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sur 2379 notes
Parce que je vais avoir la chance, dans quelques jours, de le voir et l'entendre interprété au théâtre - c'est-à-dire sous la forme pour laquelle il a été écrit -, je viens de relire ce petit texte, lu il y a bien longtemps.

Novecento : pianiste” … ou l'histoire d'un enfant d'une dizaine de jours retrouvé abandonné par un émigrant sur le piano du Virginian, le navire qui fait la traversée de l'Europe à l'Amérique. Un navire qu'il ne quittera jamais et où, devenu pianiste, il improvisera avec un talent inouï la musique de l'océan.

Novecento est un musicien hors normes, capable de jouer “quelque chose qui n'existait pas avant que lui se mette à le jouer, okay ? Quelque chose qui n'existait nulle part. Et quand il quittait son piano, ça n'existait plus… ça n'était plus là, définitivement…” Et ce qu'il joue, accompagné par les musiciens du bord, c'est le jazz de l'océan, une musique ensorcelée et hors du temps, une musique-univers qui dessine “une immense carte, la carte du monde, du monde tout entier, d'un bout à l'autre, des villes gigantesques et des comptoirs de bar, des longs fleuves et des petites flaques, et des avions, et des lions, une carte gigantesque.”

Il joue, il joue, encore et toujours, il joue au fil des jours et des années, légende vivante, incompréhensible miracle, il joue sans jamais toucher terre, sans jamais quitter l'océan qui est sa force et sa patrie, sans jamais rejoindre un monde où il n'a pas sa place parce que, dit-il, “la terre, c'est un bateau trop grand pour moi. C'est un trop long voyage. Une femme trop belle. Un parfum trop fort. Une musique que je ne sais pas jouer.”

Novecento : pianiste” est un monologue en forme de conte (“il était une fois un pianiste sur l'océan…”) qui nous emporte à vive allure et comme en apnée dans un tourbillon de musique et de poésie. Dans un format très court, c'est un récit haletant, plein de sensibilité et d'humour, et pour moi un petit bijou de la littérature que, définitivement, j'aime beaucoup. Et la dernière page à peine - et trop vite - refermée, je vois et j'entends encore Novecento, assis tout seul derrière son piano, absorbé par son monde intérieur, jouant à l'infini sa musique étrange et solitaire. Pour lui-même. Et pour nous.
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Quel délice, cette lecture!

On imagine le comédien sur scène, racontant avec ses mots d'homme du peuple sa vie de trompettiste sur le Virginian, sa rencontre avec Novecento, pianiste né sur le navire et n'ayant jamais mis pied à terre et le miracle avec Baricco, c'est qu'avec des mots simples il construit une montagne de poésie avec d'élégantes touches humour.

'On jouait pour les faire danser, parce que si tu danses tu ne meurs pas, et tu te sens Dieu. Et on jouait du ragtime, parce que c'est la musique sur laquelle Dieu danse quand personne ne le regarde.
Sur laquelle Dieu danserait, s'il était nègre.'
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J'ai découvert l'histoire de Novecento grâce à l'adaptation cinématographique, connue sous le titre "La légende du pianiste sur l'océan". Ce film m'a beaucoup touché, j'avais hâte de lire le texte original et je n'ai pas été déçue. On retrouve la même poésie, le même respect pour la musique et la même immensité de l'océan dans les deux oeuvres.
Novecento est un immense pianiste, il nait et grandit sur un bateau et ne va jamais le quitter. Sa musique devient magique lorsqu'il joue sur l'océan et Alessandro Baricco nous retransmet la musicalité des notes par la musicalité des métaphores et des hyperboles. Son écriture est digne des plus grands poètes !
Alors je vous invite à découvrir la jolie histoire d'un homme qui n'a besoin que d'un piano et de l'océan pour être heureux ! Un vrai coup de coeur !
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J'imagine qu'avec 98 critiques tout a été dit alors juste qqls mots pour partager ce merveilleux monologue qu'est Novecento. Je l'ai découvert au théâtre La Pergola à Florence en 2003 avec une mise en scène épatante. le comédien tanguait sur une scène transformée en bateau et des airs de piano ponctuaient les tirades !
C'était carrément magique.
Par la suite, j'ai vu le film de Tornatore : La légende du pianiste sur l'océan. Un film assez extraordinaire également. Pour finir, j'ai lu ce petit monologue de Baricco et j'ai adoré. L'écriture est poétique, profonde et fluide ce qui est, à mes yeux, une petite prouesse. D'habitude l'auteur est bcp plus compliqué.
Pour moi, Novecento se résume très bien en une phrase :
"Choisir c'est renoncer".
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Enchantement absolu que ce petit morceau d'éternité suspendu entre deux continents. L'auteur dit l'avoir conçu pour la scène ou à défaut pour une lecture à voix haute, j'a quant à moi adoré le sentiment de plénitude d'une lecture silencieuse et en quasi lévitation.
Le cadre en est fabuleux, un grand et beau navire où résonne le jazz propice au voyage intérieur. de ce voyage, j'emporte pour toujours la figure de Novecento qui naquit sur ce bateau et jamais ne le quitta, faisant un choix inouï qui, à le voir s'épanouir, à sentir sa richesse profonde, à entrer dans son regard, parait infiniment enviable : celui de vivre sa vie dans l'ici et maintenant contraint du navire, nourrissant sa vie et sa musique de ce qu'il décèle dans l'oeil de l'autre.
Cette fable est magnifique, j'envie l'auteur d'avoir su ressentir, concevoir et coucher sur le papier une historie aussi belle.
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Court roman que l'on peut plutôt nommer conte et qui nous apporte beaucoup de sérénité et de plaisir tant littéraire que musical. Une belle écriture pour décrire la vie improbable du meilleur pianiste ayant joué sur un paquebot. Il y est né et y passe toute sa vie, ayant bien trop peur de descendre à terre et trouver l'infini de tout, rendant impossible des choix raisonnés. Cela devrait nous donner une leçon sur notre mode de vie qui abuse de tout en quantité et néglige la qualité. Il aurait aimé descendre pour une raison bien surprenante, voir la mer de la terre, mais sur terre il y a trop de choix en toute chose et toute personne.
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Il faut reprendre son souffle après Novecento... Ce livre, cette histoire, c'est un condensé d'émotions jusqu'aux phrases les plus simples. Il n'y a pas un mot qui ne soit pas à sa place, pas une phrase qui n'évoque pas simultanément la beauté et la dureté du monde.

Happé par l'étrangeté de la situation, la musique ensorcelante, l'immensité de l'Océan... la magie opère, peut-être grâce au format court qui ne laisse pas le temps de refaire surface. C'est un cadeau très précieux que l'on m'a fait le jour où on l'a mis entre mes mains, j'en suis reconnaissante et je suis heureuse de le compter parmi les livres à partager sans modération.
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Il est des petits livres qui ont valeur de « grand ». En voici un de 84 pages (ed. Folio) qui me marquera pour longtemps.
Ce texte est un monologue théâtral édité pour la première fois en Italie en 1994, traduit et édité en français en 1997.
Un trompettiste, Tim Tooney nous raconte l'histoire de l'ami qu'il s'est fait en travaillant six ans sur un paquebot de croisière.
Novecento est l'enfant abandonné de migrants à destination de l'Amérique. Il fût découvert posé sur le piano dans la salle de bal des 1ères classes, dans un carton estampillé T.D limoni, c'est pourquoi le marin qui le trouva, Danny Boomann, lui donna le nom de Danny Boomann T.D. Lemon Novecento (parce qu'il fût trouvé la première année de ce nouveau siècle).
Danny grandit et reste sur le bateau malgré le décès de son père adoptif. Non seulement il devient pianiste, mais le plus grand pianiste de tous les temps. Son art très personnel se développe en même temps que sa légende : il est celui n'ayant jamais quitté le navire pour mettre pied à terre. le plus grand musicien connu sur terre en ayant entendu parler, vient se confronter à lui et repart bien vite, humilié.
Danny, à force d'être exhorté à aller dans le monde pour faire carrière, fortune, et profiter de ses richesses finit par être tenté. Il se prépare donc à partir, mais au dernier moment, après un ultime moment de réflexion, il fait demi-tour et regagne le navire. Quelques années plus tard, face à son ami le trompettiste, il expliquera sa décision.
Je pense qu'il ne faut pas plus en dire.
Ce court roman est d'une grande poésie et touchera les âmes sensibles. C'est aussi une belle métaphore de la vie.
La traductrice, Françoise BRUN, fait une superbe synthèse de la philosophie de l'oeuvre dans sa postface :
« Mais c'est que la vie humaine est finie, délimitée, quand le monde, lui, est immense, infini, merveilleux et terrible. Et de cette multiplicité infinie du monde, aucun texte jamais, aucune musique, ne pourra rendre compte ».

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Monologue d'un trompettiste qui raconte sa rencontre avec Novecento, un pianiste né sur un paquebot et qui y passera toute sa vie. Magnifique petit livre à l'ambiance magique. Une fois encore, Alessandro Baricco mêle musique et littérature dans un style unique. Je vous recommande très chaleureusement l'auteur, et ce livre en particulier.

Alessandro Baricco est un artiste à part. Écrivain, musicologue, il entremêle la littérature et la musique en donnant parfois à ses histoires des thèmes musicaux, mais surtout en soignant tout particulièrement le rythme de ses écrits, d'une manière toute musicale. Mon seul regret est de ne pas savoir le lire en italien ! Je suis heureusement émerveillé du talent de sa traductrice Françoise Brun qui parvient, j'imagine, à rendre en français l'essence de la musicalité des textes italiens originaux.

Françoise Brun décrit d'ailleurs très bien l'effet que peut produire Alessandro Baricco: « Lorsque, en 1993, la télévision italienne lui demanda d'animer une émission littéraire, Pickwick, l'image de Baricco devint familière à toute l'Italie: chacun des livres dont il était question ces soirs-là, qu'il s'agisse de « L'attrape-coeurs » de J.-D. Salinger, des monuments de la littérature mondiale ou d'un roman tout juste paru, était dès le lendemain acheté par des milliers de lecteurs pressés de retrouver entre leurs pages la magie que Baricco leur avait fait entrevoir. » Tout est dit !

Dans sa préface à « Novecento: pianiste », l'auteur écrit:
« J'ai écrit ce texte pour un comédien […] et un metteur en scène […]. Ils en ont fait un spectacle […]. Je ne sais pas si cela suffit pour dire que j'ai écrit un texte de théâtre; en réalité, j'en doute. À le voir maintenant sous forme de livre, j'ai plutôt l'impression d'un texte qui serait à mi-chemin entre une vraie mise en scène et une histoire à lire à voix haute. Je ne crois pas qu'il y ait un nom pour des textes de ce genre. Peu importe. L'histoire me paraissait belle, et valoir la peine d'être racontée. J'aime bien l'idée que quelqu'un la lira. » Et en effet, l'histoire est belle; j'ai pris plaisir à la lire et je serais curieux de me l'entendre réciter.

Parmi les belles pages, je citerai l'incroyable scène de Novecento dansant avec son piano ou encore son très poétique désir de ressentir l'émotion de quelqu'un découvrant la mer au détour d'un chemin de promenade sur la terre (alors que lui n'a jamais vu la mer que depuis la mer).

Allez vite vous évader dans la magie de Baricco, si vous ne le connaissez pas encore !

PS: à propos de la musique chez Baricco, j'attire votre attention sur deux extraits d'un entretien entre Baricco et le critique Jean-Baptiste Harang que j'ai récemment postés comme « citations » du roman « Soie »: https://www.babelio.com/auteur/Alessandro-Baricco/2067/citations/1751052 et https://www.babelio.com/auteur/Alessandro-Baricco/2067/citations/1751051.
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Écrit tout d'abord pour être présenté sous forme de pièce de théâtre au Festival d'Asti, Baricco a choisi de la publiée, parce que ‘'l'histoire lui paraissait belle et valoir la peine d'être racontée''. L'auteur décrit ce très court roman comme un monologue qu'on doit lire à voix haute. Et j'aurais peut-être dû suivre son conseil, parce que je n'ai pas été très emballé par ce récit. On retrouve la plume magnifique de Baricco, évidemment, mais l'histoire ne pas m'a pas porté. Pourtant, elle me semblait très poétique en lisant le quatrième de couverture. Un homme né sur un bateau, abandonné par ses parents, qui apprend le piano. Il parcourt le monde, sans jamais mettre pieds à terre, dansant avec l'océan au son des notes de son instrument. Vraiment, j'aurai aimé adoré… comme j'avais tant aimé Soie ou encore Sans sang. Mais bon, on ne peut pas aimer un livre juste parce qu'on apprécie l'auteur. Je comprends tout de même les critiques élogieuses, même si je suis de celles qui ont moins aimé. Mais je ne regrette en rien ma lecture. Pour les amoureux de jazz ou ceux qui savent entendre la musique dans les mots, ce livre vous plaira très certainement.
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