont en mariage pour de très bonne raisons ou de moins bonnes. La tradition, la tradition !

Ramatoulaye renâcle devant la dégradation, l'occidentalisation des moeurs, « Notre société actuelle est ébranlée dans ses assises les plus profondes, tiraillée entre l'attrait des vices importés, et la résistance farouche des vertus anciennes… La pollution s'insinue autant dans les coeurs que dans l'air. » Pourtant la modernité a ses charmes car le mari de sa fille partage les tâches de la maisonnée « Daba est ma femme. Elle n'est pas mon esclave, ni ma servante. »
J'ai senti beaucoup de tristesse, de chagrin, de colère, de dignité et d'amour dans cette lettre où une femme, même lettrée, indépendante financièrement est entièrement soumise au mâle et à sa belle-famille. Même si Ramatoulaye accepte à son corps défendant, la polygamie de son mari, elle est résolument moderne dans ses rapports avec ses enfants et sa vie sociale.
J'ai aimé cette si longue lettre entre tradition et modernité, entre joie et souffrance, entre colère et acceptation. J'ai découvert ce titre sur le blogue d'Yv et me suis empressée de le commander à la bibliothèque. Bien m'en a pris.
Comme Yves en lisant le nom de l'auteur, j'ai aussitôt pensé à Madame Bâ d'Eric Orsenna. Maintenant, je comprends mieux l'hommage qu'il lui a rendu dans ce livre.
Le livre se termine sur une superbe phrase : « le mot bonheur recouvre bien quelque chose, n'est-ce pas? J'irai à sa recherche. »

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Dans ce roman épistolaire écrit à la fin des années 70, Mariama Bâ dénonce d'une plume sobre, élégante et sans concessions, la condition féminine dans la société sénégalaise.

A travers deux portraits magnifiques, ceux de Ramatoulaye l'épistolière et d'Aïssatou, sa meilleure amie, destinataire de cette si longue lettre, le roman vibre des espoirs de Mariama Bâ pour une société plus égalitaire entre les sexes : une société qui respecterait les droits des femmes et leur permettrait de vivre libres, délivrées du joug masculin, qu'il soit conjugal ou paternel, libérées aussi des traditions avilissantes comme le mariage forcé ou la polygamie.

De ce très beau roman plaidoyer, je retiendrai avant tout deux lettres impressionnantes de dignité et de simplicité. Avec des phrases courtes et percutantes qui font le style de ce roman, la première exprime la vérité d'une situation inacceptable pour Aïssatou, femme bafouée dans son honneur qui refuse purement et simplement de "partager" son époux avec la jeunette qu'il lui préfère. Les mots claquent, froidement logiques, impitoyables pour l'homme vil qui n'hésite pas à piétiner des années de bonheur et d'amour partagés pour assouvir une passion purement charnelle.
La deuxième lettre est celle de la narratrice devenue veuve qui annonce avec délicatesse à un homme amoureux d'elle, mais déjà marié qu'elle se refuse à devenir sa seconde épouse et renonce au confort financier et à la sécurité que lui apporterait un remariage.

Sans aucune lâcheté, dans des circonstances différentes, les deux femmes revendiquent avec noblesse et une grande élégance morale leur choix d'une nouvelle vie sans homme, assumant courageusement les difficultés à venir d'une vie de famille financièrement plus précaire.

Une très belle découverte !

Challenge Multi-défis 2023
Challenge Plumes féminines 2023
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Cela faisait un certain temps que je voulais découvrir Une si longue lettre, roman engagé de Mariama Bâ, écrit en 1979 mais d'une étonnante modernité !

Comme l'indique le titre, ce roman est en réalité une lettre rédigée par la narratrice, Ramatoulaye, à son amie la plus proche, Aissatou, à la suite du décès de son époux et à l'isolement imposé aux veuves pendant 40 jours.

Dans cette missive, Ramatoulaye évoque ses souvenirs les plus mémorables, de son enfance pleine de promesse, à sa rencontre avec son futur mari, sa vie conjugale (au cours de laquelle elle aura 12 enfants !) puis à la fin brutale de celle-ci, lorsque son mari décide de prendre une seconde épouse plus jeune.

Le récit des différentes étapes de la vie de Ramatoulaye (dont 30 années de mariage) est entrecoupé de réflexions sur divers sujets, de la condition des femmes (qui a subi une grande évolution au fil du XXème siècle malgré la persistance de la polygamie et de ses conséquences pour les épouses), à la richesse d'une amitié, du cinéma, des livres, mais aussi de la situation de l'Afrique et plus particulièrement du Sénégal.

J'ai beaucoup aimé cette longue lettre, qui nous place au plus près de son héroïne, que l'on découvre dans toute son authenticité, avec ses faiblesses, mais surtout sa force de caractère, son courage, ses convictions, sa féminité, sa loyauté, sa bonté.

Un roman captivant, un beau témoignage de la condition des femmes en Afrique à travers le destin de deux d'entre elles, épouses, mères, veuves ou séparées certes, mais avant tout des Femmes.

A lire !
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Ramatoulaye femme sénégalaise vient de perdre son mari décédé d'une crise cardiaque. Un mari avec lequel elle a eu 12 enfants pendant leurs 30 années de vie commune. Il avait obtenu en France sa licence en droit et avait été avocat des syndicats puis fonctionnaire. Elle écrit ces longues lettres destinées à son amie Aïssatou : "la confidence noie la douleur".
Une douleur vive en partie du fait de ce décès, mais aussi parce que en respect de la tradition africaine, elle est dépouillée de ses biens, quelques jours après le décès par la belle famille de son mari...un mari qui l'avait abandonné pour épouser une gamine amie de lycée de sa propre fille...douleurs joies et peines diverses ponctuent ces courriers. Plus tard des prétendants lui proposeront le mariage..
Lettre après lettre Ramatoulaye pointe du doigt toutes les incohérences, toutes les failles de cette société machiste sénégalaise...un Sénégal découvrant l'indépendance. Ces lettres aussi, en réponse à des courriers d'Aïssatou, nous permettent d'en savoir plus sur les aléas de la vie de cette autre femme divorcée, sur leurs difficultés communes de femmes de s'affirmer, de femmes confrontées, seules, avec des moyens limités à l'éducation de leurs enfants, à la libération des moeurs que ceux-ci découvrent.
Elles ne pleurent pas, ne sont pas dans la lamentation, bien au contraire...Elles affirment leur force, leur courage, leur volonté d'accompagner leurs enfants pour mieux affronter la vie, leur force de mère : "....On est mère pour comprendre l'inexplicable. On est mère pour illuminer les ténèbres. On est mère pour couver, quand les éclairs zèbrent la nuit, quand le tonnerre viole la terre, quand la boue enlise. On est mère pour aimer, sans commencement ni fin. ." (P. 153).
Au travers de ces deux portraits, des joies et peines de ces deux femmes, cette correspondance met en avant toutes les failles et incohérences de cette société sénégalaise, des femmes en quête de liberté et d'émancipation, tout le poids des castes et des traditions.
"Une si longue lettre" de Mariama Bâ fait partie des livres les plus lus au Sénégal. Cet ouvrage militant est étudié dans le système scolaire...il est malheureusement moins connu en France et assez difficile à trouver en rayon en librairie..C'est sur Recyclivre que je l'ai déniché..Je vais lui offrir un nouveau voyage, le déposer dans une boite à livre.
Pour ma part, j'ai effectué un beau voyage dans le temps, un voyage pour mieux connaître une certaine Afrique, celle de la période de mon adolescence.
Un passé en voie de disparition...NON ! le combat des femmes est toujours d'actualité et devient même de plus en plus prégnant sous certaines latitudes.
C'est bien triste.

Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Un gros coup de coeur.

Je comprends à présent pourquoi ce livre se retrouve toujours dans les listes de livres à lire au moins une fois dans sa vie. Quel plume ! Poétique, incisive, mordante et douce. Il y a un rythme, des métaphores de toute beauté. Cette longue lettre est déchirante et porteuse d'espoir à la fois. J'aurais voulu noter chacune de ses phrases et les enfermer précieusement dans un carnet.

L'héroïne ne perd jamais espoir, on la voit relever la tête, s'affirmer et cela fait du bien ! Je ne pouvais m'empêcher de l'encourager en mon for intérieur, de m'indigner quand elle s'indignait, de m'effondrer quand elle s'effondrait. C'est une femme qui a été humiliée, mutilée au plus profond de son âme, qui se retrouve seule avec 12 enfants à charge et qui ne peut compter que sur elle-même.

Ce texte n'est pas que le texte de l'émancipation d'une femme mais c'est aussi, à mes yeux, l'un des plus beaux textes sur le rôle d'une mère et l'amour qu'elle peut porter à ses enfants. Je vous laisse pour preuve cette citation que je n'ai pu m'empêcher d'ajouter à Babelio.

"Et puis, on est mère pour comprendre l'inexplicable. On est mère pour illuminer les ténèbres. On est mère pour couver, quand les éclairs zèbrent la nuit, quand le tonnerre viole la terre, quand la boue enlise. On est mère pour aimer, sans commencement ni fin."
Lien : https://labullederealita.wor..
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