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Magnifique roman de ce combat perdu d'avance que fut la Chouannerie.
J'avoue avoir été un peu agacé au début par ce besoin de Barbey de ramener ses histoires à des salons mondains. Mais assez vite, le récit prend des allures d'épopée et nous plonge dans cette époque d'honneur et de cruauté qui marqua la révolution française. Même si l'on connait les sympathies monarchistes de l'auteur, le sujet n'est pas politique. Il est profondément humain, fait de vies fracassées par l'histoire, où la violence et la grandeur se cachent parfois dans les détails. Il est aussi fait de ces paysages du Cotentin, verdoyants et sauvages.
Un grand roman.

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Le chevalier des Touches (1864) est un roman historique de Jules Barbey d'Aurevilly inspiré de la vie du chouan et contre-révolutionnaire Jacques Destouches (1780-1858). Mademoiselle de Percy évoque l'expédition des Douze et la libération du chevalier des Touches par ses compagnons d'armes. Un récit plaisant où les deux héroïnes sont bien plus sympathiques et intéressantes que Des Touches.
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Souvenirs de jeunesse, j'ai lu un extrait dans "15 histoires de capes et d'épée". J'ai finalement lu le roman 40 ans après. La magie de l'extrait a mis un certain temps à revenir et encore. Heureusement je suis tétu j'ai fini le livre. j'en garde un souvenir mitigé, une histoire intéressante mais une écriture très datée. je pense avoir préféré "les chouans". Peut-être est ce l'âge et les souvenirs de lecture que j'avais peut-être enjolivés. Bref un livre reposé une fois fini et oublié.
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Ce petit roman de Barbey d'Aurevilly,, très connu, mais que je n'avais cependant jamais lu bien qu'étant né à Valognes, est écrit avec cette langue que l'auteur manie si bien. L'intrigue est assez banale mais si bien contée ! Ces vielles personnes qui se réunissent au cours d'une soirée sont décrites avec une telle verve qu'on semble les voir. L'une d'elles est la narratrice, qui a autrefois participé au sauvetage épique du Chevalier. Mais il y a aussi dans la pièce une jeune fille plus jeune, qui cache un secret que l'auteur ne nous révèlera qu'à la fin. C'est passsionnant.
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En 1858, Jules Barbey d'Aurevilly rencontre Jacques Destouches alors interné à l'asile du Bon-Sauveur de Caen, "maison de santé" où il passa les trente-deux dernières années de sa vie. Mais qui est Jacques Destouches ? C'est un personnage historique, ancien Chouan ayant participé à la guerre des partisans en Normandie - car la Chouannerie a dépassé les frontières de la seule Vendée.

"Le chevalier des Touches" est un roman qui se veut biographique mais qui en vérité est assez éloigné de la réalité avérée par L Histoire. Arrêté à Avranches et condamné à mort à l'âge de dix-huit ans, Jacques Destouches sera délivré par ses acolytes à la suite d'une périlleuse expédition. le récit tourne donc entièrement autour du récit de ses aventures, narrées par une vieille fille ayant eu partie liée avec les révoltés au service des royalistes. Beaucoup d'aventures structurent donc la narration, servie par un style académique non déplaisant.

Balzac eut peu d'admirateurs aussi fervents que Barbey d'Aurevilly. On se rappellera sans doute que ledit Honoré écrivit en 1828 "Les Chouans", un roman aussi historique que politique puisque paru sous le règne de Charles X. Nul doute que Barbey d'Aurevilly s'inspira une fois encore du Maître au moment d'écrire "Le chevalier des Touches". Hommage certain, associé à sa propre curiosité qui lui fit rencontrer son sujet quelques années avant qu'il ne meure dans l'oubli. Là encore, est-ce le souci de l'hommage qui le pousse à sublimer dans cette fiction historique les vertus et capacités d'un loyal serviteur des Bourbon qui, s'il ne manqua certes pas de courage, sombra dans la folie au point qu'il fut envoyé au loin, jusqu'au Canada. le portrait que brosse Barbey d'Aurevilly du turbulent contre-révolutionnaire manque certes d'objectivité mais non de sentiment. A lire comme un simple récit d'aventures guerrières et sentimentales.


Challenge XIXème siècle 2020
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"Le portrait de Martin Sommervieu" m'a incité à relire une fois de plus le Chevalier des Touches et à ouvrir cette vieille édition de la fin du XIX, illustrée par Julien le Blant, que cinq générations familiales ont lu, annoté, corné, parfois taché, et assurément usé, en appréciant son éternelle actualité et son ancrage régional.

Le salon de Valognes m'évoque d'autres salons à Alençon, Lisieux, Mayenne et aussi en Bretagne, à Vannes, ou en Vendée, près des Lucs, à écouter devant une cheminée, celles et ceux qui nous ont précédé nous décrire des épisodes qu'ils ont vécus ou connus au fil des ans. Cette ambiance chaleureuse des maisons familiales, quasi inchangées au fil des années, rajeunit spontanément les mémoires et il suffit d'une retrouvaille ou d'un album photo pour lancer la conversation et revivre une des guerres mondiales, l'exode, le débarquement, le sauvetage d'un pilote allié abattu, d'un naufragé ou d'un proscrit. Quelle famille n'a pas à chaque époque son épopée et son Chevalier des Touches ? Qui n'a pas entendu Mai 1968, ou mai 1981 raconté et embelli et qui demain n'aura pas à réentendre évoquer telle action des Gilets Jaunes ou le drame du Bataclan ou de Charlie Hebdo ?

Et les Percy, l'amazone et l'abbé, je les ai croisés, ou plutôt j'ai eu la chance de connaitre leurs réincarnations et quelle famille n'a pas ses demoiselles de Touffedelys ? Ce sont nos grandes tantes qui eurent 18 ans en 1918 et restèrent célibataires suite à l'hécatombe de la grande guerre. Ce sont nos tantes dont les fiancés furent prisonniers en 1940 et massacrés ensuite en Allemagne.

J'ai passé les dernières soirées projeté dans ce salon de Valognes au milieu d'amis, qui certes n'ont connu ni la révolution ni l'empire, ni la restauration, mais ont vécu les épisodes suivants et accomplissent leur devoir de mémoire en transmettant ce qu'ils ont vécu.

Le Chevalier des Touches est intemporel, éternel, c'est le héros de chaque époque, de chaque province et c'est ce qui le rend si proche, si attachant, quoique ce chouan ne reculait devant rien comme l'illustre le terrible épisode du Moulin Bleu.

Une lecture qui dope la mémoire et excite l'imagination, voici ce que Barbey d'Aurevilly a eu le talent de nous offrir avec ce salon qui devient un écran laissant place à l'histoire et ses héros et héroïnes.
Un chef d'oeuvre que j'espère relire à l'avenir.
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D'abord, ce roman n'est principalement ni historique, ni un roman d'aventures. En effet, même si le récit rapporté se déroule pendant la guerre de Vendée, on ne sait rien du contexte ou des motivations, des combats des personnages. Les Bleus sont réduits à des figurants, les Blancs à des combattants de l'ombre, du bocage plutôt. Ce n'est pas non plus principalement un roman d'aventures, même si on trouve bien des combats épiques, des sièges de prison et des expéditions impossibles.
Non, la principale force du texte tient dans la galerie de portraits des personnages, ceux qui écoutent le récit - les vieilles filles et les vieux nobles émigrés de retour, comme ceux qui font partie de ce récit - les Chouans et les femmes qui les assistent. J'ai été d'ailleurs particulièrement intéressée par le retournement des genres : le chevalier des Touches est une princesse de conte qu'il faut délivrer dans sa tour, lui qui est beau comme une femme. Au contraire, Percy est une femme laide, intrépide, qui combat comme un homme, et qui vient le délivrer.
Et la fin se termine sur le destin tragique d'Aimée, Vierge-Veuve, un surnom évocateur.
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Dans le bourg de Valognes, le soir à la veillée, une vieille fille, soeur de l'abbé du lieu, narre devant un public de vielles personne acquise à la chouannerie , les hauts faits du Chevalier des Touches, chouan de Normandie et les tentatives pour le libérer des geôles des bleus par un groupe de douze personnes des plus résolus.

Le connétable des lettres, Barbey d'Aurevilly, dans ce roman, évoque à partir d'un personnage qui a réellement existé, un épisode de la chouannerie, dont on oublie que la Normandie fut le théâtre. C'est un peu le pendant des Chouans de Balzac, en plus ramassé. Ce n'est pas assurément le meilleur de la production de ce grand écrivain un peu oublié. Cela reste un livre intéressant pour qui s'intéresse aux chouans.
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C'est un roman de grand style que ce Chevalier Des Touches, écrit par le dandy du Cotentin, Jules Barbey d'Aurevilly
À l'heure de l'encensement, presque sans restriction, des grandeurs révolutionnaires – tandis que la République n'est toujours pas fichue de reconnaître le génocide vendéen, car génocide il y eut ! –, voici un texte dissonant qui raconte l'autre camp, à savoir celui de la Chouannerie ; à ne pas confondre avec la révolte des Vendéens.
Ce roman, parfaitement ciselé, raconte en apparence une aventure contre-révolutionnaire et, plus en profondeur, une tragédie amoureuse comme l'Histoire en conçoit trop souvent, hélas…
Au moment où il débute, le récit présente des « gens du passé, rassemblés dans [un] petit salon à l'air antique, et qui parlaient entre eux de leur jeunesse évanouie et des nobles choses qu'ils avaient vues mourir. » Et, à l'occasion d'une apparition fantomatique de ce passé, ces gens se souviennent ; particulièrement Percy, femme au physique qu'elle s'est toujours reconnu ingrat mais dont la vaillance et le noble coeur l'élèvent au-dessus des considérations plastiques.
Récit à la fois mélancolique et cruel – voir l'épisode d'Avranches et surtout celui de la vengeance, laquelle change « un riant et calme Moulin bleu en un effrayant moulin rouge » – qui raconte, pour une grande part, l'expédition de sauvetage d'un chouan unique en son genre : le chevalier Des touches, « homme de guerre indifférent à tout ce qui n'était pas la guerre et farouches ambitions », inspiré de Jacques Destouches de la Fresnay. Être fantastique et ténébreux, il est de ces figures qu'affectionne l'auteur (lire, par exemple L'Ensorcelée).

Par la voix de ses protagonistes, Barbey en profite pour écorner les derniers Bourbons et leur ingratitude ; Bourbons qui, au moment de la publication du roman, sous le Second Empire, ne sont plus qu'un souvenir.
Parmi les autres personnages se trouve la figure pure et idéalement romantique – avec tout ce que cela comprend de drames – d'Aimée de Spens, devenue une « pauvre magnifique beauté perdue, qui n'entend même pas ce que je dis d'elle, ce soir, au coin de cette cheminée, et qui n'aura été dans toute sa vie que le solitaire plaisir de Dieu ! » Murée dans le silence, elle s'était arrêtée dans le temps lointain où son amour lui fut arraché.
Mais oublions l'intrigue – qu'il appartiendra à chacun de connaître en la lisant –et penchons-nous sur ces phrases qu'on pourrait extraire du récit pour en faire des maximes, dont celle-ci : « La foi sincère a souvent de ces familiarités avec Dieu, que des sots prennent pour des irrévérences ridicules, et des âmes de laquais ou de philosophes pour de l'orgueil. »
Et cette autre qui, en peu de mots, agencés avec un génie littéraire indéniable, dit tellement : « Si mademoiselle Aimée avait été brune, pas de doute que déjà, sur ces nobles tempes qu'elle aimait à découvrir, quoique ce ne fût pas la mode alors comme aujourd'hui, on eût pu voir germer ces premières fleurs du cimetière, comme on dit des premiers cheveux blancs que le Temps, dans de cruels essais, nous attache au front brin à brin, en attendant que le diadème mortuaire qu'il tresse à nos têtes condamnées soit achevé ! »
Quand l'art d'écrire atteint ces hauteurs, nous ne pouvons que nous incliner…



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Jules Barbey d'Aurevilly nous embarque pour une veillée au coin du feu, en compagnie d'une petite assemblée d'honorables vieillards, dans une demeure normande ayant connu des jours plus fastes.

Cette demeure est celle des demoiselles Touffedelys, dont la jeunesse et la beauté ne sont plus que de lointains souvenirs, leur fortune et leur rang aussi, la Révolution étant passée par là. Vieilles filles sans malice, crédules, elles reçoivent en ce soir de décembre de la fin des années 1820 un ami baron, deux autres demoiselles et un abbé, qui vient de vivre une rencontre surprenante, point de départ du récit qui va suivre : il a croisé, surgissant tel un revenant dans l'obscurité brumeuse d'une place de Valognes, le Chevalier des Touches...

Cette figure de la chouannerie, dont la témérité et la beauté féminine firent une légende, fut au centre d'un célèbre épisode de la guerre menée contre les bleus, et auquel participa l'une des invitées des Touffedelys : son enlèvement, par ceux que l'on a immortalisé comme "les Douze", de la prison d'Avranches où il attendait d'être raccourci par la guillotine.

Il nous est rapporté par Mlle de Percy, soeur de l'abbé et vieille amie des Touffedelys, que son allure et ses manières hommasses, associées à une franche laideur, ont condamnée au célibat, mais qui, amazone intrépide au caractère sanguin, les a mises au service de la cause royaliste, notamment en participant à cette évasion.

Et il faut dire qu'elle ajoute à sa bravoure une faconde qui rend son récit palpitant, tous les ingrédients étant par ailleurs réunis pour faire de cette anecdote des coulisses de l'histoire une véritable épopée : amour et danger, vengeance et cruauté, le tout assaisonné d'un héroïsme parfois exalté... et pourtant, il y a quelque chose de profondément pathétique dans ces chevaliers d'un autre temps, portant le flambeau de valeurs heureusement disparues, perdus dans un monde qui a changé, duquel ont disparu tous leurs soutiens. Des Touches lui-même l'admet, amer mais résigné : il ne viendra plus de Prince pour vouloir défendre l'idée d'un retour aux anciennes valeurs.

Aussi, malgré l'écriture parfois affectée de Jules Barbey d'Aurevilly, et bien que les valeurs défendues par ses personnages m'aient empêchée d'éprouver pour eux une empathie vraiment sincère, j'ai apprécié le ton enlevé avec lequel la mémorable Mlle de Percy vante leurs exploits passés. Et en se concluant par ailleurs sur une touche d'héroïsme élégant et secret, le récit m'a laissé en mémoire le goût d'une aventure certes vaine et surannée, mais pourtant extraordinaire.

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