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EAN : 9782070785612
192 pages
Gallimard (09/04/2010)
3.82/5   14 notes
Résumé :
Voici une belle leçon d’écriture et d’éthique. Alors que d’autres romanciers moins doués n’auraient pu éviter de tomber dans le mélodrame ou dans le pathétisme complaisant, Alberto Barrera Tyszka trouve le ton juste – pudique, profond, émouvant – pour nous raconter une histoire de tous les jours, mais dont on ne parle pourtant pas très souvent. Car, quand la maladie surgit, elle impose le silence et elle trace, immanquablement, et partout où elle se manifeste, des l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
"Pourquoi avons-nous tant de mal à accepter que la vie soit un hasard?
Cette phrase qui ouvre pour ainsi dire le roman et que l'on retrouve à la dernière page est le moteur de ce livre d'Alberto Barrera Tyszka, un livre qui parle d'amour et de mort.
Andrès Miranda est médecin. Il soigne et, parfois, il annonce leur fin prochaine à ses patients. Cela fait partie de son métier. Andrès sait qu'il ne peut pas vaincre la maladie à tous les coups et que, souvent, c'est elle qui triomphe. Il a fait ce choix de toujours dire la vérité, quelles que soient l'angoisse et la souffrance de celui que cette vérité condamne. Au fil des ans, il s'est d'ailleurs peu à peu insensibilisé. Comment aurait-il tenu sans cela? Comment un médecin peut-il sans cesse cotoyer la mort sans prendre de la distance? Et puis un jour son père fait un malaise. Prise de sang, scanner, IRM. Javier, le père d'Andrès a un cancer. Il va mourir. Et cette vérité qu'Andrès a toujours défendue, cette vérité devient soudain imprononçable. Comment dire à ce père qu'il aime tant "Papa tu as un cancer"? le monde d'Andrès et toutes ses certitudes vacillent. Car si  Andrès est un médecin rompu à ce genre de diagnostic, il est totalement dépourvu en tant que fils. Connaissait-il seulement ce père? Et n'est-il pas trop tard à présent pour lui parler?

"La maladie" est un livre sobre et grave sur un sujet tabou et pourtant universel, la mort. En moins de 200 pages, ce roman fort nous interroge sur ce que nous avons de plus intime: la peur de souffrir, celle de mourir, celle aussi de perdre ceux qu'on aime. C'est une lecture qui demande des pauses, qui nécessite de reprendre son souffle quand l'émotion devient trop forte. L'auteur nous ouvre toute une réflexion sur la fragilité de la vie mais aussi sur le désir que tout un chacun peut avoir de mourir dans la dignité. 
"La maladie est un malentendu, une horreur bureaucratique de la nature, un manque absolu d'efficacité. Tout le monde désire une mort plus efficace, qui dure une seconde, aussi surprenante que fatale. C'est un désir profond qui fait partie de la condition humaine. Presque une utopie: mourir vite."

Mais la plus belle réussite de ce roman est de faire surgir la lumière d'un si noir terreau. Car "La maladie" est un livre sur la mort, certes, mais c'est aussi un livre d'amour, l'amour entre un père et son fils. Et c'est peut-être cela que j'ai trouvé le plus bouleversant, cette relation pudique qui se dénoue enfin sur le fil de la vie. Parce qu'avant la maladie, il y a eu l'incommunicabilité, l'incompréhension, le jeune homme qui grandit et les liens qui se distendent peu à peu. Et puis les mots qui se perdent. L'amour qui ne peut pas ou plus se dire. Alors "La maladie" est aussi un livre sur le pouvoir des mots, ceux qui rassurent, ceux qui pardonnent, ceux tout simples qui disent le plus important: "Je suis là".
 
"Que veux-tu? Que puis-je faire pour toi?"
"Parle-moi, répète-t-il. Ne me laisse pas mourir en silence"
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Il est facile de résumer La maladie, première traduction française de l'écrivain vénézuelien Alberto Barrera Tyszka. Un médecin découvre que son père est atteint d'un cancer incurable, sera t-il capable de lui dire la vérité, et comment ? Ceci est la colonne vertébrale du roman qui, sous un aspect sobre et surtout pas mélodramatique, va se révéler d'une richesse peu commune. le style de l'auteur est précis et sans tabou quand il évoque les ravages de la maladie, il se fait subtil quant il est question des rapports père/fils, avec tous ces non dits et cet éloignement progressif de deux êtres qui ont leurs propres secrets. A ce thème central, déjà très dense, Barrera Tyszka ajoute une sous-intrigue qui met en lumière la psychologie d'un hypocondriaque qui va peu à peu contaminer l'état mental de l'assistante du médecin. Les deux histoires se répondent, sans se mêler vraiment, dans une construction d'une suprême intelligence et un climat qui n'est pas sans évoquer Gogol, voire Kafka. Et ce, avec une sorte de sérénité et de modestie dans l'écriture, qui contraste avec la douleur que chaque personnage du livre doit affronter, qu'elle soit physique ou morale. Barrera Tyszka a écrit là un livre sur la condition humaine et son caractère dérisoire sans jamais se laisser aller à une quelconque dérive pathétique ou moralisatrice. Un tour de force qui est un coup de maître.
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Il ne sera pas dit que j'aurais laissé Traversay seul ici pour parler de ce bon roman.. D'autant plus que c'est grâce à lui que je l'ai lu .
Pour la petite histoire, je cours après Traversay depuis des années , lectures ET cinéma, et il court beaucoup plus vite que moi..
Mais je n'ai pas grand chose à ajouter à son commentaire.
Quatre personnages, quatre regards, le médecin a, au départ, des principes et des certitudes:
"Nous avons tous le droit de savoir que notre vie a un terme fixé, une date limite ; de savoir quand et comment nous mourrons, c'est ce que j'ai toujours affirmé".
Ah.. affirmer est toujours dangereux.
J'ai trouvé ce texte très sobre dans l'émotion et pourtant poignant, assez magistral. Dans l'écriture, l'ambiance créée et les sujets de réflexion . Réflexion sur les certitudes toujours mises à mal par la triste réalité.. Réalité que ce médecin est incapable d'affronter , de la même façon ,dans ces deux histoires qui évoluent parallèlement. Et sur les difficultés de communication qui persistent , parce que dire est une chose, et vouloir écouter, puis entendre, en est une autre.


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J'ai découvert l'auteur il y a peu avec son roman "Les derniers jours du commandant", un roman que j'avais ici commenté et que j'avais adoré.

Malheureusement, le coup de coeur ne s'est pas répété avec son premier roman. J'ai été moins séduite, moins charmée par lui qui, comme l'annonce le titre, évoque la maladie, son irruption dans une famille et ses conséquences sur les relations; ici entre un père et son fils.

Qui a connu la mort d'un proche malade sait ce qu'il en est. C'est la peur, la crainte, la colère, le désespoir, la fatigue. C'est la difficulté à être avec le malade, ne pas savoir comment l'aider, l'accompagner. C'est craindre toujours les faux pas, les mauvais mots. C'est dure. le thème est donc intéressant et l'analyse juste. Mais ça n'a pas suffit. Je n'ai pas été davantage emportée par le roman que j'ai trouvé assez pesant. Surtout, je n'ai pas compris l'histoire qui se dessine en parallèle ; une histoire qui est supposée dynamiter l'ensemble selon la quatrième de couverture mais je ne l'ai guère saisi.

En bref, le roman est intéressant mais il n'est pas pour moi un coup de coeur.
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Livre magnifique relatant la relation entre un homme de 69 ans en fin de vie et son fils médecin.

Ce livre est bouleversant à bien des égards et assez curieusement, je ne l'ai pas perçu comme triste. Peut être n'avais-je pas suffisamment ôté ma cape d'invisibilité de médecin hospitalier?!

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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Pourquoi avons-nous tant de mal à accepter que la vie soit un hasard? C'est la question que pose toujours Miguel juste avant une intervention. Tout le monde porte une blouse verte, des gants et un masque chirurgical, la lumière blanche de la salle d'opération semble flotter sur la fraicheur de l'air conditionné. Et c'est alors que Miguel lève son bistouri, regarde Andrés et demande : Pourquoi avons-nous tant de mal à accepter que la vie soit un hasard? Certaines infirmières n'aiment pas commencer de cette façon. Peut-être sentent-elles que ce n'est pas une bonne entrée en matière, que c'est presque une justification préalable, au cas où les choses tourneraient mal. Andrés sait qu'il ne s'agit pas de cela, il connaît bien Miguel, depuis l'époque de l'université. Il sait que la question ne renferme aucun cynisme. Elle lui fait plutôt l'effet d'une forme d'auto-apitoiement, de prière charitable, une manière d'admettre les limites de la médecine face au pouvoir infini de la nature, ce qui revient à admettre les limites de la médecine face au pouvoir infini de la maladie.
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"La douleur physique est le grand régulateur de nos passions et de nos ambitions, a écrit Julio Ramón Ribeyro dans son journal. Sa présence neutralise immédiatement tout désir qui ne soit la disparition de la douleur. Cette vie que nous récusons parce qu'elle nous semble plate, injuste, médiocre ou absurde acquiert aussitôt une valeur considérable: nous l'acceptons en bloc, avec tous ses défauts, pour peu qu'elle nous soit donnée sans cette forme extrême d'infamie qu'est la douleur."
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Andrés connaît lui aussi cette forme de nervosité. Classique. Beaucoup de patients ont recours à cette stratégie, ils se placent sur une étroite frontière où tout est mi-comique, mi-sérieux, ils essaient de feindre la normalité alors qu'en réalité ils sont effondrés et n'ont pas cessé une seule seconde aux possibles résultats de leurs examens. Ils sont restés des heures tenaillés par la crainte de maladies mortelles, ils ont perçu une douleur inédite dans chaque mouvement et ont imaginé des taches suspectes là où, jusqu'alors, ils ne voyaient que leur peau. Mais ils vont ensuite vers le médecin en tentant d'afficher le plus grand naturel; ils sourient et pourtant on dirait qu'ils vont pleurer.
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Il y a toujours autre chose. Une chose qui bouge, qui se gâte, qui ne sert plus à rien. C'est l'inévitable histoire des corps, la biographie de la dégradation. La santé est un idéal figé, la plus perverse de toutes les utopies. Michel Foucault disait que si on l'envisage du point de vue de la mort, la maladie peut même être considérée comme un exercice de vie. « A partir du cadavre, on la perçoit paradoxalement vivre. » C'est le cas. La santé n'existe pas, c'est un horizon qui ne fait pas partie de la vie : les êtres humains ne peuvent vivre que malades.
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L’homme est le seul animal qui sait qu’il va mourir… Et il passe sa vie à y penser. A souffrir, victime de ce savoir.
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