Il est des petits livres qui ont valeur de « grand ». En voici un de 84 pages (ed. Folio) qui me marquera pour longtemps.
Ce texte est un monologue théâtral édité pour la première fois en Italie en 1994, traduit et édité en français en 1997.
Un trompettiste, Tim Tooney nous raconte l'histoire de l'ami qu'il s'est fait en travaillant six ans sur un paquebot de croisière.
Novecento est l'enfant abandonné de migrants à destination de l'Amérique. Il fût découvert posé sur le piano dans la salle de bal des 1ères classes, dans un carton estampillé T.D limoni, c'est pourquoi le marin qui le trouva, Danny Boomann, lui donna le nom de Danny Boomann T.D. Lemon
Novecento (parce qu'il fût trouvé la première année de ce nouveau siècle).
Danny grandit et reste sur le bateau malgré le décès de son père adoptif. Non seulement il devient pianiste, mais le plus grand pianiste de tous les temps. Son art très personnel se développe en même temps que sa légende : il est celui n'ayant jamais quitté le navire pour mettre pied à terre. le plus grand musicien connu sur terre en ayant entendu parler, vient se confronter à lui et repart bien vite, humilié.
Danny, à force d'être exhorté à aller dans le monde pour faire carrière, fortune, et profiter de ses richesses finit par être tenté. Il se prépare donc à partir, mais au dernier moment, après un ultime moment de réflexion, il fait demi-tour et regagne le navire. Quelques années plus tard, face à son ami le trompettiste, il expliquera sa décision.
Je pense qu'il ne faut pas plus en dire.
Ce court roman est d'une grande poésie et touchera les âmes sensibles. C'est aussi une belle métaphore de la vie.
La traductrice, Françoise BRUN, fait une superbe synthèse de la philosophie de l'oeuvre dans sa postface :
« Mais c'est que la vie humaine est finie, délimitée, quand le monde, lui, est immense, infini, merveilleux et terrible. Et de cette multiplicité infinie du monde, aucun texte jamais, aucune musique, ne pourra rendre compte ».