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EAN : 9782714493552
304 pages
Belfond (09/01/2020)
3.7/5   28 notes
Résumé :
« – Je n’ai pas eu d’enfance au village, Baya.
– Tu verras que si ! »

Nour, 23 ans, étudiant en mathématiques, vit avec son arrière-grand-mère, Baya, sa grand-mère, Fatima, et sa mère, Meriem, dans un minuscule appartement d’Alger. Baya, 95 ans, née pendant la colonisation, est une femme courage qui a bravé les interdits et les mœurs de son temps. Jour après jour, elle transmet la mémoire de la famille à Nour. Élevé dans ce gynécée étouffa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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La lecture de Écorces roman qui nous emporte du côté de l'Algérie commence de manière relativement agréable, d'emblée on se laisse envahir par des images de figuiers accablés de chaleur suffocante. Les quelques trois-cent pages sont bien traversées par un feu qui couve mais il s'agit avant tout d'une famille qui manque de l'oxygène que seuls les mots pourraient apporter.

Sur quatre générations, Hajar Bali décline un arbre généalogique avec des personnages féminins dévorants, insatiables, au premier rang desquels Baya la matriarche, véritable gardienne de la mémoire familiale. Mais le reflux de celle-ci, l'auteure nous transportant d'une mémoire à l'autre, d'une époque à l'autre, fait apparaître des dissonances, des souvenirs que le silence, l'intransigeance et l'histoire du pays ont dérobé. le lyrisme d'antan tout comme la force magnétique des femmes s'écaillent rapidement pour se montrer ravageurs pour les hommes de la famille...

A travers ce roman sur les générations qui se succèdent et se réincarnent, sur le poids de la transmission et ce que l'on en fait, Hajar Bali montre qu'il n'y a rien de plus impénétrable que les secrets de famille. Les non-dits sont ici bien plus retentissants et révélateurs que les dialogues entre les différents personnages.

Si j'ai aimé cette histoire de filiation encombrante, le rythme du récit, ses ellipses, les chassés-croisés entre présent et passé déterminants pour montrer les imperfections au grand jour, j'ai mis du temps à accepter l'écriture impétueuse qui se raidit parfois dans ce remue-ménage chronologique. En même temps j'ai toujours eu du mal avec la plume des dramaturges qui me prive souvent de la sensation de savourer l'épaisseur tragique des personnages. Tout comme avec l'usage massif des parenthèses, signe que le roman est pour moi très écrit, trop écrit.
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Trois femmes et un jeune homme vivent ensemble dans un minuscule appartement à Alger. Dans ce cocon tissé par Baya, son arrière-grand-mère, Fatima, sa grand-mère, et Meriem, sa mère, Nour, 23 ans, est choyé mais se sent étouffer, chaperonné qu'il est par ces trois femmes. D'autant plus que Nour vient de rencontrer Mouna, une jeune femme un peu étrange qui l'attire irrésistiblement, au grand dam des trois "mères" du garçon. Sont-elles méfiantes à l'égard de Mouna uniquement parce que celle-ci risque de leur enlever leur poussin, ou y aurait-il derrière leurs craintes un secret de famille inavouable et bien gardé ?
A travers cette saga familiale, l'auteure nous emmène dans le passé récent de l'Algérie, de la période coloniale en 1935 à la montée de l'islamisme, en passant par la guerre d'indépendance. La construction n'est pas linéaire et passe du présent au passé au gré des souvenirs des personnages, sur lesquels plane l'ombre des deux autres hommes de la famille, Haroun, le poète incompris, et Kamel, le menuisier taciturne. Nour a en commun avec eux un besoin de silence et de solitude, difficile à trouver dans un univers de bavardages…
Entre narration et questionnements existentiels, l'histoire familiale se reconstruit progressivement. Même si on comprend vite la teneur du "secret", l'issue reste incertaine et ouverte jusqu'au bout. Malgré quelques longueurs (les réflexions sur les mathématiques et la musique classique), j'ai bien aimé ce roman, sa construction, son humour et sa poésie, et ses personnages hésitant entre traditions et amour, entre engagement, lâcheté, loyauté ou liberté.

En partenariat avec les Editions Belfond via Netgalley.
#Ecorces #NetGalleyFrance
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Voici un premier roman prometteur à la narration ambitieuse , construit et dé- construit à dessein, non linéaire, qui nous entraine de 2016 à 1935, de 1955 à 1985 , de 2006 au 5 juillet 1962 dans la baie d'Alger…. .

Un contexte historique vraiment intéressant , pesant , L'HISTOIRE DE L'ALGÉRIE liée aux destinées flamboyantes , romanesques de ces quatre héroïnes : des femmes fortes, mères aimantes , sûres d'elles , possessives qui incarnent , chacune d'elles un pan entier de ce pays …..

Baya, l'arrière grand - mère , 95 ans en 2016, première gardienne de la mémoire, née pendant la colonisation, bravant les interdits et les moeurs de son temps , qui a beaucoup souffert, Fatima sa fille, veuve de Haroun le poète incompris, Meriem, épouse de Kamel, le menuisier taciturne , incarcéré injustement , pris au piège des islamistes ,
La Mystérieuse Mouna , qui est - elle ? …..

Enfin Nour , fils de Meriem , étudiant en mathématiques, âgé de vingt - trois ans, élevé au sein de ce gynécée étouffant, choyé , épris de liberté , écoutant quand même avec passion les récits de sa Baya…..

Et qui va découvrir un lourd secret de famille au moment où débarque dans la jeune vie de Nour , l'énigmatique Mouna ?

Saga familiale captivante , personnages hésitants entre amour et traditions , l'auteure parcourt avec adresse l'histoire de l'Algérie de la colonisation jusqu'à la montée de l'islamisme mêlée aux souvenirs dissonants de ces femmes , une histoire tragique, fractionnée à travers des questionnements essentiels : colonisation, massacres de Sétif, guerre d'Algérie , indépendance , modernité de ces femmes façonnées à la foi dans la tradition, la soumission et la douleur .

L'atmosphère est entêtante , l'auteure nous emmène loin , très loin dans l'intimité de ces femmes fortes mais derrière les façades se cachent peine , amour, passion, regrets amers , détresse..

Le symbole du figuier , cet arbre à l'écorce douce qui ne meurt jamais, irrigue le roman, en fait la famille subit au mieux tous les événements historiques sans en faire partie , ils se battent comme ils le peuvent dans une société traditionnelle , où les regrets , la colère , les liens du sang , la liberté , l'engagement affleurent …


Un ouvrage très fort , un peu gâché par des considérations et questionnements philosophico- mathématiques et semi - poétiques …l'usage massif des parenthèses ….
Mais j'ai réussi à m'adapter à ces contingences .
La narration pointue , ambitieuse nous donne les moments - clés de l'histoire de l'Algérie , d'une mémoire à l'autre, d'une époque à l'autre ….

J'ai apprécié cette manière originale , subtile , touchante de sauter dans le temps jusqu'à la fin qui montre la difficulté de pénétrer les secrets de famille .Je conseille ce premier roman à la construction admirable , qui peut , ne pas plaire à tout le monde , je le reconnais …
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Tout d'abord, merci à Babelio et sa masse critique, ainsi que les éditions Belfond pour l'envoi de ce livre (arrivé plus d'un mois après son expédition).

Quatre générations sous le même toit... arrière-grand-mère, grand-mère et mère maternent ensemble Nour, 23 ans, qui se laisse choyer.
Nous sommes en Algérie et l'histoire commence autour d'un figuier et se passe de 1935 à 2016, sans ordre chronologique, avec en filigrane... colonisation, massacres de Sétif, guerre d'Algérie, indépendance.
Des secrets découlent du destin de chacune de ces femmes et ces dissimulations peuvent gravement compromettre l'avenir de Nour.

Jusqu'à presque la moitié du livre, j'ai eu des difficultés à m'adapter au style d'écriture de Hajar Bali... avec ses sauts dans le temps pour divers personnages ; l'intégration d'apartés en italique de l'un ou l'autre des protagonistes (pas toujours évident d'établir rapidement à qui appartiennent ces réflexions) ; les questionnements philosophico-mathématiques et semi-poétiques. Tout cela ne rend pas la lecture très fluide.
Mais j'ai fini par m'y faire, j'ai enfin plongé totalement dans le récit et je me suis attachée à cette famille aux fortes personnalités féminines.
Vous en déduisez donc que ce fut une lecture mitigée pour moi... et vous avez raison ! Mais ne renoncez pas à lire ce roman, d'autres n'ont pas eu mes difficultés et ont eu un coup de coeur.
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Nour, jeune étudiant algérien de vingt-trois ans, vit avec sa mère ( Meriem), sa grand-mère ( Fatima) et son arrière-grand-mère ( Baya) dans un petit appartement en plein Alger.

Bercé par les histoires que leur raconte ces trois femmes de génération différentes qui incarnent chacune à leur manière un pan de l'histoire algérienne , Nour, un peu trop choyé par ces femmes aimantes et possessives a soif de liberté et en même temps ne peut se lasser d'écouter ces récits que lui racontent ces femmes, qui racontent aussi l'histoire tragique et fractionnnée de l'Algérie du 20e siècle.

Au film de ces histoires, on voit alors à quel point l'histoire de l 'Algérie, pays un peu aux abois se mélange aux histoires et aux souvenirs plus intimes de ces femmes qui prennent leurs sources entre secrets de familles et poussée de l'islamisme,

Ce premier roman à la narration ambitieuse, qui mêle les époques et les angles de narration dresse un portrait sensible et singulier de ce pays, à la fois si loin et si proche du notre.

On sent bien les odeurs, les senteurs, les sons de cette Algérie assez fascinante.

Une narration ambitieuse et fluide qui n'élude jamais un contexte historique pesant et des destinées romanesques ett flamboyantes, cet Écorces est le faire part d'une romancière particulièrement prometteuse .


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Citations et extraits (35) Voir plus Ajouter une citation
L’obsession de Baya pour le figuier de son enfance a décidément contaminé toute la famille.Il est comme un rappel silencieux de l’origine organique de la vie. Il exhale son odeur millénaire qui, comme un fouet, ramène aux origines. Je suis d’ici. De la terre. Je ne suis plus le même, et pourtant je suis le même. Mon enfance se superpose à moi tel que je suis aujourd’hui. Qu’est-ce qui me fait me retourner et observer cet ancêtre ? Le figuier est le nœud ombilical de tout exilé. Et Baya en est une, d’exilée. Elle ne veut pas descendre de son arbre, elle est et elle n’est plus la même. Comme si elle tenait à durer pour que je devienne ce que, perdue dans la ville, elle renonce à être.— Il faudra que tu ailles un jour cueillir des figues à même l’arbre. Tu comprendras alors ce que je dis là. Cette chose qui nous vient de loin, de nos ancêtres. C’est très important. Tu m’entends ?— Oui, Baya. Cueillir la figue à même l’arbre, comme tu le faisais toi.
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On vivait une époque trouble et dangereuse. Les colons ont tiré les premiers sur le défilé, les nôtres, alors, se sont déchaînés. Notre 8 mai 1945* à nous a été terrible.
Saindoux et sa femme n'ont pas été épargnés non plus. On les a retrouvés dans les champs, massacrés à la hache. Julie ne méritait pas une fin aussi atroce, elle avait été généreuse avec nous.

* à Sétif
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«  Rivière tremblante .
Berceau de l’automne .
Soleil irisant la surface.
se cherchant de la profondeur .
Douce mélodie du roseau dans le vent » ….
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Il  se tient droit, raide, dans une espèce de dignité, d’orgueil des pauvres gens soumis au diktat de l’arrogante cité où la tenue vestimentaire constitue dorénavant l’unique indicateur de respectabilité. La chemise est tirée à la taille pour disparaître dans le pantalon, sous une grosse ceinture noire. Le pantalon, certainement trop large, songe-t-elle, remonté très haut, se plisse autour de la ceinture, puis laisse flotter les jambes sous l’épaisse toile bleue. Ses vieux mocassins bâillent légèrement par endroits. Ses cheveux grisonnants frisottent autour de l’oreille.Il tourne parfois la tête pour examiner le compteur : cinquante-huit, cinquante-neuf, soixante, puis re-cinquante-neuf. Légère protestation des clients. Le compteur fait donc marche arrière, puis le voilà qui s’arrête.
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Lequel de l'homme, de sa première femme n'est pas l'instrument d'une volonté qui le dépasse. Se soustraire à ce que l'on croit être légitime était il envisageable?
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Vidéo de Hajar Bali
Hajar Bali, auteur du roman « écorces » (Belfond), en lit un extrait pour Mediapart (entretien avec Antoine Perraud et Faïza Zerouala).
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