J'habite mon chagrin et cela me rend heureux.
Tout m'est insupportable qui m'empêche d'habiter mon chagrin.
Solitude > n'avoir personne chez soi à qui pouvoir dire : je rentrerai à telle heure ou à qui pouvoir téléphoner (dire) : voilà, je suis rentré.
(Comme) c’est long, sans elle.
Qu’ai-je à perdre maintenant que j’ai perdu la Raison de ma vie - la Raison d’avoir peur pour quelqu’un.
On souhaite du « courage ». Mais le temps du courage, c’est celui où elle était malade, où je la soignais en voyant ses souffrances, ses tristesses et où il fallait me cacher de pleurer. A chaque instant il fallait assumer une décision, une figure, et c’est cela le courage. - Maintenant, courage voudrait dire vouloir-vivre et on n’en a que trop.
Sur la rareté, l'insignifiance de notre verbalisation, de nos paroles : oui, mais sans jamais une platitude, une bêtise - une gaffe...
J'écris de moins en moins mon chagrin mais en un sens il est plus fort, passé au rang de l'éternel, depuis que je ne l'écris plus.
Au deuil intériorisé, il n'y a guère de signes.
C'est l'accomplissement de l'intériorité absolue.
Toutes les sociétés sages, cependant, ont prescrit et codifié l'extériorisation du deuil.
Malaise de la nôtre en ce qu'elle nie le deuil.
Depuis que mam. n'est plus, je n'ai plus cette impression de liberté que j'avais en voyage (quand je la quittais pour peu de temps).
Elle disait avec soulagement : La nuit est enfin finie (elle a souffert la nuit, seule, chose atroce).