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Coup de coeur ! Un roman bien ancré dans la réalité de ce début de 21è siècle.


Si la pression exercée sur la jeunesse, qu'elle soit dorée ou à la dérive n'est pas une nouveauté, il semble bien quand même que le rouleau compresseur soit monté en puissance.

Pour Roxane, l ‘adolescence, c'est la lutte sans merci pour se maintenir au niveau exigé par le lycée tremplin pour les prépas, c'est un parcours en équilibre instable au rythme des alliances amicales ou amoureuse, c'est aussi le quotidien en solo avec une mère altiste et peu présente. C'est aussi la trahison sournoise d'une débâcle hormonale sous la forme d'un éruption d'acné, qui peut très bien faire basculer le tout. Malgré le conflit des parents entre la mère adepte du « zéro médoc » et le père soucieux au delà du raisonnable de l'aspect physique de sa fille, Roxane apprécie le répit que lui confère le traitement par isotrétinoine.

François est cardiologue. En ville. Il n'a pas cédé aux injonctions de son père lui aussi médecin libéral et qui rêvait d'un fils chef de service hospitalier. Malgré tout, il voudrait bien détourner son propre fils d'un avenir de saltimbanque.

Jusqu'au drame qui vient rompre la corde tendue de cet équilibre précaire.


Aucun temps mort dans cette histoire qui alterne les personnages, Roxane et François, jusqu'au point critique qui va réunir leurs destins. La tension se majore dans un crescendo que ne dément pas la construction à la manière d'une oeuvre musicale, entre quatre mouvements.
La bande son ne s'en tient pas au classique, calquée sur le répertoire de la mère de Roxane puisqu'elle fait aussi la part belle également aux hits écoutés par les ados.

J'ai aussi beaucoup apprécié de faire une mise à jour de mon lexique « jeune », d'ailleurs proposé en annexe avec la traduction.
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Coup de coeur pour ce roman très contemporain : Roxane , fille d'un cadre supérieur Cyril et d'une musicienne Mélanie ——-qu'elle appelle par leurs prénoms ——-intègre depuis toujours les exigences de ses parents , être la première toujours , partout , obtenir une bonne place en classe préparatoire au sein d'un lycée parisien prestigieux.

Pourtant depuis la rentrée en classe de première scientifique, rien ne va plus: ses amies, ses amours , son apparence physique .

Elle doute, se sent cobaye, tyrannisée , jouet piloté sélectionné par les profs, triés , conformes , génération anxiété …
Son organisme constamment sous pression ne doit pas lâcher …..
Pour soigner l'acné qui enflamme son visage , elle n'a d'autre recours que de solliciter un ancien ami de son père François devenu médecin.

«  Mon acné est l'acmé de la maladie d'amour pour toi, maman » .

C'est un livre à la langue orale intense , au verbe franc , slamé , direct , qui raconte la pression scolaire , l'adolescente et notre époque.
N'en dévoilons pas plus .

Un message percutant juste et sensible criant de justesse qui interroge le culte de la perfection et de la performance de la société contemporaine .

Il interroge l'amour et les attentes parentales angoissées ,nous rappelle la fragilité de l'adolescence et l'imperfection ,à propos de cette période si particulière, délicate ….
Un texte douloureux , méticuleux , rythmé , acéré , percutant , à la précision incroyable qui nous parle au coeur.
L'auteure en croisant deux histoires: médicales et scolaires nous bouleverse , nous interpelle , nous questionne .
Un livre à la partition juste , humaine , qui devrait résonner comme un avertissement !
Chacun devrait le lire .
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Roxane, 17 ans, vient tout juste d'intégrer la 1ere S au lycée Sully, grand établissement parisien, le lycée Sully et se destine à une scolarité portée par une obligation d'excellence qui l'habite depuis toute petite.

Mais ses parents ont récemment divorcé, son père est parti vivre dans le Sud de la France tandis que sa mère, musicienne, la laisse souvent seule à gérer des angoisses de plus en plus présentes.

Ses notes baissent et peu à peu, Roxane semble de plus en plus avoir de mal à résister à la pression.

Un beau jour, son chemin croise celui de François, ancien camarade de classe devenu médecin cardiologue.

Roxane, qui en plus de ses angoisses, souffre de poussées d'acné importantes, va lui demander une prescription qui va bousculer leur vie à tous les deux.

L'enfant parfaite fait alterner les deux voix, un chapitre reprend le journal de Roxane en 2017 tandis que celui d'ensuite nous plonge dans les pensées de François, qui, deux ans plus tard, est sommé de comparaitre devant le Conseil de l'ordre des médecins suite à cette fameuse prescription.
Vanessa Bamberger, dont on avait beaucoup aimé le précédent roman Alto Braco il y a deux ans, touchante et lumineuse ballade auvergnate, change de ton, de lieu et de thématique pour son nouveau roman.

Si on veut paraphraser un peu le film de Jacques Audiard, "L'enfant parfaite," c'est un peu "Regarde les ados sombrer". Vanessa Bamberger sonde avec acuité et sans jugement aucun la jeunesse d'aujourd'hui, une génération sous une pression constante qui ne semble pas vraiment être écoutée par les adultes et qui ne se ménage pas forcément elle-même.
Roxane devient un peu l'incarnation de ces jeunes dont l'horizon professionnel semble tant bouché que la pression est énorme et que les enseignants et parents leur font croire qu'ils jouent toute leur vie alors qu'ils ne sont pas encore majeurs.

En parallèle, les chapitres consacrés à François permet à la romancière de dire également des choses pour le moins pertinentes sur cette judiciarisation qui menace la médecine d'aujourd'hui et la part de responsabilité d'un médecin, sujet forcément d'actualité depuis la dernière crise sanitaire; thèmatique que Thomas Lilti abordait à sa manière dans le récent "Le Serment ."

Avec "L'enfant parfaite", roman assez glaçant mais qui laisse en même temps advenir l'empathie pour ses personnages, et où la musique occupe une part prépondérante, Vanessa Bamberger permet à ce qu'un dialogue entre deux générations a priori éloignées sur pas mal de choses puisse tenter de se (re)nouer...

Ce n'est là pas le moindre de ses mérites...


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Parfaite à tout prix.

Plus rien ne va dans la vie de Roxane. En première dans un lycée prestigieux, ses notes sont en baisse, ses amours et ses amitiés vacillent, et elle a de l'acné. le drame n'est pas loin.

Coup de coeur ! Nous suivons alternativement Roxane, lycéenne, et François, le médecin qui lui a prescrit un médicament contre l'acné. Qu'est-il arrivé à Roxane ? Nous l'apprenons peu à peu au fil des pages.

Roxane semble avoir tout pour réussir: très bonne élève, elle est dans un des meilleurs lycées de Paris. Son destin semble tout tracé: bonne prépa puis Polytechnique. Elle fait la fierté de ses parents. Mais que veut Roxanne réellement ?

Cela n'a aucune importance, seule compte la perfection. Roxane est condamnée à réussir. Pour ses parents seul compte l'apparence, l'épanouissement est accessoire. Entre une mère dépassée et un père manipulateur, Roxane n'est qu'un trophée de plus pour eux.

Le style est excellent. Les parties concernant Roxanne sont un slam agrémenté d'argot adolescent. Celles concernant François sont plus classiques, mais tout aussi touchantes.

Quelqu'un de parfait peut-il aller mal ? Roxane cache ses vrais sentiments à ses parents. Seul François verra la faille. le drame n'est pas loin.

Bref, une lecture très émouvante.
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On ne ressort pas indemne de cette lecture.
Parce que c'est un drame humain. Parce que, bien que fictionnel à priori, c'est un drame malheureusement réaliste. Et parce que la société dans laquelle nous vivons pose tous les jalons d'un tel gâchis.

Vanessa Bamberger déroule un récit à deux voix. Celle de Roxanne, lycéenne de 17 ans. Et celle de François, médecin expérimenté. Leurs narrations respectives interviennent à deux ans d'écart.

C'est tout d'abord celle de Roxanne, rythmée, presque slamée, avec un langage propre à sa génération, qui raconte son quotidien. Tout n'y est que pression et obligation de performance et d'apparence Ses parents divorcés maintiennent une pression constante afin que ses résultats scolaires soient brillants. Ses profs, pour certains humiliants, pratiquent l'élitisme à outrance. Point de salut en dehors de la sacro sainte prépa.
Quant aux relations avec les autres élèves, et accessoirement amis, la moindre faille, le plus petit faux pas est monté en épingle et provoque moquerie et mise à l'écart sociale. Les amours sont bégayantes, et la plupart du temps, si on passe par la case sexualité, c'est plus pour gagner en popularité que par sentiment amoureux. Quant aux amitiés, elles sont fluctuantes, loin d'être un rempart contre les soucis ou un vrai réconfort.

On est loin du tableau idyllique d'une jeunesse dorée, biberonnée à la XBox et au smart phone.

Et comme si l'état des lieux de cette jeunesse sommée de "réussir" n'était pas encore assez déplorable, l'ultime affront à la légèreté et l'insouciance, qui devraient être l'apanage de cet âge, survient sous la forme d'une crise d'acné. À l'âge des complexes, ce n'est pas un petit désagrément anodin. D'autant plus quand votre propre père vous exige non seulement brillante scolairement, mais aussi jolie.

Cet engrenage d'obligation de réussir, combinée à la peur du regard des autres fait se focaliser Roxanne sur son acné, sûrement car elle pense pouvoir juguler au moins ce problème-là, contrairement à tout le reste, tellement écrasant...
Roxanne se fera prescrire un traitement anti-acnéique, contenant de l'isotrétioïde, mais qui n'est pas sans effet secondaire.
Chronique d'un naufrage annoncé.

Le recit de François interviendra donc deux ans après. Malgré lui, cet homme aura un rôle à jouer. Il ne fera qu'ajouter la dernière pièce sur un échiquier déjà bien ordonné. Son point de vue, exprimé à la 3ème personne, constitue en réalité la seule voix vraiment adulte de ce drame.

En effet, l'auteur ne juge jamais les parents, mais il devient difficile au lecteur de ne pas le faire. Roxanne dérive entre une mère anxieuse, souvent absente attendant de cette enfant parfaite qu'elle se débrouille seule, et qui a déjà bien du mal à s'assumer elle-même et un père, à distance depuis le divorce, mais toujours assez proche néanmoins pour dispenser à Roxanne ses injonctions d'être une enfant parfaite, continuum et vitrine de sa propre réussite à lui. L'égoïsme des adultes est saisissant, leur absence de repères et de valeurs indécente : ils exigent beaucoup mais offrent peu. Où est leur amour ?
Ils se font finalement le relais d'une société où l'individu n'est défini que par ses performances, alors qu'ils devraient en être le paratonnerre. Et Vanessa Bamberger prête cette réflexion terrible à Roxanne :
"Notre adolescence porte au paroxysme les maux de votre société déliquescente. Société de la perfection individuelle, société de la peur, de la comparaison, pas assez de place pour tout le monde, bientôt la fin du monde. entre-temps vous reproduisez les élites comme à l'usine, sur le même modèle, avec élimination des pièces défectueuses, pour ne pas ralentir la machine. C'est pour ça que toutes nos phrases commencent par moi je. Au sommet de la pyramide il n'y en aura qu'un."

Je n'ai plus 17 ans depuis un moment, et les références musicales m'étaient inconnues, le vocabulaire, spécifique à cette jeunesse, impénétrable, comme une volonté finalement de ne pas utiliser le même code de communication que cette société peu engageante. Malgré mes deux fois et demi 17 ans, comment ne pas être en empathie avec Roxanne. Ce roman m'interpelle en tant qu'adulte et bien évidemment en tant que maman. Un roman lanceur d'alerte.
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Quelle claque que cette lecture. Très bien écrit, bien racontée, un récit mené d'une main de maître, bref j'ai adoré cette lecture.
Le mal être adolescent, la pression des parents, un médecin qui n'a pas forcément tous les données pour répondre à la patiente : vous avez un mélange explosif.
Un roman très juste et glaçant.
A lire !
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Roxane, 17 ans, est l'enfant parfaite du titre : élève brillante dans une première S d'un lycée parisien réputé, soutien indéfectible de sa mère divorcée, concertiste qui a du mal à joindre les deux bouts et s'absente souvent pour son travail, fille idéale pour son père qui érige beauté physique et réussite sociale en objectifs ultimes. Mais quand soudain elle vacille, victime de trop de pression et d'injonctions contradictoires, y-aura-t'il quelqu'un pour voir qu'elle a besoin d'aide ?

L'enfant parfaite est un roman complexe, très travaillé, qui mêle plusieurs thèmes et niveaux de lecture. C'est d'abord une réflexion glaçante sur le monde actuel et la société dans laquelle les adolescents des années 2020 essaient de se construire : un monde dur, exigeant, qui ne fait pas de cadeau, où la pression est constante, amplifiée par les réseaux sociaux et l'instantanéité d'internet, un monde où il faut être beau, bien dans sa peau, "instagrammable", un monde où la réussite scolaire est essentielle pour éviter le déclassement social et où la pression des notes et des bonnes filières commence de plus en plus tôt. Tout sonne juste dans ce récit et on ne peut qu'être horrifié par tout ce qui pèse sur les épaules de Roxane, jeune fille grandie trop tôt et qui semble parfois plus mure et plus adulte que ses propres parents. En toile de fond, ce roman questionne aussi la parentalité, le désir d'enfant, la manière qu'ont les parents de Roxane de projeter leurs rêves ou leurs déceptions sur leur fille sans vraiment la considérer comme une personne à part entière et prendre le temps de l'écouter.

En parallèle, nous suivons aussi l'histoire de François, un cardiologue quinquagénaire, qui fut aussi en son temps soumis à une certaine pression familiale quant à la réussite scolaire (son père était médecin et l'a poussé à choisir cette carrière). François va se retrouver mêlé bien malgré lui à l'histoire de Roxane et à travers cette intrigue l'auteur nous offre une réflexion passionnante sur la notion de responsabilité et sur la médecine, qu'est-ce que soigner et qu'est-ce qu'un "bon" médecin. L'auteur écrit de très belles pages de description du métier de cardiologue, de toute la complexité de cette merveilleuse mécanique qu'est le coeur humain et des interventions destinées à le réparer comme la coronarographie (si, si, on peut écrire de belles pages en décrivant une intervention chirurgicale !).

Petit bémol pour la partie de l'intrigue racontée par Roxane : l'auteur arrive parfaitement à se mettre dans la peau d'une adolescente et tout sonne juste dans ses réflexions et ses réactions. Par contre, le choix d'écrire certaines parties du récit comme un long slam, cette prose rythmée faite pour être scandée, m'a souvent gênée dans ma lecture : dans la mesure où cela ne concerne qu'une partie du récit de Roxane, j'ai trouvé que cela tombait souvent à plat, cela sonne mal et la volonté de jouer sur les sonorités et les échos ressemble plus à des vers de mirliton qui heurtent la lecture qu'à un vrai choix poétique. Mais heureusement j'ai fini par m'y faire et cela reste suffisamment discret pour que ce ne soit pas un gros défaut.

Ceci mis à part, ce livre est un coup de coeur, lu en seulement deux jours et impossible à lâcher. J'aurais presque envie de le relire tellement il est riche en réflexions et tellement il brasse de thèmes divers. Une vraie réussite et une belle prouesse littéraire avec une intrigue et des personnages très construits et subtils : à recommander.
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Attention, attention, si vous croyez lire un petit bouquin cool sur les soucis des ados, vous allez être surpris.
D'abord, parce que les problèmes des ados, c'est important, c'est sérieux, ce n'est pas à prendre à la légère. C'est la réflexion que je me suis faite en fermant ce livre. Nous avons beaucoup à apprendre d'eux. Ils portent un regard neuf sur les adultes et leur société. Et le moins qu'on puisse dire c'est que ce n'est pas beau à voir.
Et puis comment ne pas être sous pression quand on est jeune, intelligent et sensible. On a tout à construire et les chemins qui se présentent mènent à un futur au mieux incertain, au pire catastrophique.
Quant aux parents, ils tentent avant tout de se rassurer eux-mêmes (et il y a du boulot!). En attendant, ils ne sont pas du tout rassurants pour leurs enfants. Mais soit ils s'en rendent compte et ils culpabilisent, ce qui n'arrange rien, soit ils sont dans le déni. Chacun fait comme il peut.
En toile de fond, le système éducatif français ultra-compétitif. Vu de Belgique cela parait terrifiant, ça l'est sans doute plus encore quand on est dedans.
Bref, en peu de pages, l'auteure a réussi un livre dense sans être lourd, et qu'on ne lâche pas. Une réussite.
J'ai seulement eu quelques doutes sur l'argot des ados, sur le côté artificiel du lexique en fin de volume, et surtout
sur la juxtaposition d'un flux de conscience très littéraire et construit et du parler des banlieues.
Par contre, le rythme, la construction et la ponctuation musicale de ce livre sont magistrales.
Un bouquin d'une grande richesse, à ne pas manquer.
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Alors dans la catégorie livres stressants pour les parents, nous avions déjà Chanson Douce de Leïla Slimani.
Là, les bébés (dieu merci) ont grandi. Ils sont devenus des ados avec un langage bien à eux et plein de mots que les plus de vingt ans ne peuvent pas connaitre. Heureusement, l'auteure nous fourni un petit lexique bien utile.
Et qui dit grands enfants, dit grands soucis, mais surtout comme ils sont plus autonomes et qu'ils prennent leur envol, moins de contrôle. Donc la question est : où s'arrête la responsabilité des parents, où commence celle des ados ? Comment en tant que parent, doser le fait de pousser son enfant vers la réussite, sans que la pression devienne insurmontable ?
Comment repérer ce moment où la pression devient insurmontable ?
Comment la quête de la réussite prend le pas sur la recherche du bonheur ?

J'ai une mauvaise nouvelle : ce roman ne vous donne pas la solution.
Mais j'ai une bonne nouvelle : c'est un bon roman qui incite à l'observation de cet être particulier qu'est l'ado.
Ce qui en soit est déjà un début de solution.

Dans la catégorie coupable ou non coupable, on met aussi le pied dans le monde de la médecine et ses interrogations quant au Serment d'Hippocrate et aux contraintes légales de prescriptions. Je vous assure, c'est pas tout noir ou tout blanc non plus.

Bref, un vrai bon roman qui questionne et qui bouscule un peu et qui nous fait sortir la tête du guidon.

Alors, faut-il le lire ? Oui. Je ne vous le dis pas en scred, pour les darons et daronnes et autres ieuvs, une fois passer la barre du langage, et avec l'aide du lexique, c'est oufissime.
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Roxane a la pression, celle de ses parents qui veulent pour elle l'excellence mais Roxane est mal dans sa vie, mal dans sa peau et cela ses parents récemment divorcés ne le voient pas ou ne veulent pas le voir, plus préoccupés par leurs vies que par leur fille. Ils ont placé en elle toutes leurs espérances, toute leur fierté de parents, ne s'arrêtent pas à ses changements d'humeur, ses moments de silence, de mal-être et ne pensent qu'aux notes, aux résultats.

François, cardiologue, a réussi sa vie entre son cabinet et la clinique où il opère, mais un grain de sable remet tout en question. Il attend un jugement qui risque de tout remettre en question mais c'est pour lui l'occasion de faire le point sur sa vie.

On pourrait penser qu'ils n'ont rient en commun et pourtant ils vont se rejoindre : deux vies, deux âges, deux parcours, deux langages pour exprimer un mal être, une pression qui pèse, une pression issue de l'extérieur et qui finit par tout envahir. On pourrait penser qu'ils sont heureux, qu'ils ont tout pour être heureux et pourtant.....

L'auteure restitue les deux parcours avec une écriture-reflet de chacun (celle de Roxane m'a posé quelques problèmes et m'a obligé à consulter très souvent le lexique en fin d'ouvrage mais j'ai finalement eu la signification de certains termes que j'entendais parfois) qui permettent de mettre face à face deux façons d'exprimer ses maux à hauteur d'une adolescente et d'un adulte. Deux vies, deux âges, deux univers mais un même mal.

Vanessa Bamberger signe un roman à deux tons : celui d'une adolescente de son temps avec les soucis de son âge : amitié, amour mais surtout solitude familiale où elle ne trouve aucun écho, aucune écoute, ses parents toujours par monts et par vaux et n'attendant d'elle que passage dans une grande école prestigieuse et celui d'un adulte que rien ne préparait réellement à affronter le Conseil de l'Ordre des médecins, à la remise en cause de son travail. 

On retrouve les thèmes de la pression, voire de la compétition et des rivalités qui entrent, pour les deux narrations, en ligne de mire :  être le (la) meilleur, exceller pour réussir même si la réussite ne tient pas forcément dans l'excellence. 

J'ai aimé suivre en cinq mouvements les destins (et je n'ose la descente en enfer) de ces deux êtres brisés à des âges différents, pour des raisons différentes : l'une par l'exigence de parents qui n'ont de relations avec leur fille que sur le chapitre des résultats, par le climat qui règne dans les lycées côtés où seuls les meilleurs gagnent, préparant de futur(e)s adultes à la compétition perpétuelle, où les professeurs se font managers plus qu'enseignants, croyant motiver leurs élèves en les rudoyant :

"A croire que vous, nos profs, vous, nos parents, prenez du plaisir à nous voir souffrir, mus par l'obsession de nous dynamiser, nous secouer, nous endurcir. Peu importe si ça nous fait nous sentir stupides. Vous revêtez votre panoplie de manager. Nous ne sommes pas sur Terre pour nous amuser. Nous sommes priés d'être compétitifs, conformes, de bons produits homologués. Quels que soient nos efforts nous serons défaillants. C'est un système qui repose sur l'échec. Une société de tyrans. Bats-toi mon enfant lance-toi et si tu tombes tu te relèveras. Avec un peu de chance tu ne te fracasseras pas. Nous sommes vos cobayes nous sommes vos trophées, vos jouets sélectionnés pilotés triés orientés. Génération anxiété. (p82)"

En refermant le livre se pose la question de la responsabilité : les parents, les enseignants, la société qui ne prône que l'excellence, le non-droit à l'erreur, à l'excellence, au parcours sans faute et sans écueil comme signe de la réussite parfaite ?

Vanessa Bamberger signe un roman fort, dur où la tension monte au fur et à mesure de la narration et qui se veut également une réflexion voire une dénonciation de nos systèmes d'éducation, de performance, de réussite au détriment du bonheur et de l'écoute. 

J'ai aimé mais je m'aperçois que je l'ai lu pendant mes vacances et qu'il m'a fallu un peu de temps pour me replonger dedans afin de rédiger ma chronique, signe qu'il ne m'avait finalement pas marquée autant que je le pensais.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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