AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782210755413
172 pages
Magnard (21/06/2010)
3.38/5   24 notes
Résumé :
Paru en 1855, L'Assassinat du Pont-Rouge est te premier roman policier français. Dans cette oeuvre, qui fait apparaître en son coeur Baudelaire et même l'un de ses poèmes - offert à son ami Chartes Barbara deux ans avant que ne paraissent Les fleurs du Mal ! -, c'est la crise spirituelle du XIXe siècle qui prend corps : la certitude de la mort de Dieu conduit te héros à la déchéance absolue. Les visionnaires du XIXe siècle - Baudelaire, Sainte-Beuve et Barbey d'Aure... >Voir plus
Que lire après L'Assassinat du Pont-RougeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
« Dans les mystères de notre nature, à la vue de certains hommes, nous sommes parfois assaillis d'impressions pénibles que nous ne saurions définir. Leur extérieur ne suffit pas toujours à justifier l'antipathie instinctive qu'ils soulèvent ; on dirait qu'il se dégage de leur vie un fluide qui les enveloppe d'une atmosphère où l'on ne peut respirer sans malaise. »
(...)
« Ses cheveux châtains aux reflets rougeâtres, sa moustache rare de couleur rousse, sa peau terreuse, parsemée de taches vertes, composaient un ensemble de tons qui donnaient à sa tête une apparence sordide et venimeuse. Par instant, un regard éteint, louche, sinistre, perçait le verre de ses lunettes en écaille. Evidemment les trous et les désordres de ce visage n'étaient, on peut dire, que les stigmates d'une vie terrible… »

Clément est abject, répugnant, nauséabond et n'inspire que méfiance.
Aussi, parait-on surpris de le voir vêtu d'habits propres et neufs, encore d'apprendre qu'il est marié à une femme aimante et dévouée, qu'il dispose d'un toit régulier, qu'il travaille et même économise…
Peu de temps avant, il était encore maltraité par un infâme propriétaire en tant que domestique, comblait les mois difficiles en recourant, avec ruse et perfidie, aux secours d'un abbé qui lui remettait de l'argent « un homme naïf et réellement charitable, dont la crédulité était facile à exploiter » selon l'expression même du très honorable Clément.

Comprenant qu'on pouvait tirer davantage de la matière ecclésiastique, Clément renforce sa foi : « Ils suivaient régulièrement les offices, choisissaient à l'église les places les mieux éclairées et s'y faisaient remarquer par une attitude humble et repentante » intègre une congrégation religieuse, et accepte de « régulariser » sa situation avec Rosalie, sa maîtresse, en se mariant : « Il lui fut permis dès lors d'espérer, sinon la fortune, du moins, prochainement, une aisance convenable. » mais tout ceci n'explique que très partiellement sa nouvelle et soudaine prospérité…

C'est ainsi une longue confession que fait Clément a son ami Max Destroy, l'écoutant avec patience et commisération, mais qui ne se doute pas encore qu'il échange avec un véritable criminel. Clément se dénigre tout en se sanctifiant, se dit heureux de sa prospérité tout en retraçant avec joie ses infirmités passées et ses filouteries :

« Clément avouait encore que le fait seul de se démasquer en présence d'un ami lui procurait un bonheur qui approchait de la volupté »

Il lui parle notamment de : « l'horreur secrète avec laquelle il se prêtait à des cérémonies (religieuses) qu'il jugeait ridicules »

Se calomnie :
« En passant la revue de tous ces actes qualifiés crimes par les hommes, je serais en peine d'en trouver un que je n'aie pas commis. »

Tout en paraissant se glorifier :
« Mon orgueil et mon égoïsme sont sans bornes ; je sacrifierais, à l'occasion, le monde entier à la moindre de mes fantaisies. J'ai été beaucoup aimé, et je n'ai jamais aimé personne. Pendant nombre d'années, je n'ai vécu que de dettes. J'en faisais d'autant plus volontiers que je ne pensais pas pouvoir les payer jamais. J'ai puisé sans scrupule dans la bourse de mes amis, et je ne puis pas dire que je me sois jamais employé efficacement pour aucun d'eux. »
(…)
« Rappelle-toi ce que je t'ai dit : J'aurai de l'argent et je deviendrai un personnage. Me suis-je trompé ? J'ai l'estime, voire l'amitié d'hommes considérables ; des magistrats et des prêtres fréquentent ma maison ; j'ai des amis et des flatteurs à n'en savoir que faire. Je deviens estimable aux yeux mêmes de ton ami De Villiers, lequel, entraîné par le courant, ne dédaigne plus de venir chez moi. »

Et se déclare comme un athée farouchement rebelle à toute idée de transcendance : « L'idée de Dieu, poursuivit-il, n'a pas une seule fois été émise devant moi, que je n'aie sur le-champ proféré un blasphème : je l'ai maudit, défié, ce Dieu ; j'eusse voulu croire à son existence, afin d'être convaincu qu'il entendait ces blasphèmes et ces provocations ; j'ai souhaité de revenir au temps où l'on vendait son âme… Regarde-moi ! »

Comme le résume l'auteur : « tout en Clément était étrange et inexplicable : son mariage, sa manière de vivre, sa préoccupation des jugements d'autrui à l'égard de son aisance, son affectation à en expliquer l'origine, jusqu'au tressaillement qu'il éprouvait dès qu'on sonnait à sa porte »

Le poids des remords ne frappe pas encore Clément suite au crime mais laisse presque immédiatement des empreintes et flétrissures sur sa femme, Rosalie : « Quand, deux années auparavant, elle resplendissait encore de tous les charmes extérieurs que peut envier une jeune femme, rien ne pouvait donc autant surprendre Destroy que de la retrouver pâle, amaigrie, exténuée, prête, en quelque sorte, à rendre le dernier soupir, et cela, sans qu'il fût possible de préciser sa maladie ou seulement son mal. »

Tout un tas d'hasards fâcheux ou de sournoises vengeances du sort s'acharnent sur le couple :

- Afin d'apaiser ces troubles, Rosalie prend des cours de piano mais il s'avère que la femme qui dispense les cours n'est autre que la veuve de Monsieur Thillard, l'agent de change lâchement assassiné par le couple… Ce qu'elle réalise un peu tardivement.

- La physionomie du jeune enfant de Rosalie diffère totalement de Clément et plus il grandit, plus l'on est certain qu'il descend directement de Monsieur Thillard, qui fut l'amant de Rosalie, laquelle s'était donnée à lui pour quelques maigres rémunérations. Cet enfant, qui aurait dû revitaliser les espérances du couples, les effraie au contraire par des regards fixes et angoissants de poupée et semble animer d'un désir de vengeance : « sa jolie figure n'annonçait ni sensibilité, ni intelligence ; elle conservait, même sous les plus tendres caresses, l'impassibilité de l'idiotisme. »

- Un procureur, dont la présence aux soirées que donne Clément flatte l'orgueil, provoque nausées et évanouissement à Rosalie quand il conte tout un tas de crimes lâches et impunis ayant une ressemblance fâcheuse avec le leur.

Tout ceci accable et précipite la mort de Rosalie en une lente agonie faite de douleurs physiques et de culpabilité. Elle craint son sort pour l'au-delà et demande à Destroy de faire intervenir un abbé pour l'absoudre à temps avant de mourir, mais au moment où ils se rendent à son domicile, alitée, Clément veille et les expulse avec rage : « Ces hurlements de détresse, à émouvoir des coeurs en marbre, ajoutaient à la rage de Clément et le jetaient insensiblement hors de lui. D'une voix étouffée , lançant les syllabes comme des flèches : « Que venez-vous faire ici ? dit-il à l'abbé, et à Max de quoi vous mêlez-vous ? »

L'irascibilité de Clément s'aggrave sensiblement, mêlant provocation et délires :
« Tue, vole, viole, sois un monstre, mais qu'on ne le sache pas ! Qui donc te châtiera ? Il n'est qu'un lâche ou qu'un imbécile qui puisse craindre des chimères et des fantômes ! »

Une simple tempête nocturne le noie dans un cauchemar en pleine conscience : « La tempête m'a tout à coup éveillé. La pluie tombait par torrents ; le vent s'engouffrait dans ma cheminée et produisait un bruit persistant analogue à celui d'orgues lointains. J'avais les yeux pleins d'un rouge sombre et sinistre. Je m'imaginais soudainement que le feu était à la maison, et, saisi d'une terreur indicible, je sautais à terre. Je courus à ma cheminée et appliquais mon oreille à l'ouverture. le ronflement que j'entendais était vraiment celui des flammes d'un vaste incendie. J'ouvris précipitamment ma fenêtre pour voir le ciel. le ciel était rouge ; les murs voisins étaient rouges aussi. Je me penchais dehors au risque de tomber dans la rue, et tâchais d'apercevoir le toit de la maison. Il me sembla encore qu'il était en feu. Enfin, de tous côtés, je ne voyais que les reflets rouges d'un foyer immense. Les gouttes d'eau, larges comme des sous, qui tombaient sur mon front étaient immédiatement séchées par la chaleur intense dont mon corps, plein de fièvre était dévoré. Je résolus de monter à l'étage supérieur. Au droit de mon lit, m'étant détourné par hasard, j'aperçus au fond de l'alcôve une figure pâle qui me regardait. Je reculais d'un pas, puis je roulais à terre sans connaissance. »

Il avoue tout à son ami, en une agitation nerveuse : « Nous raisonnions le crime à l'instar d'une opération commerciale, et appelions de toutes nos forces l'occasion de nous enrichir à l'aide d'un mauvais coup. » et conte toutes les étranges circonstances qui le poussèrent à commettre un crime lâche et la facilité avec laquelle il jeta le corps dans la Seine, en plein brouillard et de la gloire qui résultait de cet acte :
« Je sentais au dedans de moi-même renaître une assurance imperturbable ; ma poitrine n'était déjà plus assez large pour contenir la volupté qui l'envahissait ; je me considérais intérieurement avec orgueil, et, croisant les bras, je regardais le ciel noir d'un air de défi et de dédain suprême. »

En Amérique, où il fuit ses remords, Clément fait une fortune immense, prodigue l'aumône, fonde un hôpital, sauve des naufragés… Puis s'en va mourir enfin sur le bateau qui le ramène en France, toujours repentant, toujours millionnaire et une dernière confession témoigne de sa sincère volonté de se repentir.

L'intérêt du roman n'est pas tellement dans cette morale nécessaire accablant de remords le criminel mais dans la psychologie complexe et confuse de Clément ; de cet homme humilié et orgueilleux qui nous dévoile progressivement l'abîme d'horreurs dans lequel il a chuté ; de ce nihilisme dissimulant une forte détresse. Tout est peint d'une façon morbide, intrigante et poétique, tout réside dans l'atmosphère particulière du roman et de ce rythme lent et saccadé, pour lequel il faut un peu de patience. Et puis surtout, ne soyez pas frustré par la façon stupide dont est présentée ce roman, à savoir « le premier roman policier français… » si vous partez avec cette attente, vous serez nécessairement déçu. Il n'y a pas d'étiquette pour ce roman, mais on peut dire qu'il se rapproche, dans l'esprit, à un mélange entre Edgar Poe et Baudelaire que l'auteur admirait particulièrement. Il n'y a pas non plus à mon sens, un but essentiellement moralisateur où l'on étouffe le lecteur par des propos philosophico-religieux en pointant du doigt un cas isolé. L'auteur englobe, dans ce crime lâche, les moeurs de son temps : « En définitive, reprit Max, qu'a-t-il fait, sinon ce que font, sur une moins vaste échelle, bien d'autre jeunes gens de notre génération ? Combien ont en eux le germe des vices qui sont en fleur chez lui, et n'atteignent point à l'énormité de ses fautes, uniquement parce qu'il leur manque sa force, son tempérament, son audace ! »

Tout cela marque assurément l'imagination.
Qui plus est, l'originalité du style, la poésie qui s'y dégage nous sauve d'un sentiment de dégoût qui pourrait facilement résulter d'un tel sujet.
Commenter  J’apprécie          70
Ce roman n'est ni un policier ni même un thriller même si l'auteur tente de faire monter l'angoisse ou l'énervement dans mon cas ! Il a totalement réussi en ce qui me concerne.

C'est l'histoire d'un mauvais garçon, tellement mauvais que son physique et son visage en sont transformés !!! Il clame et clame encore à son ami qu'il est mauvais, méchant, roué, qu'il ne s'arrêtera pas là et que jamais il ne regrettera et qu'il arrivera à être riche et considéré sans culpabilité ni repentir !

Pour décrire et faire s'exprimer le mal incarné j'ai trouvé que l'auteur utilisait un langage plutôt recherché, des phrases alambiquées et à rallonge, ce qui ne collait pas du tout avec le personnage ! le tout débité à toute vitesse, sans répit à en donner le tournis.

Au final il est pétri d'angoisse et de terreur, de culpabilité qu'il ne veut exprimer et encore moins reconnaître ! A l'article de la mort, sa femme demande à ce qu'un confesseur vienne lui donner l'absolution, tellement ses remorts l'ont torturé. Il paiera de son vivant leurs fautes à tous deux.

Culpabilité, remords, repentir... mais pas de remise en question !! Une vraie purge puritaine !

Challenge RIQUIQUI 2021
Commenter  J’apprécie          180

Estampillé premier roman policier français, ce texte est très empreint du romantisme qui régnait en 1855, à sa publication.
Plus thriller que roman policier, il tâche de faire monter la tension autour d'un voyou cynique qui a commis un geste irréparable. Car oui, je peux sans dommages vous dévoiler l'intrigue : elle se lit entre les lignes dès le premier quart du roman.
Si de nos jours les « méchants » sont sans regrets ni remords, s'ils sont le fruit d'une enfance brisée, le Clément du pont rouge est dévoré par le remords. Un fond cynique, une âme de voyou mais finalement rattrapé par les règles de la vie en société et ses principes religieux avec le fameux : « tu ne tueras point ».
Autant vous dire que cette lecture ne vous empêchera pas de dormir et vous semblera même « mignonette ».
Néanmoins, j'ai trouvé intéressant de relever les ingrédients du romantisme dans ce roman noir. C'est original et instructif sur l'histoire de la littérature
Commenter  J’apprécie          170
J'ai vu que les avis concernant ce livre étaient tous positifs. le mien ne le sera pas, je préviens tout de suite. le quatrième de couverture parle ici de « premier roman policier français ». Grand bien leur fasse. Il ne contient pas d'enquêteurs, seulement un juge d'instruction qui, parfois, apparaît et raconte comment le hasard l'a aidé à résoudre une affaire, croyant en résoudre une autre.
Non, pour moi, ce roman est avant tout celui d'une époque. Il a été publié en 1855, pendant le second Empire donc, et raconte la crise morale, spirituelle de d'une certaine frange de la population c'est à dire ce qui restait de la Bohème parisienne. Oui, je ne crois sincèrement pas que les parents de Joseph, né en 1856 et d'Aimée, née en 1858, mes arrière-arrière-grands-parents aient traversé une telle crise, en aient même eu le loisir, à dire vrai.
Je me suis un peu perdue avec les personnages, quasiment tous masculins, cherchant à faire leurs chemins dans la vie. Je croyais tenir le personnage principal, jusqu'à l'arrivée de Clément. Il a perdu la foi, il ne croit pas en Dieu, et comme il ne croit pas en Dieu, comme il ne croit pas aux vertus de la souffrance, indispensable à toute vie, à toute création, à toute envie de s'en sortie, il se montre non seulement hypocrite mais commet des actes réprouvés par la morale. Il est encore des personnes pour penser de nos jours que la souffrance est bonne. Je ne parle pas de la douleur, qui est un signal d'alerte à ne pas négliger, mais de la souffrance qui ne permet pas , quoi que l'on pense, de faire carrière ou d'écrire.
Des hommes et des femmes. Trois femmes en fait : Mme Thillard, dont le mari se serait suicidé en se jetant dans la Seine, pris de remords après avoir ruiné sa famille, perdant notamment l'héritage de sa femme et de sa belle-mère (que l'on verra peu). Mme Thillard devient professeur de piano pour vivre, et donnera des leçons à Rosalie, dont le mari, ce fameux Clément, avait travaillé pour les Thillard. Oui, si Mme Thillard avait su, jamais elle n'aurait accepté de donner des leçons à Rosalie, qui n'est pas sans éprouvée une joie mauvaise à voir Mme Thillard ainsi rabaissée.
Mais Rosalie apparaît avant tout, comme Mme Thillard, comme une victime des hommes – et des femmes. C'est sa mère qui l'a contrainte à se prostituer. Et si elle quitte son amant en titre parce qu'elle tombe amoureuse de Rodolphe, celui-ci, attiré avant tout par sa beauté, mettra un certain temps avant de l'épouser. Elle ne se remettra jamais ni de sa grossesse ni de la naissance de son enfant. Oui, c'est tout à fait possible. Oui, il est possible aussi que le médecin, consulté fréquemment, ne trouve pas de causes physiques au dépérissement de Rosalie. Que sait-on de la dépression à cette époque ? Rien.
Certains passages de ce texte se teintent de fantastique, tout en me faisant penser à certaines croyances médicales qui avaient cours – ou comment, quoi qu'il arrive, même dans cette société dont une partie ne croit plus en Dieu, c'est toujours la femme la responsable.
Pas de rédemption possible, pour personne. le châtiment ? le remords perpétuel, et l'impossibilité, quoi qu'il soit fait, de réparer les fautes commises. Pessimiste ? Oui. L'existence de l'auteur fut pire encore.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
Commenter  J’apprécie          100
C'est en édition numérique, que j'ai découvert et dégusté ce roman sombre et fascinant.
Cet Assassinat du Pont Rouge nous emmène dans ces régions de l'âme, où la nécessité de survie étouffe et annihile tout sens dit "moral"... pas assez, cependant, pour ôter la peur et le remord dont l'assassin est détenteur.
En effet, la fuite du meurtrier après l'aveux son crime, ne fera qu'amplifier sa déchéance morale et le sentiment de la vanité d'une hypothétique rédemption.
Commenter  J’apprécie          110

Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Un jour, après m’avoir accordé une augmentation de dix francs par mois, il ajouta : « Je possède, rue Saint-Louis-en-l’Île, près du Pont-Rouge, une maison dont le rez-de-chaussée est une véritable non-valeur. Il paraît que c’est inhabitable. Les gens qui consentent à loger là sont de ceux qui payent rarement leurs termes. Si vous pouvez vous en arranger, je vous en donne gratis la jouissance : ça sera toujours autant d’économie.
« Lui-même tendait donc le piège où il devait bientôt venir se prendre.
« Vous êtes venu une seule fois dans ce logement, le soir. À la nuit, vous n’avez pu l’apprécier qu’imparfaitement. Vous vous rappelez au moins qu’il était au rez-de-chaussée et ouvrait sur la rue. Les deux chambres contiguës, ménagées dans une porte cochère murée, en étaient nues et sombres. Le plancher, ni carrelé, ni planchéié, rappelait le sol d’une basse-cour dans les temps humides. Ces deux chambres, éclairées d’une part par un vitrage élevé qui voyait sur la rue, de l’autre par une fenêtre donnant sur une cour intérieure, ne communiquaient point avec le reste de la maison. La seule chambre du fond était encore trop spacieuse pour notre dénuement. Trois ou quatre meubles vermoulus y dansaient à l’aise, pendant que des journaux, des papiers, quelques livres, des fioles et divers ustensiles de ménage, le tout entassé pêle-mêle sur des tablettes, y témoignaient des états que j’avais exercés. Somme toute, nous étions chez nous, pouvant entrer et sortir à toute heure de nuit sans éveiller l’attention des voisins.
Commenter  J’apprécie          40
Non, quoi qu'on puisse prétendre, ce qu'on appelle conscience
n'est pas uniquement le fruit de l'éducation. Il est même
des crimes que ni le repentir, ni la douleur, ni le sacrifice perpétuel
de soi ne sauraient racheter, des crimes qui outragent essentiellement
la nature, qui excluent fatalement l'homme du milieu des hommes.
Commenter  J’apprécie          100
... le plus insigne scélérat, supposez qu'il soit assez adroit pour échapper au bagne ou à l'échafaud, peut encore trouver en lui-même un châtiment mille fois plus terrible que celui dont il se joue...
Commenter  J’apprécie          20
Sa tristesse, son abnégation, sa témérité, ressemblaient aux effets du remords.
Commenter  J’apprécie          20

autres livres classés : romans policiers et polarsVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (74) Voir plus



Quiz Voir plus

1 classique = 1 auteur (XIX° siècle)

La Chartreuse de Parme

Stendhal
Alfred de Vigny
Honoré de Balzac

21 questions
566 lecteurs ont répondu
Thèmes : classique , classique 19ème siècle , 19ème siècleCréer un quiz sur ce livre

{* *}