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3,53

sur 404 notes
Tout le monde connaît au moins dans les grandes lignes l'intrigue d'Orgueil et Préjugés. Nombreux récits dérivés ont été écrits mettant en scène les personnages de ce roman dans différentes situations comme un meurtre (La mort s'invite à Pemberley de P.D. James), l'attaque de zombies sanguinaires comme Orgueils et préjugés et zombies de Seth Grahame-Smith. Ne parlons pas non plus des reprises proposant de revenir sur l'oeuvre via un autre point de vue où là, le choix est vaste comme "Cher Mr Darcy et le journal de Mr Darcy d'Amanda Grange) ou encore, des récits mettant en avant des personnages secondaires comme Charlotte Collins ou Caroline Bingley de Jennifer Becton)... le choix est vaste et le lecteur peut aisément trouver chaussure à son pied dans cette pléthore de livres.🙂

Jo Baker dans Une saison à Longbourn fait preuve ici d'une originalité et d'un nouvel axe pouvant déplaire aux fans de Jane Asuten et de son roman. Les Bennet sont ici présentés non pas de manière bienveillante mais au travers des yeux, des commentaires des domestiques. Et là, croyez-moi, le côté enchanteur, romantique et parfait incarné par les demoiselles Bennett en ressort avec quelques égratignures et le récit perd son côté bucolique.😄


Dans ce récit, nous découvrons les coulisses de la maison Benett via les personnages des domestiques avec Mr et Mrs Hill au service de la famille depuis des années, des deux servantes (Sarah et Polly) et du nouveau majordome arrivé depuis peu : James. Ce petit monde se lève avant la petite famille pour allumer les feux, remplir les réservoirs d'eau, faire le ménage, la lessive, les repas afin qu'une fois les Bennett levés, ils n'aient plus qu'à s'asseoir et séduire les jeunes gens du coin sans penser à tout le travail de préparation engendré en amont.😅

Le côté sociétal de ce roman est superbement bien pensé. Utiliser l'oeuvre de Jane Austen comme base afin de relater les conditions de vie des domestiques est ingénieux. Nous découvrons ainsi, l'existence d'une sorte de sous-famille à la famille (les domestiques représentant les personnes pour qui ils travaillent sans pour autant être des leurs ne seraient-ce qu'en tant qu'être humain pensant à part entière). Ainsi, cela se traduit par des décisions quant au déplacement des domestiques sans leur demander leur avis, de leur identité (Polly portant le même prénom à la naissance que Mary Bennett se voit affublé d'un autre prénom), les conditions salariales voire esclavagiste puisqu'ils ne sont payés qu'une fois par semestre donc totalement dépendant de la famille jusqu'au jour de paie. Nous découvrons également le comportement que certains "riches" se permettent avec leurs domestiques.

Le côté historique est aussi un des points forts du récit : Nous découvrons les guerres napoléoniennes au travers d'une sorte de retour en arrière sur le vécu de James lors de son engagement dans l'armée. Les horreurs commises des deux côtés ainsi que les répercussions sur l'esprit des jeunes hommes revenus en Angleterre.

Le seul bémol dans ce livre est à mon sens la romance entre Sarah et James, notamment les retrouvailles. J'ai eu énormément de mal en pensant à l'époque à imaginer une jeune femme sur les routes, marchant pour retrouver l'homme de sa vie. 😐 C'est vraiment le seul moment où je n'ai plus été conquise par l'histoire qui l'a passait en mode guimauve version "facile".


Globalement, un excellent roman. Les fans de l'oeuvre de Jane Austen pourront y trouver de quoi rire par moment, de quoi déchanter concernant le côté féérique de l'histoire. D'autres lecteurs trouveront agréable de découvrir un aspect moins reluisant de la société de l'époque tout en ayant comme base le roman Orgueil et préjugés. 😉

Personnellement, j'ai aimé les petites touches scandaleuses insérées dans le roman notamment concernant Mr Bennett, Mr Hill et le côté paresseuses renvoyées par l'auteur des soeurs Bennett passant leur temps à cancaner, minauder, se faire des robes sans se demander comment le repas arrive sur la table, combien de temps une reprise sur une robe nécessite... et osant par-dessus se plaindre et dire aux domestiques qu'elles ont de la chance. 🙄
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Il était une fois, sur le verdoyant domaine de Longbourn, une coquette maisonnée, véritable havre de paix et d'harmonie.
Pour les Bennet, tout du moins, maîtres de ces lieux, ainsi que leurs cinq filles qu'ils rêveraient parties aux bras des meilleurs partis.
Étage inférieur, ce tableau idyllique prend du plomb dans l'aile, la gauche de mémoire... Bienvenue au royaume des petites mains qui oeuvrent du matin au soir afin de contenter tout ce joli petit monde.
De l'intendante, Mrs Hill et son peu disert mari, aux domestiques, Sarah et la toute jeune Polly qu'en fout pas une rame, j'aime pas balancer mais quand même, les tâches sont parfaitement définies et se doivent d'être accomplies avec la régularité assommante d'un métronome.
Pour bien marier, il faut intriguer. La chose n'est point aisée et nécessite que l'on s'y emploie avec ardeur. Mais si l'amour mobilise tant d'énergie calculée, il n'est pas la prérogative des nantis et pourrait bien s'inviter à la table des domestiques sous les traits les plus inattendus...

Se voulant le miroir d'Orgueil et Préjugés en faisant la part belle aux sans-grades, Une Saison à Longbourn prend ouvertement le risque de se faire lapider à coups de petits kayoux de pierres, l'idée est de Frannecis , sur la place publique pour crime de lèse-majesté. Détourner un incontournable, encore que par l'itinéraire Bis 143, fallait oser. Jo Baker l'a fait. Et vue la délicatesse et la sagacité du propos, clamons haut et fort " Jo est fine Baker ! ". 

Ambiance, romanesque, rebondissements et intrigues, je valide Jean-Pierre !
Pour ce qui est de l'humour par contre, alors qu'il était une pièce maîtresse du roman référent, il fait ici cruellement défaut même si l'on prend très vite conscience que de se lever aux aurores pour rallumer le feu, nettoyer les cuisines, pause de 3 sec, préparer les repas, brosser les chevaux, pause de 3 sec, lessiver, cureter, repasser, servir, ne vous filent pas forcément la grosse patate tous les jours. Mais un jour sur deux, ç'aurait été pas mal...
Arf, je pinaille. L'histoire est séduisante. Servie par des personnages consistants et attachants aux lourds secrets familiaux, la trame, ouais, nommée désir, fait office de petit bonbon acidulé agréable et surprenant, propre à vous convaincre que ce roman se lit sans gêne, Jane...

3.5/5
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Qui a dit qu'un domestique valait moins qu'un homme du monde ? Qu'une servante était transparente ? Que les « servants » n'avaient pas de vie propre ?
Eh bien...peut-être que les auteurs du 19e siècle ne le disaient pas, mais ils n'en faisaient pas grand cas non plus ! Car à force de triturer la vie « compliquée » de ces pauvres riches, occupés à leurs intrigues amoureuses et financières, ils en ont oublié ces besogneux de l'ombre, ceux sans qui la vie des riches n'est tout simplement...pas possible.

Jane Austen, dans son roman « Orgueil et préjugés » nous a brillamment analysé cette famille Bennet, aux 5 filles à marier. Mais Jo Baker, elle, nous décrit l'existence et les pensées intimes de ceux sans qui les Bennet n'auraient pu vivre : Mr et Mme Hill, le couple de serviteurs en apparence bien assorti ; Sarah, la jeune femme de chambre et Polly, la petite bonne adolescente.
Tout ce petit monde trime, le dos cassé, les mains crevassées, les pieds endoloris, sans une minute de répit. « Sarah aurait adoré se permettre le luxe des larmes et des migraines. le salon sombre, un linge humide sur le front et la paix »...mais non, Sarah, cela t'est totalement interdit ! A peine si tes maitresses remarquent si tu es heureuse ou malheureuse...De toute façon, elles s'en fichent.

Et puis arrive le mystérieux James. Sarah, troublée par son attitude apparemment indifférente, se tourne aussi vers le valet du manoir voisin, celui des Bingley. Elle qui ne rêve que de découvertes, à commencer par Londres, elle va être servie...

J'ai bien aimé ce roman qui dévoile l'autre face des choses, l'autre côté de ce monde mené « comme une danse de village où tout est charmant, gracieux, ordonné, chaque tour parfaitement réglé, sans un pas de travers », celui de la boue et de la souffrance, mais où les rêves sont là, tapis dans l'ombre, prêts à exploser au grand jour.
Vraiment, j'ai été très intéressée.
Par contre, la narration ne m'a pas emballée plus que ça ; il m'a semblé que beaucoup de paragraphes étaient assez décousus, sans compter les quelques fautes de traduction et coquilles difficiles à avaler dans une « suite » de Jane Austen. le point de vue adopté, omniscient, s'il permet de connaitre les pensées intimes des personnages, n'en est pas moins assez inégal.
Et l'écriture ... se lit, tout simplement.

Bravo aux serviteurs, mais un bémol pour le service narratif.
3,5/5





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Voici une délicieuse histoire qui s'inspire des romans de Jane Austen, mais nous dévoile la face habituellement cachée de cette bonne société.
Nous passons l'essentiel des 400 pages en cuisine, dans la cour jonchée d'excrêments de cochons, dans l'écurie et dans toutes ces petites pièces et autres recoins dévolus aux domestiques en tout genre : qu'ils soient intendant, cuisinière, femme de chambre ou valet, en train de nettoyer, ranger, réparer, coudre, cuisiner, conduire ces dames quelque part, aller porter un message ou faire une course urgente...

Les domestiques de ce roman sont au service de la famille Bennet, héroïne du célèbre "Orgueil et préjugés"qui ici, n'apparait qu'en toile de fond.
Nous suivons plus particulièrement Mr et Mrs Hill, la cuisinière et l'homme à tout faire, Sarah la femme de chambre, Polly la petite bonne pas encore adolescente et James, le tout nouveau valet.
Ils ont ici une vraie existence et leurs vies semblent bien moins futiles que celles de leurs maitres, préoccupés par les sorties mondaines alors qu'en dehors que leur domaine, la guerre fait rage.

Des thèmes forts comme l'esclavage, le sort des domestiques, la guerre, le sort des jeunes hommes traumatisés par les combats sont abordés mais ne plombent pas le récit, car la bienséance est toujours présente.
Une tasse de thé ou un verre de Xérès suffisent généralement à supporter les pires nouvelles !
Cette plongée dans l'antre des domestiques fut un vrai régal, j'ai trainé un peu dans ma lecture pour retarder le moment de refermer le livre.
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***Attention, avis qui pique les yeux et l'odorat***

Pipi-Caca-Popo.

Voilà.

Voilà ce que vous allez découvrir dans ce roman.
Ou l'art de noircir des pages avec des récits de vidange de pots de chambre et de blanchissage de serviettes hygiéniques.

"Les jeunes dames pouvaient se comporter comme si elles étaient aussi lisses et immaculées que des statues d'albâtre sous leurs habits, mais, une fois dépouillées de leurs camisoles souillées, celles-ci aussitôt emportées, elles redevenaient des créatures de chair, de sang et de sueur. C'était peut-être pour cette raison qu'elles lui donnaient leurs ordres dissimulées derrière leurs tambours à broder ou leurs livres ; Sarah avait frotté leurs taches, celles laissées par leurs menstruations, elle savait qu'elles n'avaient rien d'anges éthérés [...]."

Mais POURQUOI cette volonté de salir ce qui est beau et de faire chuter de leurs piédestaux les figures emblématiques qu'une littérature de génie a talentueusement hissé au-delà de la médiocrité ?

ENCORE un "auteur" qui aura voulu VENDRE en brandissant le miroir aux alouettes du chef-d'oeuvre de Jane Austen, alors que son roman aurait pu avoir une vie propre en développant un thème peu traité et pourtant intéressant et respectable, celui de la domesticité. Mais là où Kazuo Ishiguro et Octave Mirbeau ont mis de la beauté et de l'intérêt, Jo Baker n'aura mis qu'une saleté sans aucun intérêt, car qu'apprendrez-vous en lisant "Une saison à Longbourn" ? Accrochez-vous à votre chaise, les bras vont vous en tomber. Et bien, que dans les cuisines et les offices d'une maison bourgeoise du XIXème siècle, ça trimait dur, ça lavait, ça récurait, ça brossait, ça épluchait, ça lessivait, bref, que c'était une vie de chien mais, bon, quand même, pas si différente de celle de la majorité des contemporains et encore, que c'était mieux que les champs ou l'armée parce que vous aviez à manger à suffisance, un toit au-dessus de la tête et des vêtements sur le dos. Je parie que vous ne vous en doutiez pas ?

Ah, et puis, Jo Baker vous dira aussi que les bourgeois chiaient... comme tout le monde. Si, si, je vous assure, ils remplissaient leur pot de chambre toutes les nuits. Bref, ils faisaient comme tout le monde, comme vous, moi, le pape François et Donald Trump, ils déféquaient régulièrement. Le seul hic, c'est que comme il n'y avait ni WC ni tout-à-l'égout, il fallait que les domestiques vident leurs sanies dans une fosse d'aisance. Le croyez-vous ?

Enfin, et ça, croyez-moi, vous n'auriez jamais pu le deviner tout seuls : les demoiselles Bennet, comme toutes les femmes de l'univers depuis Eve jusqu'à Marine le Pen - oui, oui, nos espions nous informent que Marine Le Pen est une femme - avaient... leurs règles ! Vous savez, le truc sanglant qui revient tous les mois et qui nous met les nerfs en pelote, énerve nos messieurs mais leur permet d'être des papas gâteau.

Bon, et bien, voilà, je crois qu'on a fait le tour de ce que vous apprendrez en lisant ce roman.

Plus sérieusement - et j'espère que vous me pardonnerez ce billet d'humeur - je ne comprendrai jamais pourquoi au lieu d'assumer pleinement une trame narrative empreinte de la personnalité et du talent de son auteur, un récit doit se cacher derrière un chef-d'oeuvre pour espérer avoir le droit d'exister. Je crie à l'arnaque éditoriale, une fois de plus ! Nonobstant un style déplorable (cf. la seule citation que j'ai extraite et qui me semble suffisamment représentative de la vacuité littéraire de l'oeuvre), "Une saison à Longbourn" aurait vraiment eu ses chances pour charmer un public déjà conquis par Downton Abbey ; Jo Baker a d'ailleurs quelques bonnes idées même si elle a une fâcheuse propension à s'accrocher à tous les clichés du genre. Bref, elle aurait pu s'en sortir avec une honnête petite romance légère et bien non, il a fallu qu'elle tombe dans le piège de l'usurpation.

Pour finir, à tous les admirateurs de Jane Austen, n'espérez pas trouver ici un quelconque enrichissement d'"Orgueil et Préjugés" ; à part apprendre qu'Elizabeth Bennet se rinçait les aisselles à l'eau claire, vous en serez pour vos frais.
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Qui a pensé aux domestiques en lisant "Orgueil et préjugés ?
Qui s'est demandé comment les repas étaient préparés et qui nettoyait le linge de la famille Bennet ?
Un vrai bonheur de lecture cet ouvrage! recommandé par mon amie de la médiathèque, où l'on côtoie pour notre plus grand plaisir, l'étage des domestiques. Nous visitons les cuisines, la porcherie, les équipages, les lessives éreintantes, la fabrication du pain, la préparation des repas de la journée, le rallumage des feux et les premières corvées du matin: balayer les foyers, graisser les fourneaux, nettoyer ses mains souillées de graphite et de suie, empoigner la pompe glaciale au dehors, le portage des seaux du matin au soir,le cirage des parquets,sous les directives de madame Hill, l'intendante et son mari, Sarah la belle femme de chambre,la toute jeune Polly ainsi que le nouveau venu, un certain James , le valet.... Sarah, personnage principal, qui rêve de tout autre chose....
Des êtres de chair et de sang, dévoués et humbles pour lesquels on se prend d'affection, pétrissent le pain, astiquent , frottent, habillent et dévêtent leurs maîtres et patrons bien- aimés: la famille Bennett et leurs nombreuses filles... En âge de se marier ou presque .....
On se laisse porter par un vocabulaire riche,une écriture sobre ( oú l'on mentionne le Potage à la Reine comme dans Orgueil et préjugés ) et des protagonistes attachants. La finesse , la précision des portraits , la subtilité psychologique donnent un roman abouti, foisonnant oú le narrateur observateur permet au lecteur d'observer sans mépris ni complaisance les " petits drames"qui s'enchaînent et les vies de ces gens là, vus de l'intérieur ....Un ouvrage plaisant à lire , une belle audace et un hommage réussi au roman de Jane Austen,qui réjouissent le lecteur.Le point de vue des domestiques couplé à une captivante histoire d'amour (un secret de famille aussi )procurent un grand plaisir et valent le détour ! La réalité est abrupte : chaque ligne , subversive à sa maniére là oú l'on ne s'y attend guère surprend le lecteur attentif !
Une beau détournement du classique " Orgueil et préjugés " comme une réinvention du côté de la domesticité , une heureuse découverte !
Je ne connais pas l'auteure : Jo Baker dont c'est le quatrième roman !

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Le roman de Jane Austen « Orgueil et Préjugés » est ici revisité.
Cette fois–ci les personnages de la famille Bennet n'apparaissent que sous un voile, pour laisser toute la place aux domestiques, trop souvent ignorés dans ces grandes maisons.

On y découvre Sarah, la femme de chambre. Elle est courageuse, intelligente et disciplinée. Il le faut pour supporter les caprices et les fantaisies de cette famille. Pour elle, ce n'est cependant pas une vie.

Si on enlevait à ces jeunes demoiselles de la société aisée du XIXè siècle, leurs atours, leurs mousselines, que resterait-il sous cet emballage ? Qui les remarquerait ? Qui les respecterait ?
On ignore trop souvent dans cette maison, bien qu'elle soit respectable, les souffrances, les peurs et la solitude des domestiques, qui se jouent derrière le rideau de cette vie de luxe, de frivolité, d'intrigues amoureuses, de fortunes et d'héritage.

Les domestiques sont un peu le paillasson sur lequel on décrotte ses bottines de cuir, les petites mains blessées à force de faire disparaitre les tâches sur le linge de ces gens bien comme il faut, ou leurs pots de chambre nauséabonds. Ils récoltent les miettes des plats qu'ils ont confectionnés en cuisine, ils attendent dans le froid la fin de ces réceptions sans fin, afin de reconduire ces êtres insouciants vers leurs lits moelleux et chauffés
.
Qui a décidé un jour que l'un possèderait et l'autre servirait ?

Pour amasser des fortunes, il faut parfois faire de vilaines choses.

À travers la vie de Sarah, Polly, James et le couple Hill, on entre dans l'univers des petites gens. Leurs épreuves ont modelé leur perception de la vie. Ils sont lucides, les apparences ne les trompent pas.

Lecture plaisante qui nous replonge dans ce roman de Jane Austen, nous dévoilant d'autres intrigues et d'autres facettes des personnages de la famille Bennet. L'écriture est poétique, avec ce qu'il faut d'ironie pour dépeindre cette société anglaise bien étonnante.
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On est dans les coulisses de Longbourn et les silhouettes fantômes que sont les domestiques d'"Orgueil et Préjugés" prennent les premiers rôles et laissent seulement les seconds à la famille Bennett. Bien fait ! ça leur fait un peu les pieds à ceux là... parce que ce ne sont pas eux qui trempent leurs mains pleines d'engelures dans l'eau froide, ni eux qui courent à la mercerie sous la tempête pour de stupides rosettes.
Coté cuisine on n'a pas le temps pour les futilités, nombre de tâches sont exécutées avant que le beau monde ne soit debout, et après toute une journée de labeur, il faut parfois encore rester éveillée jusqu'à que ces demoiselles rentrent d'un bal.
Non vraiment, il y a peu de répit pour les domestiques à Longbourn. Mais malgré tout, ce sont des êtres humains, alors pour eux aussi il y a des histoires d'amour... des amours cachés et inavouables, des amours clandestines ou de tendres amours.

Plus que la référence à "Orgueil et Préjugés", c'est celle à "Downton Abbey" qui m'a donné très envie de lire "Une saison à Longbourn". J'ai apprécié cette série britannique pour cette double vision de la vie de la famille et de leurs domestiques. D'ailleurs on peut faire plusieurs rapprochements entre "une saison à Longbourn" et ce feuilleton. Dans l'un comme dans l'autre on aborde le sujet de l'entail... (une propriété ne peut être transmise qu'à un héritier mâle, même si celui-ci ne doit être qu'un très lointain parent)... l'homosexualité caché d'un domestique... la difficulté d'apprendre à lire pour une petite domestique... etc.

Allez-y ! Si vous aimez "Downtown Abbey"... démarrez cette lecture, vous ne serez pas déçu !
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Jane Austen est de ces auteurs dont on reprend l'univers littéraire pour en tirer des suites, des versions zombies, etc, le tout avec plus ou moins de bonheur (et de qualité).

L'Anglaise Jo Baker propose un angle original sur un des romans les plus connus de Jane Austen, Orgueil et Préjugés. La vie de la famille Bennett, les amours d'Elisabeth et de Mr Darcy, le galant Whickam, l'ineffable Mr Collins et sa protectrice Lady Catherine de Bourgh sont autant de personnages qui peuplent l'esprit de tant et tant de lecteurs férus. Mais qui s'est préoccupé de l'intendance Mrs Hill et du reste de la domesticité? Jo Baker a pris ce parti de présenter l'envers du décor. Et c'est tout simplement une réussite de ce point de vue.

L'auteure suit avec rigueur la trame originelle mais par le regard des servantes,  valets et intendante. Ça égratigne pas mal l'image des résidents de Longbourn. Derrière les belles tenues, souvent crottées de boue ou déchirées, il y a les engelures aux mains lorsqu'il faut tirer de l'eau à la pompe par temps froids, l'énorme travail de lessive, de couture.
Derrière la joie des bals, des invitations chez les voisins, il y a le laquais qui attend des heures pour ramener ces dames à la maison; il y a aussi la servante qui se doit de rester éveillée pour accueillir ce retour et préparer une collation, aider à se préparer pour la nuit, bassiner les lits... Et se relever à 4h30 pour attaquer une nouvelle journée. Éternel recommencement.

L'angle opté est passionnant et enrichissant. Jo Baker a creusé son sujet et montre la précarité perpétuelle des domestiques et des conditions encore proches du servage. La romance ancillaire est un peu moins flatteuse pour l'auteure. Quant au style, on est tout de même loin de la finesse de Jane Austen.

Au final, un roman qui se lit avec plaisir, voire délectation de se replonger dans Orgueil et Préjugés.
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Dans l'épisode précédent :

Après des décennies de préjugées envers l'oeuvre de Jane Austen, pour le joli sourire d'une babéliote, Pascal ravale son orgueil et se décide : il fera partie de ceux qui ont l'ont lue.
Dévoré en quelques jours, P&P (comme on se doit de l'appeler dans les milieux autorisés) est une révélation et notre héros fait son coming out sur Babelio dans une critique qui lui attira autant de déclarations d'amour que de menaces de morts. *

Depuis, Pascal a un poster de P&P au dessus de son lit**, il a regardé (et aimé)les adaptations Tv et ciné et essaie de persuader son entourage que Jane Austen est un auteur majeur.

Quelques semaines plus tard un certain Monsieur KRAUZE lui propose de recevoir un nouveau roman s'inscrivant dans le monde d'Orgueil et Préjugés. Notre héro n'a maintenant plus que quatre jours pour poster sa critique. Qu'en a-t-il pensé ? Ce roman porte-t-il vraiment le sceau du Best Seller comme le prétend KIRKUS REVIEW ? Jo BAKER écrit-elle aussi bien qu'elle pose pour la photo de promo ? Qui jouera dans le film qui en sera adapté ? La critique de « une saison à Longbourn », c'est tout de suite après la pub... Ne zappez pas.

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- J'ai commencé le deuxième opus de Bernard Minier hier soir, une tuerie : le Cercle de Bernard Minier édité chez XO... (une critique très prochainement sur cette chaine) : http://www.youtube.com/watch?v=SeFpxUQGglA

- J'ai eu le plaisir de rouler sur une Royal Enfield ce week end... Les japonaises peuvent aller se rhabiller...http://www.youtube.com/watch?v=u_mIenQESFA

- Morphine est un groupe de rock alternatif des années 90 atypique (un bassiste à deux cordes, un batteur et un sax baryton). À redécouvrir : http://www.youtube.com/watch?v=M34iZH4-qkI

REPRISE DE L'EMISSION

Une saison à Longbourn se veut « un regard pertinent et original sur le monde d'Orgueil et Préjugés à partir du point de vue des domestiques ».
Les gardiennes du temple m'avaient averti : Nombreux sont ceux qui se sont essayés à broder sur Lizzy, Darcy et Cie... rares sont ceux qui l'ont fait avec talent. Alors quoi ?

Jo Baker écrit bien, efficace, élégant sans fioriture ni effet de manche.
Une histoire d'amour plutôt classique et bien menée entre deux personnages sympathiques.
Des personnages secondaires importants et bien travaillés (mention spéciale à Ptolémé Bingley).
La trame de P&P est tout à fait respectée et, surtout, les personnages originaux ne sont pas trahis.
Les Bennet, Darcy, Bingley et autres Wickam ne sont ici que des personnages en toile de fond dont on suit de loin en loin les agitations. Il n'y a guère qu'avec Monsieur Bennett que l'auteur prend des risques en lui inventant un « avant P&P ». On sent également que Wickham n'est pas le personnage préféré de Jo Baker...

Pour le reste, l'action d'une saison à Longbourn  suit celle d'Orgueil et préjugés mais aux côtés de Sarah, la domestique ,de Mrs Hill l'intendante, et de Jack le valet. Ne vous attendez donc pas à retrouver les bals et les interminables parties de Whist, les domestiques y sont rarement invités. Par contre, vous découvrirez le presbytère de Monsieur Collins par les yeux de Sarah puisqu'elle suivra sa maîtresse dans sa longue visite dans le Kent. Vous irez même dans les cuisines de Pemberley. Vous saurez comment on lave les jupons tâchés des demoiselles Benett et comment l'on vide les pots de chambres dans le cabinet d'aisance. C'est carrément moins Glamour que les uniformes des Officiers à Meryton mais plus proches des préoccupations du petit peuple de l'époque.

L'histoire de Sarah et Jack aurait pu exister sans l'univers de Austen (les chapitres se situant en Espagne sont d'ailleurs très intéressant) mais sans doute Jo Baker aurait-elle moins attiré de lecteurs. Commercialement, c'est bien joué... Au niveau littéraire ce livre n'est pas indispensable, mais loin d'être à fuir comme d'autres rejetons de P&P si j'en crois les critiques.

Au final, j'ai passé un bon, moment de lecture, j'ai eu plaisir à retrouver l'environnement de Orgueil et préjugés , je n'ai à aucun moment crié au scandale ou à la trahison. J'ai découvert des aspect passés inaperçus chez Austen (le contexte de la guerre contre le français).

Bon... de là à qualifier ce roman d'  « audacieux et subversif », de « bonheur de lecture », il y a un pas que je laisse les critiques américains franchir.

Je ne vous laisserai pas avant d'avoir remercié Valentine de chez Stock et Babelio pour leur opération Masses Critiques.

Pour finir, quelqu'un peut-il m'expliquer ce qu'est ce Downtown Abbey à qui l'éditeur et les critiques font référence ?

Si vous trouvez cette critique trop longue, vous en trouverez une version allégée genre « reader's digest » dans la rubrique citations...


* Pour être tout à fait exact, une lectrice m'a écrit :« j'aime bien ce que tu écris» tandis qu'un lecteur me fustigeait:  « Tu dis n'importe quoi ! »

** Pour être tout à fait exact, il s'agit d'un poster de Keira Knightley en petite tenue...
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