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Minna est éprise de Séraphîtüs, jeune homme aussi désirable que mystérieux, à ses yeux. Quant à Wilfrid, étranger au village, c'est une jeune femme qui le trouble, la belle Séraphîta. Homme ou femme, homme et femme, quand les visages se troublent et troublent, se confondent en un seul, celui de l'ange mortel, du séraphin en devenir, l'amour terrestre se fait impossible, l'au-delà n'est plus très loin. Alors Minna et Wilfrid s'efforcent de pénétrer les secrets de l'énigmatique créature en sursis pour mieux comprendre la création qui en découle.

Avec « Séraphîta », Balzac nous fait entrer dans un monde où la verticalité l'emporte, l'élévation abyssale et vertigineuse vers des mondes supérieurs, inaccessibles pour le commun des mortels, aveuglés dans une rationalité illusoire. Car, derrière la créature androgyne façonnée par l'auteur, c'est toute une création qu'il souhaite livrer et expliciter, s'appuyant sur la doctrine du mystique suédois Swedenborg (dont la raison s'étiolera vers la fin de ses jours). Cette verticalité n'est pas sans impact sur l'écriture : très vite, des mots se parent d'une majuscule initiale, et l'Amour côtoie la Pureté sur des cimes inaccessibles. Ce faisant, une vision manichéiste et dichotomique se fait jour, séparant le Pur de l'Impur, le Voyant du rationnel, la lumière des ténèbres… Autant de traits qui à la fois agacent et fascinent tant l'écriture qui porte l'intrigue est ciselée à l'extrême. le couple androgyne éveille, guide, instruit le couple terrestre en dévoilant sa doctrine ésotérique, sa vision de l'Homme dans ses rapports avec d'autres mondes, et sa place dans l'univers.
Malgré une nature angélique, Séraphîtüs-Séraphîta n'en demeure pas moins humain(e), pétri(e), comme tout humain, de doutes, de peurs, de désirs… Balzac introduit donc également, et de manière dialectique, une dimension horizontale dans l'intrigue, qui rend Séraphîtüs-Séraphîta attachant(e) et facinant(e).

Séraphîtüs-Séraphîta, deux visages d'une même créature, initiés par le regard de l'autre, une création singulière, entre mysticisme et folie, l'histoire d'une élévation humaine, dans les fjords abrupts de la Norvège à l'orée du 19ème siècle. Un ouvrage inoubliable et exigeant qui couronne les « Etudes philosophiques ».
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Voici un roman De Balzac très original.

Il y a renoncé à sa peinture critique de l'âme humaine et des groupes sociaux au profit d'un personnage allégorique, "Séraphita", alias "Saraphitus", personnage androgyne, qui comme son nom l'indique est un ange en période probatoire sur terre avant de rejoindre l'amour divin. L'amour divin est une fusion qui n'a rien à faire de l'identité sexuée, l'amour divin est un processus alchimique qui transforme le plomb en or et les passions humaines en amour divin.

Il s'agit là d'une oeuvre à la fois spirituelle, religieuse et métaphysique. Il faut de solides notions philosophiques et d'histoire des religions pour comprendre ce roman qui n'en est pas un mais qui est bien plutôt un essai mystique sur ce qu'est l'amour, fondé sur les oeuvres du savant et théologien suédois Swedenborg (1688-1772).

Aussi n'ai-je pas tout compris. Séraphita a été écrit en 1834, le curé de village en 1839. Les deux oeuvres sont des oeuvres mystiques, mais la seconde est bien plus claire et moins hallucinée.

Balzac a donc eu des élans mystiques, et non pas seulement des talents d'observateur, certes génial, mais un rien sarcastique et en tous cas limité à la représentation des vices des sociétés humaines.

Cela complète la figure balzacienne, trop caricaturée comme étant lourde, terrienne, attachée à la bonne chère, à la quête d'objets déjà démodés lorsqu'il les chinais et aux excès en tous genres.

Cela contribue à sa grandeur.
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Honoré de Balzac, né à Tours le 20 mai 1799 et mort à Paris le 18 août 1850, romancier, dramaturge, critique littéraire, critique d'art, essayiste, journaliste et imprimeur, il a laissé l'une des plus imposantes oeuvres romanesques de la littérature française, avec plus de quatre-vingt-dix romans et nouvelles parus de 1829 à 1855, réunis sous le titre La Comédie humaine. A cela s'ajoutent Les Cent Contes drolatiques, ainsi que des romans de jeunesse publiés sous des pseudonymes et quelque vingt-cinq oeuvres ébauchées.
En lisant récemment la biographie De Balzac écrite par François Taillandier, je suis tombé sur cette phrase : « Il considérait Séraphîta comme son chef-d'oeuvre. » N'ayant jamais entendu parler de cet ouvrage auparavant j'ai bien entendu été intrigué et obligé d'aller voir par moi-même.
Le roman a fait l'objet de plusieurs éditions, la première en 1834 en feuilleton dans une revue et la dernière et définitive en 1846 dans les Études philosophiques de la Comédie humaine.
Le récit se déroule en Norvège, dans un village du bord de mer, ce qui n'est pas banal car Balzac nous a plus habitués à séjourner à Paris ou en province, très rarement à l'étranger. Les personnages sont peu nombreux ; il y a le pasteur Becker et sa fille Minna ; Wilfrid un jeune homme échoué là par hasard après un long voyage sensé le guérir de son mal-être ; et dans un château, secondé par un vieux serviteur, l'énigmatique Séraphîtüs/Séraphîta. L'ambiguïté autour de cette étrange créature de dix-sept ans s'installe d'emblée pour le lecteur car lorsqu'elle est avec Minna, la fille du pasteur s'adresse à elle comme à un homme et se comporte comme une amoureuse éperdue, puis dans le chapitre suivant, en compagnie de Wilfrid, la situation s'inverse, l'homme avoue son désir charnel à l'être féminin.
Le fantastique, Balzac nous y a déjà habitués (La peau de chagrin) et ce n'est pas réellement son propos ici. En fait il exploite sous forme romanesque, les travaux d'Emanuel Swedenborg (1688-1772) un scientifique, théologien et philosophe suédois qui en fin de vie entra dans une phase spirituelle, avec des rêves et des visions mystiques dans lesquels il discuta avec des anges et des esprits et tant qu'à faire, avec Dieu et Jésus-Christ eux-mêmes.
Séraphîta, appelons-là ainsi, possède des pouvoirs quasi surnaturels et des connaissances inexpliquées au vu de son jeune âge. Elle rêve de connaître un amour transcendant qui consisterait à aimer deux êtres de sexes opposés. Sous la plume De Balzac, de très longues pages exposent ses croyances et sa vision de Dieu, « Ou nous sommes Dieu, ou Dieu n'est pas ! ». Quand le roman s'achève, le corps de Séraphîa meurt mais son esprit s'élève vers les cieux sous les yeux de Minna et Wilfrid et qui décident alors de consacrer le reste de leur vie à retrouver la sensation de bien-être ressentie quand ils étaient en présence de l'Ange, « Nous voulons aller à Dieu, dirent-ils… »
Pour être plus précis, voici le résumé qu'en faisait l'auteur dans une de ses lettres à Mme Hanska, « Il s'agit de montrer un être à la nature double, considéré comme un ange terrestre, objet de l'amour concurrent d'un homme et d'une femme, mais arrivé à sa dernière transformation et qui, témoignant, par son assomption dans les cieux, de la perfectibilité de l'être humain, délivre un message selon lequel l'amour du couple est la figure réelle de l'androgyne mystique et préfigure la reconstitution de l'unité originelle de l'être qui attend l'homme devenu ange au sein de la substance divine. »
J'ai donné au début de ce billet, la raison de mon intérêt - à priori - pour ce livre et je vous promets qu'il faut être sacrément motivé pour lire ce roman ! Outre le sujet, même le style de l'écrivain semble ici particulièrement ampoulé et plein d'emphase. Les longues notes explicatives chères à La Pléiade permettent certes, de remettre cet ouvrage dans son contexte et dans la vison de son auteur ; il n'empêche qu'en tant que simple lecteur, j'ai trouvé cette lecture assez pénible malgré quelques réflexions philosophiques intéressantes, « Si je vous démontre que votre esprit ignore tout ce qui se trouve à sa portée, m'accorderez-vous qu'il lui soit impossible de concevoir ce qui le dépasse ? »
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J'avoue humblement ne pas avoir compris ce texte De Balzac. le début très poétique, romantique même, sur la description de l'hiver dans les fjords norvégiens m'a bien plu, car cette peinture de la nature sauvage pouvait réserver une histoire tragique - comme dans Han d'Islande. D'ailleurs, les premières actions présentées sont un couple d'amoureux semble-t-il à première vue en train de randonner à ski (mot anachronique).
Mais ensuite, les personnages ne font que monologuer sur des dizaines de pages mystiques sur l'amour divin, le refus de l'attachement terrestre et des plaisirs charnels. J'aurais bien aimé que soit creusé la singularité du personnage, à la fois homme et femme, mais les personnages ne se posent pas vraiment la question. D'ailleurs, il est homme pour les exploits sportifs et pour raisonner, elle est femme pour servir le thé et ressentir des émotions...
Sans exégèse, un texte que j'ai trouvé assez éloigné du reste de la Comédie Humaine - même si Balzac traite de spiritualité, de rencontres d'âmes, de mystiques...
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Seraphita ou l'art de vouloir dialoguer avec dieux et déesses en tentant de s'élever vers eux au-dessus de nos petites vies pour nous dépasser en voulant leur emprunter un peu de leur perfection
Séraphins et anges au ciel, l'auteur veut nous les conter mais l'histoire censée nous faire s'envoler avec lui vers eux sombre dans un excès de tableaux où se perd comme un fil directeur pêchant par trop de détails et juxtaposition de tableaux .
Même s'ils sont brossés d'une marque subtile l'on n'y adhère plus vraiment égaré dans le surplus d'explications de sentiments abondamment évoqués
Une oeuvre se voulant didactique qui de simple poésie frise le sensationnel
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Je ne mets absolument pas en doute les interprétations des spécialistes pour qui cette étude philosophique s'inscrit pleinement dans l'ensemble cohérent que constitue la Comédie humaine. Néanmoins, il est difficile de ne pas être déconcerté par cet étrange roman swedenborgiste, parfois rebutant mais qui a ses beautés. Pour l'apprécier à sa juste valeur, il faut vraiment aimer Balzac et ne pas craindre de lire ses exégètes.
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Un Balzac hors catégorie, que l'on a du mal à rattacher avec le reste de l'oeuvre de cet auteur. Pour les amoureux du mystique.
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Roman curieux où un être très étrange, hermaphrodite et omniscient, mais à l'enveloppe humaine, vit au fin fonds de la Norvège. Cet être rencontre deux personnages moins éthérés, Minna (une jeune femme) et Wilfrid (un homme), qui tombent immédiatement sous son charme, auquel il ne peut répondre par des sentiments de même nature, étant tout à Dieu. Ce roman, inspiré des théories de Swedenborg, ne ressemble à rien de ce que je connais De Balzac, et sert de prétexte pour discuter des grandes questions: l'existence de Dieu, le sens de la vie, avec un côté très mystique.
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Minna et Wilfrid s'aiment. Mais Minna est irrésistiblement attirée par Séraphîtüs de la même façon que Wilfrid l'est par Séraphîta. Séraphîtüs-Séraphîta est un même être androgyne venu d'un monde céleste où l'amour est pur et éternel. Minna et Wilfrid essaieront de rejoindre ce monde. Balzac en profite pour nous présenter sa vision cosmique et mystique de l'univers inspirée du théologien Swendeborg (1688-1772) qui se disait en contact avec des anges et des esprits.

Je me suis terriblement ennuyé à la lecture cette oeuvre. Les idées swendeborgiennes De Balzac sont obscures, pour moi sans intérêt et même difficiles à comprendre. Je préfère un amour terrestre avec ses imperfections et ses aspirations frustrées à l'amour pur sans corps ni contact tel qu'il est proposé ici.

Au-delà de l'histoire il est intéressant de garder à l'esprit que Balzac a dédicacé Séraphîta à la comtesse Hanska, l'amour de sa vie, qu'il finira par épouser l'année de sa mort.
En 1932 la comtesse Hanska avait écrit à Balzac sous le pseudonyme de l'Etrangère : « Vous devez aimer et l'être : l'union des anges doit être votre partage ; vos âmes doivent avoir des félicités inconnues ; l'Étrangère vous aime tous les deux et veut être votre amie… » Séraphîta a été écrit en 1932 et terminé en 1935. C'est bien le récit De Balzac dédié à son ange épistolaire, idéalisé.

Dans le dictionnaire des oeuvres on peut lire que ce récit « symbolise l'union De Balzac avec cet « ange » qu'était pour lui la comtesse Hanska, union mystique que l'écrivain ne devait réaliser sur le plan humain que peu avant de mourir. Malgré son incohérence, ce court récit est fort intéressant dans la mesure où il nous donne un aperçu sur le monde des idées De Balzac, bien inférieur au monde social dont il a été le génial inventeur. »
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Séraphitüs-Séraphîta est la créature la plus pure, la plus belle, la plus céleste De Balzac!...
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