Neuf nouvelles se déroulant à Alger et Réghaïa, à une trentaine de kilomètres de la capitale, composent ce recueil.
Homogènes de par leurs thématiques, personnages et ambiances, elles forment un ensemble cohérent, dense, compact qui reflète la vision que l'auteur a de son pays et est probablement, pour une bonne part, inspiré d'éléments autobiographiques.
Elles sont essentiellement peuplées de trentenaires désoeuvrés, chômeurs, intellectuels, pas encore installés dans la vie, en butte à des problèmes de logement, de transport, de travail dans une Algérie meurtrie par une décennie de guerre civile et de terrorisme. Ils flottent, errent dans des banlieues sordides, désorganisées, hantés par des souvenirs de contrôles policiers, de présence des islamistes, et de tremblements de terre dévastant périodiquement ces contrées.
La bureaucratie et la corruption sont le lot quotidien.
Pour autant, ils nourrissent des espoirs, ne sombrent pas dans la morosité, recherchent les contacts amicaux et amoureux et sont en quête de plaisirs festifs et artistiques, musicaux surtout. Ils rêvent leur vie, confondent songes et réalité, s'échappent du réel et se retrouvent dans des situations surréalistes, comme une cocasse visite d'appartement avec balcon auprès d'une propriétaire mythomane, ou l'ouverture fantasmée d'une laverie automatique se trouvant bientôt envahie par les vagues de la méditerranée.
J'ai une petite préférence pour Ceux qui parlent aux meubles, la nouvelle la plus charmante et la plus poétique. On y fait des allers et retours entre Mexico et Alger où on rencontre des brocanteurs sillonnant les rues en quête de meubles de la période française.
Car la France est présente dans la totalité de ces courts textes, dans la langue, en premier lieu, car les algériens utilisent couramment de nombreux mots français, et dans la vie des protagonistes ensuite. Un lien indéfectible semble unir les algériens à la France. Ils y habitent ou veulent y émigrer, ont de la famille qui y réside, y font leurs courses, ne semblent pas nourrir d'acrimonie à l'égard de l'ancien occupant, et oscillent continuellement entre les deux cultures.
Au total, neuf petits bijoux qui nous offrent, de manière lyrique et décalée, mais également sociologique, un tableau saisissant de réalisme de la jeunesse algéroise.
Je remercie Babelio et les éditions
Philippe Rey et Barzakh pour cette vraie découverte !