Un dessin en noir et blanc, avec un trait épais et ciselé avec des tramés réguliers, une mise en page éclatée, des cases en désordre sur la page avec des grandes marges blanches, les personnages ont des traits assez lourds, il ne sont pas très beaux, les cadrages sont décalés, se dispersent, comme des regards perdus qui s'attardent parfois sur des détails insignifiants…
On est dans un village de western, un homme est en prison, il a assassiné un client du bordel de la ville, et pendant que le shérif réglait cette affaire, la banque a été dévalisée. On est loin du récit d'aventure, c'est un récit d'ambiance, une suite de huis clos un peu glauques : l'homme dans la prison, les filles du bordel, avec une poursuite où on ne sait pas vraiment qui tire sur qui…
J'ai aimé cette ambiance étrange, ces personnages qui se dévoilent progressivement, les moments d'attente sont mis en avant dans cette aventure où l'action passe au second plan, derrière des personnages, des caractères, des vies au lourd passé. le grand ouest, les grands paysages sont ici vécus dans l'enfermement, la prison, le bordel, et même la cabane où se sont réfugiés les cambrioleurs, un monde étriqué qui à soif de liberté… le puzzle se reconstruit sans que les morceaux qui s'assemblent le laissent paraître.
Un style radical pour un récit qui l'est tout autant, c'est une lecture assez déconcertante, façon “Garde à vue” le film de
Claude Miller dans un cadre de western. Ça m'a bien plu.