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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
"» Non « , elle a crié tout haut. Pas Catherine.(…)
Je ne permettrai pas qu'on lui fasse ce qu'on m'a fait. Qu'a-t-on fait de moi ? Cette femme qui n'aime personne, insensible aux beautés du monde, incapable même de pleurer, cette femme que je vomis. Catherine : au contraire lui ouvrir les yeux tout de suite et peut-être un rayon de lumière filtrera jusqu'à elle, peut-être elle s'en sortira… de quoi ? de cette nuit.
De l'ignorance, de l'indifférence. (p188-p189)"

Avec ce roman, Simone de Beauvoir donne la parole à Laurence, mère de deux fillettes, Catherine et Louise, mariée à Jean-Charles, architecte. Il semble qu'elle a tout pour être heureuse et pourtant….. Elle a été élevée avec certaines règles dans une famille bourgeoise, travaille dans une agence de publicité, a un amant et si tout le monde s'accorde à trouver le tableau parfait. Pourtant elle arrive à un moment de sa vie où les questions sur le sens de celle-ci se posent.

Est-elle vraiment heureuse ? Pourquoi le doute s'insinue-t-il en elle ? A travers le personnage de Laurence, Simone de Beauvoir, la philosophe féministe, s'interroge sur le sens du bonheur pour une femme qui commence à prendre conscience qu'elle vit dans un monde d'artifices, de faux-semblants tels de belles images dans un catalogue qu'elle feuillette, comme dans le domaine professionnel où elle travaille où tout n'est qu'image glacée suscitant l'envie. Elle ne se reconnaît plus dans la femme qu'elle est devenue et en voulant répondre aux questions que commence à lui poser Catherine, sa fille d'une dizaine d'années, elle va remettre en question sa propre existence, ne voulant pas reproduire sur son enfant les erreurs faites dans son éducation et lui donner ainsi une chance d'être heureuse et libre de ses choix.

C'est une lecture qui m'a beaucoup intéressée par ses questionnements, sur un thème qui reste très actuel, sur la place d'une femme dans une société, sur ses choix, certes assez favorisée dans le cas présent, mais qui réalise peu à peu que tout ce que son éducation lui a inculqué n'a pas tenu compte de son « moi » profond mais dont elle ne prend conscience qu'à l'aube de la quarantaine.

L'auteure décrit parfaitement l'état psychologique de la jeune femme : ayant déjà fait une dépression cinq ans auparavant, elle sait qu'elle se trouve au bord d'un gouffre dans lequel elle ne veut pas sombrer à nouveau et va tenter de mettre sa vie en accord avec ce qu'elle pense réellement être.

En utilisant deux types de narration : celle de Laurence puis celle d'un observateur (trice) extérieur(e) avec la troisième personne du singulier, l'auteure mêle à la fois la confession de cette femme désabusée, qui se sent parfois trahie, pas à sa place, se noyant dans le travail afin d'avoir le sentiment d'exister mais aussi l'analyse extérieure (et peut-être celle de l'auteure) sur son comportement. Ce changement de narration peut parfois un peu gênée la lecture et le rythme.

On peut être parfois agacée par le monde où évolue Laurence, bourgeois et artificiel, où tout se joue dans les apparences, les relations, le paraître mais c'est, je pense, un milieu que l'auteure connaissait parfaitement de par sa propre éducation mais aussi celui qu'elle fréquenta.

On retrouve la volonté de dénoncer le carcan dans lequel les femmes sont parfois éduquées, enfermées, même si ici Laurence est une femme active, libre, elle n'en a pas moins le sentiment d'être souvent en décalage avec le monde dans lequel elle vit. Sa vraie personnalité se révèle lors du souvenir d'un voyage en Grèce avec son père dont elle se remémore les images, alors qu'elle traverse une période d'anorexie et de somnolences. La beauté des lieux, l'intimité avec son père, le sentiment de liberté, de découverte vont provoquer en elle un choc qui va la pousser à affronter son mari et à imposer ses options pour l'éducation de sa fille.

L'écriture de Simone de Beauvoir est très fluide, ponctuée de dialogues mais aussi d'états d'âme, de pensées, de remises en question. C'est une témoignage sur une tranche de vie féminine mais aussi maternelle, mettant en parallèle les vies de mère à travers Laurence, Marthe sa soeur qui évolue dans une famille très orientée religion, de Dominique, sa mère, femme passionnée, fougueuse, sans pitié et Catherine, sa fille, à l'aube de l'adolescence et de son devenir.

Un joli petit roman, certes un peu daté mais très agréable à lire, dans lequel j'ai retrouvé certains questionnements propres à toute femme à un moment de sa vie. Après Les mandarins tome 1 et 2, une nouvelle lecture qui me confirme mon attrait pour sa plume, ses questionnements sur la place de la femme mais aussi son regard sur la société dans laquelle elle évoluait…..
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Les Belles Images : c'est le tout premier livre de Simone Debeauvoir que je lis, j'en garderai un excellent souvenir. Son nom si connu me faisait un peu peur, j'ai pensé que ce livre serait trop compliqué… mais non ! J'ai eu envie de partager mon ressenti avec vous sur Babelio (sous une rédaction un peu scolaire peut-être … mais sincère !)

Style rédactionnel :
Au début difficulté à comprendre ce qui est écrit.
Le personnage principal : Laurence. Parfois elle est le narrateur et dis « je », mais parfois elle est exprimée à la 3ème personne « elle », c'est une particularité de ce style qui peut un peu dérouter le lecteur qui débute le livre.
La transition d'un sujet à l'autre, d'un lieu à l'autre n'est pas toujours annoncée, c'est au lecteur de faire « l'effort » de repositionner le récit dans l'espace et dans le temps, et les personnages. Les différents personnages ne sont pas toujours décrits, présentés dès leur première apparition ; ils prennent parole, ils prennent action et c'est après coup que le lecteur comprend de qui il s'agit.
Contrairement à la plus part des récits –et surtout aux romans feuilletons publiés au XIXème siècle (Zola, Balzac)-, il n'y a pas de longues descriptions détaillée des décors, qui doucement nous font rentrer dans une ambiance ou alors nous invite à l'atmosphère de la contemplation. L'auteure aborde de façon très directe ce qui est nécessaire à la construction du sens du roman.

Le sujet :
Laurence est une femme qui ressent un mal être, elle l'exprime tout au long du roman. Mal-être sur différents aspects de sa vie : lié à son éducation, à ce qu'elle est devenue, à ce qu'elle vit, à son rôle de mère, à sa place dans sa famille ou vis-à-vis de ses proches, à ses relations amoureuses (elle a un amant), à sa mission dans son travail, à la société en général.

Les Thèmes :
1. Critique de la société de consommation. C'est une société dont l'époque est bien précisée : le temps des 30 glorieuses de la France (période faste née après guerre, 1945), on construit beaucoup (son mari est dans l'architecture), la société de consommation bat son plein : publicité (elle travaille dans ce domaine). Les inventions bouleversent le monde (marcher sur la lune), les allocations familiales ont été créés, les familles modestes évoluent vers un peu plus d'avoir (lave-linge, télé).
Laurence et ses proches évoluent dans une sphère socialement aisée de la population française. L'avoir (les dernières inventions, ce qui est moderne, les marques commerciales, les matières nobles, les propriétés immobilières), le paraitre (physique, vêtements, expression du visage), la position (métier, statut, relations, pouvoir), être résolument orienté vers le moderne le futur, sont tout autant de signes qu'il leur faut avoir car ils affichent de façon ostentatoire une forme de supériorité, qui elle-même procure un sentiment de réussite sociale, de fierté.

2. Une société hypocrite : elle reproche un manque de vérité, de sincérité. La société de consommation produit des images –et des slogans- (dont elle est aussi auteure), mais ce ne sont que des « belles images » évoquant un bonheur, Laurence les dénonce comme fallacieuses. La vérité est plus triste. La vérité c'est surtout l'inégalité sociale, la pauvreté qui sévit dans certaines populations, c'est la vérité qui peut être lu dans les journaux.

3. Question sur l'éducation. Un autre thème qui découle de cette hypocrisie, c'est de savoir comment aider, comment protéger, comment éduquer sa fille Catherine qui commence à découvrir une réalité du monde empreinte de malheurs. Sa fille semble très perturbée par l'injustice sociale qu'elle perçoit à travers le peu qu'on lui laisse voir. Dans cette réflexion Laurence progresse et à la fin du roman, elle affiche sa volonté de s'imposer, de ne pas reproduire sur sa fille le modèle d'éducation qu'elle a reçu, de ne pas la rendre insensible.

4. La place de la femme dans la société. Ce sujet est très présent. Il s'illustre surtout à travers l'exemple de sa mère –Dominique- : elle a réussi à accéder à un poste de direction à la Radio, poste de travail généralement donnés à des hommes. Laurence décrit comme sa mère à pu y accéder : se battre bec et ongle, se justifier, s'avoir être et paraitre, choisir ses fréquentations. Cela est perçu comme un dur combat, inégal, où rien n'est définitivement gagné. Mais, Dominique présentée comme une femme forte qui a su gravir les échelons, devient subitement très faible quand l'homme avec qui elle vit décide de la quitter. A travers elle, on voit aussi la détresse profonde de la femme vieillissante (51 ans) qui a peur qu'en prenant de l'âge, elle perde l'intérêt qu'elle avait pu susciter.
La soeur de Laurence, Marthe, à l'inverse de sa mère et sa soeur est présentée comme une femme qui semble être bien dans sa vie, elle a choisi de s'impliquer dans sa foi religieuse.

Mon avis
1. Malgré les difficultés liés au style (voir plus haut) –chose qui peut décourager le lecteur, mais qu'il comprendra après quelques pages de lecture-, j'ai pris plaisir et intérêt à la lecture de ce roman. Il est écrit de façon fluide, directe, simple.

Les sujets qui sont abordés me paraissent toujours d'actualité :

2. le féminisme - un roman porté par l'actualité de son temps. Ce livre a été écrit juste un peu avant mai 1968, où il y a eu en France un fort mouvement de contestation de la population pour plus de liberté et d'égalité, de changement des moeurs, et aussi de féminisme. C'est dire que ce roman a pris naissance dans une époque où s'intéresser au féminisme était un besoin certain, latent et grandissant. Un thème qui réclamait avec force de se faire entendre.
En 2021, le sujet du féminisme est toujours d'actualité. Heureusement de nombreuses actions ont été entreprises dans ce sens (loi sur la parité), les mentalités évoluent pour plus d'égalité hommes/femmes avec plus de femmes à des postes où auparavant on n'aurait jamais pu simplement imaginer y voir une femme. Mais il reste encore du chemin à parcourir, comme par exemple l'inégalité salariale qui persiste.
Cependant, il est important qu'un mouvement qui cherche à promouvoir le statut de la femme, ne se transforme pas en un mouvement de refus de l'homme et à le mettre en opposition systématique avec elle. Pas de scission, le but est d'arriver à un équilibre juste pour tous les êtres humains.

3. La question de l'éducation des enfants face aux dangers et réalités de la société. Tout comme Laurence, tout parent se demande comment orienter au mieux l'éducation de ses enfants. Dans le roman, les journaux sont montrés comme ceux qui de façon crue exposent les malheurs de ce monde et ses dérives, ce qui peut perturber la sensibilité des enfants (Laurence interdit alors à sa fille Catherine de lire les journaux).
Vu depuis notre époque, 2021, cela peut faire sourire ! Car de nos jours, les journaux paraissent relativement « inoffensifs », surtout comparés aux autres médias plus modernes. En effet, depuis les années 2000 la généralisation d'internet dans les foyers permet à tous, et donc même aux plus jeunes, d'avoir un accès facile à toutes sortes d'information, d'images, de mises en relation. Alors les parents constatent une forme de danger bien plus grave, et très envahissante qui s'expose à leurs enfants. de nos jours, la même question persiste donc : Comment vivre dans la société -avec ses réalités plus ou moins heureuses qu'on ne peut pas toujours éviter-, tout en protégeant les enfants des dangers de l'extérieur. Comment faire pour que satisfaire les besoins de liberté, de curiosité et de vérité des enfants ne soient pas source de danger ? Comment leur assurer protection, sans devoir passer par la privation, la dissimulation ?
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J'ai beaucoup aimé ce roman de Simone de Beauvoir. le premier livre que je lis d'elle (oui... C'est une auteure à connaître pourtant...). Dans ce roman, nous pouvons retrouver des sujets traversant les époques. J'ai aimé les interrogations quant à la façon de préserver ou non l'insouciance de l'enfance, en ne donnant pas accès à certains médias, comme les journaux. Nous pourrions transposer les interrogations au téléphone portable par exemple. Il est aussi question de travail, de relations sociales,. La place de la femme est aussi abordée bien entendu, en tant que mère, épouse, amante et en tant qu'être en réflexion sur son parcours de vie.
J'ai eu un peu de difficulté au début avec l'alternance entre la première et la troisième personne, mais on s'y fait. Un livre que j'aurai aimé étudier pendant ma scolarité. Il me semble que "Les belles images" se prêterait très bien à une représentation théâtrale, j'imagine que cela a dû être fait. Un livre à relire.
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Premier texte que je lis de Simone de Beauvoir. J'ai beaucoup aimé cette écriture moderne, toute en ellipse et qui mélange les points de vue.
Si le je et le elle m'ont au départ intriguée, j'ai apprécié ce regard porté par la narratrice sur elle-même, sa vie et ses proches. le texte et les thématiques abordées restent très contemporaines : féminité, rôle et place de la femme dans la société, famille, publicité, architecture, actualités...
Avec plusieurs décennies de recul, on se rend compte que les préoccupations n'ont pas changé et que les impressions d'exposition à l'horreur des informations quotidiennes n'a fait qu'accélérer alors qu'internet n'existait pas à l'époque.
Une belle leçon, un beau témoignage d'une époque.
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Rien ne va plus dans le petit monde bien rangé de Laurence. Bousculée par sa mère, en pleine crise suite au départ de son amant, et par sa fille aînée qui commence à développer une conscience politique, Laurence aimerait trouver un peu de répit auprès de son mari et de leurs amis... Mais leurs discours creux et consuméristes lui pèsent de plus en plus. Publié en 1966, ce récit acide autour d'une femme qui se pense libre mais prend conscience peu à peu des limites de son mode de vie illustre à merveille la pensée féministe de Simone de Beauvoir. Dernier roman de la philosophe, Les Belles Images fait preuve d'une remarquable lucidité dans son portrait d'une jeunesse pré-68 au bord de l'embrasement, et reste profondément actuel par sa façon de décrire une société de l'image et de l'argent dans laquelle les progrès économiques et technologiques ne sont pas toujours synonymes de progrès social.
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Laurence, héroïne de ce roman des années 60, jongle avec ses divers rôles sociaux et obligations : mère inquiète, épouse dévouée, amante, femme active, fille de parents vieillissants. Au fil du temps, elle prend conscience de son enfermement dans des images prédéterminées par la société souvent divergentes.
Lasse de ces contradictions et en manque d'émotions vraies, elle se demande : « Qu'est-ce que les autres ont que je n'ai pas ? ».
J'ai découvert ce court roman de Simone de Beauvoir par hasard, et d'occasion. Inconnu mais très actuel, il est ardu et peu stimulant pendant les 10 premières pages ; cependant, la modernité de Laurence provoque un attachement au personnage et un besoin de savoir comment elle se sortira de cette morosité…

Lien : https://boulimielitteraire.w..
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J'ai été perdue par le nombre de personnages présents au début mais l'auteur fixe le cadre de son roman, à nous de le prendre avec cette profusion. Certains passages traînent en longueur pourtant j'ai aimé cette première rencontre avec l'auteure.

Elle nous montre ici des préoccupations assez modernes. Les images sont belles et j'avais parfois l'impression d'être dans un film ou une publicité élégante ( d'ailleurs c'est le métier de Laurence la publicité)

L'écriture est parfois un peu lourde et je me suis perdue dans les dédales des pensées du personnage surtout à cause du discours indirect libre rencontré fréquemment ici et que je n'ai plus l'habitude de lire.

A travers cette vie c'est sur la notre que l'on réfléchit, sur la transmission de nos parents, celle que l'on va donner à nos proches, ainsi que sur nos vrais valeurs et de celles que l'on montre pour se fondre dans le moule crée par la société bien pensante qui se croit supérieure à la précédente.

Une très belle lecture qui m'a fait découvrir la plume de Simone de Beauvoir.
Lien : http://memelessorciereslisen..
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Comme beaucoup de monde, j'ai surtout lu le versant théorique de Simone de Beauvoir. C'était un passage obligé de la formation politique. C'est par hasard que je suis tombé sur ce roman.
A priori, ça n'est pas tellement pour moi. Les états d'âme d'une jeune femme de la classe moyenne haute, qui ne sait plus vraiment où elle en est. Pourtant, je suis assez vite tomber dedans. Il y bien style assez interressé qui, sous certains aspects, m'a rappelé Faulkner. Je crois avoir lu que c'est par le couple Beauvoir Sartre que l'auteur est rentré en France, du coup cette ressemblance n'est peut-être pas fortuite.
On retrouve dans le roman un écho de la philosophie beauvoirienne, mais c'est suffisamment habile pour ne pas être une grossière mise en exemple. On y retrouve la construction de la personne, le poid de la norme. On pourrait croire qu'il ne s'agit que d'états d'âme, mais en réalité, c'est bien plus que ça, c'est une interrogation sur les charges que nous transmettons à nos enfants.
Nous devons, laisser la personne se confiné au réel, parceque a n'est que comme ça que nous pouvons lui permettre de se développer pleinement.
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Laurence est une femme comme il faut. Elle élève correctement ses deux petites filles, a un bon métier et un amant qui ne font pas d'ombre à son mari. Elle rend régulièrement visite à son père qu'elle admire et place au-dessus de tous les hommes et prend soin de sa mère, égoïste et fantasque.

Les questionnements de sa fille ainée vont l'amener à réfléchir sur elle-même et sur sa vie.

Ce roman traite de presque tout ce qui compose la vie d'une femme. Les plaisirs, les renoncements, la part d'enfance qui se perd.

La narration, particulière, ne gâche rien à la beauté de l'écriture. C'est une tranche de vie que l'on partage avec les personnages et énormément de plaisir.

A lire avec des macarons et une photo de ses parents.
Lien : https://lucioleetfeufollet.c..
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Je viens de m'intéresser pour la première fois à cette grande figure de la littérature de la deuxième moitié du XXème siècle qu'est Simone de Beauvoir. Son nom sonnait jusqu'alors à mes oreilles comme un vieux son de cloches, pas n'importe quelles cloches, de celles qui tintent dans les cathédrales les jours de grandes cérémonies, du style classique et pompeux. Je savais pourtant que son nom était synonyme de féminisme et d'avant-gardisme mai sa particule suffisait à me refroidir voire à me glacer sur place. Je l'associais à un sentimentalisme ennuyeux et poussiéreux. Les premières pages me donnaient raison : une horrible scène d'un dimanche mondain à la campagne, dans le jardin d'une maison de banlieue chic au sein d'une famille bourgeoise.

Cependant, petit à petit, derrière la description de sa vie mondaine, l'héroïne Laurence prend peu à peu de la profondeur fasse aux autres personnages. En total décalage avec le monde dans lequel elle vit, elle tente de comprendre le sens de sa vie et de celle des autres. En proie à une sévère dépression quelques années plus tôt, l'angoisse de retomber dans les nimbes de cet inintérêt pour soi et pour les siens, d'oublier à nouveau le sens de son existence, se devine chez Laurence et fait naître en nous cette inquiétude. Les passages présentant ce qu'elle devrait dire et penser superposés à la description de ce qu'elle ressent réellement sont forts et douloureux.

La plume est incroyable, un récit personnel sur fond d'humanisme. Qui apprécie le discours indirect libre sera servi. L'auteure retranscrit avec justesse les interrogations de Laurence, personnage mondain au coeur de pierre, qui ne sait si elle a jamais aimé, mais paradoxalement infiniment sensible à la douleur du monde et surtout à celle de sa petite fille. La vie d'une femme moderne qui décide de ne plus être mère au foyer afin de trouver un intérêt à sa vie mais dont le seul réel épanouissement s'avère être l'éducation de ses enfants. Une femme cultivée qui feint de se passionner pour ce qui l'entoure mais ne voit son existence comme une simple publicité sur papier glacée. Un témoin de l'époque de la grande consommation et de la guerre du Vietnam, qui assiste, désabusée, aux discussions futuristes de son mari architecte et de ses congénères dénués de toute forme d'humanité qui croient en « le triomphe de l'urbanisme » (p.148) et le progrès technologique mais ne développe aucune forme de compassion face aux misères humaines. Qui préfèreraient, selon les soupçons de Laurence, écraser un homme plutôt que d'abîmer leurs voitures. Une héroïne que l'on comprend, qui a ouvert les yeux aux femmes de son époque et pour laquelle l'on s'inquiète, jusqu'à la fin…

Lien : http://lesepicurieuses.fr/le..
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