AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,25

sur 1456 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est en nous Que se passe Tout ce qui se passe
Dans le monde où nous vivons.
C'est en nous Que cesse Tout ce qui cesse
Dans ce que nous voyons. - Fernando PESSOA -

Plutôt que de parler d'Alain, Damasio, qui signe la postface de cet album SF post-apo, cyberpunk, style chien enragé, je cite Fernando
- en pied de nez, pied de ligne, pied aux propos
& un clin d'oeil saudade au fado.

Contrairement à mes habitudes 'bulles' sans paroles, ici, ce sont les dialogues qui m'ont d'abord interpellée - pollution, surpopulation, famine, vieillissement, partages tous azimuts des informations sans réel partage du savoir, connexion 24/24 --- merci xT, messager intergalactique :D)

Il m'a fallu un peu de temps pour m'habituer au graphisme
Les couleurs fauvistes, en variantes non linéaires m'ont tout de suite plu,
les traits, moins au début -
car si j'aime beaucoup Egon Schiele, j'ai une nette préférence pour les rondeurs et la volupté de Botero, encore un Fernando
- ensuite je me suis laissée porter par la vague (Oh Hordes mugissantes) et puis séduire par les lignes hachurées, déchiquetées en mille morceaux de couleurs explosives, flamboyantes qui accompagnent et soulignent totalement, imparfaitement le caractère robotique de cette histoire terriblement humaine (et vice-versa)

Au final, il s'agit avant tout d'une histoire d'amour entre Carbone et Silicium, deux 'êtres' que tout assemble, en qui tout se ressemble, que tout oppose, le tout et le néant, l'absolu et la complétude.

La plus belle preuve d'amour donnée et reçue serait le mot de la fin ou presque:
"Tu appartiens au monde extérieur, je te libère."
(d'accord avec Alain, Damasio, et en même temps, pour moi, la beauté de l'album se trouve aussi ailleurs -- )

Un roman graphique de chez graphique dans sa construction de l'espace, du temps, construction presque aléatoire tout étant très architecturale.
Un parti pris du non-esthétisme conventionnel très esthétique

Alain, Damasio, en signant la postface - que je n'avais pas lue avant la fin du récit - ne s'y est pas trompé (Tweet, like, dislike, très niets, très Nietzsche, Ô mon gai savoir ainsi parlait --)

Un talent certain dans cette nouvelle génération de ceux que j'appellerais les nez pointus avec des dialogues qu'apprécieront même les réfractaires à la SF, puisqu'ils relatent tout simplement le monde actuel à --
--- à peine --- 1 seconde de nous, top chrono, c'est parti !
avec suffisamment d'à-propos argumentés, compréhensibles, accessibles et un léger brin d'humour.

Pour en revenir à Alain, Damasio, il qualifie cet IA/AI ouvrage de sostalgique, joli !
solaire et mélancolique, à lire avec peut-être un air de Fado en ambiance, illustration de la saudade. Sodade
https://www.youtube.com/watch?v=vnkm0k_FPOA

Qu'est-ce que le bonheur ? le bonheur est-il hors de la cage, hors de la case, hors du réseau au monde ou au contraire dans cette solitude partagée qui est le lot des humains, enfin des IA/AI que nous sommes devenus ou en devenir ? ou encore en un ailleurs à réinventer et pourquoi sommes-nous des millions à nous poser cette question ou pas ?

Nostalgie, mélancolie, désir du bonheur sans savoir ce qu'est le bonheur ou ce que nous en attendons.
& un graphisme qui est tout sauf innocent, couverture au choix

" Tu sais j'ai vu 87,6% de la planète
- Alors ?
Le monde est beau "
Commenter  J’apprécie          4214
Difficile d'en faire une critique tellement cette BD est riche. Et j'aime faire court!
Alors commençons par l'histoire : celle de deux androïdes, Carbone et Silicium, que l'on va suivre pendant environ 300 ans . C'est une belle histoire d'amour entre les deux, contrariée et touchante. A travers eux, c'est l'humanité que l'on va voir évoluer....et comme dans la majorité des livres de SF, les Hommes détruisent leur planète et/ou subissent les évènements climatiques. Mais ils sont toujours résilients. Il y a quelques passages aussi magnifiques de notre planète, des paysages notamment, mais je trouve ça dommage de voir toujours la même vision du futur....et si les villes devenaient plus vertes, et si L Homme avait pris conscience à temps des enjeux ? Un peu de positif c'est bien aussi. Mais Bablet fait ainsi passer son message.
L'histoire est prenante, belle, philosophique , les dessins sont parfois magnifiques, les couleurs et la mise en forme ( par chapitre selon la transformation de Carbone dans le temps) sont bien travaillés. Par contre je n'aime pas du tout sa façon de dessiner les personnages : sans pieds, aux formes destructurées, plutôt laids ...C'est voulu je le comprends bien, ce n'est pas leur apparence qui compte , mais moi je n'adhère pas.
Une BD avec des thèmes actuels ( écologie/ Connexion/ migrations....) mais avant tout une histoire d'amour que tout le monde appréciera. J'espère pouvoir lire Shangri-la un jour du coup !
Challenge BD 2021
Commenter  J’apprécie          350
Magnifique BD, très contemplative. L'histoire est une espèce de version apocalyptique de "L'Homme Bicentenaire". C'est la version inversée du trope classique de la révolte des robots.

Dans Carbone & Silicium, ce sont les humains qui se révoltent contre les robots. Avec, au premier plan, le points de vue de deux robots à l'immortalité différente, coincés dans une histoire d'amour impossible.

Les illustrations sont vraiment magnifiques, mais le côté "collapsologie" de l'histoire m'a un peu énervé.
Commenter  J’apprécie          320
C'est beau et dense. Beaucoup de texte, il faut prendre son temps. Mais on s'attache à ces droïdes, à leur parcours, leurs retrouvailles. Les ellipses sont bien faites, les périodes identifiables. On voit le monde "progresser" (si je puis me permettre), évoluer, les droïdes avec eux, plus humains que les humains.
Un roman graphique qui mérite que l'on se pose, prenne un peu le temps de la réflexion.
Commenter  J’apprécie          240
L'avis qu'on en donnera tous sera forcément incomplet, en deçà, presque injuste ou faux, tellement cette BD est riche. Tant de sujets, tant de connexions Terre-Nature d'un côté, "l'extérieur" (fini ?), et l'homme-ego-reseau d'un autre, "l'intérieur" (infini ?). C'est la mise en image, la mise en abîme même, des sujets contemporains par des robots-I.A. faits à l'image des hommes. C'est dense, très dense. Chacun y trouvera certainement un trésor pour souvenir.
Lien : https://www.facebook.com/liv..
Commenter  J’apprécie          210
Pas très gai comme lecture... Nous parcourons les trois prochains siècles de notre monde par le regard de deux IA, Carbone et Silicium, capables de reloger leur esprit dans de nouveaux corps de robots tous les douze ans, date limite de leur fonctionnement.
Dans le futur, les IA seront partie prenante de la société mais en tant que sous-classe, d'abord maltraitée, exploitée, avant d'être menacée lorsque les ressources nécessaires à leur fabrication viennent à manquer. le fait de pouvoir ainsi changer de corps - sans pouvoir choisir lequel - permettent à Carbone et Silicium de parcourir le monde, changeant ainsi de pays ou de continents tous les douze ans.
Si c'est aspect du récit est amusant, la description qui est faite du monde dans le futur l'est beaucoup moins: pénuries, réfugiés climatiques envahissant les rues avec leurs tentes, montées extrêmes des eaux finissant par engloutir les villes, famine, paradis artificiels du Virtuel, violences, agressions... le tout poussé au summum dans des sociétés qui se laissent complètement déborder, où les humains semblent ne pas réagir, comme indifférents.
Je n'ai pas complètement adhéré à cette vision qui pour moi, dans le monde de la science-fiction, manque d'imagination tant ces thèmes ont été exploités.
Un format et des illustrations de qualité, des paysages splendides.
Commenter  J’apprécie          191
Il y a tout …

Mathieu Bablet a réussi à créer un univers complet comme il l'avait déjà fait dans Shangri-La.

Il donne une vision sombre et mélancolique du monde à l'ère de l'Intelligence Artificielle en suivant, durant près de 300 ans, à partir de leur activation en 2045, Carbone et Silicium.

Tout lie ces deux « Intelligences Artificielles fortes » : leurs références, leurs partages, leur amour.

Mais tout les oppose également : une femme et un homme, un robot blanc et un robot de couleur, l'un très sédentaire, l'autre partant à la découverte du monde, l'un altruiste, l'autre solitaire.

C'est foisonnant en textes et dessins avec des gammes de couleurs multiples. Une oeuvre à relire pour en découvrir tous les détails.

C'est réfléchi, profond, une évolution intellectualisée : ce n'est sans doute pas pour rien qu'Alain Damasio en fait la postface en inventant même un mot pour décrire l'oeuvre : la « solstalgie » qui se définit comme "la nostalgie d'une solitude qui ne serait pas totale, d'un lien entre humains qui ne serait pas coupé, d'un tissage collectif qui pourrait être autre chose qu'un cluster d'atomes interconnectés par le réseau".

Il y a tout, mais peut-être trop pour moi.

Une impression de perdre pied dans une oeuvre où le robot et la science sont plus importants pour la chercheuse que ses propres enfants, où tout ne pourra aller que de mal en pis, sans retour de la lumière, dans un monde de surpopulation, de catastrophe écologique et de déshumanisation…


Commenter  J’apprécie          160
Après Shangri-La, je retrouve Mathieu Bablet et son graphisme si déroutant dans une nouvelle BD massive ! Massive par son poids et puis par son contenu qui dépeint un univers futuriste sombre, malheureux, déplaisant. L'avenir s'annonce vraiment déprimante et bien pessimiste avec cette vision d'un futur sur 300 ans, destructrice et violente. En effet, j'utilise beaucoup de mots du champ lexical négatif mais il n'en reste pas moins que c'est une BD coup de poing. Ca se lit bien, ça fait réfléchir à notre rapport avec la technologie, les intelligences artificielles, nos consciences humaines.. Sacrée découverte.
Commenter  J’apprécie          150
Je vais me livrer à un exercice difficile pour moi, à savoir faire un billet sur une BD. C'est un univers que je maîtrise peu, mes trop rares incursions se situant chez Corto Maltese.

Nous suivons Carbone et Silicium, deux intelligences artificielles créées par la professeure Noriko Ito, directrice de recherche à la Tomorrow Foundation.

Alors que je suivais ce couple d'humanoides, un autre couple me trottait dans la tête et peut-être que Mathieu Bablet avait aussi Éléa et Païkan de Barjavel dans "la nuit des temps" dans un coin de sa tête.

"L'homme a créé les Dieux,
L'inverse reste à prouver" disait Gainsbourg.

L'auteur nous propose sa réinterprétation du mythe de Prométhée, – on pense aussi forcément au "Frankenstein" de Mary Shelley – avec cette volonté de s'approprier les qualités divines, se rendant dès lors coupables d'hybris à travers la démesure humaine et sa tentative de s'élever au-dessus de sa condition.
Mais la Némésis ne se trouverait-elle pas au bout de cette aventure ?

Sans être spécialiste mais je me suis un peu tourné vers Wikipédia, j'ai trouvé dans cette lecture, des thèmes développés par Günther Anders et son concept de "honte Prométhéenne", exprimant ainsi la honte qu'éprouve l'homme vis-à-vis de sa finitude au regard de la perfection des machines.

Autre thème, celui développé par Hans Jonas dans son essai "le principe responsabilité: une éthique pour la civilisation écologique" dans lequel le philosophe nous met en garde face au risque inconsidéré lié aux conséquences de certains de nos comportements et choix techniques par rapport à l'équilibre écologique, social ou économique de la planète.

BD très ambitieuse (peut-être trop?) donc avec une volonté d'aborder tous ces concepts éminemment complexes et une foultitude de questions qui ne trouvent que des réponses imparfaites et insatisfaisantes.

Un petit mot sur l'aspect graphique et le remarquable travail de couleur. Petit bémol en ce qui me concerne avec un non-respect, assumé j'imagine, des proportions anatomiques.

La postface d'Alain Damasio est juste parfaite et rend un bel hommage à ce travail de Mathieu Bablet.

Une belle réussite selon moi, petit béotien, qui m'a quand-même foutu un peu l'bourdon.

Là, j'ai juste envie d'écouter Robert Charlebois.

Je suis un gars ben ordinaire
Des fois, j'ai pu l'goût de rien faire
J'fumerais du pot, j'boirais d'la bière
J'ferais d'la musique a'c le gros Pierre
...

Commenter  J’apprécie          140
L'auteur de Shangri-La à savoir Mathieu Bablet, jeune prodige de la science-fiction, vient de frapper encore plus fort. C'est tout simplement magistral à tous les points de vue. le thème sera celui de l'intelligence artificielle et des robots en général qui vont ressembler de plus en plus à l'être humain jusqu'à assister à la décadence de notre monde.

On va ressentir comme un plaisir tactile d'une épaisse couverture toilée. Il y aura également la douceur satinée de pages parfaitement imprimées. Et puis, ce bruissement agréable d'un beau papier ou encore l'odeur caractéristique qui s'en dégage. C'est une véritable perception d'excellence dans la qualité de l'édition qui donne toute la puissance à cette oeuvre singulière.

Carbone et Silicium est une véritable histoire d'amour entre deux robots différents ce qui n'a jamais été exploité jusque là. Notre auteur est un visionnaire qui va avancer dans son récit à grand bond de saut dans le futur. On va voir la planète se dégrader petit à petit au niveau environnemental.

Je suis fasciné par le thème de l'âme qui sera un jour possible dans un corps bionique et synthétique. Les hommes vont vite être relégué au second plan. Une question demeure : comment sauver la planète ?

Je suis tout simplement ravi et comblé par cette oeuvre qui rend magistralement honneur à un genre trop martyrisé par le neuvième art. Les cadrages rapprochés ainsi que les plans d'une même scène qui prolifèrent arrivent à en figer presque l'instant. Des espaces lisses ou vides qui vous happent et qui vous coupent le souffle ainsi que des architectures dépouillées, vertigineuses et inquiétantes dans ce monde futuriste.

Bref, nous avons là une oeuvre absolument magistrale d'un graphisme époustouflant. Il pose les bonnes questions sur le devenir de l'humanité sans aucun côté moralisateur. Cela pousse incontestablement à la réflexion. A noter que cet album est véritablement plébiscité par la critique et par les lecteurs. Cela n'est pas pour rien.
Commenter  J’apprécie          142




Lecteurs (2646) Voir plus



Quiz Voir plus

Les personnages de Tintin

Je suis un physicien tête-en-l'air et un peu dur d'oreille. J'apparais pour la première fois dans "Le Trésor de Rackham le Rouge". Mon personnage est inspiré d'Auguste Piccard (un physicien suisse concepteur du bathyscaphe) à qui je ressemble physiquement, mais j'ai fait mieux que mon modèle : je suis à l'origine d'un ambitieux programme d'exploration lunaire.

Tintin
Milou
Le Capitaine Haddock
Le Professeur Tournesol
Dupond et Dupont
Le Général Alcazar
L'émir Ben Kalish Ezab
La Castafiore
Oliveira da Figueira
Séraphin Lampion
Le docteur Müller
Nestor
Rastapopoulos
Le colonel Sponsz
Tchang

15 questions
5241 lecteurs ont répondu
Thèmes : bd franco-belge , bande dessinée , bd jeunesse , bd belge , bande dessinée aventure , aventure jeunesse , tintinophile , ligne claire , personnages , Personnages fictifsCréer un quiz sur ce livre

{* *}